Architecture un lieu

BCBG… Bon Chic, Bonne… Gueule

Par Nat Lecuppre, le 24 janvier 2024.
Vue de la boutique BonneGueule à Toulouse
Toulouse

La marque de prêt-à-porter BonneGueule a, depuis sa création en 2007, une démarche inédite et innovante. À l’origine, il s’agit d’un blog avec des astuces, des tutos et des conseils autour de la mode masculine. Le succès est au rendez-vous. BonneGueule devient très rapidement un acteur incontournable de la mode.

La griffe de la maison est la convivialité, le conseil, la proximité avec ses clients, ses produits de qualité aux prix justes.

Pour son déploiement, il fallait donner à ses boutiques physiques une belle vitrine de son ADN afin que sa communauté s’y retrouve. À cet effet, BonneGueule a fait appel à l’agence d’architecture Label Experience pour concevoir les boutiques de Toulouse, Rennes et Strasbourg.

Entre Label Experience et BonneGueule, c’est l’histoire d’une collaboration au long cours, depuis plus de sept ans. Le média devenu marque de vêtements et l’agence de design de marque et d’espace partagent les mêmes valeurs, le même goût pour les matériaux et le même souci du détail.

Les boutiques BonneGueule

Pour les architectes, il fallait que les lieux aient une identité forte et soient en adéquation avec la région dans laquelle ils sont implantés.

Toulouse

Les 101 m2 du 27, rue de la Pomme, sont pensés pour être un vent de fraîcheur sur la Ville rose. Label Experience joue avec les contrastes du paysage environnant, entre les briques rouges et les montagnes des Pyrénées. Le concept conjugue l’architecture et la nature. On retrouve les briques de Toulouse aux teintes chaudes, des clins d’œil au centre aérospatial, aux vues de l’horizon montagneux et aux façades graphiques de l’architecture toulousaine. Un accent est mis sur la pureté technique et graphique. On a de l’enduit à la chaux, des tubes en métal, un revêtement strié blanc pour un aspect métallique épuré.

Le symbole Wabi-Sabi, incarnant le temps qui passe, se retrouve comme dans toutes les boutiques BonneGueule.

Rennes

La boutique de 79 m2 du 6, rue La Fayette, s’inspire de l’histoire et de la modernité de la ville. On retrouve le mouvement Bauhaus avec l’architecture de Georges Maillols et les maisons à pans de bois aux façades irrégulières.

Les teintes sont naturelles. Tout est pensé pour rappeler les caractéristiques de la ville. Les matériaux sont l’ardoise, la chaux pour les murs, le bois, l’acier brillant, le cuir tendu, la fougère en rappel de la nature environnante mais aussi le hourdage typique de la région.

Strasbourg

L’espace strasbourgeois de 124 m2, situé au 33, rue du Vieux-Marché-aux-Poissons, reflète le patrimoine historique de la ville. Les architectes reprennent le même fil rouge de leur concept pour les boutiques BonneGueule. À savoir, faire dialoguer la nature et la ville.

Strasbourg est marqué par le canal qui le traverse. Les architectes jouent de cette configuration et marient la patine du vieux Strasbourg avec la beauté de l’eau. On retrouve le grès rose de la cathédrale, les tuiles en queue de castor, le bois lasuré vert des canaux, du métal ondulé, du cuivre, un effet patiné, et le plafond classé historique.

Les deux fondateurs Benoît Wojtenka et Geoffrey Bruyère renforcent leur image de précurseurs avec ces nouvelles boutiques. Ils ont su remodeler le paysage de la mode avec leur démarche digitale puis avec leurs espaces de vente physiques. Ils s’engagent à respecter l’humain et la terre en créant du beau, éthique et durable. Souhaitons-leur longue vie !

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    BonneGueule

    Label Experience

    29, rue des Petites Écuries

    75010 Paris

    Tél. : +33 (0)7 77 29 11 22

    www.labelexperience.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 54
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    Moi, canapé, diva des divans

    Par Anne-Marie Fèvre, le 29 avril 2024
    Depuis le Moyen Âge, j’en ai vu de toutes les matières, couleurs, et formes ! En 2024, riche de mon long passé, je veux bien être indémodable et écolo mais ni patapouf ni standard, je veux rester exceptionnel et inventif. Histoire. Moi, canapé, j’ai connu tellement de transformations, de savoir-faire, de modes – ou pire de tendances – depuis mes origines ! Dans quel état j’erre en 2024 ? Mon histoire est si longue. Mon nom de canapé viendrait de « kônôp », « moustique » selon les Grecs de l’Antiquité. Moustique ? Ils sont fous ces Grecs ! Mes vrais ancêtres seraient plutôt les bancs coffres du Moyen Âge en bois sculpté. Ce n’est qu’au XIXe siècle que se codifient mon histoire et styles successifs. Je serai roman, Renaissance, Louis XV… Au XVIIIe siècle, ouf, un certain messire Antoine Furetière me définit clairement : « Une sorte de chaise à dos, fort large, où il peut s’asseoir deux personnes à la fois » 1. Styles ! Avec les rois, Louis XIII et les suivants, je vais connaitre en France bien des fastes : le plaisir du capitonnage, des matériaux et tissus précieux, je vais être travaillé par des artisans réputés. Je représente et supporte les séants du pouvoir ! À la Révolution, je serai détruit ou réemployé, puis je redeviendrai Empire, Restauration… Mes synonymes se diversifient : causeuse, divan, méridienne, sofas, tête-à-tête, indiscret, duchesse brisée, ottomane, canapé à joues, confident… De style, je le suis encore aujourd’hui, sous forme de témoin de mes différentes périodes, j’habite dans les châteaux, chez les antiquaires et surtout dans les musées, dont le MAD de Paris 2… Je suis aussi réinterprété ou souvent copié. Au XXe siècle, j’ai particulièrement aimé le style Art Nouveau qui m’a paré d’ornementations végétales. Puis l’Art Déco, le Bauhaus allemand m’ont fait devenir moderne. Avec le « Less is more », mes lignes claires, machiniques et en métal auraient pu m’envoyer à l’hôpital. J’étais vexé ! J’ai résisté en L2 et L3 de Le Corbusier, encore réinventé chez Cassina. Je suis Immortel. Pop. Puis tout a changé après la Seconde Guerre mondiale. L’American Way of Life gagne l’Europe à la fin des années 1950. L’irruption de la télévision dans les intérieurs exige que je devienne très confortable pour regarder ce petit écran, on s’affale sur mes ressorts. Je règne sur des tables basses, des poufs… En mousse recouvert de jersey, en cuir, je suis à l’aise sur des moquettes (que l’on fume souvent). Avec le « Design pour tous », je suis popularisé par la société de consommation ! Organique support de l’hédonisme 69, je deviens pop ! Le si inventif Pierre Paulin m’a vu en Déclive ! Les Italiens, d’Ettore Sottsass à Gaetano Pesce, m’ont fait flirter avec des supports ovnis et narratifs. Même si Jacques Tati m’a caricaturé dans son film Mon oncle, j’ai aimé à la folie cette période si dingue. Sculpture. Avec les années 1980, le postmodernisme m’a vénéré tel une œuvre artistique. Je suis devenu barbare avec Garouste et Bonetti, sculpture avec Martin Szekely. Le mouvement Memphis m’a même orné de stratifié plastique ! Et me voilà mis dans la niche élitiste de la pièce unique ! Cela se calme un
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    Architecture remarquable

    L’appartement Magellan, style, sensibilité et plus si affinités

    Par Sipane Hoh, le 3 juin 2024
    À Paris, dans le quartier des Champs-Élysées, non loin de la fameuse avenue Montaigne et de plusieurs musées singuliers, l’architecte d’intérieur Fabrice Juan a réaménagé un appartement qui occupe un étage entier d’un immeuble en pierre de taille. Les différentes pièces mettent en évidence des matières nobles ainsi qu’un univers qui respire l’élégance. C’est un projet remarquable que Fabrice Juan a réalisé dans la capitale française. Un appartement d’une superficie de 280 m² entièrement repensé offrant aux propriétaires un lieu de vie à la fois fonctionnel et esthétique. « C’était un appartement qui était occupé par des bureaux. Mis à part de rares éléments emblématiques comme la corniche du salon, il était donc difficile de garder quelque chose. Je suis parti avec une page blanche en prenant des risques et en développant des formes », raconte l’architecte d’intérieur, qui a su révéler les côtés positifs du lieu en travaillant avec une grande finesse les plafonds, les murs et le sol. Dès l’entrée en forme de L, le ton est donné, nous sommes bel et bien dans un univers gracieux pensé avec le plus grand soin où l’on devine la présence de plusieurs créations de Fabrice Juan. À l’inverse des entrées étriquées de certains appartements parisiens, l’entrée de l’appartement Magellan est une véritable pièce, dont les murs peints en rouge terracotta sont rythmés de colonnes noir pétrole à l’embrasure des portes. Il s’agissait pourtant d’une forme complexe que le designer a aménagé avec application : « La grande entrée était difficile à traiter, j’ai opté pour un sol graphique qui tranche avec le classicisme du lieu. » Avec ses lignes pures et ses traits sobres, l’espace qui communique généreusement avec la pièce de réception et la cuisine saisit tout visiteur. Un certain effet théâtral se dégage du lieu et semble se prolonger grâce à un grand miroir mural. Dans le but de faciliter la circulation, toutes les portes ont été supprimées. Une quête de frugalité qui se traduit également par le plafond aux lignes pures sans rosace ni lustre mais ranimé d’un éclairage à l’aide de spots blancs alignés à l’intérieur de moulures arrondies.  À la croisée des objets. La patte de Fabrice Juan est évidente, car l’architecte d’intérieur est reconnu pour son doigté pour croiser diverses inspirations. Ainsi, à la manière de grands décors aristocratiques, il n’hésite pas à confronter le sol composé d’un calepinage géométrique de chêne à la pierre blonde et au travertin ; de même, à l’image d’un palais italien directement sorti de l’époque de la renaissance, il peint le plafond en dôme du salon-salle à manger d’un stuc marmorino gris fondu en dotant la pièce d’une voûte qui vient contraster avec les corniches crénelées, les deux cheminées XIXe en marbre veiné ainsi que le parquet en point de Hongrie. « Dans l’appartement Magellan, il y a quelque chose de latin et de parisien », souligne le designer, qui a croisé en un seul lieu plusieurs couleurs, teintes, matières et textures. C’est un univers chaleureux et lumineux où nous ne pouvons pas ignorer la présence de
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    Architecture remarquable

    Blue jean tonique pour halle costumée

    Par Lionel Blaisse, le 29 septembre 2025
    Les Ateliers A+ ont fait appel à l’artiste Alain Clément pour draper leur Halle des sports de Nîmes d’un ruban textile évoquant le… denim1, en collaboration avec Serge Ferrari. Aux portes sud de la ville et à proximité du stade provisoire des Antonins, la municipalité a souhaité construire un vaste complexe sportif dont les cinq salles sont en mesure d’accueillir 18 associations sportives, des entraînements et compétitions dans 11 disciplines et 2 500 athlètes et spectateurs. Une conception irréprochable. Dès le départ, l’agence d’architectes avait annoncé la couleur du challenge. « Un équipement public est un investissement collectif majeur (15 millions d’euros ici), au fonctionnement forcément irréprochable. Poétique, sensible, voire enchantée, son écriture architecturale doit fédérer les nombreuses disciplines réunies dans ce lieu unique, refléter les valeurs humaines essentielles à leur pratique et participer à l’épanouissement des utilisateurs et usagers. Conscients du contexte climatique, c’est avec le plus grand soin que l’ingénierie, les matériaux et les systèmes constructifs seront conçus dans l’objectif de réduire les consommations énergétiques et les émissions de carbone tout en pérennisant l’usage du bâtiment. » Sous son apparence organique se cache un projet clair, au fonctionnement simple et aux accès évidents d’une grande convivialité. Quatre parallélépipèdes rectangles de 9 mètres de hauteur sous charpente abritent une salle de gymnastique rythmique de 700 m2, une salle de gymnastique artistique de 1 400 m2 avec 482 places en gradins au-dessus du pôle vestiaires, sanitaires et technique – partagé avec la salle omnisports voisine de 1 100 m2 avec mur d’escalade et 210 places gradinées, et une salle polyvalente de 900 m2 avec accès direct sur l’extérieur qui partage verticalement son volume avec la salle d’armes de 700 m2 qui lui est superposée, accessible depuis l’étage. Outre les accès hauts aux gradins, ce dernier comprend aussi une salle de combat-dojo de 340 m2 en porte-à-faux au-dessus du hall de 300 m2 et une vaste terrasse avec office et cuisine pour des réceptions. Fabriqué par Ellipse à Montpellier, le bel escalier balancé métallique reliant les deux niveaux a été monté une première fois à blanc sur place, démonté pour être peint en atelier avant d’être définitivement mis en œuvre. Salles différenciées mais éco- conçues. Au-delà des contraintes fonctionnelles spécifiques propres à chaque activité, les architectes ont opté pour différencier structurellement chacun des espaces, en recourant à divers systèmes de charpente bois. Ainsi retrouve-t-on des portiques et fermes bois treillis dans les salles de gymnastique et d’armes mais avec des variantes adaptées à leur portée respective, jusqu’à 38 mètres, une charpente tridimensionnelle sur voile béton pour le dojo et des poutres en lamellé collé croisées reposant sur des poteaux biais en V pour la salle omnisport. À l’exception des voiles latéraux béton grande hauteur (14 mètres) de cette dernière, les parois restantes sont à ossature bois (11 mètres de haut) sur voile de soubassement béton (3 mètres de haut). Toutes les toitures sont réalisées en bac perforé, des îlots en fibre de bois naturelle complémentent l’isolation acoustique des espaces. En plus de la forte inertie thermique des matériaux utilisés, la stratégie énergétique se déploie en sous-sol avec une installation

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