L'événement

Cinna, le télétravail chamboule la maison

Par Anne-Marie Fèvre, le 10 janvier 2023.
Image
La lampe « Ailleurs », d’Arthur Van-Poucke. © DR

La 16e édition du concours Cinna révélateurs de talents a sélectionné quatre jeunes designers. Sur le thème du télétravail dans un intérieur écologique, ont émergé quatre propositions. Astuces et poésie.

Arthur Van-Poucke nous entraine « Ailleurs », Nicolas de Vismes monte sa « Caval », Juliette Collin allume une « Surface » chaude et Robin Thannberger nous branche avec « Kroc ». Ils sont les quatre lauréats du 16e concours Cinna révélateur de talents 2023. Le thème qui leur fut proposé était : « Le home office sous contrainte carbone ». Ou « Pourquoi faire du bureau sa 2e maison quand on peut faire de la maison son 2e bureau ? »

Depuis vingt ans, le bureau ne cesse de se transformer, il est devenu à la fois ouvert et intime, offrant aux designers un terrain de jeu pour le recomposer, de l’espace au mobilier, de la lumière à l’acoustique. Mais la pandémie a imposé le télétravail, qui s’est improvisé dans les appartements et maisons. Comment rendre l’activité professionnelle plus compatible avec une vie familiale, dans des espaces exigus ? À cette commande se greffe un autre défi, l’approche écologique, exigée depuis 2019 par la compétition Cinna. Au beau, au fonctionnel s’ajoute la notion de bon.

Le lauréat Robin Thannberger a bien saisi l’équation. Il s’adresse « à ceux qui n’ont pas de bureau à la maison ». Il a inventé « Kroc », une desserte compacte qui complète une table ou se place devant un canapé, un fauteuil. Avec sa multiprise intégrée, ce poste de travail en liège, silencieux, antichocs, se déplace facilement. Dans Kroc, qui délimite un petit espace, on range ses outils de travail, on débranche les outils électroniques en un seul geste, ce qui aide à maîtriser sa consommation d’énergie. Il a été conçu dans le Var, région productrice de liège, dans un circuit court. Où Robin Thannberger, diplomé de l’EnsAD Paris est installé, avec son studio Ento.

Bureau d’appoint « Kroc », de Robin Thannberger. © DR

Pour travailler chez soi, Nicolas de Vismes propose un projet minimal de tréteaux fonctionnels et esthétiques. Son nom de « Caval » indique qu’il est mobile, il se déploie et s’installe très simplement dans tout espace. Son style industriel et intemporel, sa conception robuste et durable, ses matériaux (chêne massif, teinté ou naturel, aluminium laqué, cuir végétal ou lin) lui permettent de s’adapter à différents intérieurs. Ce diplômé de l’Ecal de Lausanne a collaboré aussi bien avec Christophe Pillet qu’avec la marque Seb.

Les tréteaux « Caval », de Nicolas de Vismes. © DR

Quand on travaille en position statique chez soi, on a souvent froid, un pull à col roulé ne suffit pas. Juliette Collin a alors imaginé le bureau « Surface » chauffant. Il s’appuie sur la technologie par infrarouge, consomme moins qu’un chauffage traditionnel. La chaleur émise par rayonnement est similaire à celle du soleil : elle traverse les parois de verre du bureau et réchauffe l’usager gelé. Juliette Collin est en soutenance de diplôme à l’ENSCI-Les Ateliers.

Bureau « Surfaces », de Juliette Collin. © DR

Enfin, Arthur Van-Poucke permet d’être « Ailleurs ». Quand on conçoit chez soi, on a souvent besoin d’une petite pause. Il a imaginé un luminaire pour s’évader. Il est fabriqué à partir de chutes de PMMA colorées, récupérées dans une entreprise de distribution de matières plastiques. Il s’est fixé deux contraintes, utiliser l’existant et le moins de matière possible. Cette lampe intègre un système amovible qui donne le choix entre différentes nuances, il permet de moduler leur intensité. Poétique. Arthur Van-Poucke est en 3e année à l’École d’art et design de Saint-Étienne.

La lampe « Ailleurs », d’Arthur Van-Poucke. © DR

Ainsi ces quatre jeunes concepteurs verront probablement leurs inventions commercialisées dans les 80 boutiques Cinna de France, mais aussi dans les 800 magasins Ligne Roset du monde. Une chance d’accéder à la visibilité, comme Benjamin Graindorge et Pierre Favresse ont été révélés avant eux. Un atout aussi pour le Groupe Roset, dirigé en famille par Pierre, Michel, Antoine et Olivier Roset. Avec ce concours créé en 2006, la marque de mobilier tisse chaque année des liens avec une nouvelle génération de designers, et se tourne vers l’expérimentation, à l’affût de la vie quotidienne en mouvement.

Galerie d'images (4)
    Partagez cet article autour de vous
    Facebook
    Twitter / X
    LinkedIn
    Pinterest
    E-mail

    ROSET SAS (Ligne Roset et Cinna)

    1, route du Pont

    01470 Briord

    Tél. : 04 74 36 17 00.

    ligne-roset.com

    cinna.fr/fr/news/

    Showroom parisien :

    25, rue du Faubourg Saint-Antoine

    75011 Paris

    Tél. : 01 40 01 00 05.

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 54
    Image

    Décor à tout prix !

    Commander

    À découvrir
    Silversquare, pas de ­recettes, que des réussites
    Architecture remarquable

    Silversquare, pas de ­recettes, que des réussites

    Par Lionel Blaisse, le 26 février 2024
    Chacune des onze adresses de coworking proposées par Silversquare offre des agencements et décors différents. Désormais confiés à des artistes invités, celui de Liège est l’œuvre de Jean-Paul Espagnard. Depuis quinze ans, Silversquare imagine, en Belgique et au Luxembourg, des lieux de coworking pour une communauté inspirante de 2 200 entreprises. Adossé à l’opérateur Befimmo, il part à la conquête de Liège, puis d’Anvers, après Bruxelles et Luxembourg. Ayant fait ses études secondaires aux Guillemins, l’atypique styliste ardennais poursuit, à deux pas de la gare TGV de Calatrava, sa réjouissante diversification créative. Liège Paradis Express L’inauguration en 2009 de la spectaculaire gare TGV de Liège Guillemins construite par Santiago Calatrava conforte le statut de capitale économique de Wallonie. Quasi transfrontalière, la cité de 200 000 habitants se situe en effet à 25 km de Maastricht (NL) et 40 km d’Aix-la-Chapelle (RFA). En pleine expansion depuis, le quartier des Guillemins se développe autour de l’esplanade Simone-Veil sur laquelle la Tour des Finances, érigée en 2014, veille telle une vigie au bord de la Meuse. Le nouvel éco-quartier Liège Paradis Express en cours de livraison y déploie 15 000 m2 résidentiels – quatre immeubles d’habitation (portés par Matexi) et un de co-housing (Yust) –, 22 000 m2 de bureaux – financés par Befimmo – et 1 500 m2 de commerces (Horeca) que complètent des sous-sols (stationnement et caves) et des espaces publics ou partagés magnifiant l’arrivée des tramways jusqu’à la gare. Les trois niveaux inférieurs du Paradis Esplanade (le plus grand des deux bâtiments tertiaires) hébergent un étonnant espace de co-working exploité par Silversquare. Cette entreprise, fondée il y a quinze ans et dont Liège constitue le onzième spot, a été rachetée en 2018 par Befimmo 1, dont Brookfield vient de prendre le contrôle via sa filiale Alexandrite Monnet Belgian Bidco SA. Ce partenariat stratégique permet à Silversquare de pouvoir s’implanter dans des opérations premium dont il exploite les niveaux les moins attractifs commercialement tout en proposant aux locataires des étages supérieurs bien plus d’aménités, à commencer par son desk et lobby d’accueil. La maturité aidant mais aussi les changements post-Covid s’étant emparé des espaces de travail ont incité Silversquare à offrir aux membres de sa communauté inspirante des cadres de travail… inspirés. Pour ce faire, il confie les lieux – une fois le space planning opéré par ses soins – à des créatifs « locaux » ou tout du moins « légitimes » avec la ville ou le quartier afin qu’ils y façonnent un univers qui leur ressemble. Ainsi peuvent-ils au choix s’approprier les espaces communs ou partagés, les circulations, les salles de réunions, de repos et de détente, les cafétérias d’étage et restaurant, le mobilier – système de bureau compris – ou encore la vaisselle. Cela peut-être une galerie de design, telle Maniera qui a fait appel à une douzaine d’architectes et de designers, la chanteuse Lous & The Yakuza, les architectes d’intérieur et / ou designers Lionel Jadot ou Sébastien Caporusso ou encore les artistes de KRJST Studio. Le résultat décoiffe car tout fonctionne à merveille sans que rien ne soit standardisé. Touchant touche-à-tout pour Liège Après des
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Covivio conçoit sa nouvelle vitrine : L’Atelier

    Par Nat Lecuppre, le 13 novembre 2024
    En rénovant un immeuble de son patrimoine historique parisien, la foncière Covivio réalise sa nouvelle vitrine et en fait son siège européen. Le bâtiment en pierre et briques est situé en plein cœur du QCA (quartier central d’affaires) parisien. Une nouvelle page d’histoire. Le site est constitué de deux bâtiments. À savoir, un immeuble rue de Madrid des années 1920 et un autre des années 1930, rue d’Édimbourg dans le VIIIe arrondissement de la capitale. L’ensemble immobilier est chargé d’histoire. Le terrain a d’abord été occupé par un collège jésuite puis par le central téléphonique signé de l’architecte Charles Giroud. En 2004, Covivio acquiert ce bien immobilier en l’achetant à Orange qui en restera locataire jusqu’en 2021. Dès 2018, Covivio souhaite capitaliser sur le potentiel et les atouts de cet ensemble avec la volonté de magnifier son patrimoine historique et lance les études avec STUDIOS Architecture. Le chantier de cette restructuration ambitieuse démarre à l’été 2021 pour s’achever deux ans et demi plus tard. Au cours du projet, Covivio décide de faire de cet ensemble d’exception son siège européen et inaugure sa nouvelle adresse de 6 500 m2 en février 2024. Pour ce projet appelé L’Atelier, plusieurs acteurs : STUDIOS Architecture pour les travaux et la réalisation architecturale du site, et Maison Sarah Lavoine pour le concept et design intérieur des lieux. Si l’on devait résumer L’Atelier, je dirais que c’est un lieu unique qui reflète le savoir-faire et les convictions de Covivio. Christophe Kullmann, Directeur Général de Covivio Les demandes du maître d’ouvrage. L’objectif pour Covivio était de réaliser sa plus belle vitrine, qui valoriserait son savoir-faire, ses valeurs, son expertise et sa culture d’entreprise. Des sessions de travail avec les collaborateurs et les architectes ont permis de cibler les attentes de chacun. L’Atelier devait devenir un lieu pour créer, se concentrer, tester, produire… Il devait également démontrer l’engagement de Covivio dans sa démarche éco-responsable et du bien-être. Le site servirait de lieu témoin pour les clients de Covivio. « Nous magnifions notre patrimoine historique avec comme objectif d’illustrer l’ensemble de nos savoir-faire. » Aurélie Auterbe, Directrice de Projets Covivio Les enjeux étaient nombreux et pas des moindres pour les deux agences d’architecture. La restructuration de ces immeubles obsolètes était un véritable challenge. Parmi les enjeux à faire évoluer : le site n’était plus adapté à la vie au bureau, la communication était inexistante entre les deux bâtiments, les hauteurs de dalles différentes (entre 2,64 et 5,15 m), présence d’amiante et de plomb et absence de certifications environnementales, d’espaces verts et de végétalisation. L’Atelier possédait beaucoup d’atouts : sa position premium dans Paris, sa configuration et son architecture atypiques et sa possibilité de créer des espaces extérieurs, de concevoir des lieux singuliers en jouant avec les grandes hauteurs sous plafond des lieux. L’ensemble possédait cependant beaucoup d’atouts par sa position premium dans Paris, ses qualités patrimoniales, la possibilité de créer des espaces extérieurs, de concevoir des lieux singuliers grâce à des volumes intérieurs généreux et une structure très flexible. Approche de STUDIOS Architecture. Une restructuration menée par STUDIOS Architecture autour de plusieurs grands enjeux : En premier, créer un socle dynamique connecté à la rue reliant les
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Ça « shake » pas mal à Lille !

    Par Nat Lecuppre, le 11 mars 2025
    L’offre hôtelière se développe énormément à Lille. Dernièrement, un projet hybride d’envergure appelé Shake et signé de l’architecte Philippe Chiambaretta a vu le jour. ShAKe est un écosystème réparti sur 33 500 m2. Il comprend des immeubles de bureaux, des espaces verts, de coworking, des commerces, une salle de sport, une crèche, des restaurants, un rooftop, mais également une offre hôtelière avec Edgar Suites. Ce projet est adapté à la vie urbaine actuelle et aux nouveaux modes de travail. Edgar Suites est exploitant d’appart’hôtels haut de gamme. Mais en 2016, lors de sa création, c’est avant tout une histoire de trois amis, Xavier, Grégoire et Maxime. Ces derniers décident de réinventer l’offre de l’appart’hôtel vieillissante. Leur concept est de proposer des lieux urbains, engagés, conviviaux tout en favorisant le développement local. En juillet, Edgar Suites a ouvert sa deuxième résidence à Lille. C’est au sein du quartier d’Euralille, dans l’ancien hôtel Faidherbe qu’elle se situe. Installée au quatrième étage du bâtiment, la résidence bénéficie de la mutualisation des espaces et des services. Edgar Suites dispose d’appartements de 30 à 75 m2 équivalant à 21 chambres d’hôtel. La décoration intérieure des appartements est signée du co-fondateur et directeur artistique d’Edgar Suites, Maxime Benoît. Son choix décoratif est urbain, chaleureux et coloré. Il souhaitait retranscrire dans chaque détail les courbes et la dynamique du bâtiment. Des éléments comme les têtes de lits sont réalisés sur mesure et rappellent la forme arrondie du site. Des banquettes et des tables basses conçues par Ligne Roset complètent le décor. Les appartements sont peints par l’artiste Flavien de Marigny, qui a choisi une palette lumineuse et colorée composée de nuances d’orange et de jaune pour animer les espaces. L’atmosphère est lumineuse et conviviale. La façade entièrement vitrée laisse entrer la lumière naturelle qui renforce le bien-être des résidents. Le site est labellisé BREEAM Excellent et Label Effinergie+. Lille peut se réjouir d’une telle opportunité hôtelière, car elle est à l’image des attentes d’aujourd’hui et n’a pas fini de se développer.

    Laisser un commentaire

    5 + 9 =