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François ­Azambourg, la poétique des techniques

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Par Anne-Marie Fèvre, le 22 avril 2024.
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Chaises « Pack » devant, collection « Bugatti » au fond. © MAD

Au MAD parisien, il a démontré qu’il est un designer « sérieux », entre techniques, artisanat, arts. Avec des formes vivantes, il a créé un monde onirique. Pour 2024, la sobriété, et toujours la légèreté, la légèreté.

Depuis 1999, de Paris à Milan, de Hyères à Lille, on a souvent rencontré François Azambourg, ce jeune homme fougueux aux yeux pétillants. Quel plaisir de le voir expliquer, rieur, ses objets insolites, nés de ses expérimentations inattendues : un luminaire en textile tridimensionnel, la chaise Pack gonflable ; des matériaux comme des sandwiches souples, qui ont été brevetés, le nid d’abeille pour une carte blanche du VIA (Valorisation de l’innovation dans l’ameublement). Et en 2004, une « microfolie », dînette mobile, qui s’est posée à Lille « comme une fleur qui pousse entre deux pavés ». Ce designer, dans le souffle de Gaston Bachelard, n’est pas resté un créateur perché. Il a été maintes fois primé, a travaillé avec Selmer, l’Ircam, pour les éditeurs Domeau & Pères, Ligne Roset, Poltrona Frau, Domestic, la galerie Kreo, Hermès, Cappellini… Toute cette trajectoire singulière a culminé en 2023 avec l’exposition « Légèretés manifestes » qu’il a inventée avec 200 pièces aux MAD Paris 1.

Quel était l’enjeu de cette exposition ?

À 60 ans, j’ai voulu démontrer que pour moi le design était une affaire sérieuse. Sérieux, car j’ai d’abord fait des études en électronique, et le monde technique a de la valeur. Je suis aussi diplômé des Beaux-Arts de Caen, d’Olivier de Serres (ENSAAMA) à Paris. Sur la première table, j’ai montré les choses qui m’ont nourri. En musicien, j’ai rendu plus sobre le saxophone, je montre mes carnets de travaux, toutes sortes de matériaux. Qui expliquent mes recherches de légèreté. J’ai écrit les cartels comme des autobiographies des objets. Pour rendre la présentation vivante, accessible. Le design ne doit pas rester une affaire de gens cultivés.

La légèreté est votre quête ?

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    Studio François Azambourg

    6 rue Wurtz, 75013 Paris

    azambourg.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 55
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    Concevoir des bureaux à son image

    Par Nat Lecuppre, le 7 juin 2024
    Les architectes ont la chance de pouvoir concevoir des lieux qui leur ressemblent. Tel est le cas pour l’Atelier du Pont. Les fondateurs et associés, Anne-Cécile Comar et Philippe Croisier, ont dessiné et réalisé leur propre agence. Chez Eux. Situés au 9, impasse Lamier dans le 11e arrondissement de Paris, les locaux sont à l’image du savoir-faire des architectes. Cette vitrine de 900 m2 est répartie sur 4 niveaux. À savoir un rez-de-chaussée, R+1, R+2 et une toiture habitable. Les lieux sont imaginés comme un petit laboratoire où chacun se croise et échange tout en travaillant. Au rez-de-chaussée, on trouve l’atelier maquette, un espace de coworking, une salle de réunion et une salle de sport. Le R+1 abrite l’accueil, une cafétéria qui peut devenir un lieu d’exposition selon les besoins et un showroom de matériaux de décoration. Au R+2, les espaces de travail sont en open space. Une bulle de réunion favorise le travail collaboratif. On a également une matériauthèque. Quant à la toiture, elle est aménagée pour être habitée. Des bureaux sur mesure. Atelier du Pont a conçu en totalité le projet. Celui-ci démontre la capacité de l’agence pour intégrer le design global dans ses réalisations. Comme dans leurs autres projets, on retrouve comme matériau de prédilection le bois brut. Pour les architectes, le bois souligne le côté chaleureux et, en plus, son côté olfactif renforce la sensation de bien-être. Les architectes associent des teintes chaudes et colorées des peintures au bois. Elles structurent l’espace. Une réflexion est menée avec leur propre bureau d’études intégré en éco-conception Plan 02 pour proposer des locaux reflétant leur engagement RSE. Des procédés low-tech remplacent la climatisation (stores, ventilation naturelle, brasseurs d’air…). Une attention particulière est portée aux échanges, à la diffusion des informations et à la convivialité. Les bureaux sont organisés en U autour d’un patio planté. Les équipes sont encouragées à se déplacer. Des espaces partagés à chaque étage invitent aux échanges informels, au travail collectif et à la communication. Conçu comme un logement, l’espace de travail est rendu évolutif par la structure poteaux-poutres suivant ses futures évolutions. L’impasse Lamier est un véritable petit cocon pour les 40 collaborateurs de l’agence. Ils sont à l’image de leurs créateurs.
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    Quand l’escalier fait la courte échelle à l’impossible…

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    Une parcelle étroite, escarpée et jusque-là a priori inconstructible malgré la vue imprenable qu’elle offre sur le Zeller See, magnifique lac à quelques kilomètres à peine de Salzbourg. Un challenge que va relever Rem Koolhaas quand son propriétaire — rencontré lors d’une conférence numérique à Munich — évoque en sa présence son impossible rêve. Sa concrétisation figure désormais parmi les quatre maisons construites à ce jour par la star de l’architecture néerlandaise contemporaine. Résoudre l’impossible ne serait donc qu’une question de temps… ou de génie ! Small is beautiful. Depuis sa création en 1975 à Rotterdam, l’Office of Metropolitan Architecture (OMA), l’agence du Pritzker Prize 2000 doit, en bonne partie, sa renommée planétaire à des projets XXL tels le centre de la télévision chinoise (CCTV) à Pékin, les tours siamoises De Rotterdam ou encore Euralille. Pourtant, ses trois seules maisons construites ont toutes fait la une de la presse architecturale internationale. La villa Dall’Ava à Saint-Cloud ouvrit le bal dès 1991 avec ses pilotis et sa piscine en toiture. La Dutch House érigée quatre ans plus tard à Holten aux Pays-Bas traite d’insertion topographique contrainte dans une pinède. En 1998, la maison Legendre à Floirac en Gironde porte haut les couleurs de l’accessibilité PMR de la résidence de luxe. Le projet de Zell am See s’inscrit à son tour dans cette spectaculaire lignée d’(af)franchissement vertical. Iceberg. S’inscrivant dans le méandre d’une route en lacets entre une grosse bâtisse autrichienne, un chalet et une villa moderne, la parcelle occupe dans la pente une lamelle d’une douzaine de mètres de largeur. Les prospects latéraux imposés par la réglementation urbaine locale réduisent la partie émergente constructible à quatre mètres. Heureusement rien n’interdit de construire sous le terrain naturel ! Notre héros batave y érige donc une épine dorsale crénelée dont les quatre étages escaladent l’intégralité du dénivelé. Son béton blanc immaculé l’estompera au milieu des neiges hivernales tandis qu’aux beaux jours elle ressemblera à un névé s’agrippant à la prairie pentue. Adossées à la paroi nord, quatre volées rectilignes d’escalier desservent d’un côté les espaces en cascade de l’émergence méridionale, et de l’autre ceux souterrains. Sheds, double hauteur, vastes parois vitrées amovibles, pivotantes ou basculantes, optimisent l’éclairage des pièces en superstructure. De subtils stratagèmes architectoniques et constructifs ménagent des transparences pour amener la lumière naturelle, en second jour, dans des pièces aveugles. Ici, un caillebotis vert sur des poutres en verre supporte un plancher vitré, là un rideau ajouré d’un rond central – conçu par Petra Blaisse – gère à la demande soit l’intimité nécessaire à la salle de bains ouverte sur la chambre soit la pénombre de cette dernière propice au sommeil. Une autre salle de bains escamote sa baignoire et son bac à douche dans le sol pour limiter leur encombrement visuel tout comme celui d’un salon dont les banquettes occupent une fosse au droit de la terrasse décaissée du porte-à-faux. Dans le hammam, deux feuilles de verre viennent s’insérer dans des murs d’angle inclinés. La villa est accessible par le haut du terrain mais aussi depuis l’entrée souterraine dont la porte s’ouvre dans le mur de
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    L’Hôtel de Broglie entame une nouvelle vie

    Par Sipane Hoh, le 25 novembre 2024
    C’est un lieu parisien remarquable qui vient de connaître une transformation de grande envergure signée AIA Life Designers. Il s’agit de l’Hôtel de Broglie où sont situés des bureaux des députés de l’Assemblée nationale. Entre patrimoine historique et exigences actuelles, l’intérieur se réveille. Moderniser l’Hôtel de Broglie, c’est un peu comme rénover un tableau de maître. Cela nécessite de la patience, de la persévérance, une grande maîtrise et des idées pointues. Un travail de longue haleine que l’agence d’architecture reconnue AIA Life Designers a accompli pour garantir aux usagers des espaces de travail optimisés correspondant aux normes actuelles et adaptés à notre ère. L’ensemble immobilier, composé de trois entités, résulte de constructions réparties sur trois siècles. En effet, depuis son édification initiale, l’Hôtel de Broglie a connu diverses transformations. C’est cette hétérogénéité qui a constitué le point de départ de son renouveau. La réhabilitation lourde a été menée avec une grande ponctualité et a relevé plusieurs défis. Les façades et toitures de la partie ancienne, inscrite aux Monuments historiques, ont été habilement restaurées en collaboration étroite avec l’atelier Deshoulières Jeanneau. L’ensemble a surtout subi une grande refonte pour tout ce qui concerne la reprise structurelle, la réparation des plafonds, la charpente, la répartition des flux, l’amélioration thermique et acoustique, une multitude d’interventions ponctuelles invisibles qui viennent parfaire un tel monument sans altérer son histoire. Les architectes ont accordé une attention particulière à la restauration des décors, à la mise en conformité des salles, à la réhabilitation des intérieurs pour offrir des espaces de travail ergonomiques et fonctionnels tout en conservant l’équilibre général d’un patrimoine historique. L’architecte Frédéric Nantois souligne que la réhabilitation de l’Hôtel de Broglie, qui a duré trois ans, constitue une mission complète. Elle a été menée par AIA Life Designers de la phase diagnostic jusqu’à l’exécution. Soulignons que les équipes d’architecture d’intérieur de l’agence ont accompagné la maîtrise d’ouvrage dans le dessin du mobilier, de la signalétique ainsi que dans la sélection des ambiances. Meryl Zieba précise que le choix des couleurs a été circonstancié, il fallait innover avec sobriété tout en gardant à l’esprit l’histoire du lieu. Plusieurs éléments architecturaux comme les cheminées et les moulures ont été restaurés et gardés en tant que témoins d’un passé révolu mais toujours présent. De même, le travail sur les arches et leur déclinaison contemporaine apporte, selon l’architecte, plus de douceur tout en rappelant le passé. Conscients de l’exigence que nécessite l’exercice de la rénovation patrimoniale depuis leur intervention sur la transformation de l’emblématique Hôtel-Dieu de Lyon, les architectes ont su puiser dans le passé, tout en s’inscrivant dans le futur. Frédéric Nantois donne l’exemple d’un morceau de plafond qui a révélé, à la suite des travaux, une peinture d’époque : une portion laissée telle quelle qui servira probablement un jour de prétexte pour continuer les recherches. La cour d’honneur et le jardin ont également eu leur lot de rénovation, et disposent d’une nouvelle existence. En proposant un environnement de travail optimal pour les usagers, l’architecture garde son lustre et s’offre le remodelage qui lui était nécessaire.

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