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Architecture, l'esprit du lieu
« Infiniment chocolat » bon pour les papilles et les pupilles

© Adrien Dirand
Cet article est paru dans le nda #58 et sa consultation est réservée aux abonnés
Jouin Manku
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Infiniment chocolat Pierre Hermé Paris
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Retrouvez cet article dans le nda numéro 58

Retail et Résidentiel
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À découvrir

Un acteur incontournable du retail
Par Nat Lecuppre, le 3 mai 2024
Nous avons rencontré Philippe de Mareilhac, président de l’agence MV Design. L’agence d’architecture et de design de lieux est spécialisée dans la création d’espaces à relations fortes, pour des marques désirables et durables, dans le retail et l’hospitality. Philippe de Mareilhac perpétue ainsi l’expertise de son père, Alain, fondateur de l’agence en 1985, et disparu cet été. Le développement de MV Design repose actuellement sur trois piliers : la transformation du retail autour de la relation client, l’omnicanal, l’expérience et la RSE. la diversification vers des projets d’hospitality (bureaux, restauration, résidences services). le développement d’une expertise forte en matière d’économie circulaire et d’éco-conception afin d’aider ses clients retail et hospitality à innover. Ce troisième pilier étant fortement lié à la labellisation B Corp de l’agence, et au partenariat avec le collectif Génération Responsable. Nous avons demandé à Philippe de Mareilhac de partager avec nous sa vision sur le retail. NDA : Pour vous, quels sont les grands changements dans le secteur du retail depuis ces dernières années ? Qu’est-ce qui a totalement disparu ? Philippe de Mareilhac : J’identifie 5 grands changements : La transformation digitale qui continue. Après le click & collect, le web to store et le showrooming, la transformation continue via TikTok et le Live Shopping. Le magasin et les RS sont complémentaires et interdépendants. Les nouveaux usages pour une consommation plus responsable : seconde main, réparation, transition alimentaire, anti-gaspi… Les clients veulent continuer à consommer, mais différemment, et voient dans l’économie circulaire un modèle plus vertueux, et aussi plus économique (cf. les enjeux de pouvoir d’achat). On note le retour du commerçant avec l’importance donnée aux équipes pour créer du lien avec les clients, conseiller, accompagner. C’est le facteur X versus faire ses achats en ligne. Les magasins ne peuvent plus se limiter à être un lieu de stockage. Ils doivent plus que jamais incarner l’expérience de marque, et apporter du plaisir et de l’efficacité aux clients pour justifier le déplacement. Enfin le multi-format. Un réseau, ce n’est plus un concept déployé de manière industrielle et ultra normée sur des centaines de pdv. Un réseau doit être agile et protéiforme, avec des formats et des usages différents, des touches locales dans le design et l’offre produit, et une capacité forte à s’adapter au contexte concurrentiel de sa zone. Quant à ce qui a disparu, je reviens à mon cinquième point sur l’évolution d’un réseau. Avant, on était dans l’hyper industrialisation d’un concept, avec la volonté d’avoir une imagine hyper homogène et systématique partout. Et tous les 5 à 7 ans, on refaisait tout. C’est encore le cas dans beaucoup d’enseignes low cost où le prix est la raison de venue des clients. Pour le reste, les magasins sont devenus plus agiles et modulables en termes de formats, usages et design. Les actifs sont amenés à durer plus longtemps, et le retail staging (cousin du home staging) permet d’actualiser un concept sans tout refaire. De même, en termes de branding, le design est plus subtil et les marques créent des lieux résolument plus lifestyle, et non des boites « hyper brandés » comme dans les années 1980 à 2000. NDA : Quelles sont les tendances émergentes ? PDM : Il

Le premier pas sur la Piste des Géants
Par Sipane Hoh, le 7 avril 2025
À Toulouse, Studio Montazami et Tezuka Architects mettent leur connaissance en diapason pour une réalisation hors site baptisée NIWA Toulouse Aerospace. C’est une construction pionnière ainsi qu’un signal architectural fort qui promeut une nouvelle manière de travailler. C’est l’histoire d’une rencontre inopinée mais néanmoins fructueuse qui a débuté en 2017, à Paris, à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, en marge du Global Award for Sustainable Architecture qui désigna l’agence japonaise Tezuka Architects (Takaharu Tezuka + Yui Tezuka) comme lauréate. Suite à un appel d’offres commun, les deux agences d’architecture ont été sélectionnées pour un projet qui favorise la recherche de nouvelles solutions éthiques et une démarche civique en architecture. À Toulouse, prenant place dans la ZAC Montaudran Aerospace, NIWA qui signifie jardin en japonais et voué à devenir le siège social de GA Smart Building, constitue l’amorce du campus tertiaire, le TMA NewGen, dont le concours fut remporté en 2020 par les deux agences d’architecture. Encore en projet, l’ensemble comporte trois parcelles. Tandis que côté sud-ouest le site est bordé par la rocade A620, côté nord-est il est bordé par la Piste des Géants, une ancienne piste de l’Aéropostale, inscrite en partie aux monuments historiques. C’est donc sur une parcelle stratégique, située au sein du berceau de l’aviation civile non loin de la Halle de la Machine que prend forme l’immeuble tertiaire qui constitue à la fois un lieu de vie, de travail mais aussi de culture et de loisirs. Une architecture vertueuse tendant vers le monde post-carbone. Dès le départ, les architectes aspiraient à faire plus de place à la nature. Ainsi, le bâtiment a été reculé par rapport à l’avenue de l’Aérodrome-de-Montaudran, pour pouvoir laisser la place à un parc paysager comprenant diverses essences locales. Mieux cerner le monde de travail. Contrairement à la logique d’une tendance actuelle qui propose une seule entrée pour l’immobilier tertiaire, Niwa s’est dotée de plusieurs accès communiquant entre eux au travers du rez-de-chaussée en triple hauteur. Tandis que l’une des entrées se trouve du côté de la Piste des Géants et compose avec une cafétéria et un local commercial, une entrée secondaire prend place sur le versant sud-est du bâtiment. Quant au troisième accès, il fait face à la future passerelle qui enjambera la rocade autoroutière. Le socle constitue ainsi un véritable lieu de vie. Par ailleurs, profitant de la déclivité du terrain, les architectes ont conçu plusieurs espaces en gradins suivant la pente, formant un auditorium ainsi qu’un showroom et une bibliothèque. L’édifice tertiaire se distingue par ses grandes surfaces vitrées et le jeu habile de ses volumes dans le but d’une adaptation meilleure à son environnement et pour garantir des vues obliques à ses usagers. De même, les plans ont été élaborés de façon à faciliter l’interaction et offrir des espaces centraux de rencontres aux utilisateurs des lieux. Des recherches spatiales ont été menées par les deux agences pour mieux cerner le monde de travail et le rapprocher autant que possible de l’univers domestique. En conséquence, les espaces extérieurs font partie de chaque étage et sont

Quand Toulouse brûle sa dernière cartouche
Par Nat Lecuppre, le 19 avril 2024
Afin de préserver son patrimoine historique, industriel et architectural, la région toulousaine a soutenu un projet d’envergure de réhabilitation urbaine, appelé Les Halles de la Cartoucherie. À l’initiative de ce projet, le promoteur immobilier Redman, qui a été le premier promoteur français certifié B Corp. Pour cette réhabilitation, ce dernier s’est associé des talents de deux agences d’architecture : Compagnie d’architecture et Oeco Architectes. La Cartoucherie est un quartier emblématique de la ville. Depuis 1802, il est le quartier des activités militaires et industrielles. Un passé chargé d’histoire. En 1802, la ville met le terrain à la disposition de l’Arsenal afin de faire des essais de tir aux canons. En 1876, un atelier de chargement de cartouches métalliques est créé. En 1885, la Cartoucherie emploie 1 250 personnes et produit 500 000 cartouches par journée de 10 heures. 1918, 14 730 personnes y travaillent. En 1966, le site est constitué de 290 bâtiments et ateliers sur 82 hectares. À partir de 1990, suite à l’intégration au groupe GIAT Industries, la fabrication des cartouches ne se fait plus à Toulouse. L’activité est davantage axée sur l’électronique (boîtiers et câbles pour les chars Leclerc). En 2005, c’est la fin. Deux bâtiments sont conservés, les Ateliers M1 et M2, qui vont devenir les Halles 121 et 128. Une association des anciennes employées et des amies de la Cartoucherie est créée au sein de l’Association des Anciens de la Cartoucherie de Toulouse (AACT). Les 240 adhérentes réalisent un gros travail d’archives et de témoignages qui sera en partie repris par Les Halles de la Cartoucherie afin de perpétuer l’histoire. Programme hybride. Les Halles de la Cartoucherie est avant tout un projet urbain. Il a pour objectif d’offrir un nouveau modèle de transmission, de vie durable et participative. Cet éco-quartier est un exemple d’engagement environnemental. Les énergies 100 % renouvelables alimenteront les modes de chaud et froid, il n’y a aucun rejet d’eaux pluviales aux réseaux d’assainissement et les stationnements sont mutualisés en parkings silos… Les Halles de la Cartoucherie, c’est avant tout : 33 hectares de superficie, 3 600 logements, 6 000 habitants, 78 000 m2 de bureaux, 12 000 m2 dédiés à l’enseignement supérieur, 6 000 étudiants, 5 000 m2 de commerces et 15 000 m2 d’équipements publics. Le projet hybride se développe dans l’un des deux bâtiments conservés (anciennement Atelier M2) sur 13 500 m2. On y propose une multitude d’activités culturelles, gourmandes et sportives. Long de 190 mètres, le bâtiment est scindé en trois parties : la halle nord (7 500 m2), la halle verte (1 200 m2) et la halle sud (2 000 m2). La halle nord regroupe la restauration, les espaces tertiaires, les activités sportives, un espace pour des activités socioculturelles, une salle de danse, une école de formation audiovisuelle et une librairie. La halle verte avec son jardin suspendu couvert est le poumon du site. La halle sud dispose d’une salle d’escalade et des espaces de bien-être. Une réflexion est menée en amont afin d’imaginer au mieux le concept architectural qui saurait juxtaposer tous ces espaces et activités et les faire cohabiter en totale cohérence. Avec brio, les architectes ont su conjuguer l’histoire avec la modernité. Les volumes et les matériaux existants sont préservés. La charpente

