Urbanisme

Interview Jérôme Le Moine, Designer et co-fondateur d’Extreme Topo

Par Lionel Blaisse, le 23 décembre 2024.
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Pouvez-vous rappeler en quelques mots l’activité ­d’Extreme Topo ?

Nous sommes une agence de design et de stratégie spécialisée dans les problématiques qui répondent aux enjeux de territoires, des énergies et de la mobilité. Dans le domaine des territoires, nous aimons faire émerger les lieux grâce à de nouveaux storytellings, des concepts audacieux, des logos, des couleurs pour des lieux nouveaux ou, comme les Puces de Saint-Ouen, ayant déjà toute une histoire. Nous aimons dire que nous sommes des raconteurs d histoire avec quelques crayons de couleurs à la main.

Pourquoi avoir proposé vos services aux Puces de Saint-Ouen ?

Passionnés de belles choses et de design, nous ne pouvions qu’être attirés par ce lieu si unique. La très belle rencontre fortuite avec Merry Liuzzo nous a incités à nous impliquer à leurs côtés pour réfléchir gracieusement au repositionnement de leur branding mais plutôt sous la forme d’une carte blanche.

Comment s’est déroulée votre collaboration ?

La rencontre avec les puciers nous a fait découvrir des professionnels singuliers, démonstratifs, n’ayant pas la langue dans leur poche. Nous avons pris ainsi conscience des contraintes issues en partie de l’histoire même des Puces où les marchands et artisans se sont regroupés en marchés par affinités, caractères et activités. Leurs intérêts respectifs pouvant se révéler divergents, voire contradictoires. Trouver un objet identitaire commun était dès lors impossible. En revanche, tous manifestent un enthousiasme communicatif pour leur métier, leur passion qu’ils partagent avec leurs visiteurs et clients, c’est à la fois le lieu d’inspiration et de toutes les émotions.

Nous avons donc proposé un logo générique, simple, intemporel affirmant le caractère audonien des Puces de Saint-Ouen, Paris n’apparaissant qu’en exposant. Nous leur avons suggéré en complément un langage vivant et coloré reposant sur une typographie d’émotions spécifiquement inventée pour eux, une famille de lettres « abstraites » venant semer un peu de folie, de liberté dans les messages. Librement appropriable par chacun, cet alphabet sera à même d’engendrer de nouvelles signalétiques, des campagnes d affichages, des événements, et même pourquoi pas un jour des produits dérivés destinés aux (nouveaux) visiteurs.

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    Association MAP

    110, rue des Rosiers

    93400 Saint-Ouen

    www.pucesdeparissaintouen.com

    Extreme Agency

    92-98, boulevard Victor-Hugo

    92110 Clichy

    Tél. : +33 (0)1 40 99 80 50

    www.extreme.fr

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 57
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Un showroom cousu de luxe, de singularité et de créativité

    Par Nat Lecuppre, le 15 octobre 2025
    Casamance Group, éditeur de tissus, papier peints, revêtements muraux et accessoires de décoration, sublime avec ses diverses marques les intérieurs et réinvente les classiques de demain. Après Londres, Casamance Group revisite son showroom parisien. Ce dernier situé au 10, rue du Mail (Paris 2e) s’agrandit. En début d’année, les designers Gary Berche et Natacha Kopec ont imaginé la nouvelle configuration de l’adresse parisienne. Leur concept architectural a été de transformer les lieux à l’image de la qualité des produits exposés des différentes marque mais aussi des clients et des architectes parisiens. Le cadre imaginé est intime et élégant. Les formes et les matières se conjuguent. Les 160 m2 des lieux se répartissent en cinq univers présentant les collections Casamance, Misia, Issé, Camengo et Maison Casamance. Chaque marque est dévoilée dans une mise en scène et une ambiance propre. Les lieux ont beaucoup de caractère. Ils sont structurés par une verrière Art nouveau, de fines arches et un mobilier fonctionnel fabriqué sur mesure. Les matériaux retenus sont nobles et renforcent cette ambiance chaleureuse, chic et raffinée. Le parquet est en pointe de Hongrie et les effets dorés sont poudrés. L’escalier se fond dans les lieux et s’intègre aux espaces. Il assure une circulation fluide entre les différents espaces. Les lieux sont pensés comme une succession d’univers et de découvertes. Casamance à l’atmosphère conviviale et créative invite à toucher les matières. Les vitrines attirent l’œil depuis l’extérieur. Elles incitent les clients à entrer et à découvrir les revêtements muraux exposés grandeur nature. Misia est plongée dans une ambiance plus intime et feutrée. Son univers est dans le bleu signature profond. Sa première collection de revêtements muraux est présentée. Issé, la nouvelle marque de Casamance Group, s’inspire de la nature. Ses créations semblent sculptées par le vent et le temps. Avec elle, l’élégance est intemporelle. L’univers dédié aux tissus Camengo est lumineux, harmonieux et vivant. Il inspire le bonheur d’être bien chez soi. La collection d’accessoires Maison Casamance est une invitation à la création. Depuis juin 2025, un showroom lui est exclusivement destiné au 13, rue du Mail, adresse où se marient luxe, beauté et singularité au travers de chaque pièce, chaque matière et savoir-faire. Une visite s’impose lors de votre passage dans la capitale.
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    Urbanisme

    Alki, une belle assise basque

    Par Anne-Marie Fèvre, le 11 mars 2024
    Engagée depuis 1981 à Itsasu, l’entreprise de meubles a muté vers un beau design élémentaire. Avec le nouvel atelier architectural bâti à Larressore, elle entend développer sa croissance, ses valeurs humaines et écologiques. Océan vigoureux à Biarritz, maisons blanches aux volets rouges, campagne vallonée d’un vert rassurant, le nom d’Espelette d’un village, l’« euskara » langue si affirmée… Pas de doute, nous sommes au Pays basque français, dans la province du Labourd. Il y a là tous les piments d’une carte postale très prisée. Trop ? Ce « pays » se vit sous une tension due à un trop-plein de touristes1. Mais le village d’Itsasu (Itxassou), connu pour ses cerises noires, son site du Pas de Roland (de Roncevaux) résiste. C’est là que l’entreprise Alki de meubles s’est consolidée, elle s’apprête à muter encore en implantant un atelier contemporain à Larressore. Longtemps, « basque » a aussi rimé avec un style de meubles traditionnels, robustes, ornementés, en chêne et noyer, dont le manka (buffet) et le zuzulu (banc-coffre). C’est en s’appuyant sur ces savoir-faire patrimoniaux, mais surtout pour dynamiser ce territoire rural peu industrialisé, que cinq amis ont créé en 1981 la coopérative Alki, qui signifie « chaise ». Elle se tourne naturellement vers la fabrication de mobilier en chêne massif, crée rapidement de l’emploi avec des assises qui portent la volonté militante « de vivre et travailler au Pays basque ». Ce statut original de coopérative permet une gouvernance démocratique. « Mais il a fallu vaincre bien des difficultés, raconte Eñaut Jolimon de Haraneder, jeune PDG d’Alki depuis 2020, il a remplacé le co-fondateur Peio Uhalde. Un incendie de l’atelier en 1984, le déclin du meuble rustique basque… Nous devions nous reconvertir pour survivre. » C’est chose engagée en 2005. Le designer industriel Jean-Louis Iratzoki est recruté comme directeur artistique pour créer une marque plus contemporaine grâce au design, conquérir un nouveau marché. Nait en 2007 Emea, un siège ligne claire mais costaud, un succès durable. En 2015 est conçue la collection Kuskoa Bi, chaise en bioplastique. De nouvelles pièces sont élaborées avec les designers Samuel Accoceberry et Patrick Norguet. En 2021, Alki ouvre son premier showroom à Paris. Ainsi, en 2022, la marque produit des sièges, tables et bureaux, soit plus de 20 collections, au milieu du haut de gamme. Qui sont destinées au marché des cafés, de l’hôtellerie, de la restauration ; aux boutiques (retail) ; et aux espaces d’accueil du public, musées, mairies, universités. Avec 42 coopérateurs, et un chiffre d’affaires de 7,4 millions d’euros, qui se répartit à 70 % pour la France et à 30 % à l’export, en Europe et Amérique du Nord. À la Milan Design Week d’avril 2023, Alki a célébré une pièce d’exception, la version grand public de la chaise Orria, conçue par le designer français Patrick Jouin pour la salle ovale de la BnF Richelieu, une belle histoire (lire Nda n° 52). Ont été également dévoilées les nouvelles propositions du studio Iratzoki & Lizaso, dont le siège Xume (simple). Lors de sa présentation parisienne du 13 juin, le designer Ander Lizaso de San Sebastian (Espagne), en osmose avec
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    Architecture un lieu

    46/48 avenue de la Grande Armée Une réhabilitation d’exception

    Par Nat Lecuppre, le 10 novembre 2023
    L’architecte Franklin Azzi a réalisé une réha­bi­litation singulière d’un immeuble de bureau, au 46-48, avenue de la Grande Armée à Paris. L’architecte a eu pour mission de revaloriser le site et de l’adapter aux normes et aux attentes actuelles des utilisateurs tant en termes d’effectifs que de confort d’usage. Franklin Azzi a su avec son talent reconnu rendre attractif cet ensemble de 9 200 m2 en conjuguant les styles Art déco et Industriel. Les objectifs étaient de rendre les lieux lisibles et de les ouvrir sur la ville mais aussi de les moderniser. Le site Pour Franklin Azzi, il s’agissait de donner du sens et de connecter les deux bâtiments au 46-48 avenue de la Grande Armée et rue de Brunel. Pour cela, le patio historique a été repensé et une agora créée pour relier les deux bâtiments. Elle devient le cœur du site. Les façades ont été conservées. Une véritable attention a été portée à l’apport de lumière naturelle et surtout à la valorisation des hauteurs libres. Les RDC et R+1 sont ouverts sur l’atrium central baigné de lumière et accessible par un escalier visible depuis le hall en double hauteur. Autour de cet atrium, les utilisateurs bénéficient de divers espaces qui renforcent leur bien-être : un lobby, un business center, une cafétéria et un espace d’échanges informels, entre autres. Le projet de Franklin Azzi comprend également la réalisation d’une surélévation en toiture au R+7. Une extension vitrée et sa toiture sont ainsi reliées aux R+7 et R+8 côté rue de Brunel. La surélévation vitrée a été conçue avec des châssis coulissants toute hauteur. Une casquette, de couleur zinc en clin d’œil aux combles des bâtiments avoisinants, surmonte celle-ci. La dimension contemporaine se trouve renforcée par le choix de la charpente, des menuiseries en acier, des ouvrants et des protections solaires. Un important travail de réflexion a été effectué sur la structure pour une meilleure organisation des espaces. Par exemple, une charpente invisible au R+6 a été créée pour permettre une surélévation au R+7. L’architecte a joué avec les styles dans une belle harmonie. L’Art déco se marie au style Industriel et fait la part belle aux matériaux nobles, performants et durables (bois, pierre de taille, feutre…). On reconnaît la griffe de Franklin Azzi et son côté perfectionniste. Aucun détail n’est laissé au hasard, tout est dessiné sur-mesure comme les sièges de l’auditorium. Afin de préserver l’ADN des lieux, des recherches d’archives patrimoniales ont été menées. Franklin Azzi a su mettre en valeur l’existant et anticiper les usages dès la conception. Chapeau bas pour cette réhabilitation d’exception.

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