Architecture, l'esprit du lieu

Le spectaculaire réveil du Couvent des Minimes

Abonnés
Par Sipane Hoh, le 13 septembre 2024.
Image
© Think Utopia

Comme la Belle au bois dormant, le Couvent des Minimes, longtemps en léthargie, vient de se réveiller sous l’impulsion de l’agence d’architecture suisse basée à Carouge, de Planta & Associés Architectes. Une revivification qui non seulement a redonné au lieu ses titres de noblesse, mais a engendré un établissement hôtelier hors pair parti pour durer.

C’est dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Mane, dans un écrin exceptionnel, que se trouve l’ancien couvent datant du XVIe siècle, qui, après quatre siècles, change d’allure tout en gardant l’esprit de départ. Une transformation de grande envergure pour un lieu qui accueillait jadis les religieuses, devenu un hôtel de grand standing avec quarante-neuf suites, un spa et deux restaurants. L’histoire de cette métamorphose est intéressante. Après plusieurs évolutions successives, L’Occitane en Provence, séduite par le site, a racheté l’ensemble dans le but de le transformer en un haut lieu de villégiature, de bien-être et de repos. Suite au choix de l’agence d’architecture de Planta & Associés Architectes et en menant un dialogue continu entre les diverses parties impliquées, le projet de départ a subi quelques changements majeurs. Les travaux comprenaient la redistribution des espaces, la création d’une nouvelle circulation, la modernisation de la partie historique, l’ouverture d’un centre de convention ainsi que la création d’un spa. Un programme conséquent, des travaux complexes pour un site remarquable. Dans ce projet de grande ampleur, architectes, archéologues mais aussi artisans ont mis leurs connaissances tout comme leurs compétences audiapason. La partie historique du couvent a subi une restauration minutieuse de longue haleine qui a permis la sauvegarde d’une multitude de vestiges comme une fresque religieuse trouvée par le plus grand des hasards, plusieurs dessins, sculptures ainsi que des portes anciennes. L’archéologue et restaurateur Erwan Dantec a travaillé pendant trois ans pour redonner vie, entre autres, à plusieurs portes de bois d’origine ; de même, il a redonné leur transparence aux dix-huit vitraux pour la plupart datant du XVIIe et a nettoyé la frise de pierre aux motifs floraux située tout autour du plafond de l’édifice.

Galerie d'images (37)
    Partagez cet article autour de vous
    Facebook
    Twitter / X
    LinkedIn
    Pinterest
    E-mail

    Le Couvent des Minimes Hôtel & Spa L’Occitane

    Chemin des Jeux de Mai

    04300 Mane-en-Provence

    Tél. : +33 (0)4 92 74 77 77

    www.couventdesminimes-hotelspa.com

    de Planta et Associés Architectes SA

    Rue Blavignac 10, 1227 Carouge

    Tél. : +41 22 702 10 77

    www.deplanta-architectes.ch

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 56
    Image

    Nouveaux concepts

    Commander

    À découvrir
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Les nouvelles cariatides de Genève

    Par Sipane Hoh, le 3 janvier 2025
    Les plus prestigieuses enseignes du monde du luxe y disposent d’une vitrine. À Genève, la rue du Rhône, comparée à la Cinquième Avenue de New York, vient de se doter d’un nouveau bijou architectural, le flagship Dior, qui porte la signature de Christian de Portzamparc. Après la boutique Dior de l’avenue Apgujeong, située dans le très élégant quartier de Cheongdam-dong, à Séoul, signé Christian de Portzamparc, c’est au tour de la rue du Rhône, à Genève d’accueillir le nouveau flagship de la marque portant la griffe du Prizker de l’architecture. L’ensemble, qui se caractérise par sa teinte immaculée, croise savamment l’inopiné et le raffinement. Dans un hommage à l’art de l’habillement, en parfait accord avec la marque qu’il représente, ce sophistiqué écrin architectural se distingue avec brio des établissements voisins comme s’il apportait une certaine douceur à une artère rectiligne marquée par ses édifices aux formes rigoureuses et minimalistes. Néanmoins, le projet aussi impressionnant soit-il s’adapte parfaitement à la parcelle située à l’angle de la rue du Rhône et de la rue Robert-Céard : l’édifice qui a subi une minutieuse déconstruction garde les bases épaisses des murs qui contenaient les coffres de la banque qui y demeurait avant. Quand Bernard Arnault a demandé à Christian de Portzamparc de réaliser le flagship Dior de Genève, l’architecte a répondu qu’il aimerait concevoir un projet dans l’esprit de la marque. « Ce côté sculptural de l’inspiration est venue de Christian Dior, qui travaillait sur des toiles habillant les mannequins, des tissages blancs qu’il déformait, qu’il pliait, coupait puis découpait, c’est avec ces sculptures de base qu’il créait ses robes », souligne Christian de Portzamparc, qui ajoute : « Ça m’a intéressé, d’avoir en base une toile arrondie, plissée, découpée. » Ainsi, quand l’homme de l’art a accepté l’offre de réaliser le flagship de Dior à Genève, celui de Séoul constituait déjà un grand succès. Mais le quartier genevois à l’urbanisme ordonnancé étant différent de celui de la capitale coréenne, l’architecte a préféré aborder l’idée de la toile différemment. « J’ai voulu marquer l’angle et la rectitude de la rue, ce côté angulaire était important pour moi. J’ai conçu ces formes, qui ont été plus tard appelés les cariatides, grâce à l’entablement formant une toiture carrée qui accentue l’angle des deux rues. » Un dialogue subtil avec la ville. Avec le flagship Dior de Genève, Christian de Portzamparc a souhaité représenter une certaine excellence de l’enseigne ainsi qu’un nouveau parti pris esthétique et architectural associé au nom de Dior. « J’étais attaché à l’idée que le bâtiment réponde à la ville comme s’il sculptait cet angle et lui donnait de la rondeur, comme une façade baroque qu’on voit à Rome ou ailleurs, c’est aussi une intervention qui a l’arrondi d’une robe tout en marquant un angle droit », précise le Pritzker 1994. Mis à part son architecture, le projet se caractérise par son travail sur la lumière. Lors de la phase d’étude, l’architecte et son équipe ont essayé de représenter la lumière avec tous les moyens, comme les façades et les perspectives ; le résultat est tout simplement impressionnant. Tandis qu’en journée la lumière reflète l’architecture, en soirée l’ensemble ressemble à
    Studio Briand & Berthereau — Jost Hôtel
    Talents

    Studio Briand & Berthereau, la qualité avant tout

    Par Sipane Hoh, le 17 janvier 2024
    Le Studio Briand & Berthereau, fondé en 2011 par Joran Briand et Arnaud Berthereau, est spécialisé dans le design d’espace, le design industriel et le design graphique. Le duo revendique une démarche créative frugale pour « faire le maximum avec le minimum ». Une constante que l’on trouve dans les diverses conceptions de différentes échelles que l’agence manie avec maîtrise. Ils sont huit à l’agence, comptant sur des profils d’architecte, architecte d’intérieur et designers. L’ambiance est décontractée mais productive et la qualité du projet est primordiale, peu importe son échelle. Le Studio Briand & Berthereau est une agence pluridisciplinaire qui est née un beau jour lorsque les chemins de Joran Briand et d’Arnaud Berthereau se sont croisés. Depuis, l’entente est parfaite, la structure grandit et diversifie ses services, le duo conçoit des objets, engendre des signalétiques et signe des intérieurs. Aujourd’hui, plusieurs projets d’hospitalité leur ont été confiés, les designers font tout leur possible pour apporter une réponse juste en concevant des espaces uniques et des pièces sur-mesure. Forts de leur expérience et conscients des possibilités qui leur sont offertes, le duo a ouvert une deuxième agence en Bretagne, non loin du large, dans des locaux où règne une grande frugalité. À la fois curieux, exigeants et regardant toujours loin, les deux designers ne cessent de créer, d’inventer, de proposer, bref, d’entreprendre. Le Jost Bordeaux, un clin d’œil pour l’univers musical Situé non loin de la gare TGV de Bordeaux Saint-Jean, dans un nouveau quartier en pleine ébullition, au sein d’un bâtiment neuf signé DATA, le Studio Briand & Berthereau vient de terminer l’architecture intérieure du Jost Hôtel. Il s’agit d’un projet complexe. En effet, le Jost Bordeaux, premier établissement de l’enseigne lifestyle développée par le Groupe Melt qui propose un nouveau concept hôtelier, a nécessité de la part de Briand & Berthereau beaucoup de recherches, une grande patience et de multiples créations d’espaces. Ce qui rend le projet intéressant, c’est la pluralité des propositions. Pas un étage comme un autre, des solutions multiples et des intérieurs de grande qualité, le tout complété par un cabaret, un restaurant et un rooftop. Le visiteur commence le voyage dans un lobby repensé tel un mur d’enceintes, puis découvre le restaurant au design chaleureux, fait une petite halte au besoin dans l’espace coworking aménagé ou se prélasse dans la piscine en rooftop avec vue sur Bordeaux. Conscient du potentiel du lieu, le Studio Briand & Berthereau s’est inspiré de l’univers de la musique qui a fait la renommée du quartier, pour proposer des éléments de déco issus de l’univers audio comme les tissus acoustiques, le bois perforé, les pièges à sons facettés. Tandis que le restaurant Solia propose une expérience immersive et gustative, le Lieu Chéri, qui dispose d’une entrée dédiée, se compose de deux espaces distincts. Le bar se distingue par ses alcôves acoustiques et ses banquettes alors que l’espace club propose une scène et des espaces salons. Les 98 chambres se déclinent en une quinzaine de catégories différentes. Entre les capsules chics, les dortoirs,
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    L’Art de vivre provençal

    Par Nat Lecuppre, le 13 février 2025
    C’est en 2022 qu’Anne-Sophie et Clément Pelissier jettent leur dévolu sur un immense domaine en jachère depuis vingt ans dans les Alpilles. Ils ont relevé le défi de faire de ces 240 hectares d’oliviers abandonnés le plus beau domaine, et d’y produire des huiles d’olive grand cru d’exception. Objectif atteint : aujourd’hui le Domaine Jolibois est le plus grand domaine oléicole en agriculture biologique et bénéficie de l’Appellation d’origine protégée de la Vallée des Baux de Provence. Le Domaine est plus qu’une destination, car l’huile d’olive est devenue un art de vivre. Cinq variétés d’olives sont produites en AOP ou monovariétales (Aglandau, Grossane, Picholine). Dès le début de cette belle aventure, l’Agence-S a accompagné les propriétaires pour la création de l’identité de marque du Domaine, son nouveau positionnement et créer une marque forte de Provence avec une dimension nationale et internationale. Six mois après le lancement de la marque, une première boutique Domaine Jolibois s’ouvre à Saint-Rémy-de-Provence (13). Située dans une rue piétonne, la boutique à la façade en pierre est réhaussée par les volets de couleur vert olive. La superficie de 50 m2 est pensée pour vivre une expérience, découvrir et se rencontrer. L’approche en design global de l’Agence-S a renforcé le discours de la marque dans ce lieu. Tout est pensé dans les moindres détails : matériaux, couleurs, signalétique, flux… En trois mois, la boutique devient une petite maison provençale. Elle incarne les valeurs du Domaine. C’est une immersion totale dans un cadre naturel et reposant. L’enseigne suspendue est constituée de lettres aériennes découpées et intégrées dans la pierre. On retrouve la couleur emblématique de la marque, le vert olive, à l’intérieur jusqu’au plafond. Afin de renforcer l’immersion en pleine nature, les lieux sont végétalisés. Une suspension en feuillage dessinée sur mesure viendra prochainement souligner cette atmosphère apaisante et enivrante. Les formes organiques déclinées du logo habillent les vitrines. La boutique se divise en trois espaces. Le premier regroupe les offres de produits (huiles du Domaine, produits d’épicerie fine inédits de la région, une sélection d’accessoires de décoration, des livres et objets). Au fond, un plan dessiné resitue le Domaine dans son environnement naturel et sauvage. Aux murs de l’arrière-boutique, on a des carreaux en céramique jaune évoquant le soleil mais aussi les cuisines provençales. Le second espace est constitué de la caisse, sert aux préparations des commandes et accueille l’épicerie fine. La circulation a été pensée pour plusieurs usages (présentation, dégustation, achat autonome) pour créer un ensemble fluide entre les deux espaces. Le troisième espace est situé à l’étage et est dédié à l’accueil B to B et aux stocks. Pour ce projet, le mobilier dessiné sur mesure côtoie le mobilier chiné. Les matières nobles et végétales sont privilégiées. On devance les aménagements futurs et présentations des huiles. Une grande bibliothèque à huile d’olive en bois massif est modulable. Ses colonnes s’adaptent selon les nouvelles huiles. De mini-chaudrons en inox disposés en partie basse permettent une dégustation. Le mobilier de présentation des pièces de décoration et de l’épicerie fine est également dessiné par l’Agence-S. Il a été imaginé pour pouvoir exposer différents formats et présente des

    Laisser un commentaire

    un × 5 =