Architecture, l'esprit du lieu

Le Studio Castille habille Guillemette Bataille

Par Nat Lecuppre, le 20 février 2025.
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© Sébastien Véronèse

Guillemette Bataille, créatrice de prêt-à-porter 100 % made in France, a lancé sa marque homonyme en 2014. Forte de son succès, elle ouvre une seconde boutique rue de Picardie à Paris.

Pour concevoir cette nouvelle adresse, Guillemette Bataille fait appel au Studio Castille. Son souhait était d’avoir une boutique différente de la première, située rue de la Victoire. 

C’est dans une ancienne galerie d’art dans le Marais, d’une superficie de 100 m2, que le projet des architectes Mathilde Abeel et France Lepoutre a pris naissance. Les difficultés ont été multiples. La principale fut l’absence de cloisons. Studio Castille a dû jouer d’astuces et d’ingéniosité pour installer par exemple les portants. Les cabines d’essayage ont servi d’appui pour fixer les linéaires manquants. Les murs devaient rester libres pour permettre aux miroirs de prendre place. 

La créativité et l’imagination des architectes ont permis de concevoir de nombreuses zones de stockage et de démonstration sans surcharger l’espace. Tout devait être harmonieux, élégant et discret. Les collections exposées sont valorisées par des espaces de style classique et contemporain. Les lieux sont chaleureux et épurés. Différentes zones sont créées avec chacune une ambiance différente. La teinte prédominante dans ce concept est le blanc, décliné dans différentes textures et subtilités. On trouve de la faïence émaillée blanche à l’accueil, une pierre beige sur le plan du comptoir caisse, un carrelage grés cérame clair au sol, des luminaires en plâtre et coton plissé, des rideaux en lin lavé beige pour les cabines d’essayage, des tables en travertin et des murs en pierre apparente. On retrouve aisément l’ADN de la marque dans cet aménagement intérieur. Les cabines d’essayage sont tapissées en noyer et dessinées en forme d’arche. La géométrie du sol contraste avec le mobilier créé sur mesure, aux formes arrondies, qui renforce l’ambiance féminine et cocooning des lieux.

Le Studio Castille a su conjuguer ces espaces empreints d’histoire avec une touche de modernité. Il a offert à Guillemette Bataille un bel écrin qui met en exergue les collections au fil des saisons.

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    Guillemette Bataille

    22, rue de Picardie

    75003 Paris

    www.maisonguillemette.com

    Studio Castille

    30, rue Pétion

    75011 Paris

    Tél. : +33 (0)9 81 80 62 54

    www.studiocastille.fr

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 59
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    L’architecte urbaniste Anne Démians est un être d’exception dont les compétences sont pluridisciplinaires voire sans limites. Anne Démians ne cesse de cumuler les prix, les médailles et les honneurs. Elle est entre autres, détentrice du Label IDI (immeuble à destination indéterminée), Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion d’Honneur, première femme à être élue à l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France. Tel un chevalier, elle brave les champs de bataille de l’architecture avec son fer de lance dressé. Elle trace un chemin à suivre… ou pas, selon vos convictions. Pour Nda, il était inimaginable de ne pas lui poser des questions sur sa vision de l’architecture d’aujourd’hui et son devenir. On parle beaucoup de réversibilité dans les projets mais tous les bâtiments en font-ils l’objet ? Vers quelle architecture allons-nous et quels efforts sont faits dans ce sens ? Que préconiser ce jour pour le futur proche ? Quels sont les changements fondamentaux qu’elle préconise ? Comment revitaliser les villes ? Levons le voile sur sa vision de notre société et les vertus qui l’animent dans sa démarche de vie et architecturale. Selon Anne Démians, l’architecture est un art d’usage mais aussi un art politique qui se dévoile à travers ses objectifs sociaux et environnementaux, c’est un art prospectif à travers l’imaginaire et les sciences, c’est enfin un art porteur de création de valeur économique. Pour elle, une pensée contemporaine et prospective pourrait se fixer comme objectif d’être une alternative à cette société du jetable, organisée exclusivement autour de tous les produits financiers à courte portée de l’immobilier dans lesquels s’inscrivent toutes les productions domestiques. C’est-à-dire les logements, les bureaux, les commerces et les services de proximité. Ce qui représente environ 80 % de la masse construite de nos villes. D’une durée de vie de quinze à vingt ans, ces ouvrages, mal pensés, sont souvent détruits et reconstruits, peu ou pas du tout adaptables aux grandes mutations urbaines et sociales en cours. C’est un véritable gâchis en matière de dépense énergétique et d’empreinte carbone. Mutation sociétale. Il s’agit de changer de paradigme, de la construction d’un bâtiment au profit de la ville, et d’intégrer la question du temps court et du temps long dans l’équation économique et sociétale. C’est pour cela qu’Anne Démians propose deux réversibilités pour les bâtiments à usage domestique, avec des approches différentes pour le neuf et l’existant. Le neuf. Pour les bâtiments neufs, elle propose de remettre en jeu les produits formatés des logements et des bureaux au profit de nouvelles constructions mieux dessinées et plus agiles présentant un profil géométrique simple, poreux, hybride et modifiable selon les spécificités climatiques des régions concernées et avec comme objectif prioritaire de pouvoir les faire évoluer en bureaux ou en logements, sans dégâts, au fur et à mesure que les données familiales ou économiques changent. Ces nouvelles constructions seront le résultat de cette addition de nouvelles qualités, plus de hauteur pour les logements, plus d’espaces extérieurs pour les lieux de travail, reprises pour rendre l’espace mieux adapté aux exigences physiques et climatiques actuelles et à venir,

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