Architecture, l'esprit du lieu

Lodges bien « charpentus » Dans le Piémont

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Par Lionel Blaisse, le 3 janvier 2024.
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Le Little Leisure Lodge comprend quatre huttes subtilement implantées dans la pente d’une col­line embrassant les vignobles d’Asti. Leur architecture intégra­lement menuisée est signée Marco Lavit.

Prônant l’éco-construction et la préfabrication bois depuis la création en 2014 de son agence parisienne, le jeune architecte designer franco-italien s’est beaucoup impliqué dans l’éco-tourisme en milieux naturels : tree-house avec spa dans la forêt du Château de Raray dans l’Oise, cabanes sur pilotis au bord du lac de la Lionne non loin de Châteauneuf-du-Pape et aujourd’hui huttes dans le Piémont.

Archétype primitif revisité

Particulièrement sensibilisé aux qualités environnementales et naturalistes des paysages agricole et viticole, Marco Lavit se veut respectueux des territoires et de leurs terroirs qui – en arrière-plan – révèlent la richesse historique et culturelle des (mi)lieux ruraux. L’implantation de quatre lodges – trois d’hébergement, le quatrième dédié à l’accueil mutualisé des hôtes – sur un coteau presque isolé de la commune de Grazzano Badoglio se devait de valoriser son environnement paysager. Pour ce faire, le concepteur a revisité un ancestral habitat vernaculaire, la hutte bâtie à partir de troncs d’arbres et de branchages. Indépendantes tout en restant interconnectées, ses quatre unités investissent la pente non loin de la crête à la façon d’un hameau faisant discrètement corps avec le grand paysage. Ce dialogue s’inspire du shakkei, le « paysage emprunté » du jardin zen japonais dont la dimension souvent modeste se dilate en s’ouvrant au lointain.

Du bois, sinon presque rien

Chaque hutte préfabriquée semble se résumer à une toiture à deux pentes reposant sur une série de fermes rapprochées équidistantes, en mélèze huilé, dont les arbalétriers ont été dédoublés pour moiser les poutres du plancher tout en contreventant l’ensemble de la charpente. Son ossature asymétrique lui permet de s’adapter aux nivellements différentiels tout en préservant l’intégrité du biotope. Les liteaux en couverture ménagent un intime brise-soleil pour la terrasse dans le parquet duquel est enchâssé un bain nordique.

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    Lilelo

    Viale Pininfarina 40

    14035 Grazzano Badoglio

    Italia

    Tél. : +39 335 533 4110

    www.lilelo.it

    Atelier LAVIT

    46, rue Sainte-Anne

    75002 Paris

    www.atelier-lavit.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 53
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    Les deux bâtiments en L conçus par les agences CoBe et WEEK Architecture confèrent des airs de bastide à la place Laherrère dessinée par Base, le nouveau cœur battant du quartier Saragosse dont ils finalisent la rénovation ANRU. Initiée il y a dix ans, cette seconde opération ANRU paloise – concernant 14 000 habitants et pilotée par la Communauté d’agglomération – a permis de réaménager les espaces publics, rénover les équipements collectifs, réhabiliter le parc de logements sociaux et en diversifier l’offre, créer autour d’une vraie place paysagée et son marché hebdomadaire un pôle économique regroupant des acteurs de la formation professionnelle et de la création d’entreprises. Faux jumeaux. Ces deux « ailes » d’allure similaire sont pourtant intrinsèquement dépareillées de par leurs dimensions et programme respectifs avec lesquels les architectes jouent subtilement. Ainsi, c’est la façade principale de la « petite » qui cadre la longueur de la place tandis qu’un tiers à peine de celle de sa « grande sœur » borde sa largeur, le reste orientant vers la cité administrative en fond de parcelle. Leurs modénature et matérialité caractérisent leur sororité. D’élégantes arches asymétriques en béton brut bas carbone coulées sur place modèlent un socle minéral sur deux niveaux évoquant les arcades des bastides du Sud-Ouest. L’ossature en sapin pectiné pyrénéen des étages supérieurs est revêtue de bardages en douglas pré-grisé auvergnat et de menuiseries en pin sylvestre corrézien, l’isolation étant en fibre de bois. De généreuses loggias et terrasses en toiture faillent l’optimisation sérielle de leur panneautage. Un vrai “couteau… suisse”. Volontairement frugal, le système constructif poteaux-poutres retenu n’en offre pas moins une grande diversité d’usage, y compris ultérieure. Outre les halls d’accueil sous double hauteur des activités en étages, les socles hébergent majoritairement des services à destination des habitants du quartier : un poste de police, une conciergerie, deux brasseries, des espaces de vente et une salle polyvalente dite de convivialité de 234 m2. Elle accueille aussi l’école Cuisine Mode(s) d’Emploi et son restaurant d’application fondés par le chef étoilé Thierry Marx. Ce pôle éducatif est complété par l’école du numérique Simplon et l’École de la 2e Chance abritées dans le bâtiment à vocation entrepreneuriale. Ses plateaux de bureaux et de coworking ciblent des associations et structures de formation et d’aide à la création d’entreprises tels que la Maison France Services, le Club emploi et développement du quartier et celui de la Communauté d’agglomération… La seconde entité dédie ses 5 050 m2 à l’hébergement réparti – de façon non poreuse – entre une résidence étudiante de 116 studios de 17 m2 administrée par le CROUS et un foyer pour jeunes travailleurs de 16 à 30 ans opéré par Habitat Jeunes Pau Pyrénées. Soixante logements – des T1 de 17, 24 et 33 m2 – les accueillent individuellement, en couple ou en colocation. Confort et intimité y ont été privilégiés : 2,70 m de hauteur sous plafond, large baie fixe de 195 x 125 cm sans recoupement horizontal complétée par un ouvrant bois plein sur allège dissimulé dans la façade. Selon Alexandre Jonvel, l’architecte, le mobilier et la décoration s’inscrivent dans une démarche de design thinking. Les logements bénéficient d’une ambiance proche de celle d’un appartement conventionnel : teintes
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    Architecture, l'esprit du lieu

    New Age pour NAOS

    Par Nat Lecuppre, le 8 septembre 2025
    Parella, créé en 2009 par des directeurs associés, avait pour ambition de proposer des approches immobilières plus spécialisées comme la stratégie, la transaction et le conseil en AMO. Au fil des années, Parella a étendu ses compétences avec ses équipes pluridisciplinaires. Aujourd’hui, Parella honore les missions d’architecture d’intérieur, de conception- réalisation clé en main, d’évaluation immobilière, de bureau d’étude technique… Rien de surprenant à voir Parella accompagner l’entreprise NAOS pour l’aménagement de son nouveau siège à Lyon. NAOS est un groupe français créé en 1977 par Jean-Noël Thorel, pharmacien-biologiste. Cotée en Bourse, l’entreprise détient les trois marques Bioderma, Institut Esthederm et État Pur. Elle souhaitait regrouper ses équipes. Le projet était d’investir de nouveaux locaux et d’y accueillir ses collaborateurs lyonnais. Mandaté par NAOS, Parella a mis à son service ses multiples compétences. À savoir : identifier et négocier les bâtiments les plus adaptés et finaliser une signature à bail. Le site retenu est l’immeuble New Age à la Part-Dieu. L’immeuble est un bâtiment emblématique des années 1970 de l’architecte André Chatelin, Grand Prix de Rome. En 2024, l’agence lyonnaise AFAA Architecture a réalisé son extension et sa réhabilitation. New Age est un immeuble offrant beaucoup de bien-être pour les collaborateurs. Il dispose de services au rez-de-chaussée (restauration, conciergerie, accueil). Des espaces extérieurs renforcent le confort des usagers avec une terrasse privative (173 m2), un rooftop partagé (415 m2) et un jardin mis à disposition (716 m2). Concept architectural. Pour le fil rouge de son concept d’aménagement, Parella reprend l’ADN de NAOS, spécialisé dans le skincare. La santé, la préservation de l’épiderme et le bien-être sont donc au cœur du projet. Il s’agissait pour Parella de concevoir des bureaux à l’image de son client, de véhiculer ses valeurs et de fédérer les équipes. Comme un écrin protecteur, le concept s’inspire de l’approche unique de l’entreprise : l’écobiologie. Parella prend le parti de créer une atmosphère douce en jouant avec les formes arrondies et enveloppantes comme les soins de son client. Différentes essences de bois sont retenues pour définir les diverses zones. Les coloris sélectionnés font référence aux teintes poudrées de la peau auxquelles s’associent les couleurs phares de NAOS : le jaune lumineux et le bleu nuit en rappel du logo constellation. Tout au long du projet, trois mots d’ordre : humanité, équité et bien-être, Les finitions sont des clins d’œil au métier de NAOS. Comme les teintes prodiguées par les soins, les textures sont délicates et ouatées avec un grain naturel. Les matières utilisées sont des laines et des velours, des effets peaux de pêche, des feutrines, du chanvre, des fibres d’origines végétales et upcyclées. Les matériaux soulignent le côté sobre, naturel et harmonieux des lieux. Configuration des espaces. NAOS a pris deux plateaux et demi, soit 5 271 m2, pour accueillir 357 postes de travail. Afin de rythmer les espaces, Parella mixe les espaces fermés, les cloisonnements intermédiaires et les espaces ouverts. Une gradation de tonalités comme pour la peau, du plus clair au plus foncé, est créée pour les implantations du premier au second jour. Les architectes ont joué avec les sols pour définir les zones, les usages, les espaces collaboratifs,
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Se restaurer à l’intérieur d’un iceberg

    Par Nat Lecuppre, le 25 octobre 2024
    L’architecte et designer Regis Botta vient d’imaginer le second restaurant parisien Super Bao. Après sa première adresse dans le XIe arrondissement de paris, Super Bao ouvre au 3, rue Yves-Toudic dans le même XIe. L’enseigne Super Bao a la spécificité de servir des burgers asiatiques appelé des baos. Ces pains cuits à la vapeur garnis de viande ou de légumes sont une spécialité de l’Asie du Sud-Est. Un décor immersif. Pour ce mets exquis, il fallait un décor atypique et dépaysant. Régis Botta vous transporte à l’intérieur d’un iceberg de couleur bleu glacier. L’architecte joue avec les courbes, les matériaux et la lumière pour créer une ambiance aquatique et cristalline. Le parti pris architectural est de fonder le concept sur une seule couleur : la teinte Aqua. Régis Botta joue avec les jeux de lumière et les miroirs aux murs et au plafond. Les lieux deviennent magiques. Ils sont constitués d’une grande paroi courbe peinte, d’un bar d’envoi et d’un bar de dégustation. Les lieux sont ouverts par une grande baie vitrée composée de plusieurs parois en verre sur pivots. Une attention particulière est portée à l’éclairage. Deux lignes de LED mettent en valeur la paroi courbée et illuminent les lieux. Avec les miroirs, elles créent des effets visuels qui animent l’espace. Les teintes lumineuses varient en intensité et en couleur tout au long de la journée. Pour accentuer l’immersion totale dans un chaleureux iceberg intimiste, le choix du mobilier a son importance. Les assises sont sans dossier et en inox et cuir argenté. Des rideaux de perles inox séparent les espaces annexes. Les lieux disposent de 29 places assises et d’une terrasse. Le Super Bao est une adresse incontournable… à vivre et à savourer ! « J’ai souhaité que le vocabulaire clinique du mobilier renforce le côté expérimental du lieu. » Régis Botta.

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