Architecture, l'esprit du lieu

Né d’un terroir, le nouveau chai Bélair-Monange

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Par Sipane Hoh, le 5 mai 2025.
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Herzog & de Meuron

En France, à Saint-Émilion, l’agence d’architecture suisse Herzog & de Meuron a réalisé une opération complexe et délicate qui, après sept ans de travaux méticuleux, a donné naissance à une véritable œuvre surgie de terre aussi secrète que discrète.

C’est un hommage à la terre, à la commune de Saint-Émilion inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO depuis 1999, mais aussi au paysage spectaculaire et à la vigne, sans laquelle le lieu perdra une part de son identité. Le projet élaboré avec une grande sensibilité par Herzog & de Meuron est ainsi une célébration à part entière. La réalisation qui a mis sept années à se concrétiser a atteint sa maturité, le résultat est tout simplement remarquable. Pourtant rien n’a été aisé, car mis à part l’exercice architectural qui a nécessité une infinie pondération, il est question d’un héritage reconfiguré, modifié en profondeur, restructuré afin de répondre favorablement aux futures exigences de l’exploitation viticole. Le nouveau chai, remanié avec tact, prolonge l’histoire du lieu et s’adapte au futur. Après la Dominus Winery à Napa Valley en Californie, le chai Bélair-Monange est la cinquième réalisation commune et le second chai engendré d’une entente de longue date entre la famille Moueix et Herzog & de Meuron. Le site de Saint-Émilion n’a pas subi de changements majeurs depuis l’Antiquité. La vigne introduite par les Romains au 1er siècle de notre ère définit ce morceau de France très apprécié par tous. C’est donc ici, entouré d’un paysage typique que le concept devait se tisser. À la fois lieu de production et de promotion de l’un des meilleurs vins de France, le chai comprend quatre espaces principaux dédiés au travail vinicole comme la réception, la vendange, le cuvier et les chais à barriques. À cela s’ajoute une salle de dégustation dédiée à l’accueil des clients privés ainsi qu’une salle de réception pouvant recevoir une centaine de personnes. L’écriture architecturale de Herzog & de Meuron se caractérise par sa grande sobriété. Niché à flanc de colline, dans un contexte marqué par l’omniprésence des vignes, jouxtant le parc de la Magdelaine, véritable îlot de fraicheur dans un paysage saint-émilionnais peu arboré, et une maison en pierre datant de 1845, le nouveau chai Bélair-Monange sort de terre.

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    Herzog & de Meuron

    Rheinschanze 6

    4056 Basel, Switzerland

    Tél. : +41 61 385 5757

    www.herzogdemeuron.com

    Château Bélair-Monange

    54, quai du Priourat

    BP 129

    33502 Libourne cedex

    Tél. : +33 (0)5 57 51 78 96

    www.belairmonange.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 60
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    Quand Tokyo se met à l’heure

    Par Nat Lecuppre, le 18 février 2025
    Gwenaël Nicolas et son agence Curiosity viennent de signer la façade et l’architecture intérieure de la nouvelle tour Rolex à Tokyo. Située sur l’avenue Chu-Dori à Ginza, elle offre à ses clients un espace de vente sur quatre étages. Pour cet édifice, il fallait absolument un emplacement de prestige et concevoir un espace harmonieux alliant tradition et modernité tout en incarnant l’identité de la marque. Il devait également représenter le sens de l’hospitalité et de la sophistication qui caractérisent Tokyo et le Japon. Une architecture singulière. La façade est un clin d’œil à la lunette de Rolex. Celle-ci symbolise la marque. Son motif est fabriqué dans l’art de la ferronnerie. Il est réalisé dans divers dégradés de bas en haut, et procure un effet d’optique dynamique à l’édifice. Visite des lieux. L’espace de vente intérieur est visible depuis l’extérieur à travers une grande porte encadrée d’une pierre verte. En entrant, le client est plongé dans une ambiance sophistiquée. Les matériaux retenus sont nobles et subtils : travertin, bois Sen, verre dépoli… Un immense élément en verre survole les présentoirs circulaires et forme un espace dans la pièce. Le comptoir bénéficie des reflets des miroirs derrière les persiennes en bois. Les clients se retrouvent dans un cadre numérique à 360° qui leur fait découvrir l’univers Rolex dans une autre dimension. Ils sont invités à monter dans les étages : l’ascenseur entouré d’un escalier en colimaçon en travertin et persiennes en bois est une pièce maîtresse de l’espace. L’atmosphère est chaleureuse et accueillante. Au deuxième étage, un espace ouvert mène à une série de salons. Visible de l’extérieur, un grand bar en pierre et laque vert invite à une pause. Les espaces de vente se succèdent sur tout l’étage. On trouve une série de niches privées taillées dans de grands murs en travertin. L’architecte a joué avec la modernité et l’intemporalité. Les matériaux soulignent ce jeu. Un cadre en maillage filtre l’intimité des visiteurs. Au troisième, l’atmosphère est plus japonaise et au luxe discret. L’étage est réservé aux invités de marque avec un salon privé. L’espace d’accueil est réalisé avec des finitions en laque vert foncé et en pierre. Le concept de l’agence Curiosity souligne le caractère singulier de chaque pièce et collection. Le mur de la bibliothèque expose les œuvres d’art qui représentent les modèles emblématiques de la maison. On trouve des œuvres originales commandées à des artistes japonais. Le sous-sol est dédié aux services et expériences exceptionnels. Il valorise l’artisanat de Rolex. On découvre un laboratoire avec des techniciens qualifiés qui piquent la curiosité des visiteurs. Une galerie « Mouvement » invite ces derniers à découvrir le savoir-faire et l’expertise de la marque, diversité, sophistication, complexité et précision des montres). Curiosity a su répondre aux attentes de la maison en créant avec des artisans et des artistes japonais ce bel écrin d’exception couleur émeraude.
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    Urbanisme

    Issy Cœur de Ville, quand le cœur d’Issy bat à nouveau

    Par Sipane Hoh, le 17 juillet 2023
    La Ville d’Issy-les-Moulineaux, Altarea, l’agence d’architecture Valode & Pistre Architectes avec le soutien et l’aide de leurs partenaires ont réussi à ­remanier un morceau de ville fermé sur lui-même pour en faire un nouveau quartier exemplaire. C’est sur le site de l’ancien Centre national d’études des télécommunications (CNET) de France Télécom, pourtant situé au cœur de la commune d’Issy-les-Moulineaux, que le nouveau quartier prend place. En effet, en 2016, la Ville d’Issy-les-Moulineaux a lancé une consultation pour repenser cette fraction de ville de trois hectares, proche des transports et de Paris. Le projet gagnant proposait un véritable renouvellement urbain intégrant des logements, des bureaux, des commerces et plusieurs équipements publics, un ensemble censé redynamiser toute une zone jusque-là dépourvue d’animation. Une gageure qui a fait l’objet de six ans de travaux et d’un investissement d’un milliard d’euros pour un résultat enchanteur. « Ce projet s’inscrit pleinement dans la dynamique urbaine innovante que nous menons depuis plusieurs années. Conçu par et pour les Isséens dans une démarche de concertation, il favorise leur bien-être et le développement économique et social de notre centre-ville » souligne André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux et vice-président de la Métropole du Grand Paris. Issy cœur de ville répond entièrement aux différentes attentes exprimées des habitants qui ont été largement consultés. Entièrement piétonnier, abondamment végétalisé et desservi par les mobilités douces, il favorise le lien social et réunit tous les services urbains à l’échelle d’un quartier. Tandis que l’espace public invite les usagers à se promener, la végétation ambiante et l’orientation des bâtiments assurent la régulation de la température. Tout a été pensé pour le bien-être des habitants. « Ce projet de nouveau quartier a été conçu pour répondre aux aspirations les plus ancrées dans notre société et en premier lieu celle d’une relation renouvelée avec la nature » déclare de son côté Denis Valode, l’un des fondateurs de l’agence d’architecture Valode & Pistre, aux références internationalement reconnues. Selon les exigences des habitants, la nature est donc de retour au sein du quartier tertiaire d’autrefois, à travers des constructions qui se pelotonnent autour d’un nouveau parc constitué d’un îlot piétonnier et végétalisé. L’ensemble entretient des liens étroits avec le reste de la ville via plusieurs portes urbaines. Comme une agora au milieu de la cité, le nouveau quartier respire dynamisme et vitalité. Le parc présente un cheminement savant et des sols minéraux et végétalisés. Soulignons le travail minutieux de l’agence de paysage Raphia gérée par le paysagiste Marc Littot. Les constructions, grâce à leur configuration et leurs articulations, nous font oublier toute notion de densité. Issy cœur de ville constitue un heureux retour vers la nature. Habiter, travailler et vivre à Issy Cœur de Ville Aujourd’hui, habiter dans le nouveau quartier d’Issy-les-Moulineaux, c’est habiter au cœur de la commune dans l’un des immeubles à l’orientation étudiée, aux grands balcons et aux généreuses terrasses végétalisées, aux espaces partagés réservables pour pratiquer du sport en salle ou accueillir famille ou amis. C’est aussi demeurer dans la résidence séniors aux nombreux atouts comme sa localisation, son environnement sécurisé, son
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Faire renaître Saint-Denis sous ses plus beaux atours

    Par Lionel Blaisse, le 12 mai 2025
    La reconversion de l’ancienne tour Pleyel en business resort affiche, haut et fort, dans la skyline francilienne la (re)naissance urbaine de la deuxième ville d’Île-de-France. De bons génies de l’architecture ont œuvré à ce renouveau dont nombre d’édifices ont été livrés à l’occasion des J.O. de Paris 2024. Un quart de siècle après son inauguration, le Stade de France a été rejoint par le Centre aquatique olympique – conçu par VerhœvenCS, Cecilia Gross, Ateliers 2 / 3 / 4 et Laure Mériaud – et relié au quartier Pleyel grâce au pont imaginé par Marc Mimram pour franchir sur 700 m linéaires les 48 voies ferrées du barreau Nord de la SNCF. L’ouvrage dessert également la toute nouvelle gare de Saint-Denis-Pleyel dessinée par Kengo Kuma où se croisent dès aujourd’hui les lignes de métro 13 et 14, et très bientôt les 15, 16 et 17 du Grand Paris Express. Les clients du nouveau resort, tout proche, ne sont plus qu’à quelques minutes à peine du centre de Paris, à trois quarts d’heure de l’aéroport d’Orly (ligne 14) et, d’ici 2030, à quelques stations de Roissy Charles-de-Gaulle et du Parc des expositions de Paris-Villepinte (future ligne 17). Une ville à part entière. En accueillant la dépouille du roi des Francs ­Dagobert Ier en l’an 639, l’abbaye de Saint-Denis s’est imposée comme nécropole royale. Quarante-deux monarques, trente-deux reines et quatre-vingt-deux princes et princesses y furent ainsi inhumés, Louis XVIII ayant été le dernier. Sa proximité avec Paris et sa desserte d’abord fluviale puis ferrée concoururent au XIXe siècle à en faire la principale base arrière industrieuse de la capitale, que quittent alors faute de place suffisante les grandes manufactures parisiennes. C’est ainsi que le célèbre facteur de pianos Pleyel ouvre en 1855 une usine de 55 000 m2 au carrefour des actuels boulevards d’Ornano et Anatole-France, où seront produits jusqu’à trois mille instruments l’an. La crise de 1929 provoquera quatre ans plus tard son dépôt de bilan. Reprise par son principal créancier, le Crédit Lyonnais, la manufacture de Saint-Denis fermera définitivement ses portes en 1961. Le propriétaire du terrain cherche dès lors à le valoriser à travers l’érection de quatre tours identiques de bureaux architecturées par Bernard Favatier et Pierre Hérault qui finalement n’en construiront qu’une seule. Achevés en 1973, les 37 étages de la tour Pleyel hébergent 35 000 m2 de bureaux dont les plus hauts culminent à 129 m. De forme légèrement pyramidale, la superficie de chaque niveau 1 se réduit en s’élevant. Elle est ceinturée de poteaux périphériques inclinés en béton ayant conservé leurs banches en acier auto-patiné qui lui vaudront son surnom de « veuve noire ». La dégradation prématurée de cette enveloppe nécessite une rénovation de l’édifice dès 1985, que coiffe dorénavant une enseigne géante portant son altitude générale à 143 m. Scarifiée par le chemin de fer puis, un siècle plus tard, par l’autoroute A1 puis l’A86, la commune à longtemps souffert d’un territoire profondément morcelé durant des décennies. La reprise en main de sa destinée repose sur le dépassement de son propre territoire, à commencer par l’avènement en 1985 du syndicat intercommunal Plaine Commune – devenu trente ans plus tard

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