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Studio Briand & Berthereau, la qualité avant tout

Par Sipane Hoh, le 17 janvier 2024.
Studio Briand & Berthereau — Jost Hôtel
© Jean-Baptiste Thiriet

Le Studio Briand & Berthereau, fondé en 2011 par Joran Briand et Arnaud Berthereau, est spécialisé dans le design d’espace, le design industriel et le design graphique. Le duo revendique une démarche créative frugale pour « faire le maximum avec le minimum ». Une constante que l’on trouve dans les diverses conceptions de différentes échelles que l’agence manie avec maîtrise.

Ils sont huit à l’agence, comptant sur des profils d’architecte, architecte d’intérieur et designers. L’ambiance est décontractée mais productive et la qualité du projet est primordiale, peu importe son échelle. Le Studio Briand & Berthereau est une agence pluridisciplinaire qui est née un beau jour lorsque les chemins de Joran Briand et d’Arnaud Berthereau se sont croisés. Depuis, l’entente est parfaite, la structure grandit et diversifie ses services, le duo conçoit des objets, engendre des signalétiques et signe des intérieurs. Aujourd’hui, plusieurs projets d’hospitalité leur ont été confiés, les designers font tout leur possible pour apporter une réponse juste en concevant des espaces uniques et des pièces sur-mesure. Forts de leur expérience et conscients des possibilités qui leur sont offertes, le duo a ouvert une deuxième agence en Bretagne, non loin du large, dans des locaux où règne une grande frugalité. À la fois curieux, exigeants et regardant toujours loin, les deux designers ne cessent de créer, d’inventer, de proposer, bref, d’entreprendre.

Le Jost Bordeaux, un clin d’œil pour l’univers musical

Situé non loin de la gare TGV de Bordeaux Saint-Jean, dans un nouveau quartier en pleine ébullition, au sein d’un bâtiment neuf signé DATA, le Studio Briand & Berthereau vient de terminer l’architecture intérieure du Jost Hôtel. Il s’agit d’un projet complexe. En effet, le Jost Bordeaux, premier établissement de l’enseigne lifestyle développée par le Groupe Melt qui propose un nouveau concept hôtelier, a nécessité de la part de Briand & Berthereau beaucoup de recherches, une grande patience et de multiples créations d’espaces. Ce qui rend le projet intéressant, c’est la pluralité des propositions. Pas un étage comme un autre, des solutions multiples et des intérieurs de grande qualité, le tout complété par un cabaret, un restaurant et un rooftop. Le visiteur commence le voyage dans un lobby repensé tel un mur d’enceintes, puis découvre le restaurant au design chaleureux, fait une petite halte au besoin dans l’espace coworking aménagé ou se prélasse dans la piscine en rooftop avec vue sur Bordeaux. Conscient du potentiel du lieu, le Studio Briand & Berthereau s’est inspiré de l’univers de la musique qui a fait la renommée du quartier, pour proposer des éléments de déco issus de l’univers audio comme les tissus acoustiques, le bois perforé, les pièges à sons facettés. Tandis que le restaurant Solia propose une expérience immersive et gustative, le Lieu Chéri, qui dispose d’une entrée dédiée, se compose de deux espaces distincts. Le bar se distingue par ses alcôves acoustiques et ses banquettes alors que l’espace club propose une scène et des espaces salons. Les 98 chambres se déclinent en une quinzaine de catégories différentes. Entre les capsules chics, les dortoirs, les chambres standards, les suites familiales, le choix est grand. Afin de répondre aux diverses exigences du client, d’ancrer l’hôtel dans son contexte et de trouver la palette de matériaux qui correspond le mieux à ce lieu, le Studio Briand & Berthereau qui a conçu également la signalétique pour l’ensemble de l’hôtel a réalisé au préalable des recherches documentaires sur l’univers de studios d’enregistrements londoniens. Ainsi le bois foncé noyer d’Amérique fait écho au mobilier vintage des tables d’enregistrement, l’inox brossé aux façades des emplis et le tissu sur panneaux à l’habillage des enceintes. Le Jost Bordeaux semble être une réussite, c’est pourquoi la marque Jost va se décliner dans d’autres villes, à Marseille et au Havre, toujours avec le Studio Briand & Berthereau.

 

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    Architecture remarquable

    Le doux MurMure d’une boite à musique

    Par Nat Lecuppre, le 31 mars 2025
    Le projet MurMure va faire beaucoup faire parler de lui et être le repaire de tous les passionnés de musique et du son. Il est l’initiative du groupe familial d’investissement Batipart. Allier passé et modernité. C’est au cœur du 11e arrondissement de Paris, au 69, boulevard de Charonne, dans un quartier branché que MurMure va prendre vie. Le bâtiment historique appartenait à la Compagnie parisienne de distribution (CPDE). C’était un poste de transformation électrique (Nation 1) de 1929. Les architectes en charge de cette réhabilitation d’envergure sont & Givry. Leur parti pris architectural est de conserver une majorité de la structure existante (les verticalités et les planchers en béton armé). Une attention particulière est portée pour préserver tous les éléments patrimoniaux comme la serrurerie et la verrière en acier. Un travail sur la façade est effectué pour faire réapparaître les matériaux d’origine. L’architecture industrielle du site est préservée et revalorisée afin de devenir la vitrine du premier cluster pour les professionnels du son. Visite des lieux. Le site est constitué de deux sous-sols, d’un rez-de-chaussée, de cinq étages et d’une toiture-terrasse. Les deux sous-sols sont constitués de studios d’enregistrement, de bruitage et surtout d’un grand studio A pour un orchestre symphonique d’une centaine de musiciens. Le rez-de-chaussée, ouvert au public, dispose de commerces, artisans, bar et restaurant déclinés sur le thème de la musique, On y trouve par exemple des disquaires et des luthiers. Les étages (du R+1 au R+5) accueillent des espaces de coworking et des bureaux. Ils abritent des entreprises et des start-up de création sonore et audiovisuelle telles que des sociétés événementielles, des graphistes, des juristes en propriété intellectuelle. La toiture végétalisée devient un jardin, le Jardin des Silences. L’artère névralgique : la nef. Une rue intérieure coiffée d’une verrière constitue une nef centrale de 24 mètres de hauteur. Telle une faille, elle laisse entrer la lumière naturelle qui illumine les lieux. Les matériaux au sol accentuent la luminosité jusqu’aux sous-sols. Tous les espaces s’articulent autour de cette nef centrale. Les hauteurs ont un véritable impact sur l’acoustique Le site accueille environ 800 personnes sur ses 6 193 m2. Le R-2 d’une superficie de 910 m2 héberge 160 personnes. On a le Studio A, d’une double hauteur (7,3 m) et de 370 m2, une zone Studios de 150 m2 et d’une hauteur de 4,55 m, une autre zone Studios de même hauteur et de 170 m2 ainsi qu’un local technique de 40 m2. Au R-1, on trouve une réserve cuisine (pour les commerces et le restaurant du RDC), de 90 m2 et d’une hauteur de 2,55 m. Trois Studios de 185, 90 et 40 m2 avec une hauteur respective de 4 m, 4,15 m et 3,20 m. Un local de 15 m2 sera disponible. Au rez-de-chaussée, les 690 m2 réceptionnent jusqu’à 360 personnes, avec des hauteurs comprises entre 3,5 et 4,5 m. Les étages courants, bureaux et coworking, d’une superficie de 1 200 m2, ont une hauteur libre de 2,4 à 3,6 m et peuvent recevoir jusqu’à 140 personnes. Les espaces sont rythmés de coursives et de balcons. Ils bénéficient d’une exposition de premier jour qui donc optimise le bien-être des utilisateurs. Le rooftop situé au R+6 offre une terrasse végétalisée de 600 m2, une
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Ode à la joie au plaisir et à l’art à Nice

    Par Nat Lecuppre, le 4 décembre 2024
    Nice, berceau de la créativité et du talent artistique, accueille dans le quartier Riquier le onzième Mama Shelter de France. L’établissement est une invitation à la fête, à la gourmandise et à la surprise. Benjamin El Doghaïli, designer et responsable du studio de création des Mama Shelter, a trouvé son inspiration dans le passé artistique et l’histoire de la ville. « Je connaissais Nice surtout à travers les œuvres de nombreux peintres qui s’y sont installés, subjugués par sa lumière à nulle autre pareille, ses ciels marbrés de bleus, ses couleurs très italiennes. » Benjamin El Doghaïli L’établissement est situé à proximité du Vieux Port, du centre historique, du tramway qui dessert gare et aéroport. Le Mama Shelter de Nice se répartit sur trois immeubles. Un du début du XXe voit sa façade préservée. Il accueille les vacanciers, la clientèle d’affaires mais aussi les Niçois et les Niçoises. Les lieux se veulent comme tous les autres Mama Shelter, conviviaux, chaleureux, joyeux, des points de rencontres et d’échanges avec un cadre reprenant l’ADN de la ville où ils sont implantés, mais avec une touche de contemporanéité en plus. Le concept architectural. Pour ses décors, Benjamin El Doghaïli a été influencé par les palettes, les motifs, les sujets et les collages de Matisse. Il a repris aussi les oiseaux de Braque et les céramiques de Picasso (époque Vallauris). Pour renforcer l’ambiance méditerranéenne, le designer a pris en compte les décors du Sud avec le linge accroché aux fenêtres, les étals de marchés, les ruelles secrètes de la vieille ville… sans oublier les rires, les parfums, les cris. Il a joué avec les couleurs et est parti d’une toile blanche pour créer ses décors. Le blanc symbolisant les façades de la Méditerranée est devenu son fil conducteur dans ce projet. Le blanc est réhaussé de touches de couleur mais aussi de fresques peintes à la main. Le lobby est animé par de grandes glaces et ponctué d’immenses tentures de l’artiste Kate Mary. Benjamin El Doghaïli joue avec les matières, les matériaux et les coloris. Il marie le safran, l’ocre rouge, le bleu outremer, le vert olive niçois avec les palettes des impressionnistes. Il a fait appel à des artistes et des artisans pour agrémenter les lieux et surprendre. Avec Lola Mercier et Beniloys, il a parsemé les espaces de fruits, fleurs et légumes sur les colonnes réhaussées de chapiteaux en plâtre. Ces derniers sont fleuris selon les saisons avec des tournesols, de la lavande, du blé coquelicot… Ainsi, les lieux sont animés et changent au fil des mois de l’année. Ils sont semblables à une nature morte de Van Gogh. Au restaurant, un bar en bois d’olivier est posé sur des tommettes. Des sculptures lumineuses suspendues font un clin d’œil aux ruelles siciliennes lors des jours de processions religieuses. Pour la décoration des 102 chambres, on retrouve le blanc taloché aux murs. Les lieux ensoleillés par les rideaux ocre, un sol créé par l’artiste Laurelin Gaillot rappelant le pointillisme, les salles de bains en céramique rose poudré du sol au plafond… autant de détails pour renforcer le bien-être des hôtes. Benjamin, l’un des deux fils de Serge Trigano, a visité
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Revisiter les codes de l’american diner chez PNY Burger

    Par Lionel Blaisse, le 26 août 2024
    Depuis 2012, Graffi Rathamohan et Rudy Guénaire développent l’enseigne de restauration PNY1 Burger qui revisite les codes du diner américain pour offrir le meilleur du burger à la française. Leurs douze adresses actuelles, dont quatre en régions2, n’ont rien du copier-coller. Les deux anciens élèves d’HEC veillent, en effet, à faire aussi voyager leurs clients – plutôt hipsters – dans un autre monde. « Alors on cherche des architectes géniaux, et on les drogue jusqu’à ce que leur vienne une idée simple, jolie, forte mais pas trop chère ! », plaisantent-ils. Après CUT Architectures, le jeune Belge Bernard Dubois a conçu leurs trois derniers spots parisiens. Faste-good. Le succès de l’enseigne repose sur son concept de burgers gourmets et créatifs : « un bun brioché à peine grillé, une viande de bœuf 3 maturée trois semaines, hachée et cuite minute à la flamme, un cheddar fermier produit dans le Somerset ». Travaillant avec les Nouveaux Fermiers, PNY Burger c’est aussi « ingrédients de qualité + fournisseurs bien payés + staff bien rémunéré 4 = tout le monde heureux ». Garantir de trouver partout les mêmes plats à la qualité irréprochable n’impose aucunement pour autant un unique décor. Chaque adresse doit avoir son âme en osmose avec son quartier, sa taille et sa morphologie. Et l’imaginaire hérité des diners US est non seulement infini – depuis ceux des Art déco jusqu’au film culte American Graffiti en passant par l’univers de la Grande Dépression dépeint par Edward Hopper – mais encore porteur de créations. Si, au PNY de Pigalle, CUT a misé sur le son, au Faubourg Saint-Antoine Bernard Dubois revisite le wagon restaurant originel influencé par Hans Hollein, Mario Botta et Kazuo Shinohara. Arches d’alliance. N’allez pas y voir un exercice de styles brouillant les frontières mais, en féru d’architectures, Bernard Dubois aime à nourrir la sienne de celles éclectiques qui l’ont construit. Pour son troisième PNY, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie5, il convoque l’esprit de son regretté compatriote André Jacqmain. Son agencement tout de bois sombre transpose avec classe les arches interrompues de la bibliothèque des Sciences érigée en 1975 à l’université catholique de Louvain-la-Neuve. Muée depuis en musée, elle constitue une des œuvres maîtresse de la période brutaliste et postmoderniste de son illustre confrère. Le recours tout aussi obsessionnel à ce motif « arch’aïque » confère à l’intérieur de cet ancien bistrot du Marais – à la belle hauteur sous plafond et à la devanture d’angle conservée et repeinte couleur sable – des allures tronquées de cloître roman ceint de sa galerie. Ce dispositif ménage ainsi deux espaces, davantage intimiste en périphérie, plus animé au cœur, autour du bar. Une série de cannelures « votives » menuisées dédouble le comptoir inox – celui inférieur permettant à quelques hôtes supplémentaires de s’y restaurer in extremis. Également servie par les enduits ton pierre des maçonneries existantes, l’ambiance monacale est ravivée par l’essence de bois clair et le jaune paille des revêtements du mobilier sur mesure. Un jeu de miroirs au dessus des cimaises dilate astucieusement la taille réduite du lieu. L’homme jeune « m’arche » plus vite que l’ancien quand l’ancien connaît

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