Architecture, l'esprit du lieu

STUDIO SHOO conçoit le nouveau flagship Estil.io de Yerevan

Par Sipane Hoh, le 29 avril 2025.
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© Katie Kutuzova

En Arménie, à Yerevan, Kristina Hunayan a mandaté STUDIO SHOO (Shushana Khachatrian) pour la conception de l’intérieur de la boutique Estil.io. L’espace de vente de 144 m² met en avant une interprétation sensible des magasins de décoration.

L’architecture d’intérieure est remarquable. Conceptuel, le design tranche avec les écritures esthétiques traditionnelles des magasins de décoration et met en avant des lignes pures et des formes sobres, le tout rehaussé d’une note d’élégance et de justesse. Le bureau de réception sert de point focal. En effet, c’est à cet endroit que les différentes rencontres se créent. Le lieu abrite également un bar. À gauche de l’accueil, prennent place un canapé ainsi que quelques fauteuils et des tables basses, un mobilier choisi avec soin offrant à tous confort et détente. Selon les souhaits de la maîtrise d’ouvrage, l’architecte d’intérieur a conçu un design qui souligne le contraste. C’est ainsi qu’un dialogue des plus improbables se crée entre les lignes douces du plâtre et certaines finitions brutes comme celui du béton qui couvre le sol, les couleurs chaudes qui tapissent les murs et la froideur dégagée par la présence des surfaces métalliques. L’élément principal de cet espace surprenant est constitué par une bande métallique qui prend place au-dessus de la réception : elle se tord, s’enroule sur elle-même et glisse pour échouer sur le sol, il s’agit d’un élément apportant un certain dynamisme au lieu. Des tables de différentes formes et hauteurs servent de présentoirs. Soulignons que tous les éléments, comme par exemple les étagères, les stands d’exposition, les canapés et les tables, ont été assemblés par des artisans locaux. Le nouveau flagship Estil.io de Yerevan est un univers antagoniste qui fait l’éloge de la matière.

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    STUDIO SHOO

    Yerevan, Arménie

    Tél : +374 55 66 46 51

    Milan, Italie

    Tél : +39 351 591 5960

    www.studioshoo.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 60
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    Quand agilité et flexibilité se marient

    Par Nat Lecuppre, le 13 mai 2025
    Samsung Electronics France a déménagé son siège social. Le groupe a quitté l’immeuble Ovalie à Saint-Ouen pour le bâtiment So Pop à proximité. Afin d’être accompagné dans ce projet, Samsung a fait appel à Parella. Entre Parella et Samsung, c’est une histoire de collaboration de plus de dix ans et un partage de valeurs communes. À savoir, la conception d’espaces qui incarnent l’innovation, la flexibilité et la transversalité. Parella avait déjà réalisé l’ancien siège social de Samsung. La nouvelle adresse offre aux collaborateurs un environnement contemporain et connecté adapté aux nouveaux modes de travail. Le bâtiment, signé LBBA Architecture, dévoile une écriture architecturale chaleureuse avec des matériaux comme le bois et des couleurs naturelles. Le concept de Parella. Dans son concept, Parella met l’accent sur le côté hybride des espaces et la modularité. Les collaborateurs de Samsung découvrent le flex-office, omniprésent dans l’immeuble. Ainsi selon leurs besoins et leurs envies, les collaborateurs peuvent choisir leur espace de travail. Une attention est portée à la communication, aux échanges et à la créativité. Pour cette raison, beaucoup d’espaces informels sont créés. La plupart sont modulables et réversibles. Les cafétérias peuvent devenir des salles de réunion. Les espaces sont décloisonnés et deviennent plus accueillants voire inspirants. Il fallait séduire les jeunes talents en prenant en compte le télétravail et les engagements RSE. Bien-être et performance. Le bien-être est au cœur du projet. Cela passe par le choix des matériaux sélectionnés. Les revêtements de sol (moquette et sol PVC) sont choisis pour leur qualité acoustique. Le calepinage est un clin d’œil aux cartes topographiques tout comme le design de la vitrophanie. Pour plus de sûreté, des cloisons et portes sont renforcés (CR3). Une multitude de typologies d’espaces sont proposées aux 865 collaborateurs. On trouve des open spaces, quelques bureaux individuels fermés, des salles de réunion de 5 à 20 places, des bulles et cabines téléphoniques pour plus de concentration ou de confidentialité, des espaces ouverts informels, une cafétéria à chaque étage, un showroom, un espace médical, un lobby espace d’accueil, des espaces laboratoires-tests, une salle de formation et une salle VIP de 60 places. La couleur tient une place prédominante dans le projet. Samsung souhaitait du bois pour ses qualités chaleureuses et intemporelles. On le retrouve donc au travers de la banque d’accueil, des espaces courriers et copies, des portes et des cloisons pleines. Pour réhausser le matériau, les ossatures sont noires. Trois coloris (bleu, rouge orangé et jaune) se conjuguent avec le bois et dynamisent les espaces. On les retrouve dans les agencements de placards, dans les champs des tablettes, dans la moquette, et dans le mobilier. Le parti pris de Parella a été de juxtaposer des meubles variés, dépareillés et colorés dans un même espace. Ainsi la créativité est stimulée. Le mobilier est esthétique et fonctionnel. Il est modulable ainsi chaque lieu peut être réaménagé selon les besoins et les préférences. Le nouveau siège de Samsung est une belle vitrine pour Parella. Les espaces aménagés incarnent les attentes des collaborateurs d’aujourd’hui.
    Le restaurant Jigi Poke à Berlin
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    Archaïsme et brutalisme sur la cène berlinoise

    Par Lionel Blaisse, le 2 septembre 2024
    Conçue en pleine pandémie, la « cénographie » imaginée par le Studio Vaust pour le Jigi Poke – « faste-food » hawaïen en plein Mitte berlinois – fait preuve d’un dépouillement semblant invoquer « l’essence des choses » si chère à Brancusi ! Le studio créé en 2018 par David Kosock et Jœrn Scheipers embrasse sans hiérarchie l’architecture intérieure, le design d’objet et la direction artistique. Ils défendent une esthétique vibrante et brutaliste dont les juxtapositions inattendues font la part belle aux matériaux naturels ou industriels peu onéreux. Faim du monde ? Imaginer un lieu de partage culinaire exotique en plein confinement urbain, à l’heure où certains envisageaient déjà la fin de notre monde, tenait du paradoxe. Alors pourquoi ne pas étendre la distanciation physique, alors de mise, à l’imaginaire indigène ? Seule une très belle photographie noir et blanc d’un pêcheur polynésien assis sur un rocher « épuise » le cliché ! Si les plats proposés font l’éloge du nomadisme, le mobilier se l’interdit. Investissant la proue de ce pas de porte laissée brute de décoffrage, deux longues et larges tables en béton toutes aussi inamovibles que les blocs de pierre brute juste dégrossis faisant office de tabourets constituent un cénacle sanitaire. Quelques plots de bois à peine équarris ou sommairement taillés complètent les assises. Même les grands rideaux de lin immaculés suspendus à leurs tringles cintrées partitionnant l’espace, l’enduit ton pierre des murs ou le béton ciré du sol confèrent au lieu des allures de l’atelier de Constantin Brancusi dont les socles auraient été dépouillés de leur sculpture, à l’exception de l’étrange roche pivotant en lévitation dans la vitrine à l’angle de Rosenthaler et Linien Strasse ! C’est d’ailleurs elle qui constitue l’identité visuelle du restaurant. La dérive des condiments. Deux parallélépipèdes d’inox, dont la dérive semble être contenue par une angulaire cale en béton coulé comme en partie dévorée par les assauts climatiques, tiennent lieux de pôles commande et préparation des bowls et autres mets figurant sur la carte imprimée sur la paroi derrière la caisse. Juste un vitrage sépare le cuisinier de la clientèle. Le dais du faux-plafond intégrant l’éclairage et dissimulant partiellement l’enchevêtrement des gaines d’extraction théâtralise son aire de travail. Né de peurs ancestrales, de la hantise de l’invisible, ce décor de paradis perdu et aride suscite paradoxalement un sensuel et gourmand frisson mystique !
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    Les Nouvelles Galeries Annecy font peau neuve

    Par Nat Lecuppre, le 3 novembre 2023
    La ville d’Annecy se développe et entraîne de nombreux changements urbains. L’objectif premier étant de rendre le centre-ville plus dynamique et végétal. Parmi ces derniers, on compte le réaménagement des Haras qui rassembleront une Cité internationale du cinéma d’animation, une halle gourmande et un parc paysager. Mais le projet qui nous intéresse aujourd’hui est la rénovation et l’extension des Nouvelles Galeries. Trois acteurs pour la création d’un nouveau projet Manuelle Gautrand, architecte, s’est vu confier par Citynove-Groupe Galeries Lafayette, promoteur et investisseur, la mission d’extension du centre commercial (passant de 17 500 à 27 500 m²) avec la création d’un mall et de petites et grandes surfaces de commerce venant compléter le grand magasin existant. À sa charge également la restructuration du parking (vélos et voitures) et l’aménagement paysager. L’architecte designer David Thulstrup a été retenu pour imaginer la décoration intérieure du mall, des circulations verticales et des toilettes. La designer néerlandaise Sabine Marcelis quant à elle a été chargée de créer une partie du mobilier intérieur et quatre miroirs lumineux. Enfin, la construction a été confiée au Groupe Legendre. Le site Les Nouvelles Galeries Annecy sont un repère phare dans la ville depuis les années soixante-dix. Son architecture, qui fut audacieuse et démarquée de son environnement avoisinant, a marqué les esprits et l’édifice rond et volumineux s’est imposé au fil du temps jusqu’à devenir le symbole d’une époque, voire un bien patrimonial. Pour cette raison, il sera conservé dans son intégralité dans le projet. Lors de sa création en 1969, le bâtiment était enrubanné d’un double anneau de parking, qui donnait l’impression de suspendre sur pilotis le centre. À l’époque, l’arrivée en voiture était favorisée. L’entrée des clients à pied se faisait sous le parking, par un accès ni convivial ni valorisé. Un projet de centre-ville Le projet de la restructuration lourde et de l’extension a été imaginé dès 2011, mais les travaux n’ont démarré qu’en 2019. Les enjeux étaient pour Citynove d’en faire une destination à part entière avec toutes les valeurs du commerce de demain. Il fallait tenir compte également des services, des enjeux environnementaux naturels, culturels et sociaux. L’objectif pour Manuelle Gautrand était de conserver ce patrimoine mais aussi de lui redonner une jeunesse en symbiose avec une extension à l’architecture innovante, audacieuse et plus contextuelle. L’extension comprend quarante boutiques et restaurants qui complètent l’offre du grand magasin des Galeries Lafayette. Un positionnement environnemental L’existant a été préservé et rénové dans ce projet certifié Breeam Excellent. Les surfaces perméables ont été augmentées afin de récupérer les eaux de pluie pour l’arrosage des toitures végétalisées, tandis qu’une attention particulière a été portée à la lumière naturelle, optimisée afin de réduire au maximum l’éclairage indirect. Les formes circulaires originales du bâtiment de base ont été reprises pour l’extension, conférant à l’ensemble une totale harmonie architecturale, toute contemporaine. Le parking initial a été conservé et en sous-face ont été installés le mall de desserte des Nouvelles Galeries et la plupart des espaces communs. Le mall est constitué de diverses volumétries circulaires variables par-dessus et par-dessous les volumes existants du parking en anneau.

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