Architecture, l'esprit du lieu

Un écrin architectural pour Roberto Coin

Par Nat Lecuppre, le 22 avril 2025.
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©José Manuel Ferrão

Roberto Coin, joaillier italien, vient d’ouvrir les portes de son flagship parisien au 25, avenue Victor-Hugo, dans le 16e arrondissement. La conception de ce lieu a été confiée au studio de design et d’architecture Oitœmponto.

Les designers fondateurs du studio Oitœmponto, Artur Miranda et Jacques Bec, ont une démarche architecturale disruptive qui se retrouve toujours dans leurs réalisations. Dans ce projet, ils cassent les codes traditionnels de l’univers de la joaillerie et créent un environnement immersif chaleureux et élégant. Ils conjuguent touches parisiennes, asymétrie et raffinement avec harmonie. La boutique répartie sur deux étages est accueillante et vous plonge dans l’émerveillement. Sa façade est singulière. Elle se caractérise par son irrégularité équilibrée et pensée. Elle est composée d’éléments métalliques dorés et une d’immense devanture vitrée.

Les architectes-designers ont imaginé les espaces comme un salon parisien chic et raffiné. Les matériaux retenus sont nobles et précieux. Le mobilier est réalisé sur mesure. Des panneaux en bois de peuplier se marient avec des surfaces texturées en soie bleu vénitien. Un plafond aux détails en feuille d’or ainsi qu’un sol géométrique tufté à la main de couleur mauve renforcent l’ambiance de luxe discret. Une attention est portée à l’éclairage afin qu’il valorise les bijoux exposés tout en préservant l’atmosphère tamisée et chic des lieux. Au centre de la boutique trône un lustre en cristal de Murano créé sur mesure. Maquillé de poudre d’or, il est fabriqué par la maison Véronèse. L’œuvre majestueuse est suspendue entre les deux étages. Elle sublime les espaces et le design intérieur.

Le flagship de Roberto Coin est une ode à l’élégance italienne. Il met en exergue également l’audace des architectes qui ont su conjuguer raffinement, élégance, fonctionnalité, l’ADN de la marque Roberto Coin et l’esprit parisien dans ses moindres détails, mais surtout… dans un ton juste.

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    Du blanc, du noir et du doré comme en 1932 ! Avec sa façade réinterprétée, le mythique cinéma Art déco parisien retrouve subtilité et luminosité. Visite éclairante avec l’architecte Grichka Martinetti. Pour les Parisiens de toutes générations, c’est une énorme madeleine en staff et étoiles où ils ont croqué films et spectacles enchanteurs. C’est le Grand Rex ! En flânant sur les Grands Boulevards, on a pu constater que ce palais du IIe arrondissement, tout dédié au cinéma depuis 1932, a été embelli en décembre 2022, il fêtait ses 90 ans. « Mon client, c’est le bâtiment », affirme l’architecte Grichka Martinetti 1, qui a été chargé avec Stéphane Thomasson 2 de la mue extérieure du temple Art déco. Bien sûr, il a œuvré pour Alexandre Hellmann, directeur général de ce complexe de cinéma-divertissement-culture et avec l’équipe du Rex. « Nous ne sommes intervenus que sur la façade, précise -t-il, et nous avons assuré l’étanchéité déficiente des toitures. » Au départ en 2020, il n’était question que d’un ravalement. Frustrant. Mais comme la façade a été inscrite aux Monuments historiques par Jack Lang en 1981, il a fallu jouer entre la Drac qui avait son petit mot à dire et un projet privé. Devant ce patrimoine du XXe siècle, un « syncrétisme » maintes fois retouché dans les années 50, 70, bien trahi dans les années 80, les architectes se sont d’abord interrogés. Est arrivé le Covid. « Nous avons profité de cet arrêt de notre travail pour faire un diagnostic, explique Grichka Martinetti, pour mener une étude patrimoniale. Nous avons consulté les nombreuses archives numériques des années 20 et 30, 50, en 70. Il y a beaucoup de photos du Rex, des documents noir et blanc, puis en couleur à partir de 1941. » Grichka, qui a vu là les films Disney dans son enfance, s’est plongé avec délectation dans une enquête. Dans l’histoire. Dans les Années folles de 1926, l’irrup­tion du cinéma sonore et parlant entraîne la construction ou la mutations de théâtres en cinémas, tel le Gaumont Palace à Paris (détruit en 1973). C’est alors que Jacques Haïk, ancien distributeur de Charlot dont il a inventé le nom, importateur de films américains, propriétaire du Colisée et de l’Olympia, envisage de créer l’un des cinémas les plus grands et les plus innovants d’Europe à Paris. Il en confie l’édification à l’architecte français Auguste Bluysen, un styliste Belle Époque, auteur des deux tours de la biscuiterie LU à Nantes en 1909 et du casino du Touquet. Et tourné vers l’Amérique, il fait aussi appel à l’Américain John Eberson, auteur du Majestic Theatre à Houston (1923) qui illustre en premier son concept de salle « atmosphérique ». Ils vont s’inspirer du Radio City Music Hall de New York. En construisant, ces deux bâtisseurs vont synthétiser une architecture à la fois rationnelle et très décorée, avec des éléments navals et médiévaux, en donnant une place prépondérante à la lumière. Structure en acier, charpente remplie de briques, éléments de béton coulé se mêlent aux fresques et aux ornementations. Ils inventent la modernité Art déco en France, le
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Dormir dans une ancienne banque

    Par Nat Lecuppre, le 5 mars 2025
    Lille continue de développer son offre hôtelière. Le groupe brestois Oceania Hotels va au premier trimestre 2025 ouvrir les portes de son nouvel établissement : hôtel Oceania Lille Les Augustins. Les lieux sont atypiques. Ils sont abrités dans l’ancien siège social de la banque Scalbert-Dupont, situé dans le centre-ville de Lille. Pour cette réhabilitation et métamorphose, l’agence d’architecture A26 a collaboré avec l’Architecte des Bâtiments de France. Ainsi ce travail à quatre mains permet de rendre à l’immeuble son architecture Lilloise et de supprimer les éléments des années 1960 pour révéler à nouveau les briques et pierres de taille d’époque. A26 est une agence multipluralités créée en 2012 par plusieurs agences d’architecture souhaitant mutualiser leurs compétences, leurs moyens techniques et humains. Le bâtiment a été construit en 1929 et signé de l’architecte Jean Delrue. Il marque le mouvement Art déco. Quelques traces de son passé sont conservées comme les ferronneries des escaliers et des balcons, la grande verrière du hall, la hauteur sous plafond des lieux… L’hôtel quatre étoiles, situé au 37, rue du Molinel, sera une destination emblématique de Lille. Il proposera 88 chambres et suites. Le grand hall sera un espace de convivialité ouvert à tous avec un grand bar en laiton et en marbre vert. Les lieux seront multiples selon les besoins. On aura des salons lounge, des espaces de coworking, entre autres. La pièce maîtresse des lieux sera l’ancienne salle des coffres au sous-sol. Celle-ci sera transformée en piscine et en espace bien-être avec un spa, un sauna, une salle de fitness et des salles de massage. Pour l’architecte Laurence Goardon de l’agence A26, cette reconversion du lieu était une évidence. En fait, la salle des coffres était entourée d’une galerie remplie d’eau. Ce système servait d’alarme « anti-intrusion ». Les gardiens surveillaient le niveau d’eau : si un tunnel était percé, ils étaient alertés. Les architectes ont donc bénéficié d’une infrastructure propice aux futurs aménagements et raccordements. A26 privilégie toujours dans ses projets la configuration des lieux pour les sublimer. À l’heure de la sobriété foncière, A26 reconvertit les 4 500 m2 en les adaptant aux attentes des hôtes, aux nouveaux modes de vie et usages sans construire de nouvelles surfaces. Les hôtes attendent aujourd’hui d’un hôtel un véritable lieu de vie où se mixent les espaces pour travailler, échanger, pour les loisirs et le business. Pour l’aménagement intérieur, on retrouvera l’univers de la banque et de l’Art déco. Les tons seront chaleureux (rose poudré, camel, vert sauge et marine). Les matières et matériaux seront nobles (marbre, velours, laiton…). On retrouvera toujours des traces du passé des lieux. Comme des joyaux, les coffres-forts seront mis en vitrine avec des cadenas « Fichet ». Des jeux de clés seront dispersés dans tout l’établissement. Deux salles de séminaires et trois salons de coworking plus intimistes permettront de travailler dans un cadre d’exception. Oceania 4* Lille Les Augustins est le premier hôtel bas carbone de Lille. La cour intérieure se verrra végétalisée, des arbres plantés en pleine terre afin de répondre aux exigences de Lille Bas Carbone. La toiture-terrasse sera également végétalisée et des bornes de recharge pour les
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    Urbanisme

    Mutations de l’Architecture et mutations économiques

    Par Nat Lecuppre, le 28 avril 2025
    L’architecte urbaniste Anne Démians est un être d’exception dont les compétences sont pluridisciplinaires voire sans limites. Anne Démians ne cesse de cumuler les prix, les médailles et les honneurs. Elle est entre autres, détentrice du Label IDI (immeuble à destination indéterminée), Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion d’Honneur, première femme à être élue à l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France. Tel un chevalier, elle brave les champs de bataille de l’architecture avec son fer de lance dressé. Elle trace un chemin à suivre… ou pas, selon vos convictions. Pour Nda, il était inimaginable de ne pas lui poser des questions sur sa vision de l’architecture d’aujourd’hui et son devenir. On parle beaucoup de réversibilité dans les projets mais tous les bâtiments en font-ils l’objet ? Vers quelle architecture allons-nous et quels efforts sont faits dans ce sens ? Que préconiser ce jour pour le futur proche ? Quels sont les changements fondamentaux qu’elle préconise ? Comment revitaliser les villes ? Levons le voile sur sa vision de notre société et les vertus qui l’animent dans sa démarche de vie et architecturale. Selon Anne Démians, l’architecture est un art d’usage mais aussi un art politique qui se dévoile à travers ses objectifs sociaux et environnementaux, c’est un art prospectif à travers l’imaginaire et les sciences, c’est enfin un art porteur de création de valeur économique. Pour elle, une pensée contemporaine et prospective pourrait se fixer comme objectif d’être une alternative à cette société du jetable, organisée exclusivement autour de tous les produits financiers à courte portée de l’immobilier dans lesquels s’inscrivent toutes les productions domestiques. C’est-à-dire les logements, les bureaux, les commerces et les services de proximité. Ce qui représente environ 80 % de la masse construite de nos villes. D’une durée de vie de quinze à vingt ans, ces ouvrages, mal pensés, sont souvent détruits et reconstruits, peu ou pas du tout adaptables aux grandes mutations urbaines et sociales en cours. C’est un véritable gâchis en matière de dépense énergétique et d’empreinte carbone. Mutation sociétale. Il s’agit de changer de paradigme, de la construction d’un bâtiment au profit de la ville, et d’intégrer la question du temps court et du temps long dans l’équation économique et sociétale. C’est pour cela qu’Anne Démians propose deux réversibilités pour les bâtiments à usage domestique, avec des approches différentes pour le neuf et l’existant. Le neuf. Pour les bâtiments neufs, elle propose de remettre en jeu les produits formatés des logements et des bureaux au profit de nouvelles constructions mieux dessinées et plus agiles présentant un profil géométrique simple, poreux, hybride et modifiable selon les spécificités climatiques des régions concernées et avec comme objectif prioritaire de pouvoir les faire évoluer en bureaux ou en logements, sans dégâts, au fur et à mesure que les données familiales ou économiques changent. Ces nouvelles constructions seront le résultat de cette addition de nouvelles qualités, plus de hauteur pour les logements, plus d’espaces extérieurs pour les lieux de travail, reprises pour rendre l’espace mieux adapté aux exigences physiques et climatiques actuelles et à venir,

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