Architecture, l'esprit du lieu

Cartier à Bruxelles réenchanté

Par Nat Lecuppre, le 14 avril 2025.
Image
DR

Le Studio Friedman & Versace, créé par Virginie Friedmann et Delphine Versace, a la particularité de concevoir des lieux d’art de vivre uniques. Tout récemment, le duo a écrit une nouvelle page de Cartier en redonnant une nouvelle vie à la boutique de Bruxelles.

Ode à la Belgique.

Dans ce projet, le studio d’architecture met à l’honneur la Belgique et le surréalisme. Les lieux imaginés sont une invitation à la rêverie et au monde fantasmagorique. L’art et la nature sont réunis. Les peintres belges tels que Louis Van Lint retranscrivent en peinture les émotions ressenties au contact de l’espace naturel, tandis que des références comme Victor Horta et ses motifs végétaux sont également présentes dans ce projet.

Artisanat d’art et écoresponsabilité.

Le Studio Friedman & Versace métamorphose les lieux en un bijou d’artisanat d’art écoresponsable. En fait, toutes les techniques écoresponsables sont mises en œuvre avec les artisans qui ont collaboré.

La boutique est un véritable parcours artistique et féérique. On découvre en premier un tableau poétique sur l’éclosion avec les fleurs brodées inspirées des créations Cartier de Laurentine Perilhou. Elle utilise pour celui-ci la technique du macramé. Ensuite, un second espace lève le voile sur un bas-relief reprenant l’emblème de la maison, la panthère. Elle est représentée dans les serres Royal de Laeken. Les artistes Blundell & Therrien utilisent la technique de Gaudi, à savoir le papier maché. Sur un mur dédié aux créations horlogères, Antonin Lamoot reprend la technique du guillochage pour symboliser les cadrans des montres Cartier. Son interprétation lyrique du changement des saisons est valorisée dans un tableau contemporain et graphique voire surréaliste.

Une porte en vitrail courbée signée Raphaëlle Collette ouvre sur un salon privé. La source d’inspiration est le jardin des Ursulines. Pour sa réalisation, deux techniques sont utilisées : le sertissage au plomb et la technique Tiffany. Le salon expose un lustre en verre qui constitue un clin d’œil à la canopée et son feuillage. Au sol, les artisans italiens de la société Flooma ont imaginé un plancher aux motifs de nénuphars en bois durable. Les créations de la maison sont des sources d’inspiration, comme les corniches qui rappellent le bracelet Tutti Frutti de 1925. La façade du bar de l’Atelier Tollis est semblable à un puzzle en céramique. Le décor floral et végétal évoquant le ruissellement de l’eau est le résultat de la technique des émaux cloisonnés des Céramiques du Beaujolais.

Allant jusqu’au bout d’une démarche environnementale, le Studio Friedman & Versace a mis l’accent sur des matériaux écoresponsables ainsi que locaux. On a donc les textiles de la maison Luc Druz, du staff de l’entreprise Gesso, des revêtements muraux d’Omexco. Les tapis sont en fibre recyclée (econyl), la marqueterie est de bois certifiés FSC, le sol du jardin d’hiver est en briquettes recyclées de poudre de pierre…

Les lieux sont une véritable vitrine d’exception des métiers d’art. Ils subliment l’art, la nature et le savoir-faire. Ils vous transposent dans un univers poétique et harmonieux made in Belgium. Ce projet vient compléter la liste des réalisations prestigieuses du Studio Friedman & Versace.

Galerie d'images (13)
    Partagez cet article autour de vous
    Facebook
    Twitter / X
    LinkedIn
    Pinterest
    E-mail

    Cartier

    Boulevard de Waterloo 54

    1000 Bruxelles

    Belgique

    Tél. : +32 2 537 51 61

    www.cartier.com

    Studio Friedman & Versace

    4, rue des Tournelles

    75004 Paris

    Tél. : + 33 681 088 130

    www.friedmann-versace.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 60
    Image

    Agilité, flexibilité, réversibilité

    Commander

    À découvrir
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Maisons du Monde avance aux coups de cœur

    Par Nat Lecuppre, le 23 avril 2025
    Maisons du Monde, l’enseigne de décoration d’intérieur décoration ne cesse de se développer sur le marché européen. Pour cela, elle revoit régulièrement sa politique de croissance et s’adapte aux évolutions des clients. S’adapter aux nouveaux modes de consommation. Alors qu’elle déployait précédemment un seul et même concept partout, l’enseigne propose désormais un nouveau concept dédié aux centres commerciaux, axé sur la décoration, avec l’accompagnement de l’agence de brand et design global Lonsdale. L’objectif étant d’attirer encore plus les visiteurs des centres commerciaux, cible historique, mais aussi les nouveaux clients à recruter parmi la Gen Z, et de réinventer leur parcours. Maisons du Monde vient ainsi d’ouvrir ses deux premiers magasins aux couleurs de ce nouveau concept, à Polygone Montpellier (700 m2) et à Cap 3000 (1 200 m2) près de Nice. Le nouveau concept, imaginé par l’agence Lonsdale, est fondé sur trois axes : l’inspiration, le plaisir et le conseil. L’ambition : suggérer, inspirer un client, pour encourager l’achat plaisir. Des produits tendances, correspondant aux envies et qui répondent aux nouvelles attentes des clients sont sélectionnés. La clientèle de centres commerciaux a la particularité de se rendre dans ces lieux pour flâner ou chercher un cadeau. Les espaces des boutiques devaient incontestablement être revus. L’espace a été visuellement libéré en ôtant les meubles qui jalonnaient précédemment le circuit, pour permettre au consommateur de devenir maître de sa démarche et de ses achats. Des caisses automatiques sont mises à disposition pour faciliter l’achat. Les vendeurs deviennent alors des conseillers de vente. La qualité de leur intervention devient un fil rouge tout au long de la visite dans le magasin. Ils font partager leur expertise et leur passion. Un concept coup de cœur. Le nouveau concept a pour objectif de créer des coups de cœur. Pour inciter à l’achat, des offres à petits prix sont mises en exergue, et des mobiliers iconiques sont placés au centre de chaque magasin pour mettre en avant les concepts « coups de cœur » avec une sélection des produits les plus inspirants. Pour inspirer tout au long du parcours, des zones coups de cœur et des boxes cadeaux sont réparties sur toute la superficie. Pour l’agence Lonsdale, il était indispensable de proposer toujours plus d’émotions, de relations et de services. Afin de valoriser ces nouveaux espaces, la façade extérieure est revue ainsi que l’entrée et l’accueil du magasin. Pour Pascal Barrère, Directeur de Création chez Lonsdale, la circulation en serpent ne correspondait plus aux attentes des nouveaux modes de consommation. Il fallait indéniablement un parcours plus lisible, fluide et simple dès l’entrée. Les vitrines servent d’appel et captent l’attention des passants en invitant à pénétrer dans le magasin. L’espace imaginé est ouvert et permet de voir tous les univers jusqu’au fond de la boutique. Afin de ne pas réduire cette visibilité, les tables centrales sont volontairement basses. Les perspectives sont ainsi dégagées. Les meubles hauts sont placés sur les côtés. La signalétique est repensée. Avec ces deux magasins pilotes, la volonté de la marque est bien de devenir le premier acteur en centres-villes, zones d’activité commerciale et centres commerciaux. Chaque typologie des boutiques est repensée
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Dernière ligne droite pour une distinction mondiale

    Par Nat Lecuppre, le 6 mars 2025
    Pour une agence d’architecture, la reconnaissance absolue est de voir son projet nominé pour le prestigieux Prix Versailles. Créé en 2015, ce prix célèbre l’excellence en architecture et en design intérieur. Il prime les plus belles réalisations du monde dans les catégories suivantes : commerces, hôtels et restaurants. Elle récompense les transformations par l’architecture et le design d’espaces culturels et commerciaux.  Le Studio Atra fondé par Alexander Diaz Anderson et l’architecte Grant Blakeslee ont réalisé le restaurant ILIS à Greenpoint, Brooklyn. Ce lieu gastronomique, sous l’égide du chef Mads Refslund, offre une expérience sensorielle où le design et la cuisine se marient. ILIS a été imaginé dans un ancien entrepôt de 418 m2 qui servait dans le passé à la fabrication de caoutchouc. Son architecture de style industriel est très prononcée avec des murs en briques et des chevrons en bois. Pour plus de luminosité, une lucarne d’angle à 5,20 m de haut surplombe le restaurant, le structure et laisse entrer la lumière naturelle. Les comptoirs d’accueils sculpturaux en métal oxydé et le mobilier choisi marquent la signature moderne et futuriste d’Atra. Qui est bien plus qu’un studio d’architecture, c’est aussi une marque de meubles haut de gamme qui les fabrique dans son usine à Mexico.  Diaz Anderson aime préciser qu’il crée des espaces visuellement impressionnants mais profondément fonctionnels et engageants pour tous. Les espaces sont dynamiques et répondent aux attentes du chef. Une cuisine témoin est le cœur du restaurant. Les cuisiniers et les serveurs sous le regard de chacun deviennent des acteurs. La pièce maîtresse des lieux est un nuage, un carré aux coins arrondis qui surplombe la cuisine. Il permet de définir les espaces et d’atténuer les bruits. Atra s’est engagé pour un design durable dans les moindres détails, de la verrerie sur mesure de William Couig aux uniformes créés par Camilia Staerk.  Avec ILIS, une nouvelle page des paysages culinaires et design s’écrit. Résultat du Prix Versailles : fin d’année. 
    Image
    Talents

    Yassine Ben Abdallah, la possibilité d’un design créole

    Par Anne-Marie Fèvre, le 10 juillet 2024
    Son attachement à l’île de La Réunion l’entraine à interroger la culture créole, la mémoire des objets disparus, avec une pièce manifeste : une machette en sucre primée à la Design Hyères Parade de juin 2023. Quel plus beau lieu que la Manufacture de Sèvres à Paris pour rencontrer Yassine Ben Abdallah ? Ce palais de la porcelaine resplendit de la lumière dorée d’automne, qui éclairent ses gigantesques fours, ses céramiques géantes. Là, ce jeune homme imagine des vases qui seront hybridés à des vannes, ces grands plateaux en osier de La Réunion qui servent à agiter les grains. Il projette un bel outil usuel, mais dans un choc des cultures entre kaolin royal et vannerie créole. S’il est là, c’est grâce au Grand Prix de la Design Parade qu’il a obtenu à la Villa Noailles en juin 2023, récompense qui lui permet de créer une œuvre à Sèvres. Mais d’où vient la quête de métissage de ce jeune Français ? Il est né à Saint-Denis (Île-de-France) en 1994 mais Yassine Ben Abdallah a passé toute son enfance à la Réunion, jusqu’à son baccalauréat. C’est ainsi qu’il s’est attaché à un autre Saint-Denis, celui de l’Île Intense, département et région française d’outre-mer (DROM). En plus, ses parents sont tunisiens, originaires de Djerba ; le jeune garçon est d’autant plus ouvert au monde, à l’insularité, à la rencontre des cultures, à la géopolitique. C’est pourquoi il va étudier à Sciences Po Paris, une formation qu’il complètera par un cursus au Strate College. Un choc pour lui : à son approche critique, va s’ajouter la découverte du design, du concret. Qui va le mener à étudier le « géo-design » à l’Académie d’Eindhoven (Pays-Bas) pendant deux ans. Il oriente alors ses recherches vers la mémoire des objets. La pièce emblématique qu’il a imaginée – Machette en sucre, mémoire de la plantation (« Bittersweet memory of the plantation ») – et qui a été primée est si incertaine. Esthétique grâce au sucre qui rappelle le verre, au jaune transparent. « La monoculture de la canne à sucre domine l’île, explique Yassine, elle est marquée par 300 ans de colonisation et 200 d’esclavage. Toute une population venue de Madagascar, des Comores, puis de Chine, d’Inde a coupé la canne dans des conditions tragiques. Or, il n’y a plus aujourd’hui de traces de ce travail, et de la culture de ces ouvriers esclaves. Il y a bien le musée de la Plantation de La Réunion (ex-plantation Villèle), mais seuls les objets du maître sont exposés. Il n’y a plus de chaînes d’esclaves, par exemple ! Restent quelques ruines d’usines, de vieilles maisons coloniales. Comment faire mémoire ? La machette permet de se reconnecter à cette histoire. Oui, elle est chargée de violence, cet outil est aussi une arme ; elle est ambiguë, en sucre, impermanente comme la culture des esclaves, elle tache, elle colle… » Cette machette sera exposée au musée de la Plantation. « Ma place de designer est là, s’enflammeYassine. Créer des objets sur leurs absences, remplir le vide. » Un autre projet, Île-et-la-mer, enrichit sa démarche. Car un dicton courant à La Réunion affirme que « Les créoles tournent le dos à l’océan ».

    Laisser un commentaire

    4 + 19 =