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La Casa R, élégante, épurée et recherchée

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Par Sipane Hoh, le 5 juillet 2024.
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© D. Giancatarina & J. Kerdraon

Le programme est pourtant simple, néanmoins le geste reste délicat. La Casa R, réalisée avec la plus grande subtilité, porte la signature d’Orma Architettura, qui a réussi à créer une note de sensibilité derrière un écrin empreint de frugalité.

Elle se trouve en Corse-du-Sud, dans le village de Sotta, sur une parcelle complexe, entourée d’une végétation farouche. Il s’agit d’une maison individuelle destinée à accueillir la résidence d’un graphiste et conçue par les architectes de l’agence Orma Architettura. Cette dernière, fondée par Alicia Orsini qui est aussi architecte de patrimoine, François Tramoni, Jean-Mathieu de Lipowski et Michel de Rocca Serra, des amis de longue date qui se sont connus au sein de l’École supérieure d’architecture de Marseille Luminy et ont réalisé depuis moults projets, est établie à Corte et possède plusieurs réalisations en Corse, sur des emplacements paradisiaques mais difficiles. La Casa R est une résidence de petite taille mesurant 49 m² et concentre en un seul projet l’approche de l’agence qui tente, à travers son architecture, d’interroger un contexte pour dégager une émotion. Située dans un environnement idyllique empreint d’une beauté presque sauvage, la parcelle est constituée d’une succession d’amas rocheux dont il résulte un important dénivelé faisant face au massif de l’Omu di Cagna. Néanmoins, le terrain se compose de nombreux éléments très caractéristiques tels que les chênes centenaires ou encore les énormes blocs de granit. Construire dans un tel lieu sans altérer l’existant constitue un énorme défi que les architectes ont relevé avec brio et dont le résultat est tout simplement remarquable. Le projet se caractérise par l’exiguïté du terrain et l’emplacement atypique occupé par la maison au fond d’un lotissement, mais aussi par la justesse de la réponse apportée et le programme simple qui consiste à accueillir un espace de vie, une zone d’entrée clairement dissociée et un coin couchage. Les architectes ont créé une partie en double hauteur, à l’intérieur de la maison le projet grimpe vers les arbres et suit l’évolution de la végétation alentours.

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    Architecture, l'esprit du lieu

    Franchir le cap et s’adapter aux nouveaux modes

    Par Nat Lecuppre, le 9 août 2024
    Le groupe d’ingénierie internationale setec a eu la volonté de s’adapter aux nouvelles méthodologies de travail et d’usages avec son nouveau siège régional à Lyon. Pour ce projet, le groupe setec a fait appel à Upside pour le conseiller, l’accompagner et mener à bien ses évolutions de travail, réaliser les aménagements tout en identifiant l’immeuble et en négociant le bail avec Allianz REIM pour ses 8 410 m2 SUBL. Les enjeux du projet. setec souhaitait regrouper ses 18 filiales dans un seul bâtiment et accueillir ses effectifs en prévoyant une forte croissance de développement d’ici 2027, ainsi qu’offrir un cadre de travail adapté aux nouveaux usages. Le président du groupe, Michel Kahan, a voulu un flex office zen et progressif, appelé le Ready to flex. Il a demandé également un site représentatif de la marque favorisant un travail collaboratif entre tous. La convivialité était le mot d’ordre. L’aménagement devait renforcer l’ambition ingénieurs & citoyens. Le site. Le bâtiment #Corner à Lyon Part-Dieu détient les labels environnementaux BREEAM Very Good, BBCA Standard et R2S 2 étoiles. Avant l’emménagement, l’immeuble de 18 747 m2 a bénéficié d’une réhabilitation lourde. Le site propose divers services à ses usagers, dont setec (hôtesses d’accueil, conciergerie, food court, salle panoramique, vestiaires, douches, local à vélos, business lounge et salle de fitness). Le Ready to flex. En fait, à ce jour, le site dispose de 400 postes pour 400 collaborateurs. Soit un ratio de 1 poste pour 1 personne. Mais en 2025, il y aura 500 collaborateurs pour 400 postes, donc un ratio de 0,8 poste / personne. D’ici 2027, setec envisage 700 collaborateurs pour le même nombre de postes. Le ratio sera donc de 0,6 poste / personne. Des salles de réunion, des espaces informels, des bulles… permettent de se concentrer ou de s’isoler selon les besoins. La transition aux nouveaux usages se fait en douceur car, jusqu’à présent, les collaborateurs étaient habitués aux bureaux individuels ou tout du moins à une place attitrée. Le concept d’aménagement. Les espaces ouverts sont pensés comme des cocons. On trouve des petits espaces végétalisés non traversants. Chacun se les approprie selon ses envies. L’identité de la marque est renforcée avec les partis pris d’aménagement. Le fil rouge est l’expertise avec des matériaux de l’ingénierie, le dynamisme avec des couleurs vitaminées et l’ambition citoyenne avec le réemploi du mobilier, l’usage de matériaux vertueux provenant du recyclage, l’encouragement aux mobilités douces… Les lieux sont rythmés par les couleurs retenues. Les espaces de convivialité portent le drapeau de la maison avec le vert setec. Les échanges sont incités par les coloris jaune et bleu et le travail individuel par des coloris chaleureux et clairs. Une attention est portée à la signalétique et à la vitrophanie qui dynamisent les circulations. Le logo est réinterprété. Confort et convivialité. De grands espaces conviviaux sont créés et permettent de déjeuner en groupe. Tout au long de la journée, ils constituent des lieux de vie où l’on peut travailler. Les cloisons modulables les transforment si besoin en espaces de créativité. De nombreuses terrasses invitent les collaborateurs à faire une pause. La nature au bureau. Les jeunes
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    Architecture, l'esprit du lieu

    La Casa Franca le pisé en plein Paris

    Par Sipane Hoh, le 27 janvier 2025
    C’est une première ­parisienne, une maison en pisé nichée sur une parcelle entourée de plusieurs maisons de ville et située dans une rue caractéristique du 18e arrondissement. La Casa Franca, habilement réalisée, porte la signature de Déchelette Architecture, l’agence parisienne fondée par Philibert Déchelette et sa sœur Emmanuelle. C’est un lieu d’exception dont l’élaboration découle d’une rencontre et sert à véhiculer de bonnes intentions. En effet, le terrain a été acheté par Sarah Valente, l’artiste plasticienne fondatrice de la Greenline Foundation, amoureuse de la nature et travaillant avec les pigments, la terre et le bois. Celle-ci a souhaité y créer un lieu de partage et de rencontre conçu comme un manifeste politique et poétique. Dès l’acquisition de la parcelle, la femme de l’art lance une consultation auprès d’un petit comité d’architectes, mais le nom de Déchelette Architecture lui a été soufflé par une connaissance commune. Celle qui a été lauréate en 2010 du Prix international de la photographie de la Foire Internationale de Bièvres et affectionne le sens du collectif et de l’engagement a été séduite par la proposition des jeunes architectes qui abordent leur discipline via la matière. Est né ainsi le projet de la Casa Franca (dont le nom reprend celui de la grand-mère de l’artiste), il vient croiser avec talent art et architecture et dévoile un ouvrage immersif qui croise de multiples omnisciences. La maison est conçue telle une œuvre d’art complète où les niveaux ont un point commun, ils sont agrémentés d’interventions d’artistes, visuelles et sonores, évoluant en une ascension sensorielle au fil des étages. Néanmoins, plus on monte, plus les espaces deviennent privatifs. Le sous-sol, accessible à part, est conçu comme un lieu de réception et de création sonore équipé d’un bar et d’un système d’enregistrement. Tandis qu’au rez-de-chaussée prend place l’atelier de l’artiste ainsi que le bureau de Greenline Foundation, le premier étage comprend deux chambres et salles de bains individuelles, destinées à l’accueil des futurs artistes résidents. Une cuisine et une grande pièce de séjour se prolongeant vers une terrasse occupent le deuxième étage. Quant au troisième niveau, il comprend la chambre de la propriétaire qui s’ouvre, à son tour, sur une seconde terrasse. La toiture végétalisée où pousse un petit écosystème pensé par Nysa Paysage est conçue comme un solarium, elle est accessible indépendamment par l’extérieur depuis la terrasse du troisième étage. Matières et durabilité. En accord avec ses principes, Déchelette Architecture a conçu le projet en matériaux biosourcés comme par exemple la terre crue épaisse de 50 centimètres. Utilisée sans aucun revêtement, cette matière ancestrale fait profiter les espaces intérieurs de ses qualités hygrothermiques, acoustiques et esthétiques. Mis à part le sous-sol, le soubassement du rez-de-chaussée et de la cage d’ascenseur qui sont en béton, l’ensemble de la structure est en bois. Les architectes ont soigné également l’orientation de chaque espace. Le chauffage hydraulique qui complète une ventilation double flux placée en toiture permettant, grâce à un échangeur, de récupérer la chaleur produite quotidiennement par les usagers, ils ont aussi opté pour la mise en place d’un circuit de ventilation, d’un isolant naturel
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Dernière ligne droite pour une distinction mondiale

    Par Nat Lecuppre, le 6 mars 2025
    Pour une agence d’architecture, la reconnaissance absolue est de voir son projet nominé pour le prestigieux Prix Versailles. Créé en 2015, ce prix célèbre l’excellence en architecture et en design intérieur. Il prime les plus belles réalisations du monde dans les catégories suivantes : commerces, hôtels et restaurants. Elle récompense les transformations par l’architecture et le design d’espaces culturels et commerciaux.  Le Studio Atra fondé par Alexander Diaz Anderson et l’architecte Grant Blakeslee ont réalisé le restaurant ILIS à Greenpoint, Brooklyn. Ce lieu gastronomique, sous l’égide du chef Mads Refslund, offre une expérience sensorielle où le design et la cuisine se marient. ILIS a été imaginé dans un ancien entrepôt de 418 m2 qui servait dans le passé à la fabrication de caoutchouc. Son architecture de style industriel est très prononcée avec des murs en briques et des chevrons en bois. Pour plus de luminosité, une lucarne d’angle à 5,20 m de haut surplombe le restaurant, le structure et laisse entrer la lumière naturelle. Les comptoirs d’accueils sculpturaux en métal oxydé et le mobilier choisi marquent la signature moderne et futuriste d’Atra. Qui est bien plus qu’un studio d’architecture, c’est aussi une marque de meubles haut de gamme qui les fabrique dans son usine à Mexico.  Diaz Anderson aime préciser qu’il crée des espaces visuellement impressionnants mais profondément fonctionnels et engageants pour tous. Les espaces sont dynamiques et répondent aux attentes du chef. Une cuisine témoin est le cœur du restaurant. Les cuisiniers et les serveurs sous le regard de chacun deviennent des acteurs. La pièce maîtresse des lieux est un nuage, un carré aux coins arrondis qui surplombe la cuisine. Il permet de définir les espaces et d’atténuer les bruits. Atra s’est engagé pour un design durable dans les moindres détails, de la verrerie sur mesure de William Couig aux uniformes créés par Camilia Staerk.  Avec ILIS, une nouvelle page des paysages culinaires et design s’écrit. Résultat du Prix Versailles : fin d’année. 

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