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Le futur a-t-il un avenir ?

Par Emmanuel Barrois, le 15 avril 2024.
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Installation Réflexions. Atelier Barrois. DR

Du 15 septembre au 15 novembre 2023, Réflexions s’est miré dans les eaux du bassin du jardin du Palais-Royal. Ce technologique mais néanmoins poétique échafaudage haut de 15 mètres entremêlant 6 000 mètres de prismes de verre et d’acier réticulé était l’œuvre d’Emmanuel Barrois. Une installation qui se veut une ode aux bâtisseurs en même temps qu’un projet pionnier pour le réemploi du verre en architecture.
Ce maître verrier visionnaire basé à Brioude a collaboré avec les architectes Paul Andreu, Rudy Ricciotti, Kengo Kuma, Kazuyo Sejima… et les artistes Tatiana Trouvé et Olafur Eliasson. Au regard de trente ans d’expérience, il nous livre quelques… réflexions autour de l’interrogation de Bruno Latour en guise de vœux !

Le futur aura un avenir, si l’humain reste au centre de tout !

Si la main reprend la main au service d’esprits exigeants et de valeurs humanistes, l’architecture contribuera à cet avenir.

L’aspiration à créer, bâtir, est constitutive de la manière dont l’humanité est au monde. Il y a là quelque chose d’éternel, et pour partie inintelligible, quelque chose de sacré. Être artisan d’art, statut que je revendique, c’est à mon sens « s’obliger au mieux » en impliquant l’esprit et le corps dans le travail. C’est aussi prendre sa place dans une généalogie immémoriale qui nous oblige à transmettre des savoirs. Mais avant tout à faire perdurer l’esprit qui nous poussera toujours, je l’espère, à privilégier la part de lumière par rapport à la part d’ombre, qui caractérisent toutes deux la nature humaine. C’est cultiver le doute, l’exigence, la générosité.

Cette forme de sacralité, qui fonde les valeurs humanistes que j’évoque, fait face aujourd’hui à la financiarisation effrénée de l’industrie.

Par ailleurs, s’impose la nécessité d’adopter des pratiques plus vertueuses en architecture vis-à-vis des contraintes liées au dérèglement climatique. Ces contraintes sont-elles compatibles ?

Je vois depuis trente ans la complexité du travail du Centre scientifique et technique du bâtiment, mais je suis troublé par la mise en œuvre d’un système normatif qui diminue tous les jours le champ des possibles, alors que de nouvelles solutions sont à trouver.

Je sais les contraintes et les difficultés que l’industrie lourde du verre doit affronter pour se réformer, et je sais mesurer les avancées. Le recyclage du verre en est une.

Mais pourquoi donc regarder encore le réemploi du verre plat existant avec autant de suspicion, alors que tous les ans 200 000 tonnes de verre sont encore enfouies en décharges ?

Un gâchis monstrueux qui demain sans doute sera considéré comme un crime !

Pour moi qui travaille le verre en architecture, je ne peux qu’être accablé par les différences d’approches qui existent entre ceux qui pensent l’architecture comme une manière de créer un avenir renouvelé et ceux qui y voient avant tout une source d’activité, et je ne sais quoi d’autre…

L’architecture est un art majeur de la culture, tout comme l’artisanat. L’industrie a d’autres préoccupations… Pour autant, l’avenir, s’il en est un, ne se fera pas sans collaboration et compréhension mutuelle. Devant l’ampleur de la tâche, il s’agit de rester réaliste, humble mais déterminé. Mais je crois à l’énergie positive créée par l’association des altérités ; et au regard de notre réalité, aucune initiative n’est à mépriser.

Je tends donc la main à l’Institut du verre, organisme qui représente l’industrie du verre en France (à commencer par la Compagnie de Saint-Gobain). Je l’invite à tenter en collaboration avec ses adhérents quelques expériences communes susceptibles de confirmer la faisabilité ponctuelle du réemploi en architecture des chutes de verre plat issues de l’industrie.

Et engageons-nous à faire part à la presse, dont NDA bien sûr, de nos résultats partagés d’ici un an !

Sans doute, le futur a-t-il un avenir !

  1. 8 tonnes.
  2. Sociologue, anthropologue, théologien et philosophe des sciences décédé en 2022.
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    Atelier Emmanuel Barrois

    34, avenue de la Gare

    43100 Brioude

    Tél. : +33 (0)4 71 76 46 11

    www.atelierbarrois.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 55
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    Urbanisme

    Vers de nouveaux usages avec le Groupe Terrot

    Par Sipane Hoh, le 27 juin 2023
    Le Groupe Terrot se développe sur la revalorisation d’actifs tertiaires, commerciaux et résidentiels ainsi que sur l’investissement patrimonial dans l’hôtelier et les EHPAD. La structure qui a commencé en 1949 comme entreprise spécialisée dans la distribution des machines industrielles textiles a grandi jusqu’à devenir une foncière reconnue dans le domaine de l’immobilier. Le Groupe Terrot a été créé en 1949 par Léon Gelrubin et c’est son fils, Michel, qui a poursuivi l’activité. En 2009, Samuel Gelrubin prend la direction du groupe, et finalise sa reconversion totale dans l’immobilier tout en conservant un actionnariat 100 % familial. De ce fait, la transformation en une foncière familiale majeure du secteur a été actée non sans oublier l’histoire de l’entreprise ainsi que les valeurs de fiabilité et d’excellence qui l’ont toujours accompagnée. En effet, les divers projets de l’entreprise sont toujours conçus dans le respect d’une éthique collaborative. Fort d’une grande perspicacité quant aux différentes utilisations actuelles des actifs, le Groupe Terrot propose toujours des opérations créatrices et novatrices sur le long terme. Spécialisé en revalorisation immobilière avec des gestionnaires, il est épaulé par une équipe de développement et un service juridique dédié qui assurent la livraison de projets de qualité, conformes aux réglementations en vigueur pour les investisseurs institutionnels ou les privés. La structure possède aujourd’hui à son actif plus d’une quarantaine de projets en cours en France et à l’étranger. En effet, le groupe s’appuie sur un réseau de partenaires de confiance pour mener à bien ses opérations : banques, notaires, architectes, avocats, gestionnaires, urbanistes, compagnons. « Nous réhabilitons des lieux existants pour leur donner une nouvelle vie avec la destination qui s’y prête tout en réfléchissant à leur transformation future » souligne Samuel Gelrubin, le Président du Groupe Terrot, qui a eu, dès le départ, l’ouverture d’esprit, le flair mais aussi la ténacité d’orienter la structure selon les exigences du marché. D’autant plus que ce dernier change très rapidement, mute selon divers critères dont Samuel Gerlubin est conscient. De ce fait, nous pouvons dire que le temps des constructions figées et des destinations fixes est révolu, actuellement le Groupe Terrot participe à sa manière à l’écriture de la ville, réfléchit aux divers changements éventuels et anticipe les mutations avec la même résolution et une grande persévérance. Des références de taille Les références du Groupe Terrot sont nombreuses. Dans l’investissement patrimonial, donnons l’exemple de Longchamp, situé dans le 16e arrondissement parisien, qui a été complètement remanié par l’agence Bismut & Bismut Architectes pour devenir le siège social du Groupe Terrot. De même, citons Naraya, une réalisation de restructuration, située à Suresnes, composée de logements, bureaux, commerces, salle de sport et crèche et qui constitue un projet de co-promotion immobilière dont les architectes sont VIA 35. À la fois créateur de relation et vecteur d’interférences, investisseur mais aussi observateur, le Groupe Terrot continue, avec la même ardeur, à grandir et à persévérer.
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    Talents

    Delphine Maumot, une femme aux multiples talents et engagements

    Par Nat Lecuppre, le 3 octobre 2025
    L’architecte d’intérieur diplômée de l’ESAG Penninghen conçoit des espaces à l’identité forte. Sa signature réside dans l’art d’associer les matériaux et les volumes avec subtilité. Ses lieux sont colorés et les ambiances chaleureuses. Tous ses projets sont de luxe discret, intimes et remarquables. Son engagement pour la préservation de la planète lui fait privilégier les matériaux durables, naturels et intemporels en France. Depuis 2009, elle excelle dans le résidentiel. Elle imagine toujours des lieux qui offrent une expérience sensorielle où rigueur et poésie se marient. Toutefois, il lui manquait une corde à son arc. Afin de satisfaire sa passion du mobilier et pour son total épanouissement, Delphine Maumot se lance sur cette voie en ouvrant son showroom. Elle a donc décidé depuis peu de se lancer dans la création de mobilier de collection, et étend son savoir-faire dans ce domaine. Pour elle, chaque pièce magnifie l’espace. Pour sublimer ses intérieurs, elle imagine du mobilier qu’elle réalise en totale collaboration avec des artisans et artistes français. Un petit écrin scénographié. Tout récemment, l’architecte designer vient d’ouvrir un petit showroom dédié au design et au savoir-faire français. Situés au 10, rue Clairaut à Paris (17e), dans le quartier des Batignolles, les lieux sont épurés et authentiques. Les murs et les plafonds en staff sont mis en valeur par des alcôves cintrées et des arches élégantes, dont les fonds en béton texturé portent l’empreinte subtile de doigts. Les murs, en plâtre travaillé à la main, révèlent un décor artisanal d’une grande finesse. Entièrement blancs, ils se laissent sculpter par la lumière, qui en souligne chaque relief et texture. Au sol, un parquet en chêne de bois debout, évoquant le charme authentique des anciens pavés, apporte une assise chaleureuse et intemporelle à l’ensemble. Le mobilier de collection dialogue avec l’architecture d’intérieur. Une scénographie le met en scène. Le petit bijou a une superficie de 20 m2 au rez-de-chaussée. Le sous-sol de la même surface est desservi par un escalier en colimaçon et sert d’espace pour les matériaux. Les mobiliers sont valorisés dans un environnement dessiné sur mesure. Ils révèlent le travail de composition et d’équilibre des espaces. Les matériaux sélectionnés par l’architecte sont exposés aux côtés du mobilier. Delphine Maumot plonge ainsi les visiteurs et ses clients dans l’univers du design et de l’artisanat d’excellence. L’architecte est toujours en quête de collaborations avec des artisans talentueux pour révéler la richesse du travail manuel dans la marqueterie, la ferronnerie, le textile et la céramique. Pour Delphine Maumot, il n’existe pas de frontière entre l’art, l’artisanat, le design et l’agencement. Tout est question d’harmonie, de détail, d’esthétique, de sensibilité commune et de savoir-faire pour sublimer les projets. Un meuble est une œuvre. Telle une sculpture fonctionnelle, constitué de matériaux nobles, il peut être la pièce maîtresse d’un espace pensé. Des créations uniques. Inspirée par la légèreté et la fluidité des nuages, la console Cloud marie raffinement et solidité. Ses courbes douces et son plateau suspendu créent une sensation de légèreté, tout en ancrant la pièce dans une réalité matérielle grâce à
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    Architecture un lieu

    Invitation à une pause chez Rose Bakery

    Par Nat Lecuppre, le 7 mai 2024
    Rose Bakery est une institution connue par tous les Parisiens. Cette maison anglo-française propose des espaces pour une pause thé ou une cuisine qui incarne l’amour du bon. Rose et Jean-Charles Carrarini ont fondé en 2002 leur premier salon de thé au 46, rue des Martyrs dans le 18e arrondissement de la capitale. Depuis, ils sont accueillis dans les lieux chargés d’histoire et prestigieux comme le Musée de la vie romantique, la Maison de Balzac, le Jeu de Paume aux Tuileries, au Bon Marché et à la BNF Richelieu. Philosophie de la maison Chez eux, le client est roi. Ils n’ont de cesse d’essayer de le contenter. Ils aiment les produits de qualité, purs et délicieux. Les recettes proposées peuvent convenir à tous les régimes alimentaires (des plats composés de légumes, des pâtisseries et gâteaux sans gluten ou lactose…). Le couple a fait appel à l’architecte d’intérieur Émilie Bonaventure du Studio be-attitude, pour concevoir leurs espaces. Les intérieurs sont épurés, authentiques et sobres. Ils se fondent dans le décor historique où ils sont abrités. La Maison de Balzac À la Maison de Balzac, l’architecte a créé un décor dans un esprit wabi sabi. L’ambiance est chaleureuse. À l’extérieur, un jardin bucolique dans lequel on peut s’installer offre une vue imprenable sur la Tour Eiffel. L’établissement dispose de 24 couverts à l’intérieur et autant en terrasse. Les clients peuvent se restaurer à l’intérieur sur une des tables en bois clair. La cuisine apporte des notes colorées aux espaces qui sont silencieux. Le Jeu de Paume Quant au décor du Jeu de Paume, Émilie Bonaventure opte pour le noir et blanc en reprenant l’esprit de la photographie. La salle est décloisonnée et ouverte sur des comptoirs en inox. Les banquettes rayées noir et blanc, le mobilier noir… On retrouve l’ambiance Rose Bakery qui prend place dans les sites en toute discrétion. Le salon de thé offre 20 places et la terrasse du jardin des Tuileries 60 places. Celle-ci n’est ouverte que de mars à octobre. Les couleurs arrivent par l’assiette. Chez Rose Bakery Jeu de Paume, on peut profiter d’un afterwork de 17h à 19h. Pour vivre un moment paisible dans un site somptueux et savourer un plat délicieux ou une pâtisserie, rendez-vous chez Rose Bakery.

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