Urbanisme

Bien belle ingé-Nu sur le Doron de Bozel

Par Lionel Blaisse, le 20 décembre 2023.
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Conçue par Nu Architecture & Ingénierie, la passerelle-piéton franchissant le Doron de Bozel fait miroiter aux curistes de Brides-les-Bains la beauté du tumultueux torrent et du paysage alentour.

Primé en 2022 à l’Équerre d’argent du Moniteur et trophée Eiffel pour l’élégance minimaliste – mais poétique – de sa structure-architecture en acier inox poli, cet ouvrage d’art fort modeste par ses dimensions est désormais source de fierté pour les cinq cents habitants de la petite station thermale blottie en fond de vallée du massif de la Vanoise. Elle ne disparaît pas dans son environnement, elle le révèle !

Aux sources du bien-être

Si l’on retrouve, dès le XVIIe siècle, la trace de la première cure, l’ensablement des sources suspendit l’activité jusqu’en 1818. L’établissement thermal actuel fut construit vingt ans plus tard. Le grand Spa Thermal – le plus vaste des Alpes avec ses 2 700 m2 – a été rénové en 2018. Ce sont donc 12 000 curistes qui s’ajoutent chaque année (de mars à novembre) aux 500 villageois aux fins de bénéficier des vertus des eaux propices au traitement du surpoids et aux soins des rhumatismes. Mais depuis la mise en place récente d’une télécabine jusqu’à Méribel, la « grande clinique de l’obésité » se mue l’hiver en station de sports d’hiver avec accès au domaine skiable des trois vallées, le plus vaste d’Europe.

Osmose paysagère

En 2019, la municipalité mandata Thibault Dubegny et Grégoire Arthuis – jeunes architectes ingénieurs fondateurs de Nu Architecture & Ingénierie – pour concevoir une passerelle en remplacement de celle menacée de ruine reliant la buvette de la cure au parc thermal se trouvant sur la rive opposée, afin de parfaire la boucle du parcours des curistes en en facilitant l’accès aux personnes à mobilité réduite (pente de l’ouvrage ramenée de 7 à 4 %).

L’ambition des concepteurs était d’en faire une pièce à part entière du village de par son identité forte, sa facture fine et sa technicité, le tout concourant à mettre en valeur l’énergie émanant des eaux trépidantes du torrent. Celles-ci se réfléchissent dans les parois infléchies du tablier. En effet, « deux grandes tôles d’acier pliées forment les poutres qui s’installent parallèlement l’une à l’autre sans se toucher pour franchir le torrent. Leurs âmes inclinées deviennent ainsi des écrans pour les habitants et visiteurs de Brides-les-Bains. Au-dessus, un tapis de traverses en acier inox assure la cohésion de l’ensemble et le soutien du platelage. L’ouvrage est terminé par des garde-corps également en acier inox, dont les montants et mains courantes sont de mêmes sections. La passerelle, d’une portée de 20 mètres pour une largeur utile de 2 mètres, a pu être livrée et mise en œuvre en un seul « colis » et en une seule opération ponctuelle de grutage ».

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    Brides-les-Bains

    2, place du Centenaire

    BP28

    73570 Brides-les-Bains

    Tél. : +33 (0)4 79 55 20 64

    www.brides-les-bains.com

    Nu Architecture & Ingénierie

    90, rue Rébeval

    75019 Paris

    Tél. : +33 (0)1 40 34 12 25

    www.noussommesnu.fr

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 53
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    Urbanisme

    Les Genettes, extension éclairée

    Par Anne-Marie Fèvre, le 27 novembre 2023
    Dans une clairière percheronne, l’agence Java a agrandi un pavillon 70, en jouant avec une ossature bois et d’autres subtilités. Le voici transformé en séduisante longère contemporaine, ouverte sur le paysage. Il était une fois dans le pays de l’Aigle, à la limite nord du Perche, une prairie entourée de forêts, un ruisseau, et le pavillon 70 d’un papy bricolo. À sa mort, sa petite-fille souhaite garder cette maison, riche de ses souvenirs d’enfance. Le site est enchanteur comme dans un conte, proche du village des Genettes où ont fleuri nombre de légendes. Mais cette petite demeure n’a guère de qualité architecturale. Que faire ? La détruire, pour reconstruire ? Les nouveaux propriétaires, un couple avec trois enfants, rêvent d’une bâtisse plus vaste, mieux isolée, plus complice du paysage, lumineuse et surtout très accueillante pour les invités. C’est la demande qui a été exprimée à l’agence Java Architecture, créée en 2014, regroupant Florian Levy, Alma Bali, et Laurent Sanz. « Cette commande altruiste, se réjouit Florian Lévy, qui privilégie des espaces communs, pour transmettre une histoire familiale, nous a intéressés. La démolition n’était pas nécessaire, nuisible même d’un point de vue écologique. Le bâtiment était sain et solide pour supporter une extension, vivre une seconde vie ». Pour satisfaire les attentes de ces clients, il fallait donc ajouter des chambres, créer un plus grand salon, des espaces extérieurs et faire entrer la lumière. « Nous avons démoli la serre, poursuit Florian Lévy, détruit le toit du garage inutilisable mais gardé l’escalier extérieur. Et nous avons recouvert le bâtiment d’une ossature en bois qui en relie les différentes parties ». À l’ouest, le séjour trop étroit est élargi grâce à une extension dont la nouvelle façade en verre et bois laisse entrer le paysage. Cet agrandissement a permis de créer la chambre des parents au premier étage. La structure en bois de douglas laminé respecte la géométrie existante du bâtiment. Au premier étage, la façade est recouverte d’un claustra en bois pour créer de l’intimité et éviter les surchauffes de l’été. À l’est, la même structure offre une seconde peau au garage qui, surélevé, s’est transformé en dortoir pour enfants et en chambre d’amis. Un espace semi-extérieur, une sorte de large patio terrasse relié à la cuisine, s’affirme comme « le deuxième cœur de la maison. Cet espace convivial est plus expérimental que le salon classique », estime Florian Lévy. Il est entouré de colonnes de bois, baigné de lumière naturelle grâce à sa façade en polycarbonate et à quelques tuiles de verre sur le toit. Tout cela aurait pu ressembler à un patchwork d’hybridations. Pour unifier l’ensemble, le vieux bâtiment existant a été habillé d’une structure bois isolée, alignée sur les extensions. Cette nouvelle peau est composée de boîtes en douglas pour stocker des rondins, animant la façade au fil des stocks de bois. La majorité des tuiles mécaniques d’occasion homogénéisent tout le toit. Une terrasse chemine autour de la maison. Le côté sauvage de ce décor rural forestier est préservé. Les architectes ont fait preuve d’une belle inventivité, tout en
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Quai 108, brasserie au style industriel chic

    Par Nat Lecuppre, le 27 février 2025
    L’agence d’architecture Outsign a créé l’architecture d’intérieur et la nouvelle identité du restaurant de l’hôtel Hilton Paris Opéra, Quai 108. Situé au 108, rue Saint-Lazare à Paris (8e) dans un bâtiment historique, la superficie du restaurant est de 150 m2. Outsign a souhaité donner aux lieux une ambiance raffinée de brasserie parisienne dans une architecture de style industriel chic des gares du XIXe siècle. Les architectes jouent avec les contrastes bruts-raffinés. Les corniches en stuc haussmanniennes se marient aux murs en pierre de l’époque industrielle. Les matériaux retenus marquent la modernité et la sophistication. Ils sont nobles et riches. Le bois (parquet en chêne, tables en noyer…) et les tonalités chaudes renforcent les côtés convivial et chaleureux qui définissent les brasseries de la capitale. Les matériaux soulignent l’atmosphère élégante, durable, contemporaine des espaces. Ils permettent de revisiter un lieu historique avec contemporanéité. On trouve un parquet bâton rompu massif chêne foncé, des mosaïques hexagonales, de la brique rouge (Brikelia), du béton ciré, des peintures (brun de Mars, vert d’Égypte, noir antique), du papier peint vintage, des zelliges (vert et rouge), des moulures (faux plafonds et murs), du laiton, de l’acier inoxydable, du cuir (couleur cognac), du velours (Verpan), du stratifié bois (coloris noyer tabac), des miroirs (effet vieilli / antiques) et de la végétation. Les lieux sont intimistes et intemporels. Des touches modernes sont apportées avec par exemple un lustre signé 101 Copenhagen. Les couleurs retenues sont terracotta, orange, bleu… Elles se marient avec les matières naturelles et le décor. Pour ce projet, une partie du mobilier a été realisé sur mesure par l’Atelier Tachas (banquettes, bar, étagères, miroirs, dessertes, jardinières…). Au restaurant, le chef Mathieu Afonso propose une carte de street food revisitée. Elle appuie le côté singulier du Quai 108. Une fresque sur le mur du bar signée de l’artiste Claire Dognin rappelle la belle époque des gares et le charme des malles d’antan. C’est aussi un clin d’œil aux grandes destinations au départ de la gare Saint-Lazare, qui se trouve à proximité du Quai 108. Imaginant toujours un projet dans ses moindres détails, Outsign a réalisé la nouvelle identité du Quai 108. Le travail de typographie est souple mariant pleins et déliés dans un esprit Art déco. Avec ce projet, l’agence a su revisiter l’histoire du lieu et son côté parisien tout en les ­préservant. 
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    Architecture remarquable

    BEM un travail collectif pour une signature unique

    Par Sipane Hoh, le 16 décembre 2024
    Né de l’esprit de quatre agences d’architecture, le bâtiment d’enseignement mutualisé (BEM) crée non seulement un extraordinaire lieu de partage de vie mais aussi un ensemble qui se projette dans l’enseignement du futur. Sur le plateau de Saclay, Sou Fujimoto Architects, OXO Architectes (Manal Rachdi), Nicolas Laisné Architectes et DREAM (Dimitri Roussel) ont mis leur connaissance ainsi que leur expérience au diapason pour engendrer un ouvrage singulier à la croisée des savoirs. C’est une opération inédite qui prend place sur le plateau de Saclay avec le but de mutualiser des espaces et d’offrir aux étudiants, chercheurs, enseignants et invités de sept écoles un environnement propice aux rencontres, aux partages mais aussi aux échanges. Conçu pour abriter des talents venant d’horizons divers, le BEM permet d’accueillir les enseignements de sept écoles d’ingénieurs. Des institutions de grand renom comme l’École polytechnique, AgroParisTech, Télécom Paris, Télécom SudParis, ENSTA Paris, l’ENSAE Paris, et l’Institut d’Optique Graduate School dont les étudiants auront un écrin commun conçu par Sou Fujimoto Architects (mandataire), OXO Architectes (Manal Rachdi), Nicolas Laisné Architectes et DREAM (Dimitri Roussel), un projet cofinancé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), le ministère des Armées, le ministère de l’Économie et des Finances, l’Établissement public d’aménagement Paris-Saclay (EPA-PS), l’École polytechnique, AgroParisTech, le Genes, l’IMT, ENSTA Paris et l’IOGS. « C’est un projet qui a duré longtemps, un concours qui a été lancé en 2014 et qui a été livré en juillet 2023, les étudiants ont fait leur rentrée en octobre de la même année », indiquent les architectes, tandis que Manal Rachdi, le fondateur d’OXO Architectes, souligne que ce projet « est d’abord l’histoire de rencontre d’architectes mais aussi de multiples talents qui ont travaillé ensemble, c’est surtout une rencontre de plusieurs écoles dans un même lieu ». Nous pouvons dire qu’il s’agit en effet d’un projet qui est dans la continuité de l’Arbre blanc, l’emblématique « Folie » urbaine qui s’est posée un jour à Montpellier et a participé à l’évolution de la ville. En effet, travailler avec d’autres agences d’architecture n’est pas une simple affaire, cela demande de la précision, de la volonté, de la bienveillance, de l’entente mutuelle mais aussi du respect et de l’habileté. Les quatre agences sont parvenues avec brio à sortir de terre une réalisation remarquable qui porte une signature unique, singulière mais très caractéristique. « Nous n’avions pas d’agence à Paris, et Sou était au Japon, c’était dans la même période où nous avions répondu ensemble pour le concours de l’Arbre blanc. Manal, Nicolas et Dimitri ont participé aux deux workshops au Japon. Au début, nous avons travaillé dans les locaux de l’agence OXO et chez Nicolas Laisné, mais aujourd’hui nous avons une agence. La succursale de Sou Fujimoto Paris a été créée en 2016 suite à tous les concours gagnés en France. » Le concept initial consistait à offrir aux étudiants des sept écoles un bâtiment mutualisé où tout le monde avait ses salles de classes. Les architectes ont proposé la création d’un bâtiment où les enseignements seront prolongés dans le hall. « L’idée, c’était de créer un atrium gigantesque baigné de lumière, comportant une multitude d’espaces informels, qui n’étaient pas

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