Architecture, l'esprit du lieu

Le Grand Barnum un lieu, une idée et des convictions

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Par Sipane Hoh, le 30 août 2024.
Le Grand Barnum
© FADS

C’est un lieu singulier qui consiste en un hôtel trois étoiles, conçu et réalisé dans un but exclusivement social. Il s’agit du Grand Barnum, l’hébergement qui fait vivre une expérience unique à ses visiteurs.

Au sein de la métropole lyonnaise, implanté au cœur du tiers-lieu des Grandes Voisines qui consiste en l’occupation temporaire de trois ans d’un site hospitalier appartenant aux Hospices Civils de Lyon, Le Grand Barnum est une aventure humaine hors pair et à part entière. En effet, cet établissement est aussi une entreprise d’insertion qui vient en aide à des personnes en difficulté sociale et professionnelle, en les formant aux métiers de l’hôtellerie. Soulignons qu’il s’agit du premier hôtel ayant cette vocation en France. L’activité revient à la Fondation de l’Armée du Salut, créée en 2000 et remplaçant l’association éponyme datant de 1878 qui a été initiée à Londres. Le Grand Barnum est un lieu innovant aussi bien pour son emplacement que pour son idée. L’ensemble prend place au cœur de Francheville, sur le site de l’ex-hôpital Charial, et propose un concept inédit en France mêlant insertion professionnelle, développement durable et promotion de l’art hors normes. On doit le concept à madame Sophie Jansen, la directrice depuis 2016 du complexe Lyon Cité – Fondation Armée du Salut, par ailleurs détentrice d’une maîtrise en arts plastiques, très sensible à la beauté qui, selon elle, contribue au bonheur. Ce projet est donc intimement lié à l’histoire d’une personne, sa formation, mais aussi et surtout à l’opportunité du site, qui a mis gratuitement à disposition de l’Armée du Salut un étage supplémentaire. Dès lors, l’idée commence à faire son chemin et sa concrétisation est due aux subventions de la région, de l’État et de la métropole. Tandis que la maîtrise d’ouvrage a été assurée par l’architecte Serge Namysl, c’est la direction qui a accompli les achats pour tout ce qui est design et ameublement. L’hôtel se démarque par le recyclage et le réemploi de ses meubles ainsi que l’ameublement des vingt-sept chambres, qui, outre la literie et les luminaires qui sont neufs, a été chiné dans des recycleries locales et a été minutieusement rénové au sein des ateliers d’insertion de l’institution.

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    Hôtel Le Grand Barnum

    40, avenue de la Table de Pierre

    69340 Francheville

    Tél. : +33 (0)4 28 38 14 90

    www.legrandbarnum.com

    Numéro en cours

    Nº63

    Spécial Santé, Bien-être, Bien-vivre

    Couverture du NDA Nº63

    Novembre — Décembre 2025 — Janvier 2026

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    Chevalier de la Légion d’honneur, primée de la mention spéciale du Prix Femmes Architectes 2022 pour l’ensemble de sa carrière, académicienne d’architecture, fondatrice de la fédération des concepteurs d’expositions XPO, membre titulaire du Haut Conseil des musées de France… Adeline Rispal a plus d’une corde à son arc. Adeline Rispal. Adeline Rispal est mondialement connue pour concevoir des projets culturels et patrimoniaux exceptionnels. Cette architecte scénographe vient de livrer en plus du Musée savoisien et du Centre national du costume et de la scène, Les Cités des climats et vins de Bourgogne à Chablis et Mâcon. L’agence Ateliers Adeline Rispal a remporté les deux concours de maîtrise d’œuvre scénographique séparés pour les Cités de Mâcon et de Chablis. Ces projets sont à l’initiative du BIVB (Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne), propriétaire des sites, dont la maîtrise d’œuvre d’architecture est signée l’Atelier Correia Architectes et Associés pour Chablis, et RBC Architecture associé à ACL Architecte pour Mâcon. Mise en scène des lieux. Pour ces deux projets, Adeline Rispal a conçu une scénographie différente. Toutefois, ils ont en commun la place de l’usager, qui est mis au cœur du concept. Les Cités des climats et vins de Bourgogne ont pour objectifs de devenir des lieux de référence pour néophytes et passionnés, de faire découvrir à travers des expériences conviviales, sensorielles et pédagogiques le vignoble travaillé par l’homme. Le « climat » est une notion bourguignonne qui évoque une parcelle de vigne délimitée depuis des siècles (la plus ancienne datant de 630), avec les caractéristiques s’y référant (sol, cépage, altitude…). Il est à noter que la Bourgogne compte 1 200 climats. Adeline Rispal a conçu sa scénographie sur trois fondements pour offrir une expérience singulière. Pour elle, le visiteur doit éprouver en ressentant pour connaître par l’expérience, comprendre en exprimant et partageant ses émotions, déguster en appréciant les saveurs et en éduquant son goût. Des strates pour structurer et ressentir. Le fil rouge des scénographies des lieux est le concept de strates géo-sensorielles. Trois sortes de strates sont pensées. Elles créent des univers pour plonger le visiteur en totale immersion. Les strates permettent de concevoir des ambiances spécifiques selon les matériaux (roche, bois, végétaux…) mais aussi avec tous les outils technologiques (multimédia, numérique, signalétique, didactique, éclairage…). Immersion avec les cinq sens. Les cinq sens interviennent lors des visites des Cités. On vit les choses. Le parcours est ponctué de contenus audiovisuels sur le travail de la vigne, l’art de la vinification, les traditions, la culture, la tonnellerie… et avec des témoignages de vignerons. S’éduquer au goût par les mots. L’histoire du patrimoine des climats est interprété aussi avec des mots. Un univers poétique et émotionnel est exprimé au travers Jean-Pierre Garcia, Bernard Pivot et Jacques Puisais. Une attention particulière est portée au graphisme. La signalétique est travaillée dans les tons du parcours pour les adultes, et pour les enfants elle est plus ludique. Trois langues : français, anglais et allemand. Entendre. L’ouïe tient une part importante dans le projet. Les sons apaisent et permettent de mieux ressentir la vie des terroirs. Une création sonore est
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    MADA (Manufacture d’architecture) est une agence d’architecture établie à Paris et fondée par l’architecte et ingénieure du bâtiment ESTP Alexia Boulay et les architectes Felix Rattez et Geoffrey Boisnard. Le trio réalise depuis cinq ans des projets haut de gamme et accorde une attention particulière aux détails. Les réalisations de MADA sont multiples. La jeune agence d’architecture a su, en quelques années, gagner la confiance des commanditaires. Établis dans la très caractéristique rue La Boétie, au sein d’un bâtiment à l’architecture prestigieuse, les trois architectes peaufinent les plans, imaginent des contours, proposent des idées dans le but d’engendrer des réalisations uniques et de contenter leurs clients. Les projets de l’agence sont polyvalents, variés et de toute taille, allant de combles aménagés jusqu’à la réhabilitation d’un immeuble de bureaux haussmannien entier, en passant par la restructuration d’une maison au Portugal ou le flagship store THC (The Hideout Clothing) à Paris, tout un assortiment de possibilités, de concepts et d’univers qui montrent que l’architecture de MADA sait répondre avec brio à toutes les éventualités. Réhabiliter, transformer mais aussi créer et innover, rien ne fait peur à ces amis architectes qui se sont rencontrées lors de leurs études et continuent à œuvrer ensemble pour une architecture perfectionnée. Sous les toits. À Charenton-le-Pont, Alexia Boulay, Felix Rattez et Geoffrey Boisnard ont réalisé l’extension d’un appartement sous les combles. Un projet modeste que les architectes ont conçu et accompli avec une grande finesse pour un résultat remarquable. Le programme était simple, il s’agissait de rendre habitable un volume initialement non aménageable. En effet, afin de répondre à l’évolution des besoins et des exigences d’une famille souhaitant annexer à leur habitation un volume inexploité sous toiture, les architectes ont proposé une extension fonctionnelle aux traits épurés. Le projet ne se résume pas en une réponse favorable aux demandes d’un commanditaire, mais en une recherche poussée qui a abouti à une meilleure occupation de l’espace. Ainsi, en modifiant la charpente, l’habitabilité a été possible. Mais les architectes ne se sont pas arrêtés là, ils ont requalifié les espaces restants et entrepris l’isolation de la toiture. De ce fait, la performance énergétique est améliorée et chaque espace résiduel est optimisé. Pour ce faire, plusieurs solutions sur mesure intégrées ont été proposées. Par exemple, le bureau et les placards qui prennent place sous l’escalier fraîchement créé, les tables de nuits qui glissent dans les cloisons, ou encore les différents rangements qui composent avec le lieu. Bref, chaque interstice est utilisé et chaque détail soigné. MADA architectes a réussi un petit exploit !

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