Architecture, l'esprit du lieu

Les clés des bureaux d’aujourd’hui et de demain

Par Nat Lecuppre, le 31 juillet 2024.
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© Jonathan Moyal

Pour comprendre le tourbillon de la vie et des nouveaux bouleversements, il est indéniable de connaître toutes les évolutions. En comprenant les comportements, on détient tous les codes pour une meilleure lisibilité.

En fait, des études, par exemple dans le secteur tertiaire, nous permettent de mieux cerner les attentes des utilisateurs mais aussi les transitions vers un nouvelle architecture. C’est ce que nous avons toujours appelé, dans Nda, l’architecture comportementale.

Comprendre pour mieux faire.

Deux acteurs du secteur tertiaire pour lesquels l’homme est toujours au cœur des préoccupations. Le premier, Yemanja, aménage des bureaux personnalisés en plaçant les enjeux humains au premier plan. Le second, Comme on travaille, est un cabinet conseil dédié à l’accompagnement humain des projets tertiaires. Yemanja et Comme on travaille ont réalisé une enquête auprès d’une centaine d’entreprises ayant récemment effectué un réaménagement post-Covid.

Croissance et réorganisation.

La croissance et la réorganisation des espaces sont le déclencheur principal pour un réaménagement des bureaux. Il s’agit d’intégrer les nouveaux effectifs dans la société parce que celle-ci se développe, ou lors d’un regroupement de sites. Ce facteur est plus important que de rénover un bâtiment vieillissant (dans 29 % des cas) ou de déménager pour une meilleure localisation (11 %). Autre critère poussant à un réaménagement des espaces, avec la montée fulgurante du télétravail depuis ces dernières années, il est important d’encourager les collaborateurs à venir au bureau (50 %).

Le bureau améliore l’identité de la société. Lors du résultat final, 83 % des sociétés interrogées jugent que le projet est réussi. 28 % d’entre elles estiment qu’il va même au-delà des objectifs initiaux.

Intérêt et image de la marque.

Le fait de réaménager ses locaux est fédérateur et même enorgueillit les sociétés. 94 % disent avoir donné envie de revenir au bureau après leur projet. Pour 92 %, le bureau est devenu plus utile après son réaménagement. Pour 84 %, il accentue le bien-être des équipes, et pour 91 %, l’image de l’entreprise. Pour résumer, 93 % estiment avoir amélioré leur marque employeur post-réaménagement.

Point crucial d’un projet : la salle de réunion.

Pour 75 %, il manquait des salles de réunion dans leur établissement. Le travail est devenu hybride et il a fallu revoir les espaces et leurs configurations. Les salles de réunion ont été repensées. 79 % des projets ont augmenté leur nombre. 64 % ont amélioré leurs branchements et équipements IT. Lors des réaménagements, 59 % ont mis l’accent sur la personnalisation, la décoration et l’ambiance, et 56 % ont privilégié la qualité et le choix du mobilier ergonomique.

Le fil rouge : la convivialité.

Beaucoup déploraient le manque de convivialité dans leurs bureaux (72 %). Lorsqu’ils en avaient, ces derniers n’étaient pas fonctionnels ni confortables (49 %). Le côté chaleureux manquait pour 41 %, ou ne représentaient pas suffisamment l’entreprise pour 33 %.

Par conséquent, les grands espaces sont créés. Ils passent de 67 % à 95 % et les coins café de 33 % à 68 % depuis ces dernières années. Quant aux espaces dédiés à la sieste, ils ne se développent plus autant (de 19 % à 26 %). Les lieux pour le sport restent stables (11 %). Ces évolutions chiffrées démontrent que le bien-être au bureau a changé. L’attention est portée aux lieux informels créant du lien et de la socialisation. Alors que les espaces collaboratifs sont en plein essor, des lieux de silence et de concentration sont aussi très demandés. On voit apparaître les bibliothèques (de 0 % à 21 %).

Place au flex office.

Le télétravail a chamboulé le fonctionnement et l’organisation d’un bureau. Pour 62 %, on notait un manque de places disponibles, et pour 35 % le confort du poste de travail était à revoir, avant un excès de postes dû au télétravail (14 %). Le flex office a depuis le vent en poupe. Il est de plus en plus répandu (un projet sur deux). Le principe le plus fédérateur est « la zone d’équipe souple », à savoir que l’on peut s’installer partout, même en dehors de sa zone d’équipe. Le clean desk séduit également (45 %). Grâce au fait d’avoir suffisamment de places disponibles, le collaborateur peut être sûr de retrouver la même place d’un jour à l’autre.

Pour les sociétés qui n’ont pas retenu le flex office, leurs raisons étaient que les habitudes de travail n’étaient pas compatibles (47 %). Pour 26 % d’entre elles, le flex office était un risque de voir se dégrader les conditions de travail. Le flex office peut ne pas être adopté quand la configuration des lieux n’y est pas favorable ou aussi par un refus de la direction générale. Toutefois, l’option d’un passage ultérieur au flex office peut être envisagé lors de la conception d’un projet de réaménagement.

Pour conclure, Marie Vaillant, co-fondatrice de Yemanja, précise que le bureau, en plus d’être un lieu, est un vecteur de sens, un espace où les idées prennent forme et où la culture d’entreprise s’épanouit. Quant à Camille Rabineau, co-fondatrice de Comme on travaille, le bureau post-Covid est une recherche d’équilibre entre optimisation des mètres carrés et confort des surfaces, meilleure satisfaction des besoins collectifs et des besoins personnels.

Cette enquête nous permet de comprendre les nouveaux codes d’aménagements de bureaux. Merci pour ce livre blanc.

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    Architecture un lieu

    46/48 avenue de la Grande Armée Une réhabilitation d’exception

    Par Nat Lecuppre, le 10 novembre 2023
    L’architecte Franklin Azzi a réalisé une réha­bi­litation singulière d’un immeuble de bureau, au 46-48, avenue de la Grande Armée à Paris. L’architecte a eu pour mission de revaloriser le site et de l’adapter aux normes et aux attentes actuelles des utilisateurs tant en termes d’effectifs que de confort d’usage. Franklin Azzi a su avec son talent reconnu rendre attractif cet ensemble de 9 200 m2 en conjuguant les styles Art déco et Industriel. Les objectifs étaient de rendre les lieux lisibles et de les ouvrir sur la ville mais aussi de les moderniser. Le site Pour Franklin Azzi, il s’agissait de donner du sens et de connecter les deux bâtiments au 46-48 avenue de la Grande Armée et rue de Brunel. Pour cela, le patio historique a été repensé et une agora créée pour relier les deux bâtiments. Elle devient le cœur du site. Les façades ont été conservées. Une véritable attention a été portée à l’apport de lumière naturelle et surtout à la valorisation des hauteurs libres. Les RDC et R+1 sont ouverts sur l’atrium central baigné de lumière et accessible par un escalier visible depuis le hall en double hauteur. Autour de cet atrium, les utilisateurs bénéficient de divers espaces qui renforcent leur bien-être : un lobby, un business center, une cafétéria et un espace d’échanges informels, entre autres. Le projet de Franklin Azzi comprend également la réalisation d’une surélévation en toiture au R+7. Une extension vitrée et sa toiture sont ainsi reliées aux R+7 et R+8 côté rue de Brunel. La surélévation vitrée a été conçue avec des châssis coulissants toute hauteur. Une casquette, de couleur zinc en clin d’œil aux combles des bâtiments avoisinants, surmonte celle-ci. La dimension contemporaine se trouve renforcée par le choix de la charpente, des menuiseries en acier, des ouvrants et des protections solaires. Un important travail de réflexion a été effectué sur la structure pour une meilleure organisation des espaces. Par exemple, une charpente invisible au R+6 a été créée pour permettre une surélévation au R+7. L’architecte a joué avec les styles dans une belle harmonie. L’Art déco se marie au style Industriel et fait la part belle aux matériaux nobles, performants et durables (bois, pierre de taille, feutre…). On reconnaît la griffe de Franklin Azzi et son côté perfectionniste. Aucun détail n’est laissé au hasard, tout est dessiné sur-mesure comme les sièges de l’auditorium. Afin de préserver l’ADN des lieux, des recherches d’archives patrimoniales ont été menées. Franklin Azzi a su mettre en valeur l’existant et anticiper les usages dès la conception. Chapeau bas pour cette réhabilitation d’exception.
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    Architecture un lieu

    Le Vitra Campus accueille Doshi Retreat 

    Par Sipane Hoh, le 4 novembre 2025
    C’est un exceptionnel espace de contemplation qui a pris place au sein de Vitra Campus à Weil am Rhein. Il s’agit de Doshi Retreat, une réalisation qui résulte d’une collaboration entre l’architecte Balkrishna Doshi, sa petite-fille Khushnu Panthaki Hoof et son mari Sönke Hoof. Le premier projet du lauréat du prix Pritzker 2018 Balkrishna Doshi, ayant été réalisé en dehors de l’Inde ainsi que la dernière conception à laquelle il a travaillée avant sa mort en 2023 vient d’être révélé. À la croisée entre architecture et Land art, sculpture et espace public, ce lieu aussi secret que discret propose au visiteur un parcours paysager sinueux, doublé d’interstices fastueux. Le visiteur vagabonde au sein de ce géant tortueux aux couleurs de terre à travers un parcours sensoriel fluide qui s’inspire de la spiritualité indienne et invite à une révélation empreinte de quiétude. Pour réaliser un tel exploit, il a été opté pour un acier XCarb®, un matériau innovant à faibles émissions de carbone, fabriqué à partir d’une forte proportion de ferraille et produit entièrement à partir d’énergies renouvelables. Toujours à la pointe des nouveautés et à la recherche de l’inattendu, le Vitra Campus se perfectionne. En témoigne cette dernière pièce du puzzle, une composition surprenante en harmonie avec le paysage environnant, qui mène jusqu’aux tréfond de la terre et procure un sentiment de transition, la Doshi Retreat le projet qui impressionne tout visiteur.   « Cette architecture est née d’un rêve de Doshi de deux cobras entrelacés. Cette vision du subconscient a fait naître un récit écrit, puis une conception esquissée comprenant des notes et des évocations. Cela s’est ensuite transformé en une invitation à s’embarquer pour un voyage de découverte. » souligne Khushnu Panthaki Hoof.   Grâce à un système audio intégré dans le sol, une succession de sons de gong et de flûte viennent accentuer l’expérience sensorielle. La salle de contemplation constitue le clou du spectacle où prennent place deux larges bancs de pierre semi-circulaires et un gong. C’est ici que, sous un plafond partiellement fermé, orné d’un mandala en laiton martelé à la main et réalisé en Inde que se termine le voyage pour recommencer un autre, plus spirituel et tout aussi divertissant. Dans un campus où foisonnent architecture, art et design, Doshi Retreat constitue un joyeux interlude qui invite à l’exploration !
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    Architecture un lieu

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