Architecture, l'esprit du lieu

Louis Vuitton revu par Stéphanie Coutas

Par Nat Lecuppre, le 16 octobre 2024.
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L’art de vivre à la française continue à s’exporter avec les projets de l’architecte d’intérieur Stéphanie Coutas. Tout récemment, elle vient de signer un concept d’appartement-boutique pour Louis Vuitton.

Un appartement-boutique.

Le concept est inédit. Les lieux imaginés sont situés au Takashimaya SC à Singapour. Ce centre réunit toutes les marques de luxe, et la Maison Louis Vuitton se devait d’y être présente, mais aussi d’y marquer sa différence. Pour cela, le projet est confié à Stéphanie Coutas, qui conçoit un écrin sur mesure afin d’y présenter tous les univers de la maison (prêt-à-porter féminin et masculin, maroquinerie, haute joaillerie et haute horlogerie…).

Une expérience singulière à vivre.

L’appartement-boutique est chaleureux. Pour ces espaces, Stéphanie Coutas joue avec la délicatesse, la douceur, tout en rondeur avec un important travail de courbes. Celui-ci valorise l’architecture monolithique. Les intérieurs portent la griffe de l’architecte d’intérieur. Ils sont élégants, luxueux, raffinés et allient le savoir-faire artisanal.

Les matériaux sélectionnés renforcent cette ambiance de luxe discret et de bien-être. Stéphanie Coutas nous plonge dans un univers inspirant de matières et de textiles. Le mobilier est créé pour les lieux par des artistes et designers français. L’architecte a souhaité faire vivre une expérience aux clients d’une totale immersion dans l’ADN de la maison.

En entrant dans l’univers imaginé, on découvre des malles suspendues par des montgolfières. Les espaces exposent des pièces d’archives emblématiques de la maison, comme la malle à chapeau Monogram de 1924 qui a été restaurée. Chaque monogramme a été peint à la main.

L’appartement-boutique est constitué d’un hall, d’une galerie et de trois salons. Le hall est un espace rythmé par des arches aux motifs singuliers. Il met en valeur les nouvelles collections de prêt-à-porter. Les murs décorés de bas-reliefs végétaux sont la signature de Stéphanie Coutas. La pièce maîtresse est le frangipanier en staff blanc qui fut inspiré de la cité-jardin de Singapour. Il figure à chaque coin de la pièce. Les feuilles et les tiges ont été façonnées à la main sur place.

Au centre de la pièce, on retrouve la fleur de Monogram, symbolisant la Maison Louis Vuitton, dans le parquet en chêne et marqueterie de marbres (Serpeggiante Taj Mahal et Crema Marfil). Telle une arabesque, un liseré délicat argenté orne le plafond.

Dans la galerie attenante, la collection « les Extraordinaires » avec des modèles Capucines en cuir est présentée. Bois et marbre se conjuguent. On trouve au sol des Louis Vuitton Monogram Flower en bois et des feuilles en marbre Serpeggiante Taj Mahal. Au plafond, le regard est attiré par un décor texturé avec un effet ondulant et hypnotique.

Trois salons spacieux sont mis à disposition de la clientèle. Chacun a son ambiance et sa décoration.

Le premier se singularise par ses murs en dégradé orange, « Singapore Sunset », réalisés sur place par l’Atelier Martin Berger. Les lieux sont élégants et dévoilent les dernières collections de prêt-à-porter féminin et de robes de soirée. Un mur en staff blanc tel un paravent reprend le motif du frangipanier.

Le second dédié aux hommes est pensé pour captiver les sens et interpeller. Le revêtement des murs est texturé tel un tableau abstrait. La moquette au sol représente des vagues stylisées. En mobilier, on a des armoires en bois Paldao, un grand et confortable canapé en tissu de laine et des fauteuils Cœtela de Martin Eisler & Carlo Hauner de 1953. Tout est une invitation à la détente et au bien-être.

Le troisième salon est celui de la haute joaillerie et de la haute horlogerie ainsi que de luxueux articles de maroquinerie. Le mobilier est majestueux. On a une magnifique table en pierre de Budri, un lustre vintage des années 1970, etc. Le mur principal expose des panneaux en métal tissé par Sophie Mallebranche. Ils mettent en valeur les niches qui abritent les montres et les bijoux. Pour renforcer ce côté écrin précieux, un enduit à base de poudre d’or est appliqué sur l’ensemble du salon. Il a été conçu par l’atelier de peinture et de décoration français Duval & Mauler. Afin de dynamiser cet espace élégant, une touche de couleur est apportée avec l’œuvre d’art abstraite de l’artiste américaine Julia Powers.

Les lieux sont une perfection d’architecture intérieure, dans ses finitions et ses moindres détails. Ils sont une fois de plus une œuvre pleine de poésie et de finesse comme tous les projets de Stéphanie Coutas. Une magnifique vitrine pour la Maison Louis Vuitton et aussi du savoir-faire français. Chapeau bas !

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    Galerie Stéphanie Coutas

    10, avenue Matignon

    75008 Paris

    Tél. : +33 (0)1 81 29 31 90

    www.stephaniecoutas.com

    Ateliers Berger

    8, rue de la Mure
38000 Grenoble
Showroom sur rendez-vous
37, avenue Franklin-D.-Roosevelt
75008 Paris
Tél. +33 (0)4 76 17 22 04

    www.ateliersberger.com

    Atelier Sophie Mallebranche

    70, rue Bleuzen

    92170 Vanves

    Tél. : +33 (0)1 46 34 80 00

    www.sophiemallebranche.com

    Duval & Mauler

    16-18, avenue Augustin-Dumont

    92240 Malakoff

    Tél. : +33 (0)1 49 66 21 47

    www.duvaletmauler.fr

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 57
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    Architecture, l'esprit du lieu

    L’Horloger des HorlogersTM à Strasbourg

    Par Nat Lecuppre, le 2 mai 2025
    La Manufacture de Jaeger-LeCoultre est installée dans le Jura depuis 1833. La maison est surnommée l’Horloger des HorlogersTM. Ses créations sont des œuvres de haute horlogerie qui font sa renommée. Jaeger-LeCoultre a conçu plus de 1 400 calibres différents et déposé plus de 430 brevets. Son savoir-faire pour l’innovation et la créativité est indéniable. La maison vient d’ouvrir les portes de sa nouvelle boutique à Strasbourg. Celle-ci est idéalement située, en plein centre-ville, à proximité de la cathédrale. L’aménagement intérieur de la boutique reprend les codes des boutiques phares de Shanghai et de Madison aux États-Unis. L’ambiance est élégante et feutrée. Les matériaux retenus sont naturels et minéraux. Les coloris clairs procurent de la chaleur aux espaces. Ils évoquent tradition et modernité. Les lieux sont pensés pour faire vivre aux clients un voyage dans l’histoire de l’horlogerie dont celle de Jaeger-LeCoultre. On y découvre les dernières collections (Reverso, Polaris, Rendez-vous, Master Duometre) mais aussi les pendules Atmos. Depuis plus de vingt ans, les boutiques Edouard Genton à Strasbourg sont les ambassadrices de la haute horlogerie. Les clients s’y retrouvent pour découvrir les produits d’exception des manufactures horlogères et de la haute joaillerie. L’équipe de la nouvelle boutique fera découvrir aux visiteurs les collections qui mettront à l’honneur l’Atelier des Métiers RaresTM. L’art de l’horlogerie et ses complications seront dévoilés, et plus en particulier la création et la fabrication qui sont réalisées au sein de la Manufacture Jaeger-LeCoultre. Ce nouvel espace permet à chacun de comprendre tout le travail caché derrière un si petit et complexe mécanisme d’horlogerie. Après cette visite, vous ne serez plus étonné de savoir que 180 métiers sont réunis à la Manufacture Jaeger-LeCoultre pour créer des pièces de haute horlogerie qui allient prouesses techniques et esthétiques tout en restant dans la sobriété. Nous vous invitons donc à vous rendre dans cette nouvelle boutique.
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    Architecture remarquable

    Luxe et authenticité pour un intérieur empreint d’atemporalité

    Par Sipane Hoh, le 20 septembre 2024
    Spécialisée dans la création de résidences privées, d’hôtels, de boutiques de luxe et de scénographies d’exposition, l’architecte et designer Sophie Dries a apporté sa griffe à la rénovation de l’appartement d’un jeune collectionneur parisien. Entre élégance et grâce, les divers espaces révèlent l’indéniable talent de l’architecte. Dans le but de mettre en valeur la collection d’art de son jeune propriétaire, l’architecte HMNOP et designer Sophie Dries a rénové, à Paris, un logement haussmannien aux tons doux et traits épurés. L’ensemble de 90 m², qui résulte de la réunion de deux appartements occupant le dernier étage d’un immeuble, se compose d’un grand salon, une cuisine, une galerie, un petit salon, une grande suite ainsi qu’une autre consacrée aux invités. L’intérieur a été complètement remanié, chaque espace entièrement repensé, les portes superflues ont été supprimées et les accès et circulations simplifiés. Tout a été pensé pour fluidifier la circulation et composer un lieu parsemé d’une multitude de créations, à la fois confortable et singulier. Un univers riche de design vintage scandinave et contemporain, qui met en valeur la collection du jeune propriétaire et sa passion de l’art contemporain mais aussi les artistes qu’il connait souvent personnellement. Soulignons que le peintre scandinave Vilhelm Hammershøi constitue l’inspiration principale de cet intérieur où le camaïeu de gris se décline des diverses intonations jusqu’aux agencements sur mesure en passant par les nuances du parquet teinté dans la masse. Qu’il est bon de découvrir un monde où les œuvres d’art croisent des matières comme le lin, le tapis en laine, les luminaires en céramique, le plâtre des moulures ainsi que la cheminée en marbre. De même, certaines pièces dessinées par Sophies Dries comme la table et les céramiques viennent compléter le mobilier de Hans Olsen, Verner Panton, les vases d’Ettore Sottsass, celles de Julien Barrault, ou le tapis circulaire (édition Annie Pate). Il s’agit, comme pour chacune des réalisations de l’architecte, d’espaces créés à l’image de ses occupants. Un univers tout en contraste. En plus de son diplôme de l’ENSA Paris-Malaquais et de l’Université Aalto d’Helsinki, Sophie Dries a suivi une formation en art contemporain à l’École du Louvre. C’est donc en parfaite connaisseuse qu’elle a choisi chaque élément, favorisé chaque peinture et préféré chaque configuration. C’est ainsi qu’un canapé arrondi (Atelier 55) et son bout assorti prennent place dans le grand salon, tandis qu’une sculpture en plâtre de Daniel Arsham et un miroir minimaliste encadré d’acier patiné réalisé sur mesure, reflétant la suspension de Poulsen, trône sur la cheminée. En face, sur le mur des bibliothèques contenant une riche collection d’artistes, se trouve un autoportrait d’Orlan. L’architecte façonne ici un intérieur tout en contraste où, à l’instar d’un puzzle, chaque pièce raconte une histoire et complète l’ensemble. Par ailleurs, nous remarquons que la cuisine a été conçue de manière à ce que toutes les fonctions soient dissimulées dans des placards en noyer de teinte grise, sous le plan de travail et la crédence en zelliges marocaines noires. Une banquette sur mesure entoure la table trépied créée par la designer. Seule zone de circulation, la galerie se distingue par la présence du tabouret papillon
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Sur les traces d’un précurseur

    Par Nat Lecuppre, le 1 novembre 2024
    Le psychologue américain Abraham Maslö a révolutionné dans les années 1960 le monde du travail lors de l’apparition des open spaces. Précurseur, il avait fait le lien entre les motivations du collaborateur et les besoins de l’entreprise. Son approche humaniste a hiérarchisé les motivations en cinq catégories qui ont été schématisées sous forme de pyramide. Les besoins physiologiques sont la base, et le sommet est l’accomplissement de soi en passant par la sécurité, l’appartenance et l’estime. La philosophie de Maslö n’a jamais été aussi adaptée qu’aujourd’hui au secteur tertiaire. Les espaces de travail conçus de nos jours tiennent compte des besoins identifiés par Maslö. Lors de l’aménagement des espaces Covivio, situés au 9, place Marie-Jeanne-Bassot à Levallois-Perret (92), on retrouve tous ces fondamentaux. Métamorphose d’un immeuble. Le projet appelé Maslö est une lourde restructuration d’un immeuble tertiaire des années 1970 devenu obsolète. La demande de Covivio était d’en faire un site moderne et représentatif des attentes actuelles des collaborateurs. Pour cette réhabilitation, l’agence DGM & Associés a signé l’architecture de l’immeuble. Quant à l’aménagement intérieur, Covivio a fait appel à l’architecte d’intérieur et designer Jean-Philippe Nuel. Le projet incarne la politique de développement de la foncière Covivio. Celle-ci réinvente son patrimoine suivant deux axes : la création de valeur et l’amélioration de sa performance environnementale. Maslö, c’est avant tout 20 000 m2 d’espaces de vie et de travail sur six étages mais aussi 1 100 m2 d’espaces extérieurs. Pour Covivio, propriétaire de l’immeuble, les objectifs étaient l’épanouissement et l’accomplissement de soi sur son lieu de travail. Une architecture intemporelle. DGM & Associés fonde son concept sur l’intemporalité et sur l’ouverture. De nombreuses surfaces vitrées permettent à la lumière naturelle d’inonder les lieux. Les ouvertures favorisent la connexion des utilisateurs avec l’extérieur. Un poumon vert est créé avec un îlot paysager. Des terrasses végétalisées soulignent la présence de la nature sur le site. Des codes hôteliers repris. Jean-Philippe Nuel, connu pour ses projets hôteliers haut de gamme, reprend les codes de l’hôtellerie et les applique dans ce projet tertiaire. Son concept est de procurer des espaces chaleureux, fonctionnels et de qualité. Les formes enveloppantes sont favorisées ainsi que les matériaux naturels. Le rez-de-chaussée se devait d’être un espace dynamique, fédérateur pour toutes les entreprises ayant pris leurs quartiers dans l’immeuble. Ces dernières ont agencé chacune leurs propres bureaux. Deux entrées opposées desservent le RDC et régulent les flux de circulation. Le restaurant d’entreprise est pensé pour être un lieu de vie animé tout au long de la journée. Il est convivial et relié au patio intérieur. On s’y retrouve pour une pause, lors d’un repos, pour du coworking… Art et nature. Le patio renforce le bien-être des utilisateurs. Les espaces verts se retrouvent également dans le hall, les espaces intérieurs, le restaurant… Les cloisons vitrées soulignent la présence de la nature dans les lieux. Une attention particulière est portée à la lumière. Mathieu Girard et Gauthier Pouillart de Cocorico Paris ont travaillé sur la double hauteur du hall et l’entrée de l’immeuble depuis la rue. L’art se retrouve également avec les créations graphiques de Musco et Lysanne Kollet d’Art Consult. L’art prend place et donne une identité forte à l’immeuble. Il adhère

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