Urbanisme

Nancy, un cas d’école(s)

Par Lionel Blaisse, le 25 juillet 2023.
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Vue aérienne du campus Artem

Bien qu’à peine millénaire, l’histoire de la cité ducale connut la renommée à plusieurs reprises et fit école à plus d’un titre tant dans les arts qu’en matière urbaine en étant le premier district de France dès 1959.

Forte de son patrimoine architectural hérité de la Renaissance, du XVIIIe siècle, de la révolution industrielle et de l’Art nouveau – qui y naquit –, la capitale Lorraine – désormais Métropole et desservie par le TGV – est doublement labellisée au titre des métiers d’art mais aussi de la French tech (sciences et médecine). Plus de 20 % des 256 000 habitants du Grand Nancy sont des étudiants et des chercheurs.

Une histoire sous influences

Né au XIe siècle du démantèlement de l’empire carolingien, le duché établit alors sa capitale à Nancy. S’il ne reste que peu de témoins de la Ville Vieille médiévale, son patrimoine s’est considérablement enrichi, tout d’abord, à la fin de la Renaissance avec la construction d’une Ville Neuve – au plan orthonormé – décidée par le duc de Lorraine Charles III. On doit au dernier duc souverain 1, Stanislas Leszczynski, de relier les deux villes entre elles au travers d’une monumentale place royale encadrée par l’hôtel de ville, l’Opéra, le Grand hôtel de la Reine et le Musée des Beaux-Arts. Richement ornée de grilles enluminées d’or, elle porte désormais son prénom.

Au lendemain de la défaite de la guerre de 1870, l’Alsace-Moselle est annexée au tout nouvel empire allemand. Restée française, Nancy voit alors arriver massivement des capitaux, des entreprises et leurs savoir-faire qui vont booster sa révolution industrielle en la parachevant. La manufacture des tabacs, les cristalleries Daum, la société de distribution d’éclairage public Fabius Henrion et Cie y voient le jour, cette dernière est rachetée dès 1898 par la Compagnie générale d’électricité2, tout comme la Manufacture nancéienne de chaussures devenue depuis les Chaussures André.

Cette irrésistible montée en puissance s’accompagne d’une alliance provinciale inédite des industries des métiers d’art et des artistes afin de promouvoir la collaboration entre différentes disciplines, favoriser la recherche et l’innovation tout en prônant une politique sociale éclairée. Le maître verrier, ébéniste et céramiste (botaniste de formation) Émile Gallé et l’homme d’affaires et mécène Eugène Corbin les regroupent, en 1901, au sein de l’École de Nancy ayant pour devise « L’art dans tout, l’art pour tous ». Louis Majorelle, les frères Auguste et Antonin Daum, Jacques Gruber ou encore Victor Prouvé contribueront à sa renommée comme en atteste le musée homonyme qu’est venue récemment compléter la Maison Majorelle construite en 1902 par Henri Sauvage. L’École est à l’origine de l’Exposition internationale de l’Est de la France qui réunit en 1909 plus de deux millions de visiteurs à Nancy dans le secteur du Parc Sainte-Marie du nouveau quartier se développant à l’ouest de la voie ferrée. L’architecte Louis Lanternier y fait surgir une source thermale dont l’eau à 36°C va permettre de développer des thermes.

Son essor se poursuit. L’homme phare de l’époque en sera Jean Prouvé, le fils du peintre Victor Prouvé. Ferronnier de formation, il fonde en 1929 l’Union des artistes modernes (UAM) avec le Corbusier, Pierre Jeanneret, Robert Mallet-Stevens et Charlotte Perriand. Il va profondément marquer l’architecture et le design métalliques. Résistant, il devient maire de la ville de sa libération jusqu’aux élections municipales de 1945, puis se consacre à la reconstruction !

L’alliance fait la force

Dépourvue de visées hégémoniques, Nancy a compris qu’elle pouvait être le fer de lance, l’aiguillon du développement régional en unissant ses forces avec les communes voisines. Dès la proclamation de la loi instituant les districts urbains, elle fut la première ville à créer le sien, s’alliant à onze des villes périphériques avec lesquelles elle mutualisa un nombre croissant de délégations (eau et assainissement, puis transports, déchets, zones d’activité et voirie communautaire, éclairage public et enfin conservatoire, habitat, développement économique et universitaire).

En 1996, le district muta en Communauté urbaine – réunissant désormais 20 communes représentant 260 000 habitants – aux compétences immédiatement élargies : équipements sportifs, Zénith, musées scientifiques et techniques, ensemble de la voirie mais surtout maîtrise de l’urbanisme. Médecin ORL, membre du parti radical valoisien et franc-maçon, André Rossinot entre au conseil municipal à 30 ans dès 1969, puis officie comme adjoint à partir de 1977 avant de devenir, six ans plus tard, maire et vice-président du district urbain mais aussi du conseil régional de Lorraine ! Il présidera successivement le district, la Communauté urbaine puis la Métropole créée en 2016. Il sera également député de Meurthe et Moselle (1978-1997) et deux fois ministre. Homme de convictions et ambitieux pour son territoire, il aspire à un rééquilibrage entre l’État et la Région, prône une gouvernance locale plurielle et concourt au rayonnement accru tant au niveau régional qu’international. En effet, il a été un des acteurs de l’avènement en 2012 du pôle métropolitain du Sillon Lorrain porté par les intercommunalités de Thionville, Metz, Nancy et Épinal. Le dynamisme numérique de ce territoire lui a valu d’être labellisé French Tech (LORnTECH).

L’arrivée du TGV dès 2007 à Nancy a placé la ville à 90 minutes de la capitale, ce qui a grandement favorisé son développement non seulement économique mais également universitaire.

Redynamiser le territoire

La métropole est très attentive au rééquilibrage de l’ensemble de son territoire en fonction des spécificités propres à chaque secteur.

Au nord de l’agglomération nancéienne, les 300 ha du secteur Meurthe Canal3 confrontent son passé industriel à un environnement naturel tout proche. Hormis la régulation en matière d’inondations répétées, le projet phare sera la reconversion des anciennes usines Alstom qui accueilleront, entre autres, d’ici 2026, une grande cité judiciaire.

En périphérie sud-ouest sur le plateau de Brabois, le Technopôle Henri Poincaré4 constitue l’enjeu majeur du projet de développement d’excellence métropolitaine en multipliant les synergies entre l’université et le monde économique, de la recherche, de la santé et de l’innovation. Laboratoires et instituts de recherche de renommée mondiale, centres de transferts de technologie s’y sont implantés autour du CHRU. Bien plus central et initié dès 2009, le campus Artem regroupe – à l’arrière de sa très colorée galerie-vitrail urbaine – l’École des Mines Nancy et l’Institut Lamour (Nicolas Michelin), l’ICN Business School (Lipsky Rollet) et l’École nationale supérieure d’art (Dietrich et Untertrifaller).

L’arrivée du TGV, accompagnée par le redéploiement des transports en commun à ses abords immédiats, a contribué à faire du quartier Nancy Centre Gare un secteur hautement stratégique. L’ancien centre de tri postal voisin construit par Claude Prouvé (le fils de Jean Prouvé) en 1972 s’est vu métamorphosé en 2014 en palais des congrès et d’expositions sous le crayon éclairé de Marc Barani. Nouveaux espaces et places publics, opérations de bureaux et de logements, équipements de proximité sont venus s’interposer entre les voies ferrées et la Ville Nouvelle. Jugée trop minérale par les riverains, l’urbanisation réalisée à 70 % fait l’objet d’une redéfinition de son identité architecturale et paysagère de la part de la nouvelle municipalité – menée par Matthieu Klein, qui préside également dorénavant la métropole – en concertation étroite avec la population.

Le Grand Nancy Thermal… terminé

Mais l’achèvement des Thermes constitue le grand projet du moment porté par la métropole. Ayant obtenu la reconnaissance des vertus thermales5 de l’eau forée à 800 m et présentée lors de l’Exposition de 1909, Louis Lanternier6 entreprit de construire sur son site des thermes. Démarrée en 1911, la première phase est inaugurée deux ans plus tard. Malheureusement la guerre et la mort de son instigateur en 1916 les laisseront inachevés jusqu’en 2016.

La Compagnie européenne des Bains / Valvital est retenue comme délégataire du service public pour la conception architecturale et technique, la réalisation et l’exploitation de l’équipement. Pour ce faire, elle contracte avec les agences Architectures Anne Demians7 et Chabanne Architecte et Ingénierie et l’entreprise Bouygues Nord-Est. Le concept retenu pour son extension consiste à restituer sa symétrie originelle au bâtiment existant. Quoique d’inspiration davantage néoclassique, ce dernier eût recouru à des matériaux innovants tels que le béton-pierre et le granito. D’où la transposition proposée par Anne Demians. «J’ai juxtaposé une écriture contemporaine à la façade historique afin d’éveiller la conscience face à l’histoire. Plus de cent ans se sont écoulés depuis sa construction. J’accole de manière symétrique à partir du dôme de l’entrée un volume habité de même gabarit, mais sans mimétisme puisque mon intervention est le négatif assumé de l’existant. La façade de Lanternier est blanche, l’extension que je dessine est noire. À ses colonnes verticales je propose un rythme horizontal. Par l’hybridation des styles, je souhaite ne faire plus qu’une seule architecture.»

Beaucoup plus ambitieux, le programme imaginé offre une multitude d’activités des plus actuelles autour de l’eau. Si la partie santé constitue le plus grand centre thermal d’Europe en centre-ville, elle y adjoint un centre de bien-être couplé à une résidence hôtelière de 76 appartements. Le bassin olympique couvert construit dans les années 1930 se voit complété par quatre couloirs de nage et un bassin de plongeon extérieurs confortant sa dimension sportive. S’y ajoute un complexe aqua-ludique en plein air. Enfin, le Parc Sainte-Marie s’agrandira en lieu et place des anciens bassins devançant l’édifice historique.

Non loin du musée de l’École de Nancy, de la Villa Majorelle et d’Artem, le Grand Nancy Thermal vient consacrer le renouveau de ce quartier sud-ouest de la cité ducale !

  1. En donnant sa fille en mariage à Louis XV, l’ex-roi de Pologne permit le rattachement du duché au royaume de France
  2. À son tour rachetée par Alsthom en 1983 qui devient alors Alstom
  3. De la Marne au Rhin et la Meurthe
  4. Un des trois grands technopoles (Sophia Antipolis et Meylan) créés dans l’hexagone dans les années 1970
  5. Rhumatologie
  6. Conseiller municipal et architecte
  7. 3e projet d’Anne Demians à Nancy avec Bouygues : Quai Ouest, siège social de sa filiale Nord-Est (2014), et Tapis Vert en 2016 – deux opérations en bordure du Canal de la Marne au Rhin
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    Hôtel de Ville de Nancy

    1, place Stanislas, 54000 Nancy
    Tél. : +33 (0)3 83 85 30 00
    www.nancy.fr

    Centre Prouvé – Grand Nancy Congrès & évènements

    1, place de la République,
    54000 Nancy
    Tél. : +33 (0)3 83 30 80 00
    www.destination-nancy.com

    Grand Nancy Thermal

    41-43, rue du Sergent Blandan
    54000 Nancy
    www.nancythermal.fr

    Artem

    94-86, rue du Sergent Blandan
    54000 Nancy
    Tél. : +33 (0)3 83 41 61 61 (ENSAD)
    Tél. : +33 (0)3 54 50 25 00 (ICN Business School)
    Tél. : +33 (0)3 72 74 48 00 (Mines Nancy)
    www.alliance-artem.fr

    Villa Majorelle

    1, rue Louis Majorelle, 54000 Nancy
    Tél. : +33 (0)3 83 85 30 01
    www.musee-ecole-de-nancy.fr

    Architectures Anne Demians

    15, rue de Chabrol, 75010 Paris
    Tél. : +33 (0)1 42 47 95 90
    www.annedemians.com

    Chabanne Architecte et Ingénierie

    6, Cité de l’Ameublement,
    75011 Paris
    Tél. : +33(0)1 49 53 00 70
    www.agence-chabanne.fr

    Agence Nicolas Michelin & Associés

    9, cour des Petites Ecuries,
    75010 Paris
    Tél. : +33 (0)1 53 34 00 01
    www.anma.fr

    Dietrich Untertrifaller Architekten

    126, avenue de la République
    75011 Paris
    Tél. : +33 (0)1 42 00 64 17
    www.dietrich-untertrifaller.com

    Lipsky+Rollet Architecture et Environnement

    21, rue du Tunnel, 75019 Paris
    Tél. : +33 (0)1 48 87 16 33
    www.lipskyrollet-ae.com

    Marc Barani Architectes

    27, boulevard Joseph Garnier, 06000 Nice
    Tél. : +33 (0)4 93 51 08 10
    www.atelierbarani.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 52
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    Quartiers revisités, le renouveau

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    Rencontre avec le roi de la nature : Christophe Gautrand

    Par Nat Lecuppre, le 10 octobre 2025
    Si on a tendance à l’oublier, notre survie dépend de la nature, qui tient donc une place primordiale dans notre existence. Les architectes la placent de plus en plus au cœur de leurs concepts. Elle est inévitablement la première source d’inspiration dans l’architecture. Pour mieux l’appréhender et la comprendre, nous avons rencontré Christophe Gautrand, créateur de paysages, acteur incontournable des espaces verts et surtout intarissable sur sa passion : la nature. Architecte-paysagiste et horticulteur de formation, il explore le monde végétal avec une approche scientifique et artistique. En 2012, il a créé son agence, Christophe Gautrand & Associés, avec Benjamin Deshoulières. Découvrons-le plus en détail avec un petit entretien. Nda : Parlez-nous de votre métier et de vos sources d’inspiration. Christophe Gautrand : Mes inspirations viennent des voyages, des textures et des rencontres. Parcourir des forêts, visiter des pépinières européennes m’a permis de développer un regard sensible sur les arbres : toucher une écorce, sentir l’humus, observer la lumière filtrer dans le feuillage… Ce sont des expériences sensorielles que je retranscris autant dans mes projets paysagers que dans mes peintures, photographies et installations. Les arbres sont pour moi des personnages, des témoins silencieux du temps. À travers la rugosité de leurs écorces, l’ancrage de leurs racines, j’entretiens un dialogue tactile avec eux. Je cherche à renouveler notre regard sur les arbres, trop souvent perçus comme de simples éléments du décor urbain, pour les révéler comme des êtres sensibles et intelligents. Les forêts primaires, avec leurs géants ancestraux, et les jardins sauvages, où la nature s’exprime librement, nourrissent particulièrement mon imaginaire. Dans mes projets, je tente de restituer cet équilibre subtil entre maîtrise humaine et spontanéité végétale. Nda : Quelle place tient l’art dans votre travail ? CG : L’art est une dimension essentielle de ma démarche. À travers des collaborations avec des marques ou des institutions, je peux explorer de nouveaux formats, ouvrir des dialogues entre le végétal et d’autres univers artistiques. Avec la Maison Ruinart, nous avons travaillé à révéler les paysages cachés de son site historique de Reims, entre histoire, géologie, vignes et installations artistiques. Pour Jacques Selosse, figure iconique du champagne, j’ai conçu un jardin comestible sensible où les plantes évoquent les touches colorées d’un tableau impressionniste, cueillies chaque matin par les chefs du domaine. Ce jardin cache des oyats (jarres en terre cuite souterraines) qui sont reliées à une source naturelle pour l’alimenter en eau. Ainsi, aucun arrosage supplémentaire n’est nécessaire. À l’Hôtel Mandarin Oriental Paris, j’ai eu carte blanche pour suspendre un platane de 15 mètres de long au-dessus d’un miroir d’eau, à l’aide de la technique du Shibari (art japonais du bondage). Cette œuvre éphémère invitait à repenser le rapport au corps végétal. En 2024, pour Ruinart, j’ai conçu une série de 24 magnums personnalisés par mes dessins, et réalisé des œuvres monumentales pour habiller leurs espaces d’exposition dans les foires d’art internationales. Je développe également une collaboration avec la designer Marine Peyre autour de créations végétales inédites… Un projet à suivre ! Nda : Racontez-nous quelques-uns de vos projets marquants. CG : Le jardin du Mandarin Oriental Paris est sans doute un projet fondateur. J’y ai conçu des terrasses luxuriantes, pensées comme des
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    Architecture un lieu

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