Architecture, l'esprit du lieu

Novaxia a du… Flow

Par Nat Lecuppre, le 26 mai 2025.
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© Charlotte Bommelaer

Novaxia, acteur du recyclage urbain, a pour cœur de métier de métamorphoser un bâtiment vide en logements, hôtels, résidences étudiantes, programmations mixtes…

Le leader de l’ immobilier durable, a fait appel à l’agence Atelier Flow pour la réalisation de son nouveau siège social situé dans le 15e arrondissement de Paris.

Station45.

L’adresse du 45, rue Saint-Charles, est un lieu chargé d’histoire avec une architecture atypique. Dans les années 1950, ce fut un garage (Garage Monroy), qui devint dans les années 1970 une station-service et un concessionnaire Volvo-Fiat. En 1990, le site se transforme en data center avant de rester vacant jusqu’en 2022, où Novaxia décide d’en faire son siège social et le nomme Station45 en hommage à son histoire. Pour ses nouveaux locaux, Novaxia s’étend sur 2 000 m2 répartis sur 3 niveaux constituant le socle d’une tour d’habitation de 14 étages.

Un bâtiment à l’architecture singulière.

Le défi pour Atelier Flow était de transformer les lieux en un espace de travail adapté aux nouveaux modes de vie et de les rendre conviviaux et harmonieux. Les demandes de leur client étaient d’imaginer un lieu unique avec des espaces identitaires en phase avec la culture d’entreprise et ses valeurs. Il fallait concevoir un lieu ouvert au public au rez-de-chaussée pour inventer un écosystème.

Au vu de la configuration atypique sur plusieurs niveaux et des demi-niveaux issus du parking, les architectes ont dû jouer d’ingéniosité et de savoir-faire. Atelier Flow a mis l’accent sur la fluidité des circulations, travaillé le zoning et façonné une identité forte à Novaxia en conjuguant de l’existant récupéré et du sur-mesure. Ainsi les valeurs de l’entreprise seraient mises en exergue.

Les enjeux.

Il s’agissait de concevoir la plus belle vitrine du savoir-faire de leur client, valoriser ce patrimoine immobilier avec des notes d’engagements de recyclage urbain, ADN de Novaxia. Atelier Flow a collaboré avec l’agence Renaissance pour la restructuration lourde du bâtiment. Ainsi le lieu a pu être conçu à quatre mains en amont afin qu’il devienne un havre de paix où il fait bon vivre et travailler.

Un accent est mis sur les flux, les interconnexions intérieur-extérieur et la luminosité. Il fallait amener de la lumière au centre des plateaux de 45 m de profondeur. Un immense escalier créé sur mesure mène à la place centrale du premier étage. Cette place centrale sous verrière est le cœur du bâtiment. Elle donne accès aux gradins et sert de hub pour accéder aux différents espaces de l’immeuble. Un patio paysagé donne, quant à lui, accès aux salles de réunion du rez-de-chaussée et à la terrasse par un escalier extérieur.

Un espace hybride et ouvert sur la ville.

Le site est un lieu d’expérimentation qui intensifie les usages. Novaxia souhaitait avec celui-ci répondre aux manquements actuels, à savoir encourager le partage, la solidarité, réduire les bureaux vacants et réponde aux enjeux de sobriété foncière.

Au rez-de-chaussée, un tiers lieu de 300 m2 est mis à disposition à des associations et acteurs d’économie solidaire. En connexion avec le tiers lieu, la place du village est un lieu hybride et modulable, éclairée par un vaste puits de lumière, qui accueille les collaborateurs Novaxia et les événements organisés par le groupe. Pour s’adapter aux modes de travail plus hybrides, les espaces sont constitués à 35 % de bureaux, 35 % d’espaces collaboratifs et 30 % d’espaces d’accueil et de distribution. Les plateaux côté rue sont dédiés aux collaborateurs. Dans ces espaces, les postes de travail et les éléments de rangement suspendus ont été créés sur mesure pour permettre une sensation de volume sur un plateau bas de plafond et peu éclairé. Côté patio, des espaces communs permettent d’accueillir des moments de réunion et de co-création faisant se rencontrer des utilisateurs internes et externes.

Place à l’art.

Des artistes de street art ont été invités à créer des œuvres uniques dans le bâtiment, portant les thèmes chers à Novaxia. Au rez-de-chaussée, une fresque murale de Madame représente « le passé est le présent ! ». Une fresque au sol d’Yvan Le Pays incarne la dimension urbaine, les flux de la ville. On y trouve également une œuvre caritative : la Solidarité. C’est en fait une Peugeot 104 taguée par des enfants au profit de la recherche clinique de l’institut Gustave-Roussy. Amy Jones a créé une fresque dans la place du village qui révèle les mantras de l’entreprise : « Osons l’inhabituel ensemble » et « Mettre le sens à profit ». Et sur le rooftop, on découvre des fresques sur la biodiversité de Daco.

Atelier Flow a su transformer un lieu difficilement aménageable avec une multitudes de contraintes en un lieu de vie fonctionnel, qualitatif et évolutif dans le temps au gré de ses utilisateurs… Il en a fait un lieu d’exception. Cette agence d’architecture d’intérieur créée par Camille Berthelot et Jean-François Leduc a sans nul doute son mot à dire dans le secteur tertiaire d’aujourd’hui. C’est un acteur à suivre.

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    Architecture, l'esprit du lieu

    Vitra la plus belle vitrine de Tiffany & Co

    Par Nat Lecuppre, le 19 mars 2025
    Vitra, l’éditeur de mobilier suisse, étend ses compétences à la conception de sièges sociaux. La marque vient de réaliser le nouveau siège social de la maison de haute joaillerie Tiffany & Co, propriété du groupe LVMH. Tiffany & Co, en transférant son siège de Londres à Paris, souhaitait un écrin design et innovant. Elle élit domicile dans un immeuble haussmannien dans le 6e arrondissement de la capitale. C’est le service consulting et planning Studio de Vitra qui a aménagé l’intérieur de tous les espaces (réception, espaces de travail, cafétéria…). Le projet met en exergue les produits Vitra jusqu’à leur mise en place dans les bureaux. Vitra imagine des lieux élégants, contemporains et ergonomiques favorisant la flexibilité pour le bien-être des équipes. Les lieux reflètent les nouveaux modes de travail et incarnent les valeurs et la culture d’entreprise de Tiffany & Co. Les espaces sont appropriés aux divers usages et conçus pour attirer les nouveaux talents. Les interactions entre équipes, les échanges et la communication sont favorisés par l’aménagement intérieur. Les collaborateurs peuvent choisir leur espace selon leurs envies et besoins (travail individuel ou collaboratif). Vitra crée des produits durables, design et ergonomiques. Le mobilier est mis en scène dans les espaces et mis en valeur. On trouve du mobilier des marques Vitra et Artek dans la réception, les bureaux, les salles de réunion, la cafétéria, les salles de formation et les espaces de convivialité. Pour dynamiser les lieux, différents produits se conjuguent. Dans les bureaux, les tables Joyn 2 et les Tyde 2 Workstations des frères Ronan & Erwan Bouroullec sont associées à la chaise ergonomique ID Trim d’Antonio Citterio. Les alcôves des designers français et la cabine insonorisée Talky crée un environnement pour s’isoler et se concentrer ou pour travailler en petit comité. Le sofa Abalon des frères Bouroullec et le Soft Work d’Edward Barber & Jay Osgerby invitent aux réunions informelles ou à se poser dans cette zone d’attente ainsi formée. Des accessoires complètent les aménagements pour un travail hybride et plus de flexibilité. On trouve la tablette NesTable de Jasper Morrison, la Toolbox RE en plastique recyclé d’Arik Levy, entre autres. Les coloris retenus pour ce projet créent une ambiance douce et esthétique. Les matières retenues sont nobles et écoresponsables. Le site est une belle référence de mobilier. On trouve des pièces de design et classiques juxtaposées à du mobilier de bureau. Le tabouret en liège Cork de Jasper Morrison, le rayonnage mural de Jean Prouvé, la chaise Eames Plastic Side Chair de Charles & Ray Eames en plastique recyclé… sont autant de pièces emblématiques du design qui font des lieux une belle exposition. Les espaces sont spacieux et mettent au cœur du projet le confort des utilisateurs. Le siège social de Tiffany & Co est à son image et répond à toutes ses attentes.
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    Urbanisme

    Quand la Génération Z part à la montagne

    Par Lionel Blaisse, le 27 décembre 2023
    Les services du nouveau complexe d’accueil de Mottolino Fun Mountain – l’exploitant du domaine skiable de Livigno, le « Petit Tibet italien » – ciblent les modes de consommation loisirs de la Génération Z. En prévision des JO d’hiver 2026 dont les épreuves de snowboard et de ski acrobatique se dérouleront à Livigno, l’ancienne gare de télécabine s’est métamorphosée en un innovant complexe « phygital »1. En plus des services liés au ski, on y bénéficie d’espaces dédiés au smartworking et au coworking, d’une salle de jeux vidéo de dernière génération et d’un bar restaurant inspiré de la cuisine éthique de montagne de Norbert Niederkoffer.2 Jusqu’au bout de ses rêves Depuis plusieurs années, cette station de haute montagne3 lombarde s’est équipée d’un Fun Park où pratiquer le ski de bosses ainsi qu’un Bike Park pour les amateurs de VTT l’été. Ses édiles ont aussi compris lors de la pandémie qu’une nouvelle communauté de travailleurs à la recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et temps libre allait désormais se développer. Dans la foulée des générations précédentes ayant révolutionné les pratiques du ski alpin, ils prennent en main leurs conditions de travail mâtinées de loisirs. Le matin sur leur snowboard, l’après-midi connectés derrière leur ordinateur – ou inversement – puis soirée gourmande, arrosée et / ou festive, en « présentiel » ou en « télé-loisirs » ! Conçu par le studio LPS et aménagé par Progetto CMR, le nouveau siège de Mottelino Fun Mountain regroupe une multitude de fonctions et activités sous un même toit, à six pentes, et sur plusieurs niveaux desservis par l’escalator panoramique permettant de franchir les 12 m de dénivelé entre la route et le quai de départ des télécabines. Le rez-de-chaussée est entièrement dédié à la pratique sportive en hébergeant la billetterie (en bonne partie digitalisée), les écoles de ski, de snowboard, de VTT et d’escalade, la boutique que complètent un service de location de matériel très performant (été comme hiver) et sa zone de stockage des plus sophistiquée. Le 1er étage est consacré au digital, qu’il soit studieux – grâce à des espaces de coworking, avec salles de réunion modulables et équipement technologiques dernier cri – ou ludique via la Digital Cave de plus de 300 m2 destiné aux gamers en tous genres (dont des simulateurs de conduite) et amateurs de streaming. Le 2e étage accueille le Kosmo Taste the Mountain où le restaurant Livigno & AlpINN revisite de façon contemporaine et éthique l’après-ski. Cerise sur le gâteau, Livigno est une zone franche, du coup il n’y a pas de TVA ! Cette contraction des mots « physique » et « digital » désigne un point de vente physique qui inclut, dans son expérience client, tout un parcours digital. Le phygital s’inscrit dans une stratégie de marketing omnicanal. Chef sud-tyrolien triplement étoilé au Michelin pour son restaurant Noma de Copenhague, plusieurs années primé comme meilleur restaurant au monde. Village à 1836 m d’altitude mais pistes à plus de 2400 m
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    Architecture remarquable

    Montblanc Haus ou le top de l’écriture

    Par Lionel Blaisse, le 18 décembre 2024
    Au printemps 2022, la marque de luxe Montblanc inaugurait près de son siège et de son usine de fabrication de Hambourg la Montblanc Haus conçue par Nieto Sobejano, mise en scène par… Projectiles ! Quelle heureuse coïncidence pour l’agence parisienne que d’œuvrer simultanément sur l’art de l’écriture célébré par le fabricant de la Rolls Royce des stylos, d’une part, et sur la langue française au travers de sa Cité internationale ouverte en 2024 au Château de Villers-Cotterêts, d’autre part. Cette concomitance est d’autant plus étrange, pour ne pas dire paradoxale, que l’heure est davantage au digital, aux SMS et aux émoticônes. L’ascension d’une marque. En détenant à ce jour 60 % du marché mondial des stylos (à plumes et à billes) haut de gamme, l’histoire de Montblanc tient d’une success-story. En 1907, l’ingénieur August Eberstein, le papetier Claus Johannes Voss et le banquier Alfred Nehemias créent à Hambourg la Simplo Filler Pen Company pour commercialiser le stylo plume à encrier intégré qu’ils ont mis au point un an plus tôt. L’entreprise va s’avérer être une véritable start-up avant l’heure. Ne développe-t-elle pas très tôt une forte image de marque originale, ancrant encore sa renommée cent vingt ans plus tard ! Lancée en 1909, leur première collection de stylos plumes, en ébonite noire à capuchon à tête rouge, s’appelait alors Rouge et Noir (surnommée Le Petit Chaperon Rouge). La marque Montblanc Simplo Gmbh voit le jour l’année suivante. Dument déposée, l’étoile blanche à six branches – aux allures d’astérisque et symbolisant le mythique sommet européen enneigé et ses six vallées glaciaires – couronne son capuchon depuis 1913. En 1924, l’entreprise donne le nom de Meisterstück 1 à ses futurs stylos haut de gamme, désormais garantis à vie ! Leur plume en or est gravée des lignes de crête du pic alpin auxquelles s’ajoute cinq ans plus tard « 4810 », son altitude à l’époque. Un soin tout particulier est apporté dès le départ à la communication autour de ces fabuleux instruments d’écriture, à commencer par leur longiligne packaging évoquant les plumiers de jadis sur lequel s’impriment lignes brisées et étoile. Architecture de reliefs. C’est aux architectes madrilènes experts en équipements culturels Fuensanta Nieto et Enrique Sobejano, dont la seconde agence est basée à Berlin, que la firme s’est adressée pour concevoir sa Montblanc Haus. Ses 4 390 m2 accueillent une exposition permanente invitant les visiteurs à découvrir et à expérimenter l’écriture à travers l’histoire des instruments et des documents précieusement conservés par la marque, ses archives, une boutique et un café, des salles de formation et une VIP Room, ainsi que quelques bureaux. Les concepteurs disposent sur un socle vitré un longiligne parallélépipède noir de 100 m linéaires qui évoque l’étui légendaire du stylo. En clin d’œil aux tôles métalliques plissées de l’usine, le béton noir de ses façades a été matricé de sorte à donner du relief aux lignes d’horizon qui le scarifient aux allures de cimes mais aussi d’écritures manuscrites. Bien sûr, l’iconique étoile sigle la façade principale. Si une surface vitrée s’y interpose, l’essentiel de la lumière naturelle innervant l’intérieur de l’étui est de nature zénithale. Le blanc et des matières claires

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