Architecture, l'esprit du lieu

PPX versus MBDS, un duo d’agences hors pair

Abonnés
Par Lionel Blaisse, le 6 mai 2024.
Image
© sergio grazia

En matière d’hôtellerie, il est hélas trop rare de confier la décoration à l’architecte ayant construit ou rénové l’établissement, quitte à le dépareiller, comme à l’Hôtel La Fantaisie.

Pour son premier opus parisien, le petit groupe familial Leitmotiv a voulu muer l’hôtel eighties ringard sis 24, rue Cadet en un cinq étoiles « branché ». Si la subtile transfiguration opérée par Cédric Petitdidier et Vincent Prioux est une réussite architecturale, la presse lifestyle la tait pour (con)sacrer l’hyper décor imaginé par Martin Brudnizki, « électron libre du design »… qu’il serait temps, à mes yeux, de débrancher !

Florilège de (non)styles. Bien que suédois mais formé à Londres en architecture d’intérieur et design, Martin Brudnizki ne s’inscrit pas vraiment dans la veine minimaliste du design scandinave. Certains voit un « maximalisme irrévérencieux » dans son « amour de la superposition de différents matériaux, textures et styles ». Ses deux récentes livraisons hôtelières parisiennes, Le Grand Mazarin et La Fantaisie, doivent laisser pantois les historiens de l’architecture et du design – tout comme moi – quant au décryptage de leur décor (plutôt que décoration) respectif. L’hommage prétendu aux frères Cadet, maîtres jardiniers ayant à la Renaissance leur Clos dans le quartier, est lourdement tiré et tissé par les branches, et tapissé de fleurs et végétaux en tous genres. Presque tout ici est sur mesure et surtout dans la démesure. Personnellement, ces excès de fantaisie me dépassent et m’asphyxient. Voilà pourquoi je n’en dirai pas davantage !

Une aimable et singulière densité.

Un mauvais pastiche d’hôtel particulier comme les années 1980 ont su hélas en produire dans un tronçon de rue du 11e arrondissement plutôt étroit et aux allures faubouriennes.

Galerie d'images (10)
    Partagez cet article autour de vous
    Facebook
    Twitter / X
    LinkedIn
    Pinterest
    E-mail

    Hôtel La Fantaisie

    24, rue Cadet

    75009 Paris

    Tél. : +33 (0)1 55 07 85 07

    www.lafantaisie.com

    PPX Paris

    47, rue Popincourt

    75011 Paris

    Tél. : +33 (0)1 58 30 53 53

    www.petitdidierprioux.com

    MBDS

    Unit 301-307 Level 3 South Dome

    Chelsea Harbour Design Centre

    London SW10 0XE

    Royaume-Uni

    Tél. : +44 (0)20 7376 7555

    www.mbds.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 55
    Image

    Je Vœux…

    Commander

    Numéro en cours

    Nº63

    Spécial Santé, Bien-être, Bien-vivre

    Couverture du NDA Nº63

    Novembre — Décembre 2025 — Janvier 2026

    Découvrir

    À découvrir
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Dans le parc de la Villette une vertueuse folie

    Par Sipane Hoh, le 14 janvier 2025
    À Paris, au cœur du parc de la Villette, Atelier du Pont (Anne-Cécile Comar et Philippe Croisier) a réalisé un bâtiment d’exploitation à la forme simple et aux lignes épurées qui s’apparente à une folie d’un nouveau genre délicatement posée au sein d’une abondante végétation. Il s’agit d’un projet complet qui croise adroitement architecture, architecture d’intérieur et design de mobilier. Les folies du parc de la Villette sont nombreuses. Parsemées ici et là, signées de l’architecte Bernard Tschumi, elles égayent par leur couleur rouge un terrain marqué par une présence paysagère. C’est dans cet environnement exquis, très caractéristique et tellement alambiqué que les architectes d’Atelier du Pont ont réalisé leur projet : un lieu de travail comprenant cent cinquante-cinq postes et développé sur une surface de plancher de 3 000 m². En effet, les différentes équipes en charge de l’exploitation du parc et de ses équipements étaient logées dans les neuf entités de la Cité Jardin. Construits en 1982, les bâtiments devenus désuets avaient un besoin urgent d’être remplacés. C’est ainsi que, dans le but d’offrir à ses équipes un outil de travail approprié tout en rendant de la surface de parc au public, l’Établissement Public du Parc et de la Grande Halle de la Villette (EPPGHV) a souhaité construire un nouveau bâtiment d’exploitation. En 2020, l’agence Atelier du Pont a été désignée lauréate du concours d’architecture pour mener à bien le projet dont les travaux ont été séquencés sur plusieurs phases. La première période constituait la démolition de trois entités, ensuite ont eu lieu la construction du bâtiment d’exploitation et la démolition des deux volumes restants. Finalement, l’aménagement des abords a complété l’ensemble du bâti. La préservation du patrimoine naturel du parc et sa biodiversité constituait l’un des principaux arguments qui ont poussé l’équipe d’architectes à opter pour un bâtiment compact possédant une emprise au sol limitée qui permet de restituer 5 000 m² d’espaces verts au public ainsi qu’un accès à la darse du fond de Rouvray. Prenant place sur le site de l’actuelle Cité Jardin, le projet qui met en avant les espaces partagés est conçu selon une structure générique et tramée où la nature croise adroitement l’architecture.  Quand l’architecture croise la nature. L’équipement se compose de deux structures, l’une en béton et l’autre en bois. Deux matériaux qui se complètent pour offrir aux usagers l’inertie nécessaire au sein du bâtiment d’une part et une structure légère et chaleureuse d’autre part. Dans leur écriture architecturale, Atelier du Pont a opté pour une trame rythmée évolutive qui peut se transformer selon les besoins et nécessités futurs. La même chose s’applique aux divers aménagements intérieurs comme les modules de bureaux conçus sur mesure qui ponctuent l’espace et peuvent se déplacer au sein de la grande halle suivant les exigences des utilisateurs des lieux. Le Pavillon Jardins s’organise sur deux niveaux autour d’un généreux cours central où se trouve un escalier-gradin permettant d’organiser des rassemblements informels ou des conférences arrangées. L’ambiance est paisible, lumineuse et propice au travail. La végétation fait partie intégrante du lieu. Au premier étage, certains bureaux ressemblent même à des pavillons perchés dans les arbres. La tisanerie conçue sur mesure
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Jeune pousse montante : Juliette Breton

    Par Nat Lecuppre, le 15 novembre 2024
    L’architecte d’intérieur Juliette Breton, diplômée de l’ESAM Design et de Sciences Po Paris et d’une maîtrise d’Économie, peut concevoir dans sa globalité un projet d’architecture d’intérieur, de décoration, d’aménagement paysager et de création de mobilier. Tout récemment, Juliette Breton a imaginé des bureaux sur-mesure situés à Paris, rue Lafayette, dans le IXe arrondissement. On peut déjà affirmer que l’architecte d’intérieur a une griffe. Tous ses projets sont harmonieux et renforcent le bien-être au travers la sélection de matériaux naturels, de fonctionnalité, des coloris, de l’éclairage et du mobilier. Après une écoute des besoins et des attentes de ses clients, Juliette Breton conçoit des espaces avec une âme qui leur correspondent. Chaque configuration des lieux est prise en compte. L’architecte conjugue esthétisme et le côté fonctionnel. J’attache une importance particulière à l’harmonie, les belles matières, les lignes apaisantes, les matériaux bruts et naturels, la sobriété, les couleurs douces et poudrées, le vert-bleu, l’indigo, la fonctionnalité et la fluidité des espaces. Juliette Breton Projet de bureaux Paris IX. Pour la conception des bureaux de ce projet, il fallait des lieux chaleureux, esthétiques, confortables et conviviaux. Ils sont destinés à des collaborateurs d’une agence de conseil et de communication qui ont des horaires hors normes. Les demandes du client étaient d’avoir de grands bureaux, une salle de réunion agréable, une zone salon lounge et un espace reprographie. Les difficultés, pour Juliette Breton, furent la superficie. En fait, les lieux ne font que 40 m2. Il a fallu jouer avec les configurations et de solutions ingénieuses pour répondre aux attentes du client. Un panneau par exemple masque la zone imprimerie reprographie, pour plus de fluidité et de fonctionnalité. Ce dernier est en Varian qui est un matériau composite biosourcé à base de lin et de résine naturelle. Juliette Breton a réalisé sur mesure deux bureaux en marbre vert du Guatemala et avec un piètement en fer effet canon de fusil. Quant à la bibliothèque, elle est en médium peint. Afin de procurer plus de singularité aux espaces, une attention particulière est portée au choix du mobilier. On trouve des chaises de bureaux, une table basse en marbre vert et métal de House Doctor, des étagères en métal doré de Musa, un canapé, un divan en velours et cinq miroirs muraux argentés de Broste Copenhagen, des poufs en velours de La Redoute, une console en métal noir, des rideaux en lin, deux tapis en laine, des chaises de AMPM, une table de réunion Menu et du papier peint dans la salle de réunion de chez Bien Fait. Pour le mobilier extérieur de jardin, on a une table et des chaises Fermob. Importance de l’éclairage. Afin de renforcer la luminosité des spots au plafond, Juliette Breton opte pour des suspensions en laiton de chez House Doctor qui apportent un éclairage plus chaud (2700K). Au-dessus des bureaux sont placés les modèles Bolle de Gallotti & Radice en verre soufflé et laiton bruni. Ces luminaires soulignent l’élégance des lieux et s’harmonisent avec les bureaux. Avec son concept et son savoir-faire grandissant, Juliette Breton a su répondre aux attentes de son client. Tirons notre révérence pour ce projet car il est
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    La féerie du Palazzo Cristo – San Marco retrouvée

    Par Sipane Hoh, le 7 mai 2025
    À Venise, situé entre la place Saint-Marc et le pont du Rialto, le Palazzo Cristo – San Marco se considère désormais, grâce à une réhabilitation et une reconversion menées par les architectes d’intérieur Anna Covre et Frédéric Tubau de Cristo, comme la concrétisation d’une réminiscence. Une réalisation où se mêlent des souvenirs d’enfance, des espaces au passé révolu réaménagés avec bon goût, afin d’offrir à une clientèle privilégiée l’expérience unique à laquelle elle aspirait. La Sérénissime regorge de trésors cachés. L’un d’eux vient d’être non seulement complètement réhabilité mais transformé en maison d’hôtes. Il s’agit de l’ancien palais du compositeur Gioachino Rossini datant du XVe siècle métamorphosé et prêt pour écrire de nouvelles histoires, celles d’une multitude de clients de passage en quête d’aventure. Après des années de restauration, Anna Covre et Frédéric Tubau de Cristo, après le succès du Palazzo Cristo – Castello, leur première réalisation inaugurée en 2018, engendrent un nouveau lieu de vie inspirant et recherché. À la fois propriétaires des lieux et architectes d’intérieur, les deux créateurs, soutenus par les Beaux-Arts de Venise et les artisans les plus compétents de la région, viennent de signer un écrin très caractéristique qui croise histoire et nouveauté, savoir-faire et bien-être, élégance et simplicité. L’édifice, longtemps endormi, se réveille et devient un nouveau lieu de vie. Palazzo Cristo – San Marco appartient à ces joyaux vénitiens qui restent gravés dans les mémoires. D’autant plus qu’aujourd’hui le lieu s’ouvre à tous. Transformée avec soin, la chaleureuse demeure, composée de six appartements privés, accueille des familles ainsi que divers groupes de voyageurs. Le but étant de se sentir comme à la maison. Mais cette maison prend la plupart du temps des allures de conte de fées, car il s’agit de Venise, l’unique, l’incomparable, la mirifique. Qui n’aimerait pas vivre un séjour hors du temps dans l’un des prestigieux palais de la Cité des Doges avec le Grand Canal comme toile de fond ? Une fois la porte d’entrée principale franchie, le visiteur se retrouve dans l’un des prestigieux jardins privés de la ville. Une autre porte plus secrète se trouve côté canal et permet aux gondoles d’accéder en toute discrétion au lieu. Réversibilité, modularité et ductilité. Les deux architectes d’intérieur replacent l’artisanat au cœur de leur démarche, ils ont conçu et agencé les espaces pour qu’ils présentent le meilleur du luxe et du raffinement vénitien. Ce lieu hors norme peut s’adapter à diverses exigences. Les différents appartements sont modulables et flexibles ; à la demande de la clientèle, certains espaces peuvent se regrouper pour n’en faire qu’un. Le duo, habitué à travailler pour des marques internationales de grande facture comme Armani, Lancôme, Saint Laurent, Viktor & Rolf entre autres, a imaginé à Venise une architecture intemporelle mise en avant à travers des matériaux nobles comme la pierre, le bois, le marbre et le métal, un ensemble de textures qui créent un effet des plus subtils. Rappelons que les espaces respirent l’authenticité et sont agrémentés d’une multitude de pièces d’art qui subliment les lieux. Les tons principaux sont le noir et le blanc, tandis que le bois offre une note chaleureuse, la présence de quelques rares teintes apportent

    Laisser un commentaire

    dix-sept − dix =