Architecture, l'esprit du lieu

Quand la cuisine restaure… le patrimoine

Abonnés
Par Lionel Blaisse, le 12 février 2024.
Image
© Chantal Arnts

Le patrimoine offre d’inestimables décors aux chefs cuisiniers, encore faut-il que le concept culinaire associé entre en résonance avec comme au Fiera dont les cordons bleus vous servent dans l’ancienne Bourse du fret d’Anvers.

Extension fin XIXe de la première Bourse du Commerce, le Schippersbeurs anversois vient de se réincarner en restaurant. Son impressionnant décor a été délicieusement remis en œuvre et en scène par Catherine Verbraeken et Alexis Biset pour le compte de Jan Jacobs, le leader du catering belge. Tout semble être aux rendez-vous pour satisfaire papilles et pupilles !

La Bourse et sa vie

Au XVIe siècle, le port flamand devint « la fleur du monde ». Avec 10 000 marchands étrangers pour 100 000 habitants, la cité se revendiquait « la patrie commune de toutes les nations » grâce au commerce qui s’y opérait très librement. C’est en toute logique qu’y fut bâtie dès 1531 la première Bourse avec un marché permanent, plus de trois décennies avant celle de Londres. Ravagée par le feu un demi-siècle plus tard, elle fut reconstruite presque à l’identique, autour d’une grande cour carrée ceinte de colonnades. Mais l’année de siège d’Anvers par les troupes espagnoles entama le déclin de son port au profit de celui d’Amsterdam puis de celui de Londres.

Un hôtel compléta l’édifice au XVIIIe, bientôt partagé avec l’Académie des arts, qui fit couvrir en 1853 sa cour d’une coupole en verre inspirée du Crystal Palace de Londres. L’ensemble fut la proie des flammes cinq ans plus tard.

Reconstruite en 1872 dans le style néogothique brabançon, l’institution se dota d’une Bourse du fret maritime. Sa cour centrale aux allures de place Saint-Marc est depuis surmontée d’une verrière sur une charpente métallique des plus ouvragée.

Galerie d'images (8)
    Partagez cet article autour de vous
    Facebook
    Twitter / X
    LinkedIn
    Pinterest
    E-mail

    Fiera

    Lange Nieuwstraat 14

    2000 Anvers

    Belgique

    Tél. : +32 (0)3 369 23 32

    www.fiera.be

    Verbraeken x Biset

    Jan Van Rijswijcklaan 83 / 4

    2018 Anvers

    Belgique

    Tél. : +32 (0)497 89 06 56

    www.verbraekenbiset.com

    eld

    Jan Blockxstraat 1

    2018 Anvers

    Belgique

    Tél. : +32 (0)3 242 94 00

    www.eld.be

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 54
    Image

    Décor à tout prix !

    Commander

    À découvrir
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Quand la cuisine restaure… le patrimoine

    Par Lionel Blaisse, le 12 février 2024
    Le patrimoine offre d’inestimables décors aux chefs cuisiniers, encore faut-il que le concept culinaire associé entre en résonance avec comme au Fiera dont les cordons bleus vous servent dans l’ancienne Bourse du fret d’Anvers. Extension fin XIXe de la première Bourse du Commerce, le Schippersbeurs anversois vient de se réincarner en restaurant. Son impressionnant décor a été délicieusement remis en œuvre et en scène par Catherine Verbraeken et Alexis Biset pour le compte de Jan Jacobs, le leader du catering belge. Tout semble être aux rendez-vous pour satisfaire papilles et pupilles ! La Bourse et sa vie Au XVIe siècle, le port flamand devint « la fleur du monde ». Avec 10 000 marchands étrangers pour 100 000 habitants, la cité se revendiquait « la patrie commune de toutes les nations » grâce au commerce qui s’y opérait très librement. C’est en toute logique qu’y fut bâtie dès 1531 la première Bourse avec un marché permanent, plus de trois décennies avant celle de Londres. Ravagée par le feu un demi-siècle plus tard, elle fut reconstruite presque à l’identique, autour d’une grande cour carrée ceinte de colonnades. Mais l’année de siège d’Anvers par les troupes espagnoles entama le déclin de son port au profit de celui d’Amsterdam puis de celui de Londres. Un hôtel compléta l’édifice au XVIIIe, bientôt partagé avec l’Académie des arts, qui fit couvrir en 1853 sa cour d’une coupole en verre inspirée du Crystal Palace de Londres. L’ensemble fut la proie des flammes cinq ans plus tard. Reconstruite en 1872 dans le style néogothique brabançon, l’institution se dota d’une Bourse du fret maritime. Sa cour centrale aux allures de place Saint-Marc est depuis surmontée d’une verrière sur une charpente métallique des plus ouvragée. Suite au transfert en 1997 de la Bourse à Bruxelles, le bâtiment vivotera jusqu’à sa fermeture pour insécurité en 2003. Heureusement classé, la ville le rachète en 2012 et confie à l’agence d’architecture locale eld sa reconversion en espace événementiel, la réinstallation d’un hôtel 5* et la création de trois sous-sols de parking. Mise en (s)cène S’attabler chez Fiera se mérite. Une fois votre réservation obtenue et la double porte à vitraux en fond d’impasse franchie, un bienveillant cérémonial temporise l’arrivée au sein du saint lieu après avoir traversé une vaste antichambre magistralement lambrissée de bois sous verrière. La découverte de l’ancienne Schippersbeurs n’en est pas moins une surprise. Sous son longiligne tableau de cotations en ardoise conservé avec sa passerelle, ses boiseries latérales lui confèrent des allures de chœur de cathédrale médiévale. Elle a surtout retrouvé sa fabuleuse verrière, petit chef-d’œuvre de serrurerie, de menuiserie et de verrerie. Entièrement déposée pour intégrer un chauffage par le sol, la mosaïque originelle à caducées – symbole d’Hermès, dieu du commerce – a été reposée à l’identique. Tout au fond, la table du chef s’interpose entre la salle et la cuisine ouverte traitée comme une boîte (dorée) dans la boîte pour éviter tout nouvel… incendie. Banquettes en velours vert bouteille rehaussé de coussins violine, frangées d’écru et de rouge, appliques d’Ann Demeleumeester – l’une des six stylistes de
    Image
    Architecture un lieu

    La nouvelle carte de visite d’Idoine : CO-LAB© !

    Par Nat Lecuppre, le 22 mars 2024
    L’agence d’architecture et de design Idoine vient de changer d’identité et adopte une méthodologie en adéquation avec sa philosophie : CO-LAB©. CO-LAB© repose sur quatre fondamentaux : la COnnaissance, pour comprendre les étapes et les enjeux stratégiques de votre projet, la COmmunication, pour mettre en place la charte esthétique et technique des espaces, la COnception, pour imaginer une prise de parole cohérente, porteuse de votre identité et de vos valeurs sur tout support, et la COnstruction, pour assurer la parfaite exécution des travaux. On retrouve tous ces principes dans les projets d’Idoine comme Reforest’Action. Le projet de Reforest’Action Reforest’Action est un acteur et défenseur de la nature qui agit face à l’urgence climatique et à l’érosion de la biodiversité. Il a pour mission de préserver, restaurer et de créer des forêts dans le monde entier. Son siège social est situé au 10, rue Jacques-Daguerre à Rueil-Malmaison. Face à sa croissance, il a dû envisager de prendre 400 m2 supplémentaires. Et pour son extension, il a fait appel à Idoine afin de concevoir un lieu chaleureux et identitaire. Ces locaux sont voués à recevoir ses collaborateurs, ses clients et ses grands comptes. Il fallait donc une vitrine à son image véhiculant son expertise et son savoir-faire. Le concept d’Idoine Pour fil rouge dans ce projet, Idoine s’est inspiré de l’empreinte de la forêt. On retrouve celle-ci avec des cerneaux de troncs d’arbres dans le graphisme déployé dans tous les espaces et même dans les revêtements de sols souples. Le client souhaitait des espaces marqués, forts, atypiques, fonctionnels et adaptés aux usages de chacun. Les lieux étant linéaires, il s’agissait d’imaginer un parcours ponctué de courbes et de teintes naturelles pour le rendre dynamique. Tout le cloisonnement est cintré avec un revêtement mural aspect bois en clin d’œil à l’ADN de Reforest’Action. Pour l’accueil, les architectes ont imaginé un espace central dans lequel la pièce maîtresse est une sculpture en papier avec une armature métallique de Charlot & Cie. Elle représente un arbre emblématique et poétique. De celle-ci se prolongent les cernes de bois dessinés sur la moquette fabriquée sur mesure. Elle rythme les lieux en délimitant tous les espaces de circulation et de distribution. On trouve également des sculptures du plasticien Sébastien Réal intégrées dans un mur courbe et rétroéclairé. Idoine s’est associé les compétences de l’Atelier Stéphanie Hallaire pour le choix de papiers peints éco-responsables, d’objets décoratifs et mobiliers chinés ainsi qu’une sélection de mobilier en matériaux recyclés et recyclables. Mais Idoine a également dessiné et créé du mobilier comme la banquette courbe à l’accueil. Les espaces sont chaleureux et harmonieux. On s’y sent bien. Ils sont une invitation au ressourcement, à la créativité et au bien-être des collaborateurs.
    Image
    Architecture un lieu

    Un acteur incontournable du retail

    Par Nat Lecuppre, le 3 mai 2024
    Nous avons rencontré Philippe de Mareilhac, président de l’agence MV Design. L’agence d’architecture et de design de lieux est spécialisée dans la création d’espaces à relations fortes, pour des marques désirables et durables, dans le retail et l’hospitality. Philippe de Mareilhac perpétue ainsi l’expertise de son père, Alain, fondateur de l’agence en 1985, et disparu cet été. Le développement de MV Design repose actuellement sur trois piliers : la transformation du retail autour de la relation client, l’omnicanal, l’expérience et la RSE. la diversification vers des projets d’hospitality (bureaux, restauration, résidences services). le développement d’une expertise forte en matière d’économie circulaire et d’éco-conception afin d’aider ses clients retail et hospitality à innover. Ce troisième pilier étant fortement lié à la labellisation B Corp de l’agence, et au partenariat avec le collectif Génération Responsable. Nous avons demandé à Philippe de Mareilhac de partager avec nous sa vision sur le retail. NDA : Pour vous, quels sont les grands changements dans le secteur du retail depuis ces dernières années ? Qu’est-ce qui a totalement disparu ? Philippe de Mareilhac : J’identifie 5 grands changements : La transformation digitale qui continue. Après le click & collect, le web to store et le showrooming, la transformation continue via TikTok et le Live Shopping. Le magasin et les RS sont complémentaires et interdépendants. Les nouveaux usages pour une consommation plus responsable : seconde main, réparation, transition alimentaire, anti-gaspi… Les clients veulent continuer à consommer, mais différemment, et voient dans l’économie circulaire un modèle plus vertueux, et aussi plus économique (cf. les enjeux de pouvoir d’achat). On note le retour du commerçant avec l’importance donnée aux équipes pour créer du lien avec les clients, conseiller, accompagner. C’est le facteur X versus faire ses achats en ligne. Les magasins ne peuvent plus se limiter à être un lieu de stockage. Ils doivent plus que jamais incarner l’expérience de marque, et apporter du plaisir et de l’efficacité aux clients pour justifier le déplacement. Enfin le multi-format. Un réseau, ce n’est plus un concept déployé de manière industrielle et ultra normée sur des centaines de pdv. Un réseau doit être agile et protéiforme, avec des formats et des usages différents, des touches locales dans le design et l’offre produit, et une capacité forte à s’adapter au contexte concurrentiel de sa zone. Quant à ce qui a disparu, je reviens à mon cinquième point sur l’évolution d’un réseau. Avant, on était dans l’hyper industrialisation d’un concept, avec la volonté d’avoir une imagine hyper homogène et systématique partout. Et tous les 5 à 7 ans, on refaisait tout. C’est encore le cas dans beaucoup d’enseignes low cost où le prix est la raison de venue des clients. Pour le reste, les magasins sont devenus plus agiles et modulables en termes de formats, usages et design. Les actifs sont amenés à durer plus longtemps, et le retail staging (cousin du home staging) permet d’actualiser un concept sans tout refaire. De même, en termes de branding, le design est plus subtil et les marques créent des lieux résolument plus lifestyle, et non des boites « hyper brandés » comme dans les années 1980 à 2000. NDA : Quelles sont les tendances émergentes ? PDM : Il

    Laisser un commentaire

    dix-neuf − 15 =