Architecture, l'esprit du lieu

Quand la capitale du Béarn fait Pau neuve

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Par Lionel Blaisse, le 16 septembre 2024.
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Les deux bâtiments en L conçus par les agences CoBe et WEEK Architecture confèrent des airs de bastide à la place Laherrère dessinée par Base, le nouveau cœur battant du quartier Saragosse dont ils finalisent la rénovation ANRU.

Initiée il y a dix ans, cette seconde opération ANRU paloise – concernant 14 000 habitants et pilotée par la Communauté d’agglomération – a permis de réaménager les espaces publics, rénover les équipements collectifs, réhabiliter le parc de logements sociaux et en diversifier l’offre, créer autour d’une vraie place paysagée et son marché hebdomadaire un pôle économique regroupant des acteurs de la formation professionnelle et de la création d’entreprises.

Faux jumeaux.

Ces deux « ailes » d’allure similaire sont pourtant intrinsèquement dépareillées de par leurs dimensions et programme respectifs avec lesquels les architectes jouent subtilement. Ainsi, c’est la façade principale de la « petite » qui cadre la longueur de la place tandis qu’un tiers à peine de celle de sa « grande sœur » borde sa largeur, le reste orientant vers la cité administrative en fond de parcelle. Leurs modénature et matérialité caractérisent leur sororité. D’élégantes arches asymétriques en béton brut bas carbone coulées sur place modèlent un socle minéral sur deux niveaux évoquant les arcades des bastides du Sud-Ouest. L’ossature en sapin pectiné pyrénéen des étages supérieurs est revêtue de bardages en douglas pré-grisé auvergnat et de menuiseries en pin sylvestre corrézien, l’isolation étant en fibre de bois. De généreuses loggias et terrasses en toiture faillent l’optimisation sérielle de leur panneautage.

Un vrai “couteau… suisse”.

Volontairement frugal, le système constructif poteaux-poutres retenu n’en offre pas moins une grande diversité d’usage, y compris ultérieure.

Outre les halls d’accueil sous double hauteur des activités en étages, les socles hébergent majoritairement des services à destination des habitants du quartier : un poste de police, une conciergerie, deux brasseries, des espaces de vente et une salle polyvalente dite de convivialité de 234 m2.

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    Pau Béarn Habitat

    45, boulevard d’Alsace-Lorraine

    64000 Pau

    Tél. : +33 (0)5 59 02 22 88

    www.paubearnhabitat.fr

    CoBe

    30, boulevard Saint-Jacques

    75014 Paris

    Tél. : +33 (0)1 43 66 38 30

    www.cobe.fr

    WEEK Architecture

    21, rue de la République

    64500 Saint-Jean-de-Luz

    Tél. : +33 (0)6 01 09 27 72

    www.week.archi

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 56
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    L'événement

    Shop, le salon pour ­choper le client

    Par Anne-Marie Fèvre, le 8 avril 2023
    Du 4 au 6 avril 2023, à la Porte de Versailles, s’est tenue la rencontre consacrée à l’ensemble de la filière Marketing Point de Vente (MPV). Bilan, et remise de prix lors du gala du 15 juin. Née de la fusion de POPAI (Point of Purchase Advertising International) et de l’A.R.E (Association for Retail Environment), Shop France est une association destinée à servir les intérêts des annonceurs, distributeurs, créatifs, producteurs travaillant dans le domaine du marketing point de vente. Forte de plus de 2 100 adhérents à travers 17 bureaux internationaux, présidée par Posper Hayoun, cette association est la première mondiale dédiée au retail. Elle s’appuie sur la notion « d’expérience client », apparue en 1982 avec les travaux de Holbrook et Hirschman. Une expérience définie comme « un état subjectif de conscience accompagné d’une variété de significations symboliques, de réponses hédonistes et de critères esthétiques ». C’est sur ce terrain subjectif que joue Shop ! Le Salon. Les exposants – producteurs et créateurs de marketing – proposent de nouveaux systèmes de présentations attirantes et de publicité aux clients : mobiliers cartons, bornes, innovations. Ils s’adressent aux grandes et petites marques qui ont sans cesse l’obligation de renouveler leurs mises en scène en fonction de la période. Pour Sandrine Jean, directrice générale de Shop ! Le Salon 2023 a mis à jour les tendances du retail : circularité, réemploi, biosourcing, seconde main, vrac, refill, RSE… « Moins mais mieux, conclut-elle. Le visitorat est certes en baisse, 9 000 personnes, mais plus qualifié, du luxe à la grande distribution. » Se sont tenus des ateliers, une quarantaine de conférences : recherche des solutions concrètes pour diminuer l’empreinte carbone, « omnicanalité » (tous les canaux de contact et de vente possibles) et expériences réelles et virtuelles. À la soirée de gala du jeudi 15 juin au Pavillon d’Armenonville, révélation festive en grande pompe et musique de la 59e édition des Shop Awards ! Sur 116 nominés, les prix ont particulièrement récompensé les producteurs, les créateurs-designers de Strada Marketing, Cameleon Group, Marie-Laure PLV.
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    Architecture, l'esprit du lieu

    La Bureau Therapy

    Par Nat Lecuppre, le 20 mars 2025
    L’agence LBBA-Architecture fait partie des architectes constructeurs et réhabilitateurs qui mettent toujours l’essentiel au cœur de leurs projets. À savoir : l’homme et la préservation de la planète. Depuis 1986, l’agence LBBA-Architecture accompagne les maîtres d’ouvrage dans le repositionnement de leurs biens immobiliers. Elle les conseille pour adapter les immeubles aux nouveaux usages et aux exigences de performance et environnementales. Après de lourdes transformations tertiaires, de logements, d’équipements et même de parkings revisités, l’évolution a poussé LBBA à proposer des rénovations plus légères dans des budgets plus maîtrisés. Pour cela, les architectes ont mis en place une méthode multicritères, appelée la « Bureau Therapy ». La Bureau Therapy. Le concept consiste à définir la programmation de restructuration, de rénovation, de transformation d’immeubles tertiaires vacants ou devenus obsolètes pour les revaloriser et les remettre sur le marché. Cela fait partie intégrante de la démarche globale du « concept building » de LBBA qui allie dans une même conception l’architecture, le design, le paysage et la technique. La crise environnementale et le changement climatique, les transformations significatives de la société, les nouveaux usages, les nouveaux modes de vie et de travail ainsi que les nouvelles contraintes réglementaires font partie des questionnements et des fondamentaux du travail mené par LBBA et de son positionnement développé au sein de son agence avec LBBA-LabClimat. Agir en amont et avec méthode. Pour LBBA, c’est avec l’intelligence collective, créativité et ingéniosité que les projets sont conçus dans le long terme. Il s’agit de repenser l’existant en minimisant l’impact environnemental et de revoir les modes constructifs. Un diagnostic complet est effectué et les compétences de tous (maître d’ouvrage, bureaux d’études, architecte, paysagiste…) sont mises à contribution. Une attention particulière est portée à l’énergie (réemploi, économie circulaire…). Le bâtiment devient un écosystème avec l’intégration d’îlots de chaleur, la de gestion de l’eau et de la biodiversité. Pour le devenir du site, la réversibilité et la mutabilité sont prises en compte. Elles marquent la durabilité et la résilience urbaine. LBBA élabore ses projets autour du partage de ses convictions du travail, de l’habitat et du climat. Pour les nouveaux modes de travail, le monde du travail en pleine mutation depuis la pandémie et l’obsolescence des immeubles force à l’adaptation aux nouveaux usages et modes. Les problématiques sociétales et climatiques sont au centre des questionnements des entreprises et de leurs jeunes talents. Le collectif favorise « la raison d’être bien ensemble ». Espaces tertiaires. Les bureaux d’aujourd’hui doivent prendre en compte les critères d’appartenance et de bien-être, la nature, le climat et répondre aux objectifs carbone de 2050 en offrant un cadre de vie durable et une nouvelle esthétique à l’image de l’époque. L’habitat de demain. Pour demain, on doit penser à un collectif « heureux » pour être positif. L’habitat doit être désirable. Il s’agit d’habiter et non de se loger. Les appartements imaginés seront prolongés sur l’extérieur pour disposer de plus de surface, de lumière et de nature. Le partage est mis au cœur de leur réalisation. Les logements seront un lien social pour une communauté d’habitants qui auront une notion de partage (surfaces communes, services communs (ateliers, laveries, conciergerie, espaces de
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    Urbanisme

    Philippe Chiambaretta, la pensée vive

    Par Anne-Marie Fèvre, le 10 juin 2024
    Cet architecte-entrepreneur, au parcours riche et insolite, nourrit ses réalisations des recherches effectuées dans son agence pluridisciplinaire, PCA-Stream. Du #cloud-paris aux Champs-Élysées, de la tour The Link au Pompidou Massy, il articule le « faire » et le « penser », pour mieux habiter l’avenir ; et le vivant. Rue Vieille-du-Temple à Paris, l’agence PCA-Stream, ruche très contemporaine, rassemble une équipe pluridisciplinaire de 100 collaborateurs – architectes, urbanistes, designers, ingénieurs, chercheurs, éditeurs. Tel un prototype vivant, elle illustre la vision des espaces de travail de Philippe Chiambaratta. Et pas seulement. Car dès qu’il s’installe comme architecte – assez tard, il a 37 ans – il adopte déjà un positionnement. La production qu’il envisage est portée par une vision large de l’archi­tecture, où la ville se situe au centre, comme un fait culturel. C’est son parcours insolite fait de ruptures qui explique cette attitude, et l’élaboration d’une méthode en marche ! Né le 15 juillet 1963 à Carcassonne, il vit enfant avec ses grands-parents, il prend goût au dessin, à la peinture, la photo, l’écriture. Mais il est aussi séduit par les mathématiques. Ses parents, eux, pousseront « ce bon élève » vers les sciences. On le retrouvera tour à tour à l’École des ponts et chaussées de Paris, au MIT (Massachusetts Institute of Technology) de Boston, puis dans une entreprise américaine de conseil. Saut dans le vide, il devient artiste. Bifurcation brutale, il rencontre Ricardo Boffil et travaille avec lui pendant dix ans. Il décide finalement de devenir architecte, sort diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture Paris Belleville en 2000 et crée l’agence PCA en 2001. S’est consolidée sa vision de l’architecture comme « une rencontre entre les sciences et les arts. » Au départ, il ne craint pas les petits projets, comme l’aménagement des Starbucks, où il y observera ce que font les gens dans ce type de lieu. « L’architecture, c’est abriter une fonction humaine, c’est résoudre une équation latente, répondre à une question, questionner cette question. Un client n’achète pas un bâtiment mais une réponse à ses besoins », affirme ce matheux, qui se voit aussi médecin : « La ville est un système vivant sur lequel on doit porter le regard d’un médecin. » Ce qui l’anime, c’est sa volonté d’articuler le penser et le faire. En 2008, il crée la revue Stream, pluridisciplinaire, à l’intersection de l’architecture, de l’art, de l’économie, de la sociologie, des sciences. Pour explorer l’impact des grandes mutations contemporaines sur l’avenir des villes. Ont été prospectés le Bureau de demain, Habiter l’Anthropocène, les Paradoxes du Vivant, et les Nouvelles Intelligences 1. Cette élaboration collective inspirera ses projets. « Il faut penser avant de faire, affirme-t-il, puis penser en avançant. Créer la matière prête à devenir forme et architecture. C’est un travail de l’architecture en soi. » Vont fusionner la recherche et la production dans son agence-entreprise, qui devient PCA-Stream en 2014. Ainsi, chaque projet retentit en effet de la richesse de ce réservoir de réflexions. Comme le CCC11 en 2007, la création de la façade du Centre d’art contemporain de Tours (Indre-et-Loire). « J’aime ce projet. C’est d’abord une idée, une architecture de recherche, sans commande, nous

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