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Architecture, l'esprit du lieu
Quand l’escalier fait la courte échelle à l’impossible…
© Frans Parthesius
Cet article est paru dans le nda #58 et sa consultation est réservée aux abonnés
À découvrir
Noura retrouve une nouvelle jeunesse
Par Nat Lecuppre, le 31 janvier 2024
La mythique adresse libanaise de Paris vient de retrouver toutes ses lettres de noblesse avec le concept de réhabilitation de Laura Gonzalez. L’architecte a imaginé un nouveau décor et une nouvelle identité pour Noura, place de Beyrouth. Le projet concerne les deux adresses historiques de la maison, à savoir la brasserie au 27, avenue Marceau, et le traiteur au numéro 29. Laura Gonzalez procure aux lieux de la chaleur. La Brasserie avec sa cuisine ouverte sur la salle se dote d’un nouveau bar à cocktails et mocktails. L’établissement peut accueillir 80 couverts à l’intérieur et 80 en terrasse. Cette dernière est délimitée par des jardinières carrelées de céramique colorée. Puiser dans l’histoire du Liban Pour son concept d’aménagement, Laura Gonzalez a trouvé son inspiration dans les racines libanaises. Elle a contemplé de vieux clichés en sépia représentant les cafés de Beyrouth de l’avant-guerre civile. Pour son projet, elle a réintroduit des portes et des niches en arc brisé, des corniches en stuc… autant d’éléments qui font la splendeur de l’architecture orientale. Un décor mural panoramique a été commandé à la plateforme artisanale libanaise, Bokia. Celle-ci travaille toujours dans la transmission mais aussi avec un renouveau des techniques de broderie traditionnelles. L’œuvre évoque les pins de la vallée de Bisri. Tout est clin d’œil à la culture levantine. On a des tables avec des plateaux en pierre de lave. Ils sont peints de motifs porte-bonheur (oiseaux, poissons). Les chaises sont décorées de billes de bois des bouliers orientaux. Avec des tonalités solaires et conviviales, elle a imaginé faire voyager au Liban les hôtes tout en restant à Paris. Le décor devait aussi pour elle révéler les saveurs de la gastronomie orientale. Une nouvelle identité visuelle Un jeu de vitrophanie avec des inscriptions telles que Ahla Wa Sahla – « Bienvenue », en arabe libanais–, Sahten – « Bon appétit » – renforce le sens de l’hospitalité de Noura. Pour représenter le côté accueillant oriental, les coloris choisis sont le vert pistache qui symbolise l’espoir, le cumin et des bleus « vivants », comme les désigne l’architecte. La décoratrice crée également un nouveau logo, tout en rondeur, des sacs et des boîtes d’emballages de couleur mais aussi les futures camionnettes de livraison. Nouveau décor, nouvelle cuisine En plus d’une ambiance, d’une décoration, les assiettes sont également revisitées. Désormais de petits plats à partager sont proposés. Ils soulignent les moments chaleureux et amicaux à vivre. Une vente à emporter et de restauration rapide est servie côté traiteur. Dans cet espace, on compte 20 couverts à l’intérieur et 60 en terrasse. On y trouve un bar à mezzés et salades mais également un comptoir à nougats et loukoums, des pâtisseries orientales maison, diverses épices, une cave à vins libanais et des coffrets cadeaux déjà prêts ou personnalisables selon ses envies. Lorsque l’établissement fut baptisé Noura en 1989, signifiant « Lumière » en arabe, cela fut très certainement un très bon présage. Puisqu’aujourd’hui la maison a retrouvé toute sa splendeur et elle illumine à nouveau la capitale. Le concept de Laura Gonzalez sera décliné dans les autres adresses de Noura.
Quand Delphine Carrère opère avec doigté
Par Nat Lecuppre, le 30 octobre 2023
L’architecte biarrote Delphine Carrère vient de signer la réhabilitation d’un hôtel particulier dans le vieux Bordeaux et de le transformer en un cabinet médical singulier. L’approche de Delphine Carrère est toujours sur-mesure alliant avec subtilité design, authenticité et fonctionnalité. Pour cette réalisation, elle a cassé les codes du secteur de la santé et repris des repères de l’hôtellerie. Anthèse La proximité des ruines du Palais Gallien a inspiré le nom : Anthèse, pour un centre esthétique et médical haut de gamme. Les lieux sont confortables, contemporains et discrets pour accueillir les patients. Les espaces imaginés sont chaleureux, intimistes, cosy et chic avec un air de « comme à la maison ». L’hôtel composé de trois niveaux a été entièrement métamorphosé. Dans son concept, Delphine Carrère a choisi de conserver le plus possible les éléments d’origine du rez-de-chaussée (moulures, parquets massifs, sols de l’entrée et de la cuisine). Un bloc ovale habillé de fragments de miroir teinté a créé une capsule entre les couloirs et les salons. Les codes classiques du médical ont été brisés et les lieux se fondent dans leur environnement. Les deux étages ont été revus pour répondre aux normes sanitaires et isophoniques. Le premier étage est dédié au docteur Emma Lavocat et le deuxième à son époux, le docteur Romain Lavocat. Les matériaux retenus soulignent une ambiance apaisante et cosy, du marbre Calacatta au métal cuivré, du bois sombre au bois peint, etc. L’architecte a choisi les couleurs et les matériaux pour obtenir une lecture simple des espaces. Chaque niveau révèle une uniformité monochrome. Au R+1, les teintes sont douces et feutrées quand au R+2, elles plongent les patients dans une ambiance épurée et minimaliste. Pour ce projet, le mobilier et les aménagements ont été créés sur-mesure (bar de la cuisine, bureaux des docteurs, chambres des patients…). Cette réalisation laisse entrevoir que les frontières entre les secteurs de l’hôtellerie, du retail, du tertiaire, du résidentiel… peuvent disparaître au profit de la création de lieux d’exception. Anthèse le prouve.
La Casa Maitò, comme un bijou dans son écrin
Par Sipane Hoh, le 22 septembre 2025
L’attention aux détails, le design raffiné et la capacité de fournir confort et innovation sont les ingrédients de la Casa Maitò. C’est un projet créé avec la plus grande habileté par Archea Associati, l’agence d’architecture italienne fondée à Florence par Laura Andreini, Marco Casamonti et Giovanni Polazzi. La ville balnéaire de Forte dei Marmi s’est imposée depuis les années 1960 comme une destination recherchée par les touristes d’élite, en quête de luxe et d’exclusivité. C’est dans cette contrée qui incarne à perfection la dolce vita de la Riviera italienne, que l’agence d’architecture internationalement connue Archea Associati a réalisé la Casa Maitò, un équipement innovant qui a pour objectif la représentation d’un nouveau concept d’hôtellerie en offrant une expérience d’hospitalité unique et exclusive avec ses dix suites et ses nombreux espaces communs conçus avec raffinement. Sous ses airs sages, sa forme géométrique et ses façades rythmées enveloppées d’une résille perforée, l’édifice comporte quelques surprises. En effet, les intérieurs sont exubérants, expansifs et panachés. C’est tout l’art et le savoir-faire d’Archea Associati qui y a été déployé. Des espaces en accord avec les diverses exigences d’une clientèle pointilleuse. L’hôtel couvre une superficie totale de 1 950 m² répartis sur cinq étages, dont un situé en sous-sol. Au rez-de-chaussée, le visiteur accède aux principales pièces dédiées à la convivialité, notamment le hall, le bar, le restaurant ainsi que les salons. Le restaurant dispose d’une partie intérieure et d’une autre extérieure, cependant une particularité attire l’attention : l’une des tables est impressionnante, en forme arquée, juchée du haut de ses 110 cm au-dessus d’un sol en verre, elle assure aux convives une vue sur la piscine thermale située au sous-sol. L’ambiance est encore une fois prodigieuse et les matériaux utilisés croisent luxe et apparat. Les trois étages de l’hôtel abritent sept suites toutes conçues pour assurer un maximum de confort et d’intimité. Le sous-sol, quant à lui, est entièrement dédié au bien-être, avec un spa équipé d’une piscine, d’un sauna, d’un espace massage et d’autres pièces pour les soins de beauté. Le rez-de-chaussée abrite également la cuisine, alimentée exclusivement par l’électricité et équipée de technologies BMS (Building Management System) ou GTB (Gestion Technique du Bâtiment), un système informatique permettant de superviser les équipements installés dans un bâtiment afin qu’il soit plus économe en énergie, plus confortable ainsi que plus sûr, il s’agit d’un label conforme à l’industrie 4.0. La cuisine, organisée en deux zones fonctionnelles, est desservie par deux monte-charges qui la relient directement à la salle de dégustation située au deuxième étage et à la cuisine-pâtisserie située en mezzanine. La salle de dégustation du deuxième niveau reprend le nombre de tables du restaurant du rez-de-chaussée, avec l’ajout d’un cave à vin et d’un espace privé revêtu d’acier et de verre ambré, idéal pour accueillir une salle multimédia, pour la télévision ou la vidéoconférence, ou pour créer un cadre plus intime et exclusif. Cet espace est enrichi par deux terrasses latérales donnant sur la place Marconi et une grande terrasse entièrement recouverte de marbre, surplombant la mer, où