Urbanisme

TROYES, entre Vitrail et Bricorama

Abonnés
Par Anne-Marie Fèvre, le 27 avril 2023.
Image

La ville champenoise, longtemps endormie entre ses joyaux médiévaux et ses périphéries marchandes, se réveille avec l’inauguration de l’ESTP, grande école des travaux publics, et sa lumineuse Cité du vitrail.

Quand on arrive à Troyes, ouf, le quartier de la gare est enfin en travaux ! Devraient surgir là vers 2023 un complexe immobilier avec un hôtel quatre étoiles, une résidence pour seniors, une autre destinée aux étudiants, des commerces… Car, pendant plus de dix ans, cette place a été tristement à l’abandon, des herbes folles poussaient sans gêne dans l’ex-brasserie Barboussat jadis si populaire. En plus, le TER qui relie Paris à Troyes est souvent imprévisible, ou supprimé. Ce n’est pas une bonne réclame pour la ville ! Des préaménagements de cet « îlot gare », futur « pôle d’échange multimodal », l’ont un peu amélioré. Un petit jardin-promenade plaisant, où l’eau court, avec de vrais bancs, de vrais arbres, entraîne mieux vers le centre de cette belle médiévale. Elle si vivante jadis, qui a longtemps été sacrée Capitale de la province et Comté de Champagne à partir de 1418, puis « reine de la maille » vers 1820, est une rescapée.

Il a bien fallu la faire revivre, cette princesse ouvrière textile, quand elle est tombée en déclin dans les années soixante-dix. 25 000 ouvriers, surtout des ouvrières, travaillaient dans cette filière qui n’en compte aujourd’hui plus que 3 000, entraînant dans sa chute la métallurgie liée au textile. Entre chômage, usines ancestrales vides, elle a vécu une vertigineuse perte d’identité. Troyes s’est reconvertie en partie vers le commerce pour devenir la capitale européenne des centres de marques, exilés dans ses banlieues. Des usines ont été réhabilitées en logements telle Mauchauffée, rue Bégand. Le roi de la culotte Petit Bateau (groupe Rocher) a résisté, prône le bio et la vente en seconde main pour « changer demain ». Plus récemment, le tricoteur Bugis, France Teinture, les chaussettes Tismail se sont réimplantés. Les voici menacés par la hausse des prix de l’électricité et du gaz1.

Galerie d'images (32)
    Partagez cet article autour de vous
    Facebook
    Twitter / X
    LinkedIn
    Pinterest
    E-mail

    ESTP campus de Troyes

    1, rue Fernand Sastre

    10430 Rosières-près-Troyes

    Tél. : +33(0)3 25 78 55 00

    www.estp.fr

    Architecte Jean-Pierre Lott

    31, rue Coquillière

    75001 Paris

    Tél. : +33(0)1 44 88 94 95

    www.jplott.fr

    Cité du Vitrail

    31, quai des Comtes de Champagne

    10000 Troyes

    Tél. : +33(0)3 25 42 52 87

    www.cite-vitrail.fr

    www.route-vitrail.fr

    La Champagne Tourisme

    16, rue Aristide Briand

    10000 Troyes

    Tél. : +33(0)3 25 82 62 70

    www.troyeslachampagne.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 52
    Image

    Quartiers revisités, le renouveau

    Commander

    À découvrir
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Louez en seigneurs du désert à… AlUla

    Par Lionel Blaisse, le 5 janvier 2024
    Au nord-ouest de l’Arabie saoudite, les oasis de la vallée d’AlUla – aussi vaste que la Belgique – accueillent depuis peu les touristes, plusieurs millénaires après les premiers chasseurs-cueilleurs du paléolithique. Au carrefour des civilisations, plusieurs royaumes y ont laissé des trésors archéologiques dans des paysages naturels époustouflants. La pétromonarchie saoudienne s’est associée à la France pour développer cette région et l’ouvrir au tourisme. Enseigne de luxe singapourienne entrée dans le giron du Groupe Accor, Banyan Tree vient d’y ouvrir un glamping1 des plus « tentants » imaginé par l’agence parisienne AW2. Un site naturel béni des dieux Cette immense vallée – située à 150 km de la Mer Rouge et à une altitude de 700 m – alterne dunes, pitons de grès ou de basalte et oasis grâce à des nappes aquifères à une dizaine de mètres de profondeur. Traversée par la route de l’encens, commerçants, agriculteurs et éleveurs s’y sédentarisèrent il y a 2 600 ans. Dadan en fut la capitale avant que la tribu de Lihyan n’y établisse son royaume. Puis elle devint, à l’orée de notre ère, la province orientale du royaume de Nabatène – connu à ce jour pour les célèbres nécropoles rupestres de sa capitale Pétra en Jordanie. Ainsi, la ville saoudienne d’Hegra ne compte-t-elle pas moins de 1 100 tombeaux nabatéens similaires, non moins spectaculaires. Elle appartint à l’empire romain puis entama sa période islamique marquée par la présence ottomane avant d’intégrer l’Arabie saoudite (province de Médine) dès sa création en 1932. Ainsi jouit-elle d’un patrimoine naturel, archéologique, culturel2 et agricole exceptionnel que compte valoriser le plan Vision 2030 arrêté en 2016 par le gouvernement afin d’anticiper la sortie de la rente pétrolière du royaume. Camping glamour C’est sous la bannière de l’enseigne singapourienne Banyan Tree que le groupe Accor a choisi de contribuer à ce projet co-piloté par la Commission Royale pour AlUla et l’Agence française pour le développement d’AlUla (Afalula)3. Son complexe hôtelier s’est implanté dans la vallée d’Ashar – au pied de pitons rocheux ocre rouge à une quinzaine de kilomètres d’Hegra – non loin du Maraya Hall. Cette très récente salle d’exposition, de conférence et de spectacle est actuellement le plus grand édifice au monde entièrement habillé de miroirs. Mais pas question de succomber ici aux délires et à la démesure des architectures hôtelières des émirats du golfe persique. Stéphanie Ledoux et Reda Amalou, les fondateurs de l’agence parisienne AW2, défendent depuis vingt-cinq ans au travers de très nombreux projets réalisés à l’étranger4, dont plus d’une dizaine d’hôtels de luxe et d’éco-resorts, une architecture fusionnelle épousant les cultures locales et se fondant respectueusement dans la beauté de leurs sites balnéaires, alpins, tropicaux ou désertiques. Ils vont donc y emprunter leur concept à la culture bédouine en proposant de disséminer – sans s’y perdre – dans cette étendue de sable 47 tentes abritant, ombrageant, rafraîchissant les unités d’habitation (d’une à trois chambres). Afin de réduire leur empreinte « furtive » dans le paysage, ces dernières sont « composées d‘une plateforme très simple, avec une structure en maçonnerie enduite dont la teinte et la matière évoquent les rochers
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Egeo, label hellène de restauration

    Par Lionel Blaisse, le 12 août 2024
    Plus que de l’espace ! Telle est la signature de l’agence Masquespacio sollicitée par la jeune chaîne de restaurants de  souvlakis Egeo pour implanter son troisième établissement à Valencia, après Madrid. Cruel dilemme pour Christophe Penasse et Ana Milena Hernandez Palacios, les concepteurs, de devoir restreindre leur créativité dans leur propre ville, où leurs nombreuses interventions plutôt décoiffantes dans la restauration ont concouru à leur renommée internationale. En effet, leur commanditaire ne souhaitait pas ici trop s’éloigner de l’ambiance de ses deux premières adresses madrilènes. (Ac)cueillir les clients. Un immeuble Art déco parfaitement symétrique de cinq étages dans l’Eixample valencien dont l’enduit vert olive est souligné par le blanc des éléments de modénature. Porte d’entrée centrale pour accéder aux étages, encadrée de deux étroites vitrines précédant les deux baies libres latérales commandant chacune un restaurant : un scandinave à gauche, un grec à droite. Un grand linteau blanc reposant sur une corniche oblongue signale le second, dont le seuil constitue un sas bicolore en partie ouvert. Adossées aux parois immaculées, des banquettes maçonnées y tiennent lieu d’assises agrémentées de coussins tandis qu’émergent de la résine outremer du sol quatre guéridons. Un longitudinal vitrage enchâssé dans une volute de staff et une large porte géométriquement vitrée à galandage – tous deux sertis d’une menuiserie bleue – donnent à voir la salle de restaurant. Blancheur éthérée et Klein d’œil. Deux couleurs emblématiques caractérisent l’architecture vernaculaire des Cyclades. Les enduits à la chaux crépissent d’un monochrome blanc rafraichissant les maçonneries aux morphologies simples des constructions insulaires, à l’exception de l’outremer des menuiseries extérieures et des quelques toitures dérogeant à la terrasse. Le concept de Masquespacio se délecte de cette dichotomie chromatique à laquelle s’ajoute le bois brut des plateaux de tables, des tablettes murales et des archaïques tabourets. Plafonds, murs, cloisons, appliques, table d’hôtes, banquettes, dosserets et sol se fondent en une enveloppe immaculée que nuancent d’ombres portées les reliefs, les courbes et les niches. Une grande verrière rétro-éclairée plombe de lumière l’arrière salle. L’ambiance n’en est pas pour autant aseptisée grâce à toute une série de « Kleins » d’œil, certes inspirés de la culture folklorique hellénique sans sombrer dans le kitsch du pastiche. Combien de colonnes cannelées à chapiteaux surtout corinthiens estampillent les échoppes et tavernes servant des souvlakis ? De facture numérique et à chapiteau dorique, celles d’Egeo à Valencia sont fragmentées, leur chair minérale étant comme dévorée jusqu’à leur ossature lumineuse en tubes LED. Parfois, leur réduction à leur seul couronnement les mue en futiles consoles. Le bar qui articule les deux espaces de restauration semble avoir emprunté son design à une installation d’art contemporain électrisée de bleu. Plusieurs accessoires d’art de la table parsèment de la même couleur marine les pittoresques agapes. Détourner et dépayser avec malice mais sans trahir : mission accomplie.
    Image
    Parcours

    Constructa, une entreprise hors pair désormais hors père

    Par Lionel Blaisse, le 27 juillet 2023
    Présidé durant plus de 40 ans par Marc Pietri jusqu’à sa mort prématurée début 2020, le très atypique groupe familial de services immobiliers est désormais dirigé par un architecte toujours en exercice… son fils Jean-Baptiste Pietri ! Constructa a exercé sa passion pour l’humain, l’architecture et la ville d’abord à Marseille et sa région, puis aux USA avant de revenir dans l’hexagone pour participer activement à la requalification des villes moyennes, trop souvent délaissées. Après la tour La Marseillaise de Jean Nouvel, celle de la Porte Bleue – conçue par Jean-Baptiste Pietri – viendra parachever Les Quais d’Arenc. Seront aussi livrées prochainement deux opérations « chorales » au bord de l’eau, Les Jetées à Huningue (Bâle) et Les Carrières Blanches à Dijon. Une multitude de raisons, donc, pour retracer dans ce numéro le parcours hors norme de ce leader du secteur avec son nouveau président à la double casquette. NDA. L’histoire de Constructa est suffisamment atypique pour que vous nous la relatiez. Jean-Baptiste Pietri : Constructa a été créée en 1964. Mon père, Marc Pietri, entre alors dans cette petite entreprise de commercialisation comme secrétaire général avant de la racheter quelques années plus tard et de la développer sur le territoire sud marseillais. À cette époque, il n’y avait pas énormément de projets d’achat sur le secteur, la VEFA 1 n’existant pas alors, on construisait encore l’immeuble en blanc dans lequel on aménageait un appartement témoin avant de pouvoir commencer à le commercialiser. Constructa va devenir un leader régional puis national en matière de commercialisation de logements résidentiels. À la fin des années 1980, mon père est appelé à la rescousse par plusieurs de ses gros clients français 2 ayant investi aux USA dans des projets immobiliers alors en souffrance. Les USA n’étaient pas l’eldorado qu’ils avaient imaginé et pour certains ce fut plutôt le Far West – un territoire « piégeux » disait mon père – où ils se sont fait dépouiller. Comme eux, le plus grand entrepreneur du monde actuel, Bernard Arnault, y a tenté – en vain – sa chance, après avoir vendu Férinel. Pour essayer de sauver les fonciers « plantés » dans les actifs, Constructa a monté sur place des équipes qui, pour mieux appréhender le marché américain et ses pratiques, vont se familiariser à la gestion immobilière en matière d’asset management et de property management, encore inconnus en France où Constructa les importera. En 1991, l’entreprise redéveloppe avec succès le Coco Walk à Miami (pour le compte de la Banque Worms) – la plus grande référence américaine de centre commercial – en l’ouvrant sur l’extérieur et en y intégrant des cinémas, des restaurants pour lui donner une dimension festive. Cette opération va lancer Constructa aux États-Unis où l’entreprise va rester vingt ans et y produire quelques projets emblématiques que ce soit comme promoteur (1500 Ocean Drive ou Mary Brickell Village à Miami) ou gestionnaire, mais aussi comme AMO 3 pour le compte de tiers. Ce fut notamment le cas pour l’hôtelier Accor qui aspirait à y repositionner l’enseigne Sofitel dans les standards

    Laisser un commentaire

    19 + 15 =