Architecture, l'esprit du lieu

Un nouveau Mirador à Paris

Par Nat Lecuppre, le 2 juin 2025.
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© Laurent Kronental

Maud Caubet est une architecte incontournable d’aujourd’hui. L’architecte a fondé son agence Maud Caubet Architectes en 2006. Elle est chevalier des Arts et des Lettres (2023) et membre de l’Académie d’architecture (2022).

Une architecture durable.

Son écriture architecturale traduit l’art de vivre ensemble en alliant dans chacun de ses projets l’existant, l’environnement géographique, urbanistique, social et le côté intemporel. Ses réalisations permettent d’envisager plusieurs usages dans le temps.

Pour elle, l’architecture est un moyen au service de l’humain, de la société, de son évolution.

Tour Racine.

En novembre dernier, Maud Caubet a livré la tour Racine dans le 12e arrondissement. Le maître d’ouvrage Alderan (SCI Ewok) lui a confié la réhabilitation d’une tour de 35 mètres qui était l’ancien siège de l’ONF. La tour Racine est juxtaposée à Sorbonne Nouvelle et trône dans un quartier résidentiel. Cet édifice construit en 1970 par les architectes Deschler, Thieulin et de Vigan était devenu obsolète. Avec Maud Caubet, il retrouve une nouvelle jeunesse. Sa superficie est de 6 081 m2. L’architecte a revu son architecture en lui apportant une nouvelle cime et des extensions.

La tour était construite sur dalles et sans végétation. Le fil rouge du concept de Maud Caubet, qui aspire à toujours tisser des liens entre architecture, design et paysage, a été de redonner un sol fertile au site. Le jardin imaginé à l’origine est revisité en un palier terrassé. Les courbes des extensions du sous-sol au premier étage s’étendent dans une logique où la nature reprend place. Une toiture nourricière de 175 m2 chapote le bâtiment.

Revisiter les sous-sols.

Deux niveaux du parking sur cinq sont transformés pour devenir des espaces habitables lumineux. Un patio courbé de 12 mètres de profondeur a été créé. Il permet d’ouvrir de nouveaux espaces sur le jardin. La rampe du parking est réutilisée pour devenir un lieu atypique ouvrant sur le patio. La forme originelle du bâtiment est conservée. L’extension de Maud Caubet fait écho à celle-ci. Elle donne une note contemporaine en encerclant la tour et en contournant les arbres du jardin.

Flexibilité des espaces.

La conception de l’architecte a pris en compte l’évolution du site dans le temps. La programmation prévoit de multiples usages par la suite. En prévoyant de futurs usages possibles en amont, le coût des adaptations est minimisé. La configuration de la tour Racine se prête à de futures transformations. La trame des poteaux dalles est répétitive. Les circulations verticales favorisent une réversibilité des espaces. La tour peut offrir des services hôteliers, du coliving, des logements étudiants mais également des activités sportives et de services. Les extensions sur une double hauteur et la création d’une serre bioclimatique renforcent les déclinaisons d’usages divers. Ce nouveau mirador est un lieu de vie. On peut y vivre, y travailler, y étudier et s’y divertir tout en cultivant un jardin.

Une signature architecturale.

Maud Caubet a remplacé l’ancien attique du 10e étage par une charpente en bois pour créer une serre telle une couronne en verre. Celle-ci marque l’architecture de la tour et l’intègre dans son environnement. Elle abrite un café et une agriculture urbaine. Elle est accessible à tous les usagers de la tour. Cet espace arboré et lumineux offre une vue imprenable sur la capitale. La nuit, il devient un repère dans la ville.

La tour Racine est une véritable signature architecturale. Elle ne fait que confirmer le talent et l’ingéniosité de l’architecte Maud Caubet.

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    Tour Racine

    2, avenue de Saint-Mandé

    75012 Paris

    Maud Caubet Architectes

    2, avenue Parmentier

    75011 Paris

    Tél. : +33 (0)1 88 32 33 00

    www.maudcaubet.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 60
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    Agilité, Flexibilité, Réversibilité

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    Patrimoine et contemporanéité

    Par Nat Lecuppre, le 9 janvier 2025
    Le Studio d’architecture et de design Studio Vincent Eschalier est reconnu pour son savoir-faire et son ambition de créer des lieux singuliers aux détails soignés associant brutalité de l’existant et noblesse des matériaux défiant toute temporalité. Tout récemment, Vincent Eschalier a réhabilité un immeuble du XVIIe sur les Grands Boulevards à Paris. À proximité du Grand Rex, l’immeuble dont l’entrée se fait au 38, rue du Sentier, était autrefois une bâtisse familiale. Au fil du temps, de ses propriétaires et des usages, son architecture a été modifiée. Il a connu la création d’ailes, de verrières, des travaux de surélévation… L’édifice, réparti sur 3 000 m², dispose de cinq étages et d’un sous-sol. Pour l’architecte, le site détenait un haut potentiel architectural et patrimonial. Comme il excelle dans ce domaine, il a su conjuguer à la perfection passé et modernité. L’immeuble accueille un siège social et des commerces en rez-de-chaussée. Des éléments sont restaurés à l’identique comme les façades qui conservent leurs volumes historiques en adéquation avec l’architecture vernaculaire. Seul le socle commercial est revalorisé par un nouveau revêtement en granite gris foncé, plus contemporain. Les espaces de travail conçus sont sobres et mettent l’accent sur le bien-être des usagers. Dans un souci d’harmonie et de cohérence, le Studio Vincent Eschalier a eu en charge le choix du mobilier. Des bureaux créés sur mesure par MVE-Collection, la branche design du Studio Vincent Eschalier, sont en bois clair et gomme de lin. Des pièces de designers comme Axel Chay, Margaux Keller, Duplex Studio et des maisons d’édition (Silvera, Movimento, Petite Friture) sont sélectionnées. Pour aérer les lieux, des plantes prennent place à tous les niveaux. Tout est pensé dans le moindre détail pour optimiser les espaces. Des placards sur mesure sont installés dans les tisaneries et les espaces de travail. L’ambiance souhaitée pour l’aménagement intérieur est décontractée, sobre et lumineuse. Les murs laissés bruts se conjuguent avec les essences de bois retenues. L’atmosphère est donc plus chaleureuse. Les éléments techniques et structurels sont laissés apparents au plafond. Pour une uniformité, ils sont peints en blanc. Les escaliers d’origine sont conservés et rénovés. Un revêtement minéral marque les espaces de vie et de circulation. Les sanitaires sont parés de pavés en terre cuite et l’atrium de dalles de pierre posées en opus incertum (technique de pose de dalles de dimensions et de formes différentes et de manière aléatoire). La cour centrale – surplombée d’une imposante verrière – devient un lieu de vie baigné de lumière naturelle. Aux derniers étages, un second espace de vie bénéficie d’un accès direct à la terrasse depuis une mezzanine, offrant aux usagers offrant un véritable écrin de nature au cœur de la ville. Cette réhabilitation vient s’ajouter à la liste des projets couronnés de succès de l’architecte et de ses équipes.
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    Architecture un lieu

    La Grande Arche de Franklin Azzi

    Par Nat Lecuppre, le 1 mars 2024
    Inaugurée en 1989, l’Arche de la Défense est devenue au fil des années désuète, inadaptée au monde du travail d’aujourd’hui. Pour Weinberg Capital Partners, il s’agissait de faire de ce mythique bâtiment un immeuble de bureaux contemporain. Franklin Azzi Architecture Pour cela, WCP a fait appel à Franklin Azzi Architecture, agence reconnue pour son approche transversale interdisciplinaire. Les architectes conjuguent avec un véritable savoir-faire architecture, architecture d’intérieur, design et art contemporain. Ils ont un positionnement très marqué dans le réemploi avec une capacité de création et d’innovation. L’agence détient son propre laboratoire de recherche et d’innovation afin de pouvoir trouver de nouvelles solutions et procédés. Dans tout projet, l’humain est placé dans l’environnement. Les contextes, méthodes de fabrication et matériaux sont étudiés en amont. L’évolution des usages est intégrée dès la conception. Le concept architectural Avant toute chose, le fonctionnement du site devait être repensé. Ce bâtiment considéré comme un monument contemporain devait retrouver toutes ses lettres de noblesse. Il s’agissait de conjuguer le passé et l’histoire de la Grande Arche avec le XXIe siècle. Le projet de Franklin Azzi révèle l’architecture originelle et anticipe ses différentes évolutions possibles ainsi que les enjeux environnementaux. Configuration du site L’édifice est un cube vide et emblématique du XXe siècle. Ses 110 mètres sont valorisés par le marbre de Carrare blanc qui le recouvre. Pour rendre plus lisible et attractif le site, les espaces existants sont repensés avec en plus de nouveaux usages. Franklin Azzi a eu en charge la rénovation du socle de cet IGH, le R+3 et les accès au rez-de-chaussée. Parmi les nombreux défis à relever dans cette réalisation, il fallut agir en site occupé. Révèler le squelette de l’Arche Le travail sur le socle a été de le rendre actif et de l’ouvrir sur la Défense. Afin de le dynamiser et d’en faire une destination à part entière, des programmes et des services sont imaginés. Tout d’abord, l’architecte a souhaité libérer les couches additionnelles qui se sont rajoutées au fil des années. Ainsi, on peut retrouver une lisibilité du squelette en béton de l’œuvre architecturale. La trame initiale est reprise et des espaces réversibles sont dessinés. Les contraintes techniques et le confort d’usage ainsi que l’histoire des lieux sont pris en compte. Vivre et habiter Afin de donner une dimension humaine au bâtiment (paroi Nord), des kiosques sont implantés. Du mobilier créé sur mesure par les architectes prend place dans différents espaces qui deviennent ainsi des lieux de vie flexibles. Le confort des utilisateurs est le fil conducteur du projet. Des espaces existants sont requalifiés. Les problématiques des lieux étaient le manque d’ouverture, de lumière et de transparence. Les architectes ont ouvert la perspective et créé des situations traversantes. Ainsi le bâtiment devient compréhensif. Pour plus de lisibilité, les flux ont été analysés, hiérarchisés et clarifiés. Ils sont rendus plus intuitifs pour les utilisateurs. Une attention particulière est portée à la signalétique. Elle est réalisée par Yorgo Tloupas. Visite des lieux L’entrée principale s’effectue sur le parvis de la Grande Arche en haut des escaliers, au R+3. Les faux-plafonds et les cloisonnements
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Cartier à Bruxelles réenchanté

    Par Nat Lecuppre, le 14 avril 2025
    Le Studio Friedman & Versace, créé par Virginie Friedmann et Delphine Versace, a la particularité de concevoir des lieux d’art de vivre uniques. Tout récemment, le duo a écrit une nouvelle page de Cartier en redonnant une nouvelle vie à la boutique de Bruxelles. Ode à la Belgique. Dans ce projet, le studio d’architecture met à l’honneur la Belgique et le surréalisme. Les lieux imaginés sont une invitation à la rêverie et au monde fantasmagorique. L’art et la nature sont réunis. Les peintres belges tels que Louis Van Lint retranscrivent en peinture les émotions ressenties au contact de l’espace naturel, tandis que des références comme Victor Horta et ses motifs végétaux sont également présentes dans ce projet. Artisanat d’art et écoresponsabilité. Le Studio Friedman & Versace métamorphose les lieux en un bijou d’artisanat d’art écoresponsable. En fait, toutes les techniques écoresponsables sont mises en œuvre avec les artisans qui ont collaboré. La boutique est un véritable parcours artistique et féérique. On découvre en premier un tableau poétique sur l’éclosion avec les fleurs brodées inspirées des créations Cartier de Laurentine Perilhou. Elle utilise pour celui-ci la technique du macramé. Ensuite, un second espace lève le voile sur un bas-relief reprenant l’emblème de la maison, la panthère. Elle est représentée dans les serres Royal de Laeken. Les artistes Blundell & Therrien utilisent la technique de Gaudi, à savoir le papier maché. Sur un mur dédié aux créations horlogères, Antonin Lamoot reprend la technique du guillochage pour symboliser les cadrans des montres Cartier. Son interprétation lyrique du changement des saisons est valorisée dans un tableau contemporain et graphique voire surréaliste. Une porte en vitrail courbée signée Raphaëlle Collette ouvre sur un salon privé. La source d’inspiration est le jardin des Ursulines. Pour sa réalisation, deux techniques sont utilisées : le sertissage au plomb et la technique Tiffany. Le salon expose un lustre en verre qui constitue un clin d’œil à la canopée et son feuillage. Au sol, les artisans italiens de la société Flooma ont imaginé un plancher aux motifs de nénuphars en bois durable. Les créations de la maison sont des sources d’inspiration, comme les corniches qui rappellent le bracelet Tutti Frutti de 1925. La façade du bar de l’Atelier Tollis est semblable à un puzzle en céramique. Le décor floral et végétal évoquant le ruissellement de l’eau est le résultat de la technique des émaux cloisonnés des Céramiques du Beaujolais. Allant jusqu’au bout d’une démarche environnementale, le Studio Friedman & Versace a mis l’accent sur des matériaux écoresponsables ainsi que locaux. On a donc les textiles de la maison Luc Druz, du staff de l’entreprise Gesso, des revêtements muraux d’Omexco. Les tapis sont en fibre recyclée (econyl), la marqueterie est de bois certifiés FSC, le sol du jardin d’hiver est en briquettes recyclées de poudre de pierre… Les lieux sont une véritable vitrine d’exception des métiers d’art. Ils subliment l’art, la nature et le savoir-faire. Ils vous transposent dans un univers poétique et harmonieux made in Belgium. Ce projet vient compléter la liste des réalisations prestigieuses du Studio Friedman & Versace.

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