Architecture, l'esprit du lieu

Une étoile scintille depuis le Maroc

Par Nat Lecuppre, le 17 mars 2025.
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C’est une femme éclectique, aux mille et un talents, anticonformiste. Telle une étoile filante, elle brille dans tous les cieux de la mode, des accessoires, du parfum, de l’architecture d’intérieur… Il s’agit bien entendu de Stella Cadente.

La flamme qui l’anime est sûrement l’émerveillement de la vie. Elle la croque à pleine dent. Elle ravive les lieux avec nuances et matières. La couleur lui permet de traduire sa passion. On reconnaît sa griffe dès le premier coup d’œil. Aucun de ses projets ne laisse indifférent. Tout récemment, cette épicurienne qui vit à Marrakech a réalisé avec son associé, Florian Claudel, l’hôtel Indigo Bordeaux Centre Chartrons.

Le groupe IHG souhaitait un établissement au cœur de la ville mais à l’image du Cap-Ferret. Stella Cadente Studio a donc trouvé sa source d’inspiration sur la côte Atlantique. Leur concept a été de créer une ambiance chic et décontractée pour ce quatre étoiles de 100 chambres et suites, situé au 18, Parvis des Chartrons.

Dépaysement assuré.

Les architectes d’intérieur ont repris les éléments locaux tels que les cabanes de pêcheurs et les magnifiques villas de l’Océan. Les décors imaginés plongent les hôtes dans une immersion totale et leur assurent un séjour authentique. Pour créer cette ambiance, les matériaux retenus sont naturels (bois…). Au sol, du carrelage renforce ce côté chaleureux et vrai. Les couleurs douces et les textures organiques sont un clin d’œil à la nature environnante.

Dans les chambres au style raffiné, une place primordiale est donnée au confort. Le mobilier a été chiné dans les brocantes des Chartrons pour renforcer le côté authentique et personnalisé. L’atmosphère est cosy. La convivialité et la détente se retrouvent dans les espaces communs. On découvre des espaces de vie ouverts et lumineux. Les lieux favorisent les échanges. De grandes tables, habillées de zellige (mosaïque ornementale marocaine), invitent les hôtes à des apéritifs mais aussi au coworking la journée.

Dîner au 7e ciel.

Le rooftop est animé par un univers coloré et chatoyant. Les couleurs sont acidulées (corail, turquoise, jaune clair). Il est dédié aux espaces de restauration (bar, dîner, apéritifs, snacking). Le mobilier marie zellige et rotin. Les styles d’assises sont variés et de hauteurs différentes. Le décor créé transporte les hôtes dans les cabanes à huîtres de la dune du Pilat.

Côté restauration, l’offre food a été traitée par Paris Society, et Stella Cadente Studio a travaillé sur la déco. Le restaurant appelé Le Tchanqué évoque les cabanes en bois perchées sur pilotis, les cabanes tchanquées. La table du chef dans une alcôve offre une vue exceptionnelle sur la Garonne. On retrouve la signature de Stella Cadente Studio dans la salle de restauration circulaire. Des panneaux panoramiques de ciel et de nuages parent la rotonde. Un ensemble luminaire constitué de boules de rotin bleu trône au centre de l’espace. Il renforce l’impression de flottaison et d’univers.

Les chambres se déclinent dans trois couleurs et reflètent le bassin d’Arcachon, la dune du Pilat et les cabanes ostréicoles. La chambre Sunset est couleur corail clair, la Pilat en jaune acidulé et la Lagune en bleu lagune. Toutes sont agrémentées d’objets et accessoires chinés. Ils marquent l’histoire des lieux. Les dessins du Studio Stella Cadente imprimés par la Maison Thevenon sur les coussins, les rideaux et les jetés de lit soulignent l’ambiance de villégiature imaginée. Le sur-mesure est de mise pour créer un établissement unique. Stella Cadente Studio a dessiné les panoramiques en tête de lit.

L’hôtel connaît un véritable engouement de la part de ses hôtes car il est à l’image d’une maison de vacances au Cap-Ferret. Cet établissement renforce l’image que nous avons du travail de Stella Cadente Studio. Chaque détail est important. Tout doit être beau, chic, décontracté et singulier.

Afin de connaître sa vision de l’hôtellerie et de cerner sa personnalité, nous avons rencontré Stella Cadente.

Nda : Comment définiriez-vous votre conception de l’hôtellerie ?

Stella Cadente : Les hôtels que nous réalisons conjuguent une expérience à vivre et une attention poussée des détails décoratifs, tout en restant vigilant à la sécurité (bougies, coussins, fleurs séchées…). On ose prendre des risques en utilisant des couleurs que j’appellerai « dangereuses », mais qui racontent les lieux et leur passé. L’éclairage que nous mettons en place est tamisé et enveloppant. Il permet de souligner les ambiances créées.

Comme beaucoup, notre positionnement est engagé. Nous repensons les espaces du personnel au même titre que les espaces clients. On réduit l’empreinte carbone avec l’utilisation d’énergies renouvelables, la réduction des déchets, en favorisant le local (offres culinaires de saison et de proximité…). La technologie avec des check-in sans contact, serrures de portes activées par smartphone et assistants vocaux… est un aspect que nous aimerions développer dans les hôtels de demain.

Nous nous efforçons de faire vivre des expériences au travers de nos chambres à thème. Les séjours d’aujourd’hui sont fondés sur les intérêts des hôtes, à savoir : l’art culinaire, les aventures, le bien-être… On ancre les projets dans leur environnement ambiant. Les espaces communs sont pensés pour des événements ou la commercialisation locale. Nous l’avions expérimenté il y a dix ans avec le Génie sous les Etoiles à Paris (11e). Dans les réalisations actuelles, on privilégie le mobilier chiné pour le positionnement RSE mais aussi pour apporter une âme aux lieux.

L’hôtellerie offre des espaces flexibles adaptés aux loisirs mais aussi au travail. Ils reflètent la tendance « bleisure » (business +leisure). Tous les établissements d’aujourd’hui comptent des espaces de coworking, des installations de fitness innovantes et des espaces de relaxation.

Nda : Et demain, comment voyez-vous évoluer l’hôtellerie ?

Stella Cadente : Les hôtels de demain devront s’intégrer de plus en plus dans le tissu urbain. Les services proposés seront dédiés aux hôtes mais également aux résidents du quartier. On trouvera des hubs communautaires avec des marchés locaux, des événements culturels, des espaces verts ouverts à tous. De nouveaux horizons seront explorés. On aura des concepts d’hôtels spatiaux ou sous-marins. De nouvelles expériences hors du commun seront mises à disposition et deviendront une réalité. Les technologies avancées assureront confort et sécurité. L’hôtel de demain pourra être itinérant via des « croisières terrestres ».

Côté architecture, les bâtiments s’adapteront aux besoins des invités ou à l’environnement extérieur grâce aux matériaux intelligents ou à des constructions modulables. La personnalisation des espaces poussée à l’extrême favorisera l’intégration dans l’environnement naturel ou urbain. Pour les transferts et les explorations locales, les établissements de demain disposeront de leurs propres flottes de véhicules autonomes.

Nous remercions Stella Cadente pour ce partage. Nous verrons dans les années à venir si la bonne étoile qui l’accompagne lui donne raison. Pour tous ceux qui ont envie d’une escapade marocaine, n’oubliez pas que Stella Cadente vous accueille dans sa maison d’hôtes. Son riad vous assure une immersion et un dépaysement total.

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    Stella Cadente Studio

    n°29, riad Laarousse
Derb el Guerraba
Marrakech 40000

    Maroc

    Tél. : +33 (0)6 25 22 61 77

    Tél. : + 212 6 68 19 29 35

    www.stella-cadente.com et

    marrakech.maison-stella-cadente.com

    Hôtel Indigo Bordeaux Centre Chartrons

    18, parvis des Chartrons

    33080 Bordeaux

    Tél. : +33 (0)5 56 01 79 79

    www.ihg.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 59
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    Architecture un lieu

    Quand Toulouse brûle sa dernière cartouche

    Par Nat Lecuppre, le 19 avril 2024
    Afin de préserver son patrimoine historique, industriel et architectural, la région toulousaine a soutenu un projet d’envergure de réhabilitation urbaine, appelé Les Halles de la Cartoucherie. À l’initiative de ce projet, le promoteur immobilier Redman, qui a été le premier promoteur français certifié B Corp. Pour cette réhabilitation, ce dernier s’est associé des talents de deux agences d’architecture : Compagnie d’architecture et Oeco Architectes. La Cartoucherie est un quartier emblématique de la ville. Depuis 1802, il est le quartier des activités militaires et industrielles. Un passé chargé d’histoire. En 1802, la ville met le terrain à la disposition de l’Arsenal afin de faire des essais de tir aux canons. En 1876, un atelier de chargement de cartouches métalliques est créé. En 1885, la Cartoucherie emploie 1 250 personnes et produit 500 000 cartouches par journée de 10 heures. 1918, 14 730 personnes y travaillent. En 1966, le site est constitué de 290 bâtiments et ateliers sur 82 hectares. À partir de 1990, suite à l’intégration au groupe GIAT Industries, la fabrication des cartouches ne se fait plus à Toulouse. L’activité est davantage axée sur l’électronique (boîtiers et câbles pour les chars Leclerc). En 2005, c’est la fin. Deux bâtiments sont conservés, les Ateliers M1 et M2, qui vont devenir les Halles 121 et 128. Une association des anciennes employées et des amies de la Cartoucherie est créée au sein de l’Association des Anciens de la Cartoucherie de Toulouse (AACT). Les 240 adhérentes réalisent un gros travail d’archives et de témoignages qui sera en partie repris par Les Halles de la Cartoucherie afin de perpétuer l’histoire. Programme hybride. Les Halles de la Cartoucherie est avant tout un projet urbain. Il a pour objectif d’offrir un nouveau modèle de transmission, de vie durable et participative. Cet éco-quartier est un exemple d’engagement environnemental. Les énergies 100 % renouvelables alimenteront les modes de chaud et froid, il n’y a aucun rejet d’eaux pluviales aux réseaux d’assainissement et les stationnements sont mutualisés en parkings silos… Les Halles de la Cartoucherie, c’est avant tout : 33 hectares de superficie, 3 600 logements, 6 000 habitants, 78 000 m2 de bureaux, 12 000 m2 dédiés à l’enseignement supérieur, 6 000 étudiants, 5 000 m2 de commerces et 15 000 m2 d’équipements publics. Le projet hybride se développe dans l’un des deux bâtiments conservés (anciennement Atelier M2) sur 13 500 m2. On y propose une multitude d’activités culturelles, gourmandes et sportives. Long de 190 mètres, le bâtiment est scindé en trois parties : la halle nord (7 500 m2), la halle verte (1 200 m2) et la halle sud (2 000 m2). La halle nord regroupe la restauration, les espaces tertiaires, les activités sportives, un espace pour des activités socioculturelles, une salle de danse, une école de formation audiovisuelle et une librairie. La halle verte avec son jardin suspendu couvert est le poumon du site. La halle sud dispose d’une salle d’escalade et des espaces de bien-être. Une réflexion est menée en amont afin d’imaginer au mieux le concept architectural qui saurait juxtaposer tous ces espaces et activités et les faire cohabiter en totale cohérence. Avec brio, les architectes ont su conjuguer l’histoire avec la modernité. Les volumes et les matériaux existants sont préservés. La charpente
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    Architecture un lieu

    L’antre bétonnée d’Ideal Work®

    Par Nat Lecuppre, le 21 juin 2023
    Avec le positionnement d’éco-conception de plus en plus important, le béton est devenu un matériau qui prend une place prépondérante dans l’architecture. Ses qualités en termes de résistance et d’esthétisme sont très appréciées. Des a priori lui associent froideur et rigidité. Afin de démontrer le contraire et d’évoquer toutes les solutions que le béton offre dans des projets architecturaux, Ideal Work® a ouvert en fin d’année un showroom au 38 bis, boulevard ­Beaumarchais à Paris. Créé en 1998 par Maurizio Pontello, artisan spécialiste du béton, Idéal Work® est un leader européen du revêtement décoratif du béton. Les produits qu’il propose répondent aux exigences architecturales pour l’hôtellerie, le résidentiel, le tertiaire et le retail. Une équipe d’experts accompagne les architectes et les décorateurs dans leurs projets. Des solutions sur-mesure (formes, dimensions…) favorisent la conception de lieux haut de gamme singuliers. Dans une démarche d’éco-conception, avec les produits d’Ideal Work®, il est possible de conserver les revêtements existants en dessous. Une source d’inspiration Les 200 m2 du showroom se répartissent sur trois espaces dédiés à la décoration intérieure et à l’aménagement. Les lieux favorisent les échanges, la découverte des solutions et services de la maison, les objectifs premiers étaient de mieux faire connaître les vertus du béton. Pour amenuiser les idées reçues, une courbe ainsi qu’un présentoir d’échantillons de forme organique en guise de garde-corps accueillent les visiteurs dès l’entrée. Une invitation au toucher, qui permet de se rendre compte que la matière n’est pas rigide ni rugueuse. Deux tables hautes réniformes permettent de présenter les différentes collections et une salle d’eau d’exposition permet une meilleure projection, avec une plateforme en double courbe. Tout incite à appréhender la matière ; en plus de procurer une sensation de douceur, le matériau se révèle même chaleureux. Dans le sous-sol dédié aux professionnels, les voûtes en pierre ont été conservées et confèrent une atmosphère plus intime. Une attention particulière a été portée à la lumière naturelle dans tout le showroom et permet de valoriser les échantillons. Pour dynamiser les espaces, un faux plafond en lames de bois avec des profilés lumineux encastrés a été installé de façon aléatoire. La devanture est de couleur noir mat et contraste avec la pierre, le bois et les bétons intérieurs. Tout est harmonieux. On retrouve dans l’application des bétons exposés les différentes techniques (microtopping, idel skin, acid stain, lixio…). Au RDC, les murs, les sols et le mobilier sur-mesure dévoilent la texture granuleuse du microtopping. Minimaliste et contemporain, ce béton ciré avec ses 3 mm d’épaisseur s’applique aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le sous-sol est divisé en deux espaces. Le premier présente la technique de ponçage de l’arkitop et le second est en lixio avec une gorge lumineuse encastrée. Après une visite chez Ideal Work®, même si le béton n’a pas votre préférence en tant que matériau, il n’aura au moins plus de secret pour vous. Nat Lecuppre
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    L’Ensci Bis, le diplorama de la vie

    Par Anne-Marie Fèvre, le 19 janvier 2024
    À son annexe place de la Bastille, l’école a présenté 36 diplômes de design industriel et textile. Une occasion de saisir les engagements des jeunes élèves : féminisme, social, coopératif et… poésie. C’est grâce à une exposition des diplômes que l’on peut comprendre les préoccupations des jeunes, et la spécificité de l’Ensci-les Ateliers, École nationale supérieure de création industrielle. En avril, elle présentait Diplorama. Pour la première fois, ce huitième rendez-vous était présenté à l’Ensci Bis, place de la Bastille, à travers 36 propositions scénographiées par Andréa Racca et Tom garçon. Côté industrie, c’est Gilles Belley, designer, enseignant et commissaire qui fait le guide. Il met l’accent sur certains thèmes abordés. Le corps des femmes, leurs maladies spécifiques avec Projet Specul…s, décrypté par Mathilde Nguyen. Ou encore Nez à soi-Olfacto Gyneco, où Jeanne Chiche fait humer sans tabou les odeurs de vulve et de vagin, comme des messages du corps à sentir pour la prévention médicale. Il insiste aussi sur les démarches collectives, de Société coopérative du cycle, proposée par Romain Thouin, à Grève-cœur de Lou Garcia & Juliette printemps qui offrent des outils au service des manifestations syndicales. Audrey Pety décrypte son travail, Welcome to wonderful web archives, soit rendre présentables les innombrables archives du Web, avec un protocole de curation mené avec la BNF. Pour les textiles, sans la commissaire et enseignante Hélène Lemaire, on ne comprendrait pas la présence d’un petit pull Ready to telwear. Shin-Hye Lee imagine des vêtements pour le télétravail, entre confort et représentation à l’écran. Lucie Brudy, elle, s’intéresse à la poétique des couleurs neutres. Comme toutes ces 36 intentions sont intéressantes, on peut mieux les appréhender au sous-sol, où les créateurs et créatrices les expliquent en images, grâce aux vidéos conçues par Oscar Clermont. Et on y listera différents intérêts pour le sport, le corps, la biodiversité, l’écologie, la pénurie, le collectif, le féminisme, la basse résolution, la dyslexie, le Mistral, les terrils, le feu de bois, le soleil, la poésie… C’est réjouissant et bien mieux que les sondages pour cerner la jeunesse. Après le tremplin du Festival 100 % à la Villette, Diplorama a été le dernier événement de la célébration des 40 ans de l’Ensci. Elle s’est achevée le 7 avril avec Sans Parade ni Trompette, fête au Pavillon Villette qui a réuni joyeusement la communauté ENSCienne élargie. La 41e année ne sera pas pour autant moins riche en partenariats. L’école va développer ses deux chaires de recherche, l’Innovation publique1 et « S’entendre » (lire encadré). Côté formation continue, elle s’est associée à l’Eclozr de Rennes pour y développer un programme de son mastère spécialisé : Sustainable innovation by design. Pour Oriane Joucla, directrice adjointe de l’Eclozr, « cette première implantation de l’Ensci en région est une vraie chance pour la Bretagne ». Emmanuel Thouan et Nathanaël Delahaye, les codirecteurs pédagogiques de ce nouveau programme, valoriseront les compétences de la région : innovation territoriale, transition écologique, questions agricoles et industrielles. En mai, le Bis a aussi accueilli une recherche avancée sur les textiles archéologiques, 10 projets d’élèves-designers menés en partenariat avec le Design

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