Architecture, l'esprit du lieu

CAB ou l’art de vivre… l’art

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Par Lionel Blaisse, le 2 décembre 2024.
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Fondation CAB Saint-Paul-de-Vence. © Antoine Lippens

La fondation CAB de Saint-Paul-de-Vence héberge une vingtaine d’œuvres d’art minimal et conceptuel du collectionneur flamand Hubert Bonnet, des artistes en résidence, des expositions temporaires et… quelques amateurs d’art(s) de vivre.

À mi-chemin entre La Colombe d’or et la Fondation Maeght, ce satellite de la fondation CAB bruxelloise synthétise leur vocation respective : promouvoir l’art tout en sustentant et logeant ses visiteurs. Rénové par Charles Zana, le superbe bâtiment des années 1950 offre désormais plusieurs espaces d’exposition, une librairie-boutique, un restaurant, cinq chambres d’hôtes dont une investissant une maison démontable de Jean Prouvé.

De la finance à l’art.

Spécialisé dans la rénovation de l’immobilier de luxe, Hubert Bonnet n’est pas le premier homme d’affaires collectionneur. Vivant depuis deux décennies à Verbier, en Suisse, pour mieux assumer son amour de la montagne, ce quinquagénaire passionné de mathématiques et d’architecture des années 1930 aux seventies s’est ainsi laissé séduire par la radicalité du courant minimal et conceptuel belge et international. Lorsqu’il a décidé de montrer sa collection, il a imaginé une fondation à but non lucratif conçue comme une plateforme d’échanges autour de ce courant artistique. Pour ce faire, il a investi en 2012 un ancien entrepôt de 800 m2 de style Art déco, construit dans les années 1930 pour l’industrie minière non loin du cadre idyllique des étangs d’Ixelles. Sous l’étonnante voûte en charpente métallique, il organise également chaque année deux expositions majeures dont les œuvres proviennent d’autres institutions (collections privées, musées et galeries) ou ont été créées in situ par des artistes invités.

Neuf ans plus tard, il se rend acquéreur de la très belle maison à l’architecture moderniste très fifties ayant abrité à Saint-Paul-de-Vence la galerie d’art contemporain figuratif de son compatriote belge Guy Pieters.

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    Fondation CAB

    5766, chemin des Trious

    06570 Saint-Paul-de-Vence

    Tél. : +33 (0)4 92 11 24 49

    www.fondationcab.com

    Charles Zana

    13, rue de Seine

    75006 Paris

    Tél. : +33 (0)1 45 48 05 25

    www.zana.fr

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 57
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    WorkSpace, au bureau comme à l’hôtel

    Par Anne-Marie Fèvre, le 19 février 2024
    Le salon pour le mobilier et l’aménagement des espaces de travail se tiendra en mars 2024. Thème : « Authentique, durable et connecté ». Autour d’un bureau plus hospitalier, conversation avec le directeur, Laurent Botton. WorkSpace (Espace travail) a fêté son dixième anniversaire en 2023 sur le thème « 10 ans au vert ». La manifestation a attiré 19 000 visiteurs et quelques 300 exposants et marques à la Porte de Versailles. Soit une progression du visitorat de 5 % par rapport à 2019. Fort de ce résultat encourageant, le directeur Laurent Botton (pôle Weyou Group), qui avait repositionné cette manifestation en 2012 sur le thème « Le bureau comme à la maison », se réjouit : « Nous avions vu juste. » Il prépare donc la 11e édition assez confiant, elle se déroulera du 26 au 28 mars 2024 à la Porte de Versailles. « La France représente le deuxième marché européen. Le salon est devenu une référence européenne. Nous réunissons majoritairement les distributeurs de mobilier français (90 %) mais aussi francophones et européens, nous attirons des Italiens, des Espagnols, l’Europe de l’Est. Nous nous adressons aux prescripteurs, les architectes et les designers, ils représentent un quart des visiteurs. » WorkSpace s’organise en deux axes : WorkSpace Expo et Environnement de travail et des achats. Face aux immenses foires comme Orgatec à Cologne, ce « petit » salon cible les utilisateurs français qui ont peu de temps. « Il ne dure que trois jours, argumente Laurent Botton, on doit pouvoir le visiter en une demi-journée, sans se sentir écrasé. Sur WorkSpace Expo, on mise sur le stand avant tout, pas trop grand, mais efficace car les exposants jouent le jeu pour bien présenter leurs nouveautés, leurs icônes, leurs savoir-faire, il y a des stands magnifiques. » Le thème retenu en 2024 est « Authentique, durable et connecté », mis en espace par l’architecte Karl Petit (Studio K). « Ce thème est devenu évident, poursuit Laurent Botton. Avec la crise énergétique, le respect de l’environnement, la pénurie de matériaux, sont proposés des produits français ou européens. C’est une rencontre pour offrir des solutions. Comme des tissus écologiques. Ou le surcyclage pratiqué par de jeunes entreprises qui refabriquent de manière éco-responsable, et pas bas de gamme. » Le télétravail est aussi rentré dans les mœurs, il n’y aura pas de retour en arrière. Le salon offre donc des pistes pour le travail à la maison, le coworking, les Tiers Lieux. Quant aux bureaux mêmes de l’entreprise, où les collaborateurs ne viennent que trois jours par semaine, quels services proposer ? « D’abord, il faut être « connecté », complète Laurent Botton, pour communiquer entre les différents lieux. Et on doit faire plus attention aux espaces de travail, des bureaux mobiles aux petits espaces de rencontres. Il faut aujourd’hui penser l’ensemble de l’espace-bureau dans sa totalité, pour qu’il soit plus agréable. Le bien-être dans l’entreprise, l’hospitalité, le soin deviennent des valeurs qui aujourd’hui représentent l’ADN d’une entreprise, son identité. Nous donnons des pistes, mais nous sommes encore dans une période de transition. » Ainsi sont exposés tous les meubles de bureau possibles, mais aussi du mobilier extérieur pour terrasses, cafeterias, cuisines compactes,
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    Quand l’escalier fait la courte échelle à l’impossible…

    Par Lionel Blaisse, le 23 janvier 2025
    Une parcelle étroite, escarpée et jusque-là a priori inconstructible malgré la vue imprenable qu’elle offre sur le Zeller See, magnifique lac à quelques kilomètres à peine de Salzbourg. Un challenge que va relever Rem Koolhaas quand son propriétaire — rencontré lors d’une conférence numérique à Munich — évoque en sa présence son impossible rêve. Sa concrétisation figure désormais parmi les quatre maisons construites à ce jour par la star de l’architecture néerlandaise contemporaine. Résoudre l’impossible ne serait donc qu’une question de temps… ou de génie ! Small is beautiful. Depuis sa création en 1975 à Rotterdam, l’Office of Metropolitan Architecture (OMA), l’agence du Pritzker Prize 2000 doit, en bonne partie, sa renommée planétaire à des projets XXL tels le centre de la télévision chinoise (CCTV) à Pékin, les tours siamoises De Rotterdam ou encore Euralille. Pourtant, ses trois seules maisons construites ont toutes fait la une de la presse architecturale internationale. La villa Dall’Ava à Saint-Cloud ouvrit le bal dès 1991 avec ses pilotis et sa piscine en toiture. La Dutch House érigée quatre ans plus tard à Holten aux Pays-Bas traite d’insertion topographique contrainte dans une pinède. En 1998, la maison Legendre à Floirac en Gironde porte haut les couleurs de l’accessibilité PMR de la résidence de luxe. Le projet de Zell am See s’inscrit à son tour dans cette spectaculaire lignée d’(af)franchissement vertical. Iceberg. S’inscrivant dans le méandre d’une route en lacets entre une grosse bâtisse autrichienne, un chalet et une villa moderne, la parcelle occupe dans la pente une lamelle d’une douzaine de mètres de largeur. Les prospects latéraux imposés par la réglementation urbaine locale réduisent la partie émergente constructible à quatre mètres. Heureusement rien n’interdit de construire sous le terrain naturel ! Notre héros batave y érige donc une épine dorsale crénelée dont les quatre étages escaladent l’intégralité du dénivelé. Son béton blanc immaculé l’estompera au milieu des neiges hivernales tandis qu’aux beaux jours elle ressemblera à un névé s’agrippant à la prairie pentue. Adossées à la paroi nord, quatre volées rectilignes d’escalier desservent d’un côté les espaces en cascade de l’émergence méridionale, et de l’autre ceux souterrains. Sheds, double hauteur, vastes parois vitrées amovibles, pivotantes ou basculantes, optimisent l’éclairage des pièces en superstructure. De subtils stratagèmes architectoniques et constructifs ménagent des transparences pour amener la lumière naturelle, en second jour, dans des pièces aveugles. Ici, un caillebotis vert sur des poutres en verre supporte un plancher vitré, là un rideau ajouré d’un rond central – conçu par Petra Blaisse – gère à la demande soit l’intimité nécessaire à la salle de bains ouverte sur la chambre soit la pénombre de cette dernière propice au sommeil. Une autre salle de bains escamote sa baignoire et son bac à douche dans le sol pour limiter leur encombrement visuel tout comme celui d’un salon dont les banquettes occupent une fosse au droit de la terrasse décaissée du porte-à-faux. Dans le hammam, deux feuilles de verre viennent s’insérer dans des murs d’angle inclinés. La villa est accessible par le haut du terrain mais aussi depuis l’entrée souterraine dont la porte s’ouvre dans le mur de
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    Archi Culture

    Minéral et monolithique, le pôle culturel de Villerupt

    Par Sipane Hoh, le 25 mars 2024
    À l’instar d’un paquebot échoué dans la commune lorraine de Villerupt, la réalisation de K Architectures (Karine Herman et Jérôme Sigwalt) interpelle le regard. Un programme complexe, des lignes pures et des traits éthérés pour un équipement culturel de grande qualité. Située dans le nord-est de la France, dans la vallée de l’Alzette, la commune de Villerupt occupe un endroit stratégique. En effet, bâtie à la frontière du Luxembourg sur des sous-sols chargés naguère de minerai de fer, la ville s’est étoffée et le nombre des habitants est passé de 560 en 1861 à plus de 16 000 un siècle plus tard. Aujourd’hui, c’est sur ces terres à l’histoire riche, où toutes les installations industrielles ont été démantelées mais dont le paysage conserve de nombreux vestiges de cette période, que l’agence K Architectures établie à Paris a été mandatée pour y réaliser L’Arche. Il s’agit d’un équipement qui s’apparente à un haut lieu de rencontre des arts numériques, des industries créatives et des pratiques artistiques multiples, au programme prospère composé d’un bar-restaurant, un cinéma, une salle de spectacles, un fablab ainsi qu’une galerie d’art numérique immersive. Un lieu hybride où se croisent plusieurs espaces que les architectes ont manié avec la plus grande attention. Établi au pied d’un mur monumental en pierres, soutenant une plateforme technique sur laquelle était déchargé, auparavant, le minerai extrait avant d’être acheminé dans les aciéries en contrebas, le projet de K Architectures adopte une forme minérale et compose intelligemment avec son contexte. L’édifice massif qui s’ouvre généreusement en arcades sur l’esplanade Nino-Rota, du nom du compositeur italien auteur de nombreuses musiques de film, entame un dialogue fin, recherché et presque évident avec l’existant, il renvoie également à un autre ouvrage de soutènement situé non loin et caractérisé par la présence d’arcades. C’est en contemplant cet héritage qui rappelle plusieurs constructions italiennes que les architectes ont engendré les contours de leur projet. Avec des inspirations comme le Colisée de Rome mais aussi la Casa Malaparte, la fameuse maison de couleur rouge de trois étages, perchée sur son rocher, devenue un joyau d’architecture moderne et décor de plusieurs grands films de cinéma, située sur l’île de Capri, œuvre de l’architecte italien Adalberto Libera, l’architecture de L’Arche ne pouvait pas être quelconque. Ingénieuse et intrépide mais aussi massive et imprévisible, la bâtisse confectionnée avec doigté par K Architectures s’élance et assume son caractère. Première pièce du puzzle Soulignons que la fraction de ville qui accueille L’Arche est vouée à grandir. En effet, le pôle culturel constitue la première pièce du puzzle, qui deviendra à terme un véritable quartier avec une école, plusieurs équipements et surtout des logements. Le travail de K Architectures peut s’apparenter en une fouille archéologique qui a étudié les diverses possibilités émanant du contexte, observé les habitudes et coutumes et essayé de tisser le lien avec l’histoire du lieu mais aussi de ses habitants. Il en résulte un projet ancré dans son site, faisant un joli clin d’œil au passé et proposant plusieurs potentialités pour l’avenir. Un grand nombre de Villeruptiens

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