Architecture, l'esprit du lieu

Est-éthique du réemploi

Abonnés
Par Lionel Blaisse, le 13 mai 2024.
Image
© Anne-Emmanuelle Thion

Depuis vingt-cinq ans, Thierry Grundman parcourt l’Inde et l’Asie du Sud-Est afin de sourcer ces objets du quotidien – façonnés par la main de l’homme il y a des décennies, voire des siècles – conjuguant chacun l’utile et le beau.

Acheté en 2004, le Domaine de Quincampoix héberge Atmosphère d’Ailleurs, sa société d’import-export d’antiquités du monde. Les beaux volumes rénovés de cet ancien relais de chasse XVIIe de la vallée de Chevreuse se prêtent à merveille pour restituer l’esprit Wabi-Sabi de cette collecte sans cesse renouvelée de pièces architecturales ou vernaculaires dont les « matières ont des rides de voyage, de nature, de lumière…

Galerie d'images (3)
    Partagez cet article autour de vous
    Facebook
    Twitter / X
    LinkedIn
    Pinterest
    E-mail

    Atmosphère d’Ailleurs

    Domaine de Quincampoix

    Route de Roussigny

    91470 Les Molières

    Tél. : +33 (0)1 60 12 68 26

    www.atmospheredailleurs.com

    Numéro en cours

    Nº63

    Spécial Santé, Bien-être, Bien-vivre

    Couverture du NDA Nº63

    Novembre — Décembre 2025 — Janvier 2026

    Découvrir

    À découvrir
    Image
    Talents

    Marika Dru Un style, du charme et de multiples ambiances

    Par Sipane Hoh, le 11 octobre 2024
    Architecte d’intérieur, Marika Dru est la fondatrice de l’Atelier MKD, établi à Paris. Ses conceptions, qui s’inscrivent dans la durée, se caractérisent par leur grande simplicité et leurs lignes épurées. Ses réalisations intemporelles répondent avec brio aux modes de vie actuels. Marika Dru engendre des intérieurs sobres et chics teintés d’un certain classicisme, des univers aux couleurs douces où il fait bon vivre. Ses réalisations sont multiples, ses projets aboutis et ses conceptions au minimalisme recherché ne cessent de charmer. Juxtaposant avec tact le marbre et le ciment, le terrazzo et le bois, l’architecte d’intérieur, qui affectionne un mobilier très dessiné, place l’humain au cœur de sa réflexion. Parisienne de naissance et fille d’hôtelier – son père fut notamment le directeur du Plaza Athénée –, Marika Dru se spécialise dans la rénovation des beaux appartements haussmanniens. Elle nous raconte que sa sensibilité à l’architecture intérieure vient de la découverte à l’adolescence de l’œuvre de Ricardo Bofill. De même, Andrée Putman la fascine et continue à influencer la jeune femme, qui s’est inscrite à Penninghen à peine sa scolarité achevée. Plus tard, elle fait ses armes auprès de professionnels de renom comme l’architecte Pascal Desprez, GBRH, ou encore comme l’assistante de Charlotte Macaux Perelman à New York. À son retour des États-Unis en 2008, Marika Dru fonde sa propre structure, Atelier MKD, devenue depuis une référence. L’architecte d’intérieur soigne ses réalisations. Ainsi, les couloirs sans fin, les petites cuisines donnant sur la cour, les salles de bains anciennes se voient complètement métamorphosés ; à la place, de généreuses cuisines organisées autour d’îlots centraux, des salles à manger attenantes aux salons ainsi que des salles de bains qui se fondent aux dressings. Marika Dru aménage chaque pièce et repense les circulations au sein de tous les espaces ; outre leur fonctionnalité, ses ouvrages dégagent une certaine sensibilité. Même si, aujourd’hui, le nom de Marika Dru est associé à plusieurs conceptions privées, celle qui s’emploie à scénariser les intérieurs selon les désirs de ses clients s’est fait remarquer à travers ses réalisations d’espaces professionnels. Nous nous souvenons tous du fameux projet The Bureau, l’espace de coworking à l’esprit club anglais avec sa boiserie et ses matériaux luxueux où l’on travaille tout en se sentant chez soi, la conception qui a séduit tous les Parisiens, c’est bel et bien l’une des inventions savantes de l’architecte d’intérieur qui amoncelle depuis les programmes variés. Chacun des projets commerciaux de la conceptrice aux multiples talents est unique, et pour cause, sa sélection des matériaux qui apportent une écriture spécifique, comme par exemple son recours au calepinage des murs du studio de post-production Everest de medium, à travers un composite reconnu par ailleurs pour ses qualités d’isolation phonique, ou encore le cachemire utilisé pour tapisser plusieurs alcôves faisant office de présentoirs pour le showroom parisien de Gabriella Hearst, des astuces habiles qui octroient à leur créatrice une signature particulière. Marika Dru parachève actuellement l’agencement intérieur d’une fondation artistique dont l’ouverture est programmée pour 2025, conçue par l’architecte Ricardo Bofill. La fondatrice de l’Atelier MKD ne cesse
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Hollywood Savoy renaît de ses cendres

    Par Nat Lecuppre, le 25 février 2025
    Guillaume Benard, co-fondateur du Fitz Group, propriétaire du Hollywood Savoy, fait appel à l’architecte d’intérieur Sophie Lacroix pour réinventer ce lieu mythique parisien. Un peu d’histoire. Dans les années 1980, le Hollywood Savoy était le lieu prisé du tout-Paris. L’établissement est situé à proximité du Palais Brongniart, dans le quartier de la Bourse. Sa façade néo-classique est un repère dans la rue. Le Fitz Group, propriétaire du site, a fait appel à l’agence Bureau Lacroix pour réhabiliter les lieux. Le restaurant dispose de 75 places assises à l’intérieur et 40 places en terrasse ainsi que d’un club au sous-sol pouvant accueillir jusqu’à 50 places debout. Le Concept architectural. Sophie Lacroix allie les années 1930 à une touche contemporaine tout en préservant le côté historique des lieux. La salle principale, à l’ambiance intimiste et aux boiseries anciennes, révèle un majestueux bar en bronze, comme dans les années 1930. Une moquette léopard au sol se marie avec le mobilier créé tout spécialement pour les lieux. L’architecte a eu carte blanche et sa mission fut complète (du concept jusqu’à la livraison finale du chantier). Ce projet lui permet de décliner à volonté son savoir-faire et de démontrer son talent. L’identité visuelle a été imaginée par Pierre Hajizadeh, un ami de promotion à Penninghen. Le mobilier est créé sur mesure tout comme les appliques, la moquette et les peintures décoratives signées Ocre Gris. Des objets ont été chinés ainsi que des tableaux. L’ambiance est chaleureuse et élégante. Les matériaux retenus sont le velours, le marbre, le bois, la chaux, le laiton et le verre martelé. Les lieux sont conçus tels un mini-wagon de l’Orient Express. On trouve des détails dorés, des lumières mettant en valeur les espaces, des banquettes très confortables. L’atmosphère du Club Savoy au sous-sol est plus feutrée. Une grande structure suit la voûte existante. Des tentures moirées de chez Pierre Frey rétroéclairées renforcent ce côté lounge intimiste. Un bar caché se dévoile sur un fond de prohibition et aux allures plus électriques. Une attention particulière est portée à la lumière. La lumière naturelle pénètre dans le restaurant par la façade. Les espaces aveugles (seconde partie du restaurant et le club) sont animés par une scénographie de fenêtres factices et des jeux de rétroéclairage de matériaux texturés. Le soir, l’éclairage est gradué et évolue au fur et à mesure de l’heure. Ce dernier est géré par les programmateurs de Stardust et de l’ancienne directrice artistique du Lido, Jane Sansby. Ainsi l’ambiance festive de la nuit est garantie. On reconnaît la griffe du Bureau Lacroix dans ce projet. L’architecte aime créer des ambiances différentes avec la mise en valeur des matériaux et des motifs voire de nouvelles matières. Elle sublime les espaces avec des créations d’illusions de lumière et de reflets. Ses projets procurent toujours beaucoup de chaleur et de personnalité aux lieux. Avec ce projet couronné de succès, Hollywood Savoy réenchante la capitale. Il a retrouvé ses lettres de noblesse. Bravo !
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Est-éthique du réemploi

    Par Lionel Blaisse, le 13 mai 2024
    Depuis vingt-cinq ans, Thierry Grundman parcourt l’Inde et l’Asie du Sud-Est afin de sourcer ces objets du quotidien – façonnés par la main de l’homme il y a des décennies, voire des siècles – conjuguant chacun l’utile et le beau. Acheté en 2004, le Domaine de Quincampoix héberge Atmosphère d’Ailleurs, sa société d’import-export d’antiquités du monde. Les beaux volumes rénovés de cet ancien relais de chasse XVIIe de la vallée de Chevreuse se prêtent à merveille pour restituer l’esprit Wabi-Sabi de cette collecte sans cesse renouvelée de pièces architecturales ou vernaculaires dont les « matières ont des rides de voyage, de nature, de lumière… de vie ». “Sauvegarder” le patrimoine ethnoculturel De son premier voyage en Inde en 1998, Thierry Grundman rapporte du Kerala un container de mobilier colonial en bois de rose et en teck et un second du Rajasthan rempli de coffres, portes, colonnes et autres éléments d’architecture issus de démolitions, alors voués au feu, la faute à la pénurie de bois et à l’inexistence d’un marché. Les acheteurs français sont par contre au rendez-vous à son retour. Il prend ainsi conscience que sa prospection – bien loin d’un quelconque pillage – permet de pérenniser des savoir-faire en voie de perdition, de prolonger leur intemporalité tout en « comblant notre désir d’ailleurs et d’émotions ». Il découvre, en effet, la beauté de l’imperfection qui peut émaner simultanément de la simplicité d’une forme modeste (Wabi) et de son usure naturelle (Sabi). Ainsi s’intéresse-t-il « aussi bien » à des plats indiens en pierre, à des tables basses en bois brulés d’Indonésie, à des céramiques thaïlandaises, à des gourdes de Mongolie, à des pièces d’archéologie sous-marine. Ses clients architectes, architectes d’intérieur, décorateurs, hôteliers et restaurateurs viennent ainsi y chercher un indispensable supplément d’âme à donner à leur projet. Aux côtés de terres cuites primitives, de mobilier en provenance des campagnes du Shanxi, d’éléments décoratifs d’un palais de maharadja ou de porcelaines de la dynastie Ming, ils peuvent aussi y découvrir des parquets massifs en bois de fer recyclant d’anciens quais maritimes ainsi que des pièces créées à partir de bois séculaires et précieux, parfois brulés, à commencer par l’orme désormais quasiment introuvable en France à cause d’un champignon. Au-delà d’un showroom. Lieu de vie et de partage, le Domaine de Quincampoix offre également 620 m2 de salles de réception pouvant être privatisées pour des séminaires et événements d’entreprises ou des mariages. Cinq chambres doubles (bien sûr meublées dans l’esprit du lieu) permettaient d’héberger invités et mariés. Depuis peu, Au bout du Verger – un gîte singulier situé juste en face du domaine – propose un espace de co-working, une cuisine partagée, une salle de jeux et sept chambres afin d’expérimenter la philosophie du Wabi-Sabi. « Ici, c’est autre chose que loin, c’est ailleurs. » 1 Jean Giono – L’iris de Suse

    Laisser un commentaire

    trois × 3 =