Architecture, l'esprit du lieu

ONOmatopées digitales pour décor immersif

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Par Lionel Blaisse, le 29 janvier 2024.
Le Grand Magic Hotel
© Didier Delmas

Non loin de Disneyland Paris, Le Grand Magic Hotel est le premier établissement hôtelier européen à proposer à sa clientèle un décor immersif imaginé par Lucien Oscar Ono aux côtés de Moment Factory et de Tétris Design & Build.

Pas facile de se « distinguer » aux abords du parc d’attractions. Architecturalement, la cause est perdue depuis longtemps, à commencer par le parc lui-même. Il ne restait donc que la décoration intérieure au quatre étoiles récemment racheté par Schroders Real Estate Hotels pour faire oublier l’ancien Grand Magic Circus. La technologie numérique a constitué une opportunité conceptuelle différenciatrice.

Quatre étoiles pour (grands) enfants

Peu d’hôtels de cette catégorie reçoivent autant de familles avec enfants. Héberger tout ce petit monde – d’autant plus turbulent qu’il a passé sa journée à enchaîner attractions et spectacles – est un vrai challenge. Si la bonne cohabitation dans la chambre reste du ressort parental… et d’une bonne insonorisation, celle dans les parties communes s’avère plus hasardeuse. Leur conception doit concourir à contenir les débordements de flux afin d’offrir d’inestimables espaces de pause à destination des adultes sans pour autant trop « contraindre » l’énergie de leur progéniture, déclinante pour certains après une telle journée !

Après avoir rénové les 350 chambres (en partie durant la pandémie), Tétris Design & Build – spécialiste international de la conception et de la réalisation clefs en main d’espaces professionnels – a été mandaté pour refaire le lobby, les salons et le restaurant du rez-de-chaussée. Pour ce faire, l’entreprise a fait appel à Maison Numéro 20, créée par l’architecte d’intérieur et designer Lucien Oscar Ono, et à Moment Factory, studio multimédia spécialisé dans la conception et la production d’environnements immersifs.

Aux frontières du réel

Lucien Oscar Ono a su séquencer à la façon d’un travelling ces trois vastes espaces qui déclinent un vocabulaire architectonique similaire à base d’arches, de cercles et de courbes, chaque séquence étant traitée dans un subtil monochrome dégradé : rouge pour le lobby et la réception, bleu pour les salons et ocre rouge pour le restaurant Chez Maurice.

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    Grand Magic Hotel

    20, avenue de la Fosse des Pressoirs

    77700 Magny-le-Hongre

    Tél. : +33 (0)1 64 63 37 37

    www.grand-magic-hotel.com

    Maison Numéro 20

    26, rue Jacob

    75006 Paris

    Tél. : +33 (0)1 77 19 23 03

    www.maisonnumero20.fr

    Tétris Design & Build

    Tour Cœur Défense 110, esplanade du Général-de-Gaulle

    92400 Courbevoie

    Tél. : +33 (0)1 49 00 32 50

    www.tetris-db.com

    Moment Factory

    79, boulevard Richard-Lenoir

    75011 Paris

    Tél. : +33 (0)9 72 55 36 71

    www.momentfactory.com

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    Spécial Santé, Bien-être, Bien-vivre

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    Depuis vingt-cinq ans, Thierry Grundman parcourt l’Inde et l’Asie du Sud-Est afin de sourcer ces objets du quotidien – façonnés par la main de l’homme il y a des décennies, voire des siècles – conjuguant chacun l’utile et le beau. Acheté en 2004, le Domaine de Quincampoix héberge Atmosphère d’Ailleurs, sa société d’import-export d’antiquités du monde. Les beaux volumes rénovés de cet ancien relais de chasse XVIIe de la vallée de Chevreuse se prêtent à merveille pour restituer l’esprit Wabi-Sabi de cette collecte sans cesse renouvelée de pièces architecturales ou vernaculaires dont les « matières ont des rides de voyage, de nature, de lumière… de vie ». “Sauvegarder” le patrimoine ethnoculturel De son premier voyage en Inde en 1998, Thierry Grundman rapporte du Kerala un container de mobilier colonial en bois de rose et en teck et un second du Rajasthan rempli de coffres, portes, colonnes et autres éléments d’architecture issus de démolitions, alors voués au feu, la faute à la pénurie de bois et à l’inexistence d’un marché. Les acheteurs français sont par contre au rendez-vous à son retour. Il prend ainsi conscience que sa prospection – bien loin d’un quelconque pillage – permet de pérenniser des savoir-faire en voie de perdition, de prolonger leur intemporalité tout en « comblant notre désir d’ailleurs et d’émotions ». Il découvre, en effet, la beauté de l’imperfection qui peut émaner simultanément de la simplicité d’une forme modeste (Wabi) et de son usure naturelle (Sabi). Ainsi s’intéresse-t-il « aussi bien » à des plats indiens en pierre, à des tables basses en bois brulés d’Indonésie, à des céramiques thaïlandaises, à des gourdes de Mongolie, à des pièces d’archéologie sous-marine. Ses clients architectes, architectes d’intérieur, décorateurs, hôteliers et restaurateurs viennent ainsi y chercher un indispensable supplément d’âme à donner à leur projet. Aux côtés de terres cuites primitives, de mobilier en provenance des campagnes du Shanxi, d’éléments décoratifs d’un palais de maharadja ou de porcelaines de la dynastie Ming, ils peuvent aussi y découvrir des parquets massifs en bois de fer recyclant d’anciens quais maritimes ainsi que des pièces créées à partir de bois séculaires et précieux, parfois brulés, à commencer par l’orme désormais quasiment introuvable en France à cause d’un champignon. Au-delà d’un showroom. Lieu de vie et de partage, le Domaine de Quincampoix offre également 620 m2 de salles de réception pouvant être privatisées pour des séminaires et événements d’entreprises ou des mariages. Cinq chambres doubles (bien sûr meublées dans l’esprit du lieu) permettaient d’héberger invités et mariés. Depuis peu, Au bout du Verger – un gîte singulier situé juste en face du domaine – propose un espace de co-working, une cuisine partagée, une salle de jeux et sept chambres afin d’expérimenter la philosophie du Wabi-Sabi. « Ici, c’est autre chose que loin, c’est ailleurs. » 1 Jean Giono – L’iris de Suse
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    Architecture un lieu

    L’expertise française s’exporte au Maroc

    Par Nat Lecuppre, le 24 avril 2023
    Le groupe Marjane est le leader marocain de la grande distribution qui a révolutionné dans les années quatre-vingt le métier avec son concept « tout sous le même toit » Le déploiement du groupe a impliqué une remise à niveau, un repositionnement et une révision de son modèle d’hypermarché. Marjane a fait appel à l’agence Lonsdale pour mener à bien ce projet. L’agence de design et de branding a imaginé une nouvelle expérience client plus immersive tout en prenant en compte l’e-commerce et le click and collect. Les nouveaux magasins mettent plus en valeur le Made in Morocco. Les deux nouvelles adresses de Casablanca abritent « la rue du commerce » lumineuse et dégagée avec des produits plus qualitatifs et accessibles. Le « comptoir du vrac » y présente une nouvelle offre d’épicerie fine. La nouvelle stratégie de Marjane révèle des corners encore méconnus au Maroc, où chaque univers créé possède sa propre ambiance et son identité marquée. Ainsi pour la culture, Lonsdale a promu l’expé­rience « Mille et une cultures » en clin d’œil au célèbre conte, avec une tente marocaine. Ici et là, des totems rappellent l’enga­gement historique du groupe (mieux consommer, mieux vivre, mieux manger). Les matériaux durables sélectionnés rappellent l’attachement du groupe à ses racines. Les fabricants et les artisans locaux sont mis à contribution, comme en témoignent les lampes en rotin, la pierre de l’Atlas, la terre cuite, le laiton, les moucharabiehs, etc. Avec ce nouveau concept, l’hypermarché Marjane est devenu un lieu de vie qui exprime la culture marocaine avec contemporanéité.
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    Talents

    OYAPOCK ­architectes, une diversité enrichissante

    Par Sipane Hoh, le 30 juillet 2023
    Trois amis, trois collègues, trois architectes, un nom d’agence qui se réfère à un fleuve d’Amérique du Sud, plusieurs distinctions et de multiples projets. Il s’agit d’OYAPOCK, l’agence d’architecture fondée par Mathieu Garcia, Florent Descolas et Adrien Mondine où la diversité forge la douce complémentarité. Tout a commencé dans une agence d’architecture parisienne où le trio, sorti d’école d’architecture, travaillait. Une amitié puis l’envie d’exercer ensemble ont poussé les trois jeunes architectes à fonder leur agence. Leur premier projet ? Mémorable et formateur, il les a conduits au Brésil, à Rio, dans une favela où le souhait de se « confronter à autre chose » et le sentiment de « partir de rien » étaient les plus forts. C’est ainsi qu’a commencé une aventure extraordinaire, dans un environnement exotique, un nouveau savoir-faire mais surtout une autre manière de pratiquer l’architecture. Entre les matériaux recyclés, le réassemblage, la récupération, l’architecture est sortie triomphante mais empreinte d’une certaine forme d’humilité et de beaucoup de leçons. La scène musicale de Rio livrée en 2018 constitue ainsi un cas d’école qui continue à guider le travail des architectes. Entre-temps, l’agence a été lauréate, en 2015, de la session 13 du concours européen EUROPAN pour la ville de Montreuil, il fallait donc rentrer en France. Dès lors, établie dans le 11e arrondissement parisien, OYAPOCK architectes est composée de 10 personnes, c’est une équipe soudée et complémentaire où règne l’esprit de groupe et d’entraide, où les échanges entre les différentes personnes sont constants. Les projets de l’agence sont privés et publics, avec une préférence pour les matériaux naturels, durables et biosourcés mais toujours une véritable réflexion sur l’économie d’un projet. « On essaye de bien faire » conclut ainsi le trio qui, malgré les diverses difficultés du métier, garde la tête haute et l’esprit clair. Extension du lycée Pauline Roland L’agence OYAPOCK architectes vient de livrer en tant que mandataire à Chevilly-Larue l’extension du lycée Pauline Roland avec Cusy-Maraval architectes. Il s’agit d’un programme conséquent qui a été réalisé entièrement en site occupé. C’est une greffe en bois qui vient s’ajouter à l’existant sans dénaturer ce dernier. Un projet où, malgré l’aspect simple, il a fallu inventer, s’étendre sous le préau pour pouvoir apporter de la luminosité, respecter le « déjà-là » et penser à garantir un chantier sans nuisances. Un travail méticuleux et sensible qui a pu engendrer des locaux neufs en continuité par rapport à l’ancien tout en appliquant les différents principes environnementaux très chers aux architectes. Avec une superstructure en ossature bois, une impeccable acoustique, des espaces généreux et lumineux, la commune de Chevilly-Larue vient de se doter d’un lycée qui accueille 400 élèves supplémentaires dans des locaux neufs, appropriés et des classes pensées pour le bien-être des usagers. Il s’agit d’une « belle expérience » malgré un chantier qui a eu du retard à cause de la pandémie et de la crise des matériaux. L’exercice d’une greffe n’étant jamais anodin, ici, les architectes ont démontré leur maîtrise de la matière ainsi que leur savoir-faire dans une économie de moyens et en toute probité.

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