Architecture, l'esprit du lieu

Le premier pas sur la Piste des Géants

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Par Sipane Hoh, le 7 avril 2025.
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À Toulouse, Studio Montazami et Tezuka Architects mettent leur connaissance en diapason pour une réalisation hors site baptisée NIWA Toulouse Aerospace. C’est une construction pionnière ainsi qu’un signal architectural fort qui promeut une nouvelle manière de travailler.

C’est l’histoire d’une rencontre inopinée mais néanmoins fructueuse qui a débuté en 2017, à Paris, à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, en marge du Global Award for Sustainable Architecture qui désigna l’agence japonaise Tezuka Architects (Takaharu Tezuka + Yui Tezuka) comme lauréate. Suite à un appel d’offres commun, les deux agences d’architecture ont été sélectionnées pour un projet qui favorise la recherche de nouvelles solutions éthiques et une démarche civique en architecture. À Toulouse, prenant place dans la ZAC Montaudran Aerospace, NIWA qui signifie jardin en japonais et voué à devenir le siège social de GA Smart Building, constitue l’amorce du campus tertiaire, le TMA NewGen, dont le concours fut remporté en 2020 par les deux agences d’architecture. Encore en projet, l’ensemble comporte trois parcelles. Tandis que côté sud-ouest le site est bordé par la rocade A620, côté nord-est il est bordé par la Piste des Géants, une ancienne piste de l’Aéropostale, inscrite en partie aux monuments historiques. C’est donc sur une parcelle stratégique, située au sein du berceau de l’aviation civile non loin de la Halle de la Machine que prend forme l’immeuble tertiaire qui constitue à la fois un lieu de vie, de travail mais aussi de culture et de loisirs. Une architecture vertueuse tendant vers le monde post-carbone. Dès le départ, les architectes aspiraient à faire plus de place à la nature. Ainsi, le bâtiment a été reculé par rapport à l’avenue de l’Aérodrome-de-Montaudran, pour pouvoir laisser la place à un parc paysager comprenant diverses essences locales.

Mieux cerner le monde de travail.

Contrairement à la logique d’une tendance actuelle qui propose une seule entrée pour l’immobilier tertiaire, Niwa s’est dotée de plusieurs accès communiquant entre eux au travers du rez-de-chaussée en triple hauteur.

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    Studio Montazami

    50, rue Remy-Dumoncel

    75014 Paris

    Tél. : +33 (0)1 43 26 38 69

    studiomontazami.archi

    Tezuka Architects

    1-19-9-3F Todoroki Setagaya Tokyo

    158-0082 Japan

    Tél. : +81-3-3703-7056

    www.tezuka-arch.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 59
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    Hôtel de Pourtalès, Paris

    Par Nat Lecuppre, le 31 janvier 2025
    Il existe dans Paris un lieu appelé Hôtel de Pourtalès dédié à une clientèle très haut de gamme qui souhaite séjourner dans l’anonymat total sans aller à l’hôtel et se sentir comme chez elle. Pour cette adresse secrète, située à proximité de la Madeleine au 7, rue Tronchet dans le 8e arrondissement, c’est le bouche-à-oreille qui fonctionne. Hôtel de Pourtalès. À l’origine, le comte James Alexander de Pourtalès, un diplomate et collectionneur d’art d’origine française, vit en Suisse. En 1815, il vient s’installer à Paris et demande à l’architecte Félix Duban de lui bâtir un écrin pour ses collections dans le style néo-Renaissance. C’est ainsi qu’est né l’Hôtel de Pourtalès avec son architecture caractérisée par ses arcades, pilastres, sa cour intérieure… rappelant les palais toscans. Depuis 2002, l’ensemble du site est classé aux Monuments Historiques. Les enjeux sont donc importants lorsqu’il s’agit de rénovation des lieux. En 2006, Anthony Béchy signe la première réhabilitation. Puis intervient le studio Labaye Sumi en 2019 et jusqu’à ce jour, en site occupé pour les réaménagements successifs et les évolutions des espaces (cuisines, salles de bains). Portrait du studio. Le Studio Labaye Sumi, avant tout un duo : Agathe Labaye, architecte, et Florian Sumi, artiste plasticien. Les deux trentenaires sont complémentaires. Ils ont une vision transversale. Ils trouvent un équilibre en alliant leurs expertises et savoir-faire et font de l’objet une architecture. À l’image de ses projets, le studio est discret mais multidisciplinaire et aux compétences sans limite. Il a signé depuis 2018 des pièces de collectible design représenté par la galerie Charles Burnand à Londres, le concept hôtelier pour la nouvelle marque du promoteur immobilier Réalité(s), l’architecture intérieure d’un ilot de sept immeubles à Juan-les-Pins, la création de la première boutique de la marque de joaillerie Statement ou encore BonParfumeur… et bien entendu l’Hôtel de Pourtalès. Le projet. Le client, représenté par Antoine Bidan, directeur général de l’établissement, et Kathlene Guerrache, sa directrice commerciale, avait juste donné comme impératif au Studio Labaye Sumi de concevoir des lieux empreints d’élégance, de clarté, de douceur où chacun peut se retrouver. Il fallait tout d’abord trouver un concept cohérent avec la configuration des lieux et leur attribuer une harmonie. Le site est constitué de deux bâtiments : un classé et un autre attenant, contemporain. Pour ce projet, le Studio Labaye Sumi a pris en compte l’ADN du site. Il a apporté une touche de design, de contemporanéité au côté classique et à l’histoire des lieux. Les volumes sont extraordinaires et les traces du passé sont conservées comme les voûtes et les charpentes pour créer des espaces mêlant luxe et sobriété. Les tonalités retenues sont chaudes, lumineuses, réhaussées de pointes de vert, de jaune, qui font écho à la végétation luxuriante des terrasses des suites. Les 1 200 m2 se répartissent sur sept étages. L’établissement dispose de deux chambres et 9 suites de 95 m2 à 367 m2. Le Studio Labaye Sumi joue sur l’intemporalité et choisit avec une attention particulière un mobilier sculptural. À savoir des pièces iconiques de Charlotte Perriand, Le Corbusier, Rietveld, Scarpa, mais aussi des œuvres de la nouvelle garde du design français comme Garnier
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Quand la cuisine restaure… le patrimoine

    Par Lionel Blaisse, le 12 février 2024
    Le patrimoine offre d’inestimables décors aux chefs cuisiniers, encore faut-il que le concept culinaire associé entre en résonance avec comme au Fiera dont les cordons bleus vous servent dans l’ancienne Bourse du fret d’Anvers. Extension fin XIXe de la première Bourse du Commerce, le Schippersbeurs anversois vient de se réincarner en restaurant. Son impressionnant décor a été délicieusement remis en œuvre et en scène par Catherine Verbraeken et Alexis Biset pour le compte de Jan Jacobs, le leader du catering belge. Tout semble être aux rendez-vous pour satisfaire papilles et pupilles ! La Bourse et sa vie Au XVIe siècle, le port flamand devint « la fleur du monde ». Avec 10 000 marchands étrangers pour 100 000 habitants, la cité se revendiquait « la patrie commune de toutes les nations » grâce au commerce qui s’y opérait très librement. C’est en toute logique qu’y fut bâtie dès 1531 la première Bourse avec un marché permanent, plus de trois décennies avant celle de Londres. Ravagée par le feu un demi-siècle plus tard, elle fut reconstruite presque à l’identique, autour d’une grande cour carrée ceinte de colonnades. Mais l’année de siège d’Anvers par les troupes espagnoles entama le déclin de son port au profit de celui d’Amsterdam puis de celui de Londres. Un hôtel compléta l’édifice au XVIIIe, bientôt partagé avec l’Académie des arts, qui fit couvrir en 1853 sa cour d’une coupole en verre inspirée du Crystal Palace de Londres. L’ensemble fut la proie des flammes cinq ans plus tard. Reconstruite en 1872 dans le style néogothique brabançon, l’institution se dota d’une Bourse du fret maritime. Sa cour centrale aux allures de place Saint-Marc est depuis surmontée d’une verrière sur une charpente métallique des plus ouvragée. Suite au transfert en 1997 de la Bourse à Bruxelles, le bâtiment vivotera jusqu’à sa fermeture pour insécurité en 2003. Heureusement classé, la ville le rachète en 2012 et confie à l’agence d’architecture locale eld sa reconversion en espace événementiel, la réinstallation d’un hôtel 5* et la création de trois sous-sols de parking. Mise en (s)cène S’attabler chez Fiera se mérite. Une fois votre réservation obtenue et la double porte à vitraux en fond d’impasse franchie, un bienveillant cérémonial temporise l’arrivée au sein du saint lieu après avoir traversé une vaste antichambre magistralement lambrissée de bois sous verrière. La découverte de l’ancienne Schippersbeurs n’en est pas moins une surprise. Sous son longiligne tableau de cotations en ardoise conservé avec sa passerelle, ses boiseries latérales lui confèrent des allures de chœur de cathédrale médiévale. Elle a surtout retrouvé sa fabuleuse verrière, petit chef-d’œuvre de serrurerie, de menuiserie et de verrerie. Entièrement déposée pour intégrer un chauffage par le sol, la mosaïque originelle à caducées – symbole d’Hermès, dieu du commerce – a été reposée à l’identique. Tout au fond, la table du chef s’interpose entre la salle et la cuisine ouverte traitée comme une boîte (dorée) dans la boîte pour éviter tout nouvel… incendie. Banquettes en velours vert bouteille rehaussé de coussins violine, frangées d’écru et de rouge, appliques d’Ann Demeleumeester – l’une des six stylistes de
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    Poissons frais… sans glace, ni odeur !

    Par Lionel Blaisse, le 25 avril 2025
    Dans ce qui reste du marché Saint-Germain au cœur du désormais très huppé 6e arrondissement, un couple de poissonniers nouvelle vague révolutionne la profession en ayant fait disparaître la glace pilée du processus de conservation de leurs poissons ! Depuis les années 1970, le retour en grâce et la rénovation des halles et marchés couverts ont concouru à revaloriser les commerces de bouche et promouvoir la bistronomie. Avec ses étals ruisselants recouverts de glace pilée, ses effluves incommodantes, l’inconfort humide du personnel, la poissonnerie manque quelque peu d’appétence. Pour Arthur et Marie-Victoire Viot, toutes ces contraintes n’avaient rien d’une fatalité. Le goût du bon sens. Juriste en assurances passionné de plongée sous-marine, Arthur Viot s’interrogeait sur les techniques de conservation de toute cette faune aquatique dont l’eau fut bannie des siècles durant afin de l’assécher (salage, séchage, fumage…) pour mieux la préserver. Pourquoi « persiste-t-on à vouloir présenter le poisson après sa mort comme dans le milieu naturel où il évolue, d’autant que tout milieu humide favorise le développement de bactéries. Viandes et fromages sont toujours conservés bien au sec ; les mêmes lois biologiques s’appliquent au poisson : sa chair n’a aucunement besoin d’eau, qui nuit même à sa conservation optimale. En effet, le poisson perd ainsi de sa fermeté, ses saveurs s’atténuent et le développement des bactéries génère une dégradation des chairs, créant des odeurs désagréables ». Après s’être formé deux ans durant à la poissonnerie traditionnelle – notamment à l’Avant Comptoir de la Mer du chef Yves Camdeborde place de l’Odéon – Arthur Viot ouvre en 2021 sa poissonnerie au marché Saint-Germain avec son épouse – ex-ingénieure reconvertie à la cuisine – et Quentin Caro, ingénieur en halieutique passé par Terroirs d’Avenir. Pour leur échoppe, ils ont mis au point des armoires et vitrines réfrigérées permettant la conservation des poissons à sec, dans des conditions d’humidité régulées ayant fait l’objet de brevets, qui va de pair avec une minutieuse préparation préalable spécifique du poisson. Des impacts aussi économiques qu’environnementaux. « Travailler sans glace a bien d’autres impacts positifs : réduction de la consommation d’eau potable des boutiques (estimé à 2 m3 de glace par étalage, soit environ 1 834 litres d’eau, auquel il faut ajouter l’eau de rinçage des poissons, étals et sols souillés par la glace qui fond), abandon des machines à glace énergétivores, de la manutention pénible souvent à l’origine de risques professionnels pour les poissonniers… Préservés au sec, les poissons se conservent 2 à 3 fois plus longtemps que selon la méthode traditionnelle. Ce qui signifie moins de pertes pour le poissonnier 1 et une gestion quotidienne des achats plus responsable. » Pour rappel, la moyenne des pertes en marchandise varie de 5 à 15 % pour les poissonneries indépendantes et monte jusqu’à 25 à 40 % pour les rayons des grandes et moyennes surfaces (GMS).  

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