Urbanisme

Delas Frères investit dans la pierre

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Par Lionel Blaisse, le 25 décembre 2023.
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Le chai et le caveau de vente du négociant producteur de Côtes du Rhône ouverts en 2019 au cœur de Tain-l’Hermitage offrent de belles façades contemporaines en pierre de taille signées de l’architecte Carl Fredrik Svenstedt.

En contrebas des pentes rudes et abruptes des vignobles de l’appellation d’origine contrôlée et traversé par la Nationale 7, le village de 6 500 âmes compte nombre de cavistes, mais Delas Frères est le seul à y avoir installé – à proximité de la belle demeure achetée en 2015 – les installations de production et d’élevage de ses grands crus. L’exception architecturale s’y imposait donc !

(Non-)architecture agricole ?

Quelles que soient les régions – outremer compris –, on s’extasie encore devant les fermes d’antan à l’architecture vernaculaire, dépendances comprises. Mais l’agriculture intensive de ces dernières décennies a hélas engendré bien des verrues dans nos campagnes. Reconnaissons que l’exonération de permis de construire pour les bâtiments agricoles a grandement concouru à ce laisser-faire dévastateur, tant architectural que paysager.

Branche plutôt noble du secteur, la viniculture a su mettre l’architecture au profit de la notoriété des domaines, où les amateurs de bons vins – professionnels ou particuliers – se déplacent de plus en plus pour acquérir (après les avoir dégustés sur place) leurs meilleures bouteilles en devenir. Mais au-delà de l’image, c’est surtout l’évolution de la fabrication du vin suivant un process gravitaire qui est à l’origine de la rénovation des chais que les grands propriétaires n’hésitent plus à confier à des architectes de renom.

Faire d’une pierre trois coups

Forte de son adossement au Champagne Deutz1, la maison Delas Frères a fait d’une pierre trois coups pour son 180e anniversaire. En effet, elle se rend acquéreur d’un hôtel particulier (1 400 m2 transformés en maison d’hôtes et salles de dégustation et réception) au cœur de Tain-l’Hermitage dans le jardin duquel (alors à l’abandon) elle projette de construire un chai (cuverie et élevage en barriques de 3 200 m2) et un caveau de vente (400 m2) où produire et commercialiser ses AOC Tain-l’Hermitage et Crozes-Hermitage issus de ses 30 ha de vignobles.

Cet article est paru dans le nda #53.
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    Champagne Deutz Delas Frères

    40, rue Jules Nadi

    26600 Tain-l’Hermitage

    Tél. : +33 (0)4 75 08 92 97

    www.delas.com

    Carl Fredrik Svenstedt Architects

    5, rue Chapon

    75003 Paris

    Tél. : +33 (0)1 48 04 38 90

    www.carlfredriksvenstedt.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 53
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    le Champ des Possibles

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    Architecture un lieu

    Les Nouvelles Galeries Annecy font peau neuve

    Par Nat Lecuppre, le 3 novembre 2023
    La ville d’Annecy se développe et entraîne de nombreux changements urbains. L’objectif premier étant de rendre le centre-ville plus dynamique et végétal. Parmi ces derniers, on compte le réaménagement des Haras qui rassembleront une Cité internationale du cinéma d’animation, une halle gourmande et un parc paysager. Mais le projet qui nous intéresse aujourd’hui est la rénovation et l’extension des Nouvelles Galeries. Trois acteurs pour la création d’un nouveau projet Manuelle Gautrand, architecte, s’est vu confier par Citynove-Groupe Galeries Lafayette, promoteur et investisseur, la mission d’extension du centre commercial (passant de 17 500 à 27 500 m²) avec la création d’un mall et de petites et grandes surfaces de commerce venant compléter le grand magasin existant. À sa charge également la restructuration du parking (vélos et voitures) et l’aménagement paysager. L’architecte designer David Thulstrup a été retenu pour imaginer la décoration intérieure du mall, des circulations verticales et des toilettes. La designer néerlandaise Sabine Marcelis quant à elle a été chargée de créer une partie du mobilier intérieur et quatre miroirs lumineux. Enfin, la construction a été confiée au Groupe Legendre. Le site Les Nouvelles Galeries Annecy sont un repère phare dans la ville depuis les années soixante-dix. Son architecture, qui fut audacieuse et démarquée de son environnement avoisinant, a marqué les esprits et l’édifice rond et volumineux s’est imposé au fil du temps jusqu’à devenir le symbole d’une époque, voire un bien patrimonial. Pour cette raison, il sera conservé dans son intégralité dans le projet. Lors de sa création en 1969, le bâtiment était enrubanné d’un double anneau de parking, qui donnait l’impression de suspendre sur pilotis le centre. À l’époque, l’arrivée en voiture était favorisée. L’entrée des clients à pied se faisait sous le parking, par un accès ni convivial ni valorisé. Un projet de centre-ville Le projet de la restructuration lourde et de l’extension a été imaginé dès 2011, mais les travaux n’ont démarré qu’en 2019. Les enjeux étaient pour Citynove d’en faire une destination à part entière avec toutes les valeurs du commerce de demain. Il fallait tenir compte également des services, des enjeux environnementaux naturels, culturels et sociaux. L’objectif pour Manuelle Gautrand était de conserver ce patrimoine mais aussi de lui redonner une jeunesse en symbiose avec une extension à l’architecture innovante, audacieuse et plus contextuelle. L’extension comprend quarante boutiques et restaurants qui complètent l’offre du grand magasin des Galeries Lafayette. Un positionnement environnemental L’existant a été préservé et rénové dans ce projet certifié Breeam Excellent. Les surfaces perméables ont été augmentées afin de récupérer les eaux de pluie pour l’arrosage des toitures végétalisées, tandis qu’une attention particulière a été portée à la lumière naturelle, optimisée afin de réduire au maximum l’éclairage indirect. Les formes circulaires originales du bâtiment de base ont été reprises pour l’extension, conférant à l’ensemble une totale harmonie architecturale, toute contemporaine. Le parking initial a été conservé et en sous-face ont été installés le mall de desserte des Nouvelles Galeries et la plupart des espaces communs. Le mall est constitué de diverses volumétries circulaires variables par-dessus et par-dessous les volumes existants du parking en anneau.
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    Architecture un lieu

    Concevoir des bureaux à son image

    Par Nat Lecuppre, le 7 juin 2024
    Les architectes ont la chance de pouvoir concevoir des lieux qui leur ressemblent. Tel est le cas pour l’Atelier du Pont. Les fondateurs et associés, Anne-Cécile Comar et Philippe Croisier, ont dessiné et réalisé leur propre agence. Chez Eux. Situés au 9, impasse Lamier dans le 11e arrondissement de Paris, les locaux sont à l’image du savoir-faire des architectes. Cette vitrine de 900 m2 est répartie sur 4 niveaux. À savoir un rez-de-chaussée, R+1, R+2 et une toiture habitable. Les lieux sont imaginés comme un petit laboratoire où chacun se croise et échange tout en travaillant. Au rez-de-chaussée, on trouve l’atelier maquette, un espace de coworking, une salle de réunion et une salle de sport. Le R+1 abrite l’accueil, une cafétéria qui peut devenir un lieu d’exposition selon les besoins et un showroom de matériaux de décoration. Au R+2, les espaces de travail sont en open space. Une bulle de réunion favorise le travail collaboratif. On a également une matériauthèque. Quant à la toiture, elle est aménagée pour être habitée. Des bureaux sur mesure. Atelier du Pont a conçu en totalité le projet. Celui-ci démontre la capacité de l’agence pour intégrer le design global dans ses réalisations. Comme dans leurs autres projets, on retrouve comme matériau de prédilection le bois brut. Pour les architectes, le bois souligne le côté chaleureux et, en plus, son côté olfactif renforce la sensation de bien-être. Les architectes associent des teintes chaudes et colorées des peintures au bois. Elles structurent l’espace. Une réflexion est menée avec leur propre bureau d’études intégré en éco-conception Plan 02 pour proposer des locaux reflétant leur engagement RSE. Des procédés low-tech remplacent la climatisation (stores, ventilation naturelle, brasseurs d’air…). Une attention particulière est portée aux échanges, à la diffusion des informations et à la convivialité. Les bureaux sont organisés en U autour d’un patio planté. Les équipes sont encouragées à se déplacer. Des espaces partagés à chaque étage invitent aux échanges informels, au travail collectif et à la communication. Conçu comme un logement, l’espace de travail est rendu évolutif par la structure poteaux-poutres suivant ses futures évolutions. L’impasse Lamier est un véritable petit cocon pour les 40 collaborateurs de l’agence. Ils sont à l’image de leurs créateurs.
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    Urbanisme

    Biens communs grandeur Nature

    Par Lionel Blaisse, le 22 décembre 2023
    Au pied de la montagne Sainte-Victoire, Saint-Marc-Jaumegarde se dissémine – entre pinède et garrigue – en hameaux le long d’une départementale. Pourvoir aux besoins de ses habitants y relève du ménagement urbain. L’atelier Mossé Gimmig du collectif marseillais 8 ½ a réussi l’exploit d’y parfaire une centralité verte via l’agrandissement du cimetière, puis, quatre ans plus tard, celui du plateau sportif communal mitoyen. S’immisçant – avec sensibilité et subtilité – dans le déjà-là « bâti » et paysager, leurs interventions « juste apposées » confortent l’impression d’oasis « grandeur Nature » de cette banlieue huppée d’Aix-en-Provence ! Une centralité verte originale « Saint-Marc-Jaumegarde est une commune atypique dans sa constitution originelle, précisent en préambule Frédéric Gimmig et David Mossé. Située au pied de la Montagne Sainte-Victoire entre ses deux voisines Aix-en-Provence et Vauvenargues, elle ne s’est pas développée, à l’instar d’autres, sur une densification progressive à partir d’un centre urbain historique et constitué. Ici, la nature reste dominante et la qualité du paysage commande en tout lieu. Néanmoins, il s’invente là une centralité d’un nouvel ordre, une centralité verte autour de la présence d’équipements publics qui prennent place dans cette nature remarquable autour du point de gravité de la mairie et de la place champêtre de l’église. Les services techniques municipaux, la salle du conseil, l’école, la cantine, la bibliothèque, la crèche, le parking paysager sont ainsi venus progressivement constituer un cœur de commune original attaché à son caractère rural. La réalisation récente des projets d’extension du cimetière et de la salle des sports a développé le long de la route de la mairie jusqu’à la route départementale cet esprit d’une centralité verte, intégrée au paysage qui l’accueille sans pour autant sacrifier leur caractère résolument contemporain ». Avec à peine 1 248 âmes pour 2 250 hectares – plantés à 80 % de pins et de garrigue – et son habitat diffus (sur de grandes parcelles essentiellement boisées), il s’agit bien là d’une commune rurale peu dense. Grâce à un tiers de séniors et 45 % de ménages avec enfants, elle a su maintenir une vraie vie communale qu’autorise sa richesse foncière. « Âménités » paysagères Le cimetière existant (2 400 m2) ne satisfaisant plus aux obligations légales, une extension de 6 000 m2 fut décidée en 2015, augmentée d’un parking de 1 800 m2. Ce sont donc 81 caveaux (de 270 à 230 sépultures) et 74 cinéraires (de 148 à 296 urnes) qui furent aménagés en surplomb de l’enclos funéraire originel. Ni du genre « mortel » comme son voisin (et bon nombre de ses homologues), ni Champs Élysées flamboyants, cet agrandissement s’offre comme un morceau de nature domestiqué où reposer sereinement pour l’éternité. Un élégant mur de pierres sèches ceinture l’espace (comme la loi l’impose), s’insinue tout en la confortant dans la topographie pour engendrer les alcôves où enchâsser les cinéraires que desservent de simples allées en béton stabilisé – le corbillard n’ayant pas besoin de s’en approcher. Ici de minimalistes lames verticales en acier autopatinable en commandent l’accès ou ménagent les transparences. Près du parking le muret s’épaissit pour générer sanitaires et locaux techniques. À l’opposé, il se fait

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