Les Nouvelles Galeries Annecy font peau neuve

La ville d’Annecy se développe et entraîne de nombreux changements urbains. L’objectif premier étant de rendre le centre-ville plus dynamique et végétal.
Parmi ces derniers, on compte le réaménagement des Haras qui rassembleront une Cité internationale du cinéma d’animation, une halle gourmande et un parc paysager. Mais le projet qui nous intéresse aujourd’hui est la rénovation et l’extension des Nouvelles Galeries.
Trois acteurs pour la création d’un nouveau projet
Manuelle Gautrand, architecte, s’est vu confier par Citynove-Groupe Galeries Lafayette, promoteur et investisseur, la mission d’extension du centre commercial (passant de 17 500 à 27 500 m²) avec la création d’un mall et de petites et grandes surfaces de commerce venant compléter le grand magasin existant. À sa charge également la restructuration du parking (vélos et voitures) et l’aménagement paysager.
L’architecte designer David Thulstrup a été retenu pour imaginer la décoration intérieure du mall, des circulations verticales et des toilettes.
La designer néerlandaise Sabine Marcelis quant à elle a été chargée de créer une partie du mobilier intérieur et quatre miroirs lumineux. Enfin, la construction a été confiée au Groupe Legendre.
Le site
Les Nouvelles Galeries Annecy sont un repère phare dans la ville depuis les années soixante-dix. Son architecture, qui fut audacieuse et démarquée de son environnement avoisinant, a marqué les esprits et l’édifice rond et volumineux s’est imposé au fil du temps jusqu’à devenir le symbole d’une époque, voire un bien patrimonial. Pour cette raison, il sera conservé dans son intégralité dans le projet. Lors de sa création en 1969, le bâtiment était enrubanné d’un double anneau de parking, qui donnait l’impression de suspendre sur pilotis le centre. À l’époque, l’arrivée en voiture était favorisée. L’entrée des clients à pied se faisait sous le parking, par un accès ni convivial ni valorisé.
Un projet de centre-ville
Le projet de la restructuration lourde et de l’extension a été imaginé dès 2011, mais les travaux n’ont démarré qu’en 2019. Les enjeux étaient pour Citynove d’en faire une destination à part entière avec toutes les valeurs du commerce de demain. Il fallait tenir compte également des services, des enjeux environnementaux naturels, culturels et sociaux.
L’objectif pour Manuelle Gautrand était de conserver ce patrimoine mais aussi de lui redonner une jeunesse en symbiose avec une extension à l’architecture innovante, audacieuse et plus contextuelle. L’extension comprend quarante boutiques et restaurants qui complètent l’offre du grand magasin des Galeries Lafayette.
Un positionnement environnemental
L’existant a été préservé et rénové dans ce projet certifié Breeam Excellent. Les surfaces perméables ont été augmentées afin de récupérer les eaux de pluie pour l’arrosage des toitures végétalisées, tandis qu’une attention particulière a été portée à la lumière naturelle, optimisée afin de réduire au maximum l’éclairage indirect.
Les formes circulaires originales du bâtiment de base ont été reprises pour l’extension, conférant à l’ensemble une totale harmonie architecturale, toute contemporaine. Le parking initial a été conservé et en sous-face ont été installés le mall de desserte des Nouvelles Galeries et la plupart des espaces communs. Le mall est constitué de diverses volumétries circulaires variables par-dessus et par-dessous les volumes existants du parking en anneau. Ils longent pour beaucoup les bordures du site afin de communiquer plus facilement avec les rues avoisinantes. Les lieux sont ainsi plus connectés et chaleureux. La première partie visible ne concerne plus les emplacements de stationnement mais les vitrines, les entrées et les terrasses de café. La nouvelle architecture a permis de créer des terrasses accessibles sur les toitures. On trouve désormais plusieurs espaces d’accueil du public, des petites places animées, végétalisées et lumineuses (plein ouest, plein sud et plein est) pour se retrouver à l’axe du volume central des Galeries Lafayette.
Une conception vitrée d’exception
Les façades extérieures circulaires sont vitrées, perméables et plissées, en écho au plissage en béton des anneaux du parking d’origine. Le choix de ces façades en verre donne du rythme au site et permet d’inonder les lieux de lumière naturelle, tout en procurant à l’architecture du lieu légèreté et transparence. L’architecte a évité de créer des façades arrière ou aveugles sur les rues. Les lieux se devaient d’être ouverts, animés et d’inciter le public à voir les boutiques et leur animation.
La ville d’Annecy avec ce projet d’envergure fait à nouveau un pas architectural dans la contemporanéité.
Bravo à Manuelle Gautrand pour sa réinterprétation qui rend le site interactif avec son environnement. Sa vision a permis de le rattacher à la ville et de redorer le blason de ce patrimoine si cher aux annéciens.
Les Nouvelles Galeries Annecy
Manuelle Gautrand Architecture

le Champ des Possibles

Quand architectes et clients partagent le même ADN
Par Nat Lecuppre, le 20 octobre 2023La Maison Rouvenat a fait appel à l’agence d’architecture Atelier du Pont pour concevoir son showroom au 416, rue Saint-Honoré à Paris.
Les architectes et la maison partagent les mêmes valeurs : la circularité, l’artisanat et le réemploi. Ces points communs font que les lieux réalisés sont uniques, en fond de cour de style Eiffel, derrière des vitrines d’époques.
Les espaces intérieurs sont délimités par des tapis en soie végétale, fabriqués pour les lieux. Les choix de coloris et de matières sont chauds et naturels. On trouve du terracotta, du curry, du nude, se mariant parfaitement avec le bois, la laine et le laiton.
Une mise en scène pour valoriser les lieux
Les stèles exposent des bustes ou des vitrines réalisées sur-mesure. Les sculptures sont faites à la main. Moulées dans le plâtre, elles sont un clin d’œil à la renaissance de la marque.
Les anciennes consoles et comptoirs d’exposition en chêne ont été rénovés et transformés pour présenter les bijoux.
Une imposante porte vitrée sépare l’espace de vente et les bureaux. Pour la fabriquer, les architectes ont fait restaurer et assembler de vieilles portes-fenêtres de la Belle Époque en provenance du Sud-Ouest de la France. Le parti pris de l’Atelier du Pont est de laisser les murs blancs avec des cimaises d’accrochage.
Il est à noter que les lieux peuvent accueillir des expositions et des événements.

Les Genettes, extension éclairée
Par Anne-Marie Fèvre, le 27 novembre 2023Dans une clairière percheronne, l’agence Java a agrandi un pavillon 70, en jouant avec une ossature bois et d’autres subtilités. Le voici transformé en séduisante longère contemporaine, ouverte sur le paysage.
Il était une fois dans le pays de l’Aigle, à la limite nord du Perche, une prairie entourée de forêts, un ruisseau, et le pavillon 70 d’un papy bricolo. À sa mort, sa petite-fille souhaite garder cette maison, riche de ses souvenirs d’enfance. Le site est enchanteur comme dans un conte, proche du village des Genettes où ont fleuri nombre de légendes. Mais cette petite demeure n’a guère de qualité architecturale. Que faire ? La détruire, pour reconstruire ? Les nouveaux propriétaires, un couple avec trois enfants, rêvent d’une bâtisse plus vaste, mieux isolée, plus complice du paysage, lumineuse et surtout très accueillante pour les invités.
C’est la demande qui a été exprimée à l’agence Java Architecture, créée en 2014, regroupant Florian Levy, Alma Bali, et Laurent Sanz. « Cette commande altruiste, se réjouit Florian Lévy, qui privilégie des espaces communs, pour transmettre une histoire familiale, nous a intéressés. La démolition n’était pas nécessaire, nuisible même d’un point de vue écologique. Le bâtiment était sain et solide pour supporter une extension, vivre une seconde vie ». Pour satisfaire les attentes de ces clients, il fallait donc ajouter des chambres, créer un plus grand salon, des espaces extérieurs et faire entrer la lumière. « Nous avons démoli la serre, poursuit Florian Lévy, détruit le toit du garage inutilisable mais gardé l’escalier extérieur. Et nous avons recouvert le bâtiment d’une ossature en bois qui en relie les différentes parties ».
À l’ouest, le séjour trop étroit est élargi grâce à une extension dont la nouvelle façade en verre et bois laisse entrer le paysage. Cet agrandissement a permis de créer la chambre des parents au premier étage. La structure en bois de douglas laminé respecte la géométrie existante du bâtiment.

Arles, des racines et des ailes
Par Lionel Blaisse, le 27 avril 2023Commune la plus étendue de métropole, Arles s’est vu pousser des ailes il y a 2 500 ans. Haut lieu de tourisme et de culture, elle aspire à se régénérer pour ne pas se muséifier ni se gentrifier.
Avec trois espaces naturels remarquables1 à leur porte et un patrimoine architectural exceptionnel et varié ayant valu son inscription au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, les Arlésiens disposent d’un cadre de vie et d’une qualité urbaine qu’il s’agit de valoriser. Cette revitalisation indispensable nécessite de diversifier l’activité économique et de pérenniser son développement.
Une ville d’histoire(s)
C’est au premier siècle avant Jésus-Christ, sous les empereurs Auguste et César, que la petite colonie installée par les Grecs dans le delta du Rhône prit son essor de cité romaine sous le nom d’Arelate (avant les marais). En témoignent plusieurs vestiges, presque tous classés Monuments historiques dès 1840 par Prosper Mérimée2 : l’amphithéâtre bâti en 90 av. J-C qui contenait plus de 20 000 spectateurs fut bien plus tard converti en arènes ; le théâtre antique – érigé concomitamment au sommet de la colline de l’Hauture mais achevé 78 ans plus tard – a hélas été dépecé en partie au XIXe ; la nécropole des Alyscamps3 le long de la Via Aurelia transformée en cimetière paléochrétien et, enfin, les thermes de Constantin du IVe dont ne subsistent que quelques ruines.
Halte vénérable sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, la capitale de la Camargue et ses 20 000 habitants connurent la prospérité économique et géographique au XIIe, époque à laquelle fut construite la primatiale Saint-Trophime et son fameux cloître, chefs-d’œuvre de l’art roman provençal. La Renaissance y fut prospère, et ce jusqu’à la Révolution, la plupart des hôtels particuliers du secteur sauvegardé actuel datent d’alors.
Ville de pêcheurs et de bateleurs, la révolution industrielle y fit croître sa population ouvrière tant dans ses papeteries le long du fleuve que dans sa périphérie immédiate,