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Minéral et monolithique, le pôle culturel de Villerupt

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Par Sipane Hoh, le 25 mars 2024.
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© Guillaume Amat

À l’instar d’un paquebot échoué dans la commune lorraine de Villerupt, la réalisation de K Architectures (Karine Herman et Jérôme Sigwalt) interpelle le regard. Un programme complexe, des lignes pures et des traits éthérés pour un équipement culturel de grande qualité.

Située dans le nord-est de la France, dans la vallée de l’Alzette, la commune de Villerupt occupe un endroit stratégique. En effet, bâtie à la frontière du Luxembourg sur des sous-sols chargés naguère de minerai de fer, la ville s’est étoffée et le nombre des habitants est passé de 560 en 1861 à plus de 16 000 un siècle plus tard. Aujourd’hui, c’est sur ces terres à l’histoire riche, où toutes les installations industrielles ont été démantelées mais dont le paysage conserve de nombreux vestiges de cette période, que l’agence K Architectures établie à Paris a été mandatée pour y réaliser L’Arche. Il s’agit d’un équipement qui s’apparente à un haut lieu de rencontre des arts numériques, des industries créatives et des pratiques artistiques multiples, au programme prospère composé d’un bar-restaurant, un cinéma, une salle de spectacles, un fablab ainsi qu’une galerie d’art numérique immersive. Un lieu hybride où se croisent plusieurs espaces que les architectes ont manié avec la plus grande attention. Établi au pied d’un mur monumental en pierres, soutenant une plateforme technique sur laquelle était déchargé, auparavant, le minerai extrait avant d’être acheminé dans les aciéries en contrebas, le projet de K Architectures adopte une forme minérale et compose intelligemment avec son contexte. L’édifice massif qui s’ouvre généreusement en arcades sur l’esplanade Nino-Rota, du nom du compositeur italien auteur de nombreuses musiques de film, entame un dialogue fin, recherché et presque évident avec l’existant, il renvoie également à un autre ouvrage de soutènement situé non loin et caractérisé par la présence d’arcades. C’est en contemplant cet héritage qui rappelle plusieurs constructions italiennes que les architectes ont engendré les contours de leur projet. Avec des inspirations comme le Colisée de Rome mais aussi la Casa Malaparte, la fameuse maison de couleur rouge de trois étages, perchée sur son rocher, devenue un joyau d’architecture moderne et décor de plusieurs grands films de cinéma, située sur l’île de Capri, œuvre de l’architecte italien Adalberto Libera, l’architecture de L’Arche ne pouvait pas être quelconque.

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    K Architectures

    9, rue de la Pierre Levée

    75011 Paris

    Tél. : +33 (0)1 53 26 36 45

    www.k-architectures.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 54
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    La « Manu » devient un écrin pour le grand luxe

    Par Sipane Hoh, le 30 avril 2025
    À Riom, l’ancienne usine des tabacs que les Riomois appelaient la « Manu » accueille désormais une maroquinerie pour la grande marque du luxe Hermès. La réhabilitation a été menée avec habileté par TRACKS Architectes, et ce lieu complètement régénéré accueille des artisans formés localement aux divers savoir-faire de la maison. Édifiée dans les années 1900 et inscrite aux Monuments historiques depuis 2004, l’ancienne Manufacture des tabacs formait un site industriel à grand potentiel. La volonté étant de privilégier la reconversion, les architectes de TRACKS (Moïse Boucherie et Jérémy Griffon) accompagnés par l’agence d’architecte du patrimoine ABDPA ont composé avec l’existant tout en révélant certaines qualités de l’édifice tombé en désuétude depuis son abandon en 1975. Tout d’abord, rappelons que la destination globale de l’ensemble n’a pas changé. En effet, l’ancienne Manufacture des tabacs de Riom datant de 1877 prolonge la vocation manufacturière, se modernise encore une fois car certaines annexes se sont ajoutées au bâtiment d’origine en 1907 puis en 1936. Mandaté pour mener à bien le projet, l’agence d’architecture parisienne TRACKS Architectes a répondu avec brio aux différentes exigences de la maîtrise d’ouvrage : valoriser le déjà-là tout en préservant les qualités patrimoniales du site. Grâce aux différentes interventions sur les façades où le verre est omniprésent, la lumière naturelle pénètre jusqu’au cœur des ateliers. De même, le confort thermique et phonique sont assurés en matériaux biosourcés. Tout a été minutieusement étudié pour minimiser les déperditions énergétiques. Dans le but d’engendrer un énorme atrium autour duquel s’organisent les trois niveaux, les architectes ont procédé à un travail complexe dont le résultat est tout simplement remarquable. Par ailleurs, la façade classée ainsi que les toitures ont été soigneusement nettoyées et restaurées. Les fenêtres du rez-de-chaussée, quant à elles, ont été maintenues et prolongées jusqu’au sol. La gestion des déchets a été formidablement maitrisée : certains matériaux récupérés, comme les morceaux des poutres en béton provenant des travaux sur l’atrium, ou encore les pièces de métal récupérées lors des multiples restaurations, ont servi aussi bien à la fabrication de plusieurs mobiliers de jardin qu’à l’aménagement de la cour végétalisée. Réhabilitation, récupération et renouveau ont été les mots d’ordre d’une opération minutieusement pensée qui vient couvrir une surface de 7 000 m². Située à une quinzaine de kilomètres au nord de Clermont-Ferrand, ce lieu exceptionnel de création et de savoir-faire vient compléter le pôle auvergnat du groupe Hermès comprenant la maroquinerie de Sayat ainsi qu’une école des savoir-faire. Au cœur de la ville, non loin de la gare, la nouvelle Manufacture offre confort et bien-être aux usagers, qui disposent d’une grande facilité d’accès aux diverses infrastructures de transports ainsi qu’aux commerces locaux. Entièrement transformée, l’ancienne Manufacture est prête à entamer un nouveau chapitre de sa vie !
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    Les nouveaux bureaux AVIV (re)

    Par Nat Lecuppre, le 28 août 2024
    AVIV, acteur de la PropTech en Europe et filiale du groupe allemand Axel Springer SE, est spécialisé dans les services immobiliers en ligne. Il opère sur le territoire français avec notamment deux de ses marques : SeLoger et Meilleurs Agents. La vocation des deux marques est d’accompagner les Français pour trouver leurs résidences, locaux et bureaux. À son tour, le groupe décide de rechercher des lieux pour son premier siège social en France. Il souhaite offrir un meilleur cadre de vie à ses collaborateurs tout en renforçant son positionnement fort et son identité. Une adresse chargée d’histoire. L’immeuble retenu est un ancien WeWork situé à proximité de l’Opéra Garnier, au 5-7, rue des Italiens à Paris (IXe). Il est performant et connecté. La superficie de 6 000 m2 se répartit sur cinq étages. Le bâtiment de 1913 signé de l’architecte Edouard Arnaud a une façade ornementée qui marque la période post-haussmannienne. L’immeuble, appelé Society Opera, a été restructuré dans les années 2020-2022 par l’agence Basselier-Jarzaguet architectes. Le site a été modernisé tout en préservant sa valeur patrimoniale. Les façades et les toitures restaurées sont restées dans l’esprit d’origine. De la transparence est donnée avec une réouverture des baies au rez-de-chaussée. Ainsi l’intérieur se prolonge vers l’extérieur et vice versa. Une grande verrière architecturale renforce le cachet de ce magnifique immeuble de bureaux et permet à la lumière de pénétrer les lieux. Society Opera est certifié HQE et BREEAM. Un immeuble performant. Society Opera accueille les mille collaborateurs du groupe qui peuvent profiter d’un cadre chaleureux et confortable. Une multitude de services sont à disposition (salon d’attente, service bagagerie, auditorium, espace bar & restauration, salle de fitness, cours de boxe, de Pilates et de yoga…). La mobilité douce est encouragée. Pour cette raison, un local sécurisé abrite vélos et trottinettes. Un atelier vélo pour les réparations est créé. Une plateforme (Cosmos) est dédiée au quotidien de ces espaces. Performant et connecté, telles sont les caractéristiques de l’immeuble. Un assistant personnel virtuel peut en moins de vingt minutes aider les usagers à trouver un restaurant, un cinéma, y réserver une place, répondre à diverses questions… Les espaces de travail sont ouverts. Ils ont tous les atouts pour séduire les jeunes talents qui désireraient travailler dans un environnement tech à la pointe. L’aménagement intérieur. Les équipes Design & Project de CBRE ont imaginé un concept pour chaque étage. Les collaborateurs découvrent un décor singulier du R+3 au R+7, tout en étant harmonieux et fonctionnel. Au troisième étage, l’Univers Voyage se décline autour du concept Terracotta. On a une ambiance méditerranéenne avec des jeux de matières et de coloris de terre cuite. Au R+4, l’Univers Urbain autour du concept Urbex, à l’esprit industriel et rock. Les matériaux sont bruts. On trouve des éléments industriels, des néons et des tonalités rouges. L’ambiance Zen autour du concept Rinzai prend place au R+5. Les plantes, le bambou, la paille et les couleurs naturelles renforcent cet esprit de tranquillité. Le R+6, est plus coloré et pop avec un concept Arty. Quant au R+7, on a un concept French Riviera. Du rooftop, on a une vue
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Se restaurer à l’intérieur d’un iceberg

    Par Nat Lecuppre, le 25 octobre 2024
    L’architecte et designer Regis Botta vient d’imaginer le second restaurant parisien Super Bao. Après sa première adresse dans le XIe arrondissement de paris, Super Bao ouvre au 3, rue Yves-Toudic dans le même XIe. L’enseigne Super Bao a la spécificité de servir des burgers asiatiques appelé des baos. Ces pains cuits à la vapeur garnis de viande ou de légumes sont une spécialité de l’Asie du Sud-Est. Un décor immersif. Pour ce mets exquis, il fallait un décor atypique et dépaysant. Régis Botta vous transporte à l’intérieur d’un iceberg de couleur bleu glacier. L’architecte joue avec les courbes, les matériaux et la lumière pour créer une ambiance aquatique et cristalline. Le parti pris architectural est de fonder le concept sur une seule couleur : la teinte Aqua. Régis Botta joue avec les jeux de lumière et les miroirs aux murs et au plafond. Les lieux deviennent magiques. Ils sont constitués d’une grande paroi courbe peinte, d’un bar d’envoi et d’un bar de dégustation. Les lieux sont ouverts par une grande baie vitrée composée de plusieurs parois en verre sur pivots. Une attention particulière est portée à l’éclairage. Deux lignes de LED mettent en valeur la paroi courbée et illuminent les lieux. Avec les miroirs, elles créent des effets visuels qui animent l’espace. Les teintes lumineuses varient en intensité et en couleur tout au long de la journée. Pour accentuer l’immersion totale dans un chaleureux iceberg intimiste, le choix du mobilier a son importance. Les assises sont sans dossier et en inox et cuir argenté. Des rideaux de perles inox séparent les espaces annexes. Les lieux disposent de 29 places assises et d’une terrasse. Le Super Bao est une adresse incontournable… à vivre et à savourer ! « J’ai souhaité que le vocabulaire clinique du mobilier renforce le côté expérimental du lieu. » Régis Botta.

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