Urbanisme

Paris, au ban(c) du progrès ?

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Par Lionel Blaisse, le 17 juin 2024.
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© Apur — Thomas Sindicas

150 ans après la révolution urbaine énergiquement opérée par le baron Haussmann qui me conforta comme l’une des plus belles villes du monde, suis-je encore désirable ?

Si des préoccupations sécuritaires et sanitaires furent à l’origine de cette chirurgie réparatrice, le préfet de la Seine de Napoléon III sut me transfigurer via un profond lifting. L’urbanité résultant de ce nouvel art de vivre en ville alors offerte aux 1,8 million de Parisiens sera-t-elle toujours à l’œuvre à l’issue du grand charcutage actuel de mon tissu, annoncée pour l’ouverture des Jeux Olympiques portant mon nom ?

Urbanité “Capital”.

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    Architecture remarquable

    Le Visionnaire, saisir ce qui commence

    Par Lionel Blaisse, le 9 décembre 2024
    Mise en œuvre par Alain Moatti, la rénovation de la légendaire adresse de L’Oréal du 14 rue Royale devait offrir une plongée dans l’âme de la Maison et une exploration profonde du monde pour permettre à ses collaborateurs d’y inventer ensemble le futur de la beauté. À l’abri des regards derrière ses historiques façades classiques, une pièce d’architecture contemporaine connecte un véritable incubateur de créativité dont chacun des 21 espaces spécifiques fait appel au meilleur de la technologie – intelligence artificielle comprise. Réunissant le passé, le présent et l’avenir, Le Visionnaire symbolise par sa forme ovoïde le lieu où tout commence. Une marque auréolée de gloire. Tout débute en 1907 lorsqu’un jeune chimiste de 26 ans d’origine alsacienne, Eugène Schueller, invente un procédé de teinture capillaire de synthèse pour cheveux blancs dont il dépose le brevet baptisé l’Auréale, coiffure crantée fort prisée à l’époque. La Société française de teinture inoffensive pour cheveux est créée deux ans plus tard. Jusqu’au décès de son associé Pierre Spéry en 1936, ils vont développer et diversifier leurs activités (savon, shampoing, ambre solaire, édition de magazines de beauté et coiffure…). Devenue en 1939 la SA L’Oréal, l’entreprise s’installe au 14 rue Royale dans un immeuble à l’angle de la rue Saint-Honoré dessiné par Ange-Jacques Gabriel dans le prolongement de la place Louis-XV érigée en 1772 — aujourd’hui de la Concorde — dont il était l’architecte. Les façades et toitures sont d’ailleurs classées Monument historique en 1949. Eugène Schueller y installe immédiatement une académie de coiffure au troisième étage où près de 1,2 million de coiffeurs auront été formés depuis. Recruté en 1942 à la suite d’une petite annonce par Monsavon, François Dalle – juriste de 24 ans – va révéler ses qualités d’entrepreneur qui vont le conduire à la direction de L’Oréal en six ans. Quand le fondateur décède en 1957, il devient le patron de la grosse PME dont Liliane Bettencourt née Schueller hérite. À son départ en retraite vingt-sept ans plus tard, il a fait de L’Oréal le premier groupe mondial de cosmétiques qu’il est resté depuis. « Travailleur infatigable, sensible, exigeant avec lui-même et les autres, François Dalle aimait faire confiance, responsabiliser, entrainer avec lui, bousculer les limites qu’on se met à soi-même. Il était d’une intelligence hors du commun tout en étant charismatique », déclarait en septembre dernier ­Françoise Bettencourt-Meyers lors de l’inauguration du Visionnaire- Espace François Dalle. Architecture et symbole. « Au 14 rue Royale, la beauté est la rencontre avec l’inconnu. Au cœur de la ville, enveloppé dans une cour historique, nous avons édifié ce lieu inconnu. Il est protégé par une verrière en forme de spirale dont la dynamique conditionne sa stabilité dans l’espace. Cette verrière abrite une pièce-monument qui donne son nom au projet et le symbolise tout entier. Lieu emblème, lieu d’événement et de travail, cette œuvre est le point de départ de toutes les inspirations : un accélérateur de l’esprit de création. Ici on pense, ici on cherche, ici on trouve », décrypte Alain Moatti. Et Fabio Bezzecchi, son associé en charge du projet, de poursuivre : « Centrale, cette verrière est le fruit d’un travail mathématique des plus pointus, dont le développement numérique est basé sur
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    Urbanisme

    Alki, une belle assise basque

    Par Anne-Marie Fèvre, le 11 mars 2024
    Engagée depuis 1981 à Itsasu, l’entreprise de meubles a muté vers un beau design élémentaire. Avec le nouvel atelier architectural bâti à Larressore, elle entend développer sa croissance, ses valeurs humaines et écologiques. Océan vigoureux à Biarritz, maisons blanches aux volets rouges, campagne vallonée d’un vert rassurant, le nom d’Espelette d’un village, l’« euskara » langue si affirmée… Pas de doute, nous sommes au Pays basque français, dans la province du Labourd. Il y a là tous les piments d’une carte postale très prisée. Trop ? Ce « pays » se vit sous une tension due à un trop-plein de touristes1. Mais le village d’Itsasu (Itxassou), connu pour ses cerises noires, son site du Pas de Roland (de Roncevaux) résiste. C’est là que l’entreprise Alki de meubles s’est consolidée, elle s’apprête à muter encore en implantant un atelier contemporain à Larressore. Longtemps, « basque » a aussi rimé avec un style de meubles traditionnels, robustes, ornementés, en chêne et noyer, dont le manka (buffet) et le zuzulu (banc-coffre). C’est en s’appuyant sur ces savoir-faire patrimoniaux, mais surtout pour dynamiser ce territoire rural peu industrialisé, que cinq amis ont créé en 1981 la coopérative Alki, qui signifie « chaise ». Elle se tourne naturellement vers la fabrication de mobilier en chêne massif, crée rapidement de l’emploi avec des assises qui portent la volonté militante « de vivre et travailler au Pays basque ». Ce statut original de coopérative permet une gouvernance démocratique. « Mais il a fallu vaincre bien des difficultés, raconte Eñaut Jolimon de Haraneder, jeune PDG d’Alki depuis 2020, il a remplacé le co-fondateur Peio Uhalde. Un incendie de l’atelier en 1984, le déclin du meuble rustique basque… Nous devions nous reconvertir pour survivre. » C’est chose engagée en 2005. Le designer industriel Jean-Louis Iratzoki est recruté comme directeur artistique pour créer une marque plus contemporaine grâce au design, conquérir un nouveau marché. Nait en 2007 Emea, un siège ligne claire mais costaud, un succès durable. En 2015 est conçue la collection Kuskoa Bi, chaise en bioplastique. De nouvelles pièces sont élaborées avec les designers Samuel Accoceberry et Patrick Norguet. En 2021, Alki ouvre son premier showroom à Paris. Ainsi, en 2022, la marque produit des sièges, tables et bureaux, soit plus de 20 collections, au milieu du haut de gamme. Qui sont destinées au marché des cafés, de l’hôtellerie, de la restauration ; aux boutiques (retail) ; et aux espaces d’accueil du public, musées, mairies, universités. Avec 42 coopérateurs, et un chiffre d’affaires de 7,4 millions d’euros, qui se répartit à 70 % pour la France et à 30 % à l’export, en Europe et Amérique du Nord. À la Milan Design Week d’avril 2023, Alki a célébré une pièce d’exception, la version grand public de la chaise Orria, conçue par le designer français Patrick Jouin pour la salle ovale de la BnF Richelieu, une belle histoire (lire Nda n° 52). Ont été également dévoilées les nouvelles propositions du studio Iratzoki & Lizaso, dont le siège Xume (simple). Lors de sa présentation parisienne du 13 juin, le designer Ander Lizaso de San Sebastian (Espagne), en osmose avec
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    Parcours

    Constructa, une entreprise hors pair désormais hors père

    Par Lionel Blaisse, le 27 juillet 2023
    Présidé durant plus de 40 ans par Marc Pietri jusqu’à sa mort prématurée début 2020, le très atypique groupe familial de services immobiliers est désormais dirigé par un architecte toujours en exercice… son fils Jean-Baptiste Pietri ! Constructa a exercé sa passion pour l’humain, l’architecture et la ville d’abord à Marseille et sa région, puis aux USA avant de revenir dans l’hexagone pour participer activement à la requalification des villes moyennes, trop souvent délaissées. Après la tour La Marseillaise de Jean Nouvel, celle de la Porte Bleue – conçue par Jean-Baptiste Pietri – viendra parachever Les Quais d’Arenc. Seront aussi livrées prochainement deux opérations « chorales » au bord de l’eau, Les Jetées à Huningue (Bâle) et Les Carrières Blanches à Dijon. Une multitude de raisons, donc, pour retracer dans ce numéro le parcours hors norme de ce leader du secteur avec son nouveau président à la double casquette. NDA. L’histoire de Constructa est suffisamment atypique pour que vous nous la relatiez. Jean-Baptiste Pietri : Constructa a été créée en 1964. Mon père, Marc Pietri, entre alors dans cette petite entreprise de commercialisation comme secrétaire général avant de la racheter quelques années plus tard et de la développer sur le territoire sud marseillais. À cette époque, il n’y avait pas énormément de projets d’achat sur le secteur, la VEFA 1 n’existant pas alors, on construisait encore l’immeuble en blanc dans lequel on aménageait un appartement témoin avant de pouvoir commencer à le commercialiser. Constructa va devenir un leader régional puis national en matière de commercialisation de logements résidentiels. À la fin des années 1980, mon père est appelé à la rescousse par plusieurs de ses gros clients français 2 ayant investi aux USA dans des projets immobiliers alors en souffrance. Les USA n’étaient pas l’eldorado qu’ils avaient imaginé et pour certains ce fut plutôt le Far West – un territoire « piégeux » disait mon père – où ils se sont fait dépouiller. Comme eux, le plus grand entrepreneur du monde actuel, Bernard Arnault, y a tenté – en vain – sa chance, après avoir vendu Férinel. Pour essayer de sauver les fonciers « plantés » dans les actifs, Constructa a monté sur place des équipes qui, pour mieux appréhender le marché américain et ses pratiques, vont se familiariser à la gestion immobilière en matière d’asset management et de property management, encore inconnus en France où Constructa les importera. En 1991, l’entreprise redéveloppe avec succès le Coco Walk à Miami (pour le compte de la Banque Worms) – la plus grande référence américaine de centre commercial – en l’ouvrant sur l’extérieur et en y intégrant des cinémas, des restaurants pour lui donner une dimension festive. Cette opération va lancer Constructa aux États-Unis où l’entreprise va rester vingt ans et y produire quelques projets emblématiques que ce soit comme promoteur (1500 Ocean Drive ou Mary Brickell Village à Miami) ou gestionnaire, mais aussi comme AMO 3 pour le compte de tiers. Ce fut notamment le cas pour l’hôtelier Accor qui aspirait à y repositionner l’enseigne Sofitel dans les standards

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