Architecture, l'esprit du lieu

SKIN1004 Flagship Store à fleur de peau

Abonnés
Par Sipane Hoh, le 21 octobre 2024.
Image
© Swan Park

Situé en Corée, à Séoul, au cœur animé de Myeong-dong, le quartier qui foisonne de diverses enseignes internationales de mode, de grands magasins de luxe et de boutiques de cosmétiques et de soins de la peau artisanaux, le magasin SKIN1004 affiche sa singularité. Le paysage rocheux de la devanture tranche avec l’environnement moderne et cache un intérieur captivant teinté d’un remarquable minimalisme élaboré avec soin par LMTLS.

Conçu par LMTLS, agence d’architecture établie à New York et fondée par Daeho Lee, Beomki Lee et Jaeyual Lee, un trio aux références internationalement reconnues, SKIN1004 est un magasin de cosmétiques à l’allure inattendue et au design exceptionnel. L’ensemble qui croise habilement un paysage rocheux ancestral et des éléments au goût du jour se trouve au sein d’un quartier plébiscité et très fréquenté par les habitants de Séoul ainsi que des touristes. C’est dans cette partie de la ville que la modernité rencontre la tradition ; les attractions culturelles composent avec la gastronomie de rue et les articles des créateurs cohabitent avec les prix abordables. Grâce à une conception méticuleuse et créative de l’espace, les architectes de LMTLS ont réussi leur pari, façonner l’identité unique d’une marque et sa résonance auprès du public. En tant que pionnier du premier magasin à Myeong-dong, SKIN1004 embrasse le concept de la « nature intacte », se libérant du cliché de la nature aux teintes vertes utilisé moult fois dans plusieurs secteurs. On se demande si les architectes n’ont pas voulu expressément envoyer un message fort et clair selon lequel l’époque des clichés et des teintes vertes représentant la nature serait révolue ; il est peut-être temps d’adorer la nature vierge sous ses différentes formes. De ce fait, l’enseigne présente un paysage nouvellement conçu, baigné dans de riches tons bruns et beiges inspirés de la nature sauvage de Madagascar, un panorama entouré de rochers, de galets et de sable. Une certaine élégance vernaculaire se dégage de l’ensemble qui tend vers un minimalisme purifié de tout artifice.

Galerie d'images (20)
    Partagez cet article autour de vous
    Facebook
    Twitter / X
    LinkedIn
    Pinterest
    E-mail

    LMTLS

    www.lmtlsarchitecture.com

    SKIN1004

    29, Myeong-dong 6-gil, Jung-gu,
Séoul, Corée du Sud

    (+82) 070-4177-9129

    www.skin1004.com

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 57
    Image

    Projets remarquables

    Commander

    À découvrir
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Cartier à Bruxelles réenchanté

    Par Nat Lecuppre, le 14 avril 2025
    Le Studio Friedman & Versace, créé par Virginie Friedmann et Delphine Versace, a la particularité de concevoir des lieux d’art de vivre uniques. Tout récemment, le duo a écrit une nouvelle page de Cartier en redonnant une nouvelle vie à la boutique de Bruxelles. Ode à la Belgique. Dans ce projet, le studio d’architecture met à l’honneur la Belgique et le surréalisme. Les lieux imaginés sont une invitation à la rêverie et au monde fantasmagorique. L’art et la nature sont réunis. Les peintres belges tels que Louis Van Lint retranscrivent en peinture les émotions ressenties au contact de l’espace naturel, tandis que des références comme Victor Horta et ses motifs végétaux sont également présentes dans ce projet. Artisanat d’art et écoresponsabilité. Le Studio Friedman & Versace métamorphose les lieux en un bijou d’artisanat d’art écoresponsable. En fait, toutes les techniques écoresponsables sont mises en œuvre avec les artisans qui ont collaboré. La boutique est un véritable parcours artistique et féérique. On découvre en premier un tableau poétique sur l’éclosion avec les fleurs brodées inspirées des créations Cartier de Laurentine Perilhou. Elle utilise pour celui-ci la technique du macramé. Ensuite, un second espace lève le voile sur un bas-relief reprenant l’emblème de la maison, la panthère. Elle est représentée dans les serres Royal de Laeken. Les artistes Blundell & Therrien utilisent la technique de Gaudi, à savoir le papier maché. Sur un mur dédié aux créations horlogères, Antonin Lamoot reprend la technique du guillochage pour symboliser les cadrans des montres Cartier. Son interprétation lyrique du changement des saisons est valorisée dans un tableau contemporain et graphique voire surréaliste. Une porte en vitrail courbée signée Raphaëlle Collette ouvre sur un salon privé. La source d’inspiration est le jardin des Ursulines. Pour sa réalisation, deux techniques sont utilisées : le sertissage au plomb et la technique Tiffany. Le salon expose un lustre en verre qui constitue un clin d’œil à la canopée et son feuillage. Au sol, les artisans italiens de la société Flooma ont imaginé un plancher aux motifs de nénuphars en bois durable. Les créations de la maison sont des sources d’inspiration, comme les corniches qui rappellent le bracelet Tutti Frutti de 1925. La façade du bar de l’Atelier Tollis est semblable à un puzzle en céramique. Le décor floral et végétal évoquant le ruissellement de l’eau est le résultat de la technique des émaux cloisonnés des Céramiques du Beaujolais. Allant jusqu’au bout d’une démarche environnementale, le Studio Friedman & Versace a mis l’accent sur des matériaux écoresponsables ainsi que locaux. On a donc les textiles de la maison Luc Druz, du staff de l’entreprise Gesso, des revêtements muraux d’Omexco. Les tapis sont en fibre recyclée (econyl), la marqueterie est de bois certifiés FSC, le sol du jardin d’hiver est en briquettes recyclées de poudre de pierre… Les lieux sont une véritable vitrine d’exception des métiers d’art. Ils subliment l’art, la nature et le savoir-faire. Ils vous transposent dans un univers poétique et harmonieux made in Belgium. Ce projet vient compléter la liste des réalisations prestigieuses du Studio Friedman & Versace.
    Image
    Architecture, l'esprit du lieu

    Invitation en Chine au cœur de la capitale

    Par Nat Lecuppre, le 24 février 2025
    Avec le restaurant Suzie Wong, l’architecte Régis Botta nous plonge dans un univers chinois à la fois contemporain et rétro. Régis Botta a imaginé les lieux comme une cantine « néo-seventies ». Le restaurant dispose d’un rez-de-chaussée avec cuisine et bar mais aussi d’un sous-sol. Au RDC, la grande salle de restauration est ouverte sur la rue et bénéficie de la lumière naturelle. À la suite, une autre salle plus cosy est habillée de bois et de miroirs au bar. La couleur prédominante des espaces est le rouge de Chine. Ce rouge foncé se retrouve au sol et sur les grandes arches qui structurent l’espace. De grands rideaux de perles en bronze rythment les lieux en formant de sous-espaces. La pièce maîtresse du rez-de-chaussée est le plafond formé par des caissons en cannage et rétro-éclairé. On trouve également comme luminaires des néons et des lampes de table. La conjugaison de matières naturelles (pierre, bois des tables et des revêtements muraux, cannage) et de la couleur rouge renforce le côté chaleureux et feutré du restaurant. Au sous-sol, deux salles pensées comme une caverne avec les pierres apparentes offre une atmosphère plus intimiste. Le mobilier retenu est très seventies. Les chaises sont de couleur rouge orangé et dynamisent les lieux. Si vous passez dans le quartier de la Bastille à Paris, pensez à faire une halte chez Suzie Wong. Vous y dégusterez des plats traditionnels revisités qui vous transporteront, comme le décor créé, tout droit dans l’Empire Céleste.
    Image
    Créateur

    MBL mène toujours l’enquête

    Par Anne-Marie Fèvre, le 22 janvier 2024
    Très fouineurs, les architectes Sébastien Martinez-Barat et Benjamin Lafore ont bien investigué. En 2023, à Paris, ils mettent leurs élucidations en pratique, avec la reconversion de l’îlot haussmannien de l’APHP. On les a d’abord repérés à fureter un peu partout en France. À la revue Face b, avec Aurélien Gillier, où ils écrivent. À partir de 2015, on les suit à la Villa Noailles, où ils inventent des expositions aux sujets peu étudiés, comme les skateparks et les boites de nuit. On les retrouvera lors de la reconversion en cours de La Main Jaune à Paris. Les jeunes architectes Sébastien Martinez-Barat et Benjamin Lafore intriguent. Entre pop culture et radicalisme italien, un peu dandy un peu hardis, ils affirment leur volonté de participer à un débat sur l’architecture, qu’ils abordent « comme une recherche, une enquête ». Sébastien-Barat écrit : « En architecture on ne sait rien, notre savoir de réserve ne nous donne pas de longueurs d’avance… L’enquête dessine une trajectoire non linéaire, imprévisible et faite d’allers et retours. » Elle est la condition de la pensée éclectique qu’ils adoptent ; l’éclectisme serait « l’expres­sion d’une enquête bien menée »1. Ronds-points C’est peut-être parce qu’ils ont vécu dans des cités pavillonnaires, du « vernaculaire industriel », que ces deux jeunes larrons, nés en 1983 à Toulouse, vont « se reconnaître » à l’école d’architecture de la Ville rose autour d’une vision architecturale et urbaine peu enseignée. Comme les ronds-points et lotissements. Pas dans un culte d’une banalité esthétisée si prisée, mais dans un rapport au réel, au quotidien, avec sincérité. Puis ils « montent » à la capitale pour poursuivre leurs études à Paris-Malaquais dont ils seront diplômés en 2008. Ils font un stage chez l’artiste Mathieu Mercier, plutôt que chez un architecte. Avec lui, ils se frottent à la précision de l’objet, et la culture de l’exposition. Les MBL sont en rupture avec le dogme moderne, la politique des auteurs, les styles formels des œuvres de démiurges. Ils regardent du côté de l’architecture non construite, des super-architectures radicales des Italiens des années 70. Ils appartiennent à une génération en rupture économique, sociale et climatique. Une remise en cause qui les confronte à de petits projets, aux détails de l’existant, à la rénovation. Pour retrouver les qualités de ce déjà-là. En 2013, Martinez-Bart et Lafore fondent MBL architectes à Paris. En 2014, lors de la 14e Biennale d’architecture de Venise, ils « retournent notre regard » au Pavillon Belge, avec « Intérieurs. Notes et Figures » : des relevés des décors banals de maisons et d’appartements en Belgique. En 2016, à la Villa Kujoyama de Kyoto, ils étudient les folies, « l’architecture brève et explicite » comme autant d’« hypothèses d’architectures ». Cette même année, ils sont lauréats des Albums des jeunes architectes et paysagistes, du ministère de la Culture. Ils savent se placer à de drôles d’endroits pour des rencontres, aux bons moments. La mer construit En 2022, ils capitalisent leur démarche buissonnière à Bordeaux, avec une exposition conséquente à Arc-en-Rêve, « Impasse des Lilas ». Un lieu générique, il y en a 841 en France ! Ils y explorent ce territoire « ni ville ni campagne », la propriété

    Laisser un commentaire

    cinq × 1 =