Architecture, l'esprit du lieu

La « Manu » devient un écrin pour le grand luxe

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Par Sipane Hoh, le 30 avril 2025.
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© Guillaume Amat

À Riom, l’ancienne usine des tabacs que les Riomois appelaient la « Manu » accueille désormais une maroquinerie pour la grande marque du luxe Hermès. La réhabilitation a été menée avec habileté par TRACKS Architectes, et ce lieu complètement régénéré accueille des artisans formés localement aux divers savoir-faire de la maison.

Édifiée dans les années 1900 et inscrite aux Monuments historiques depuis 2004, l’ancienne Manufacture des tabacs formait un site industriel à grand potentiel. La volonté étant de privilégier la reconversion, les architectes de TRACKS (Moïse Boucherie et Jérémy Griffon) accompagnés par l’agence d’architecte du patrimoine ABDPA ont composé avec l’existant tout en révélant certaines qualités de l’édifice tombé en désuétude depuis son abandon en 1975. Tout d’abord, rappelons que la destination globale de l’ensemble n’a pas changé. En effet, l’ancienne Manufacture des tabacs de Riom datant de 1877 prolonge la vocation manufacturière, se modernise encore une fois car certaines annexes se sont ajoutées au bâtiment d’origine en 1907 puis en 1936. Mandaté pour mener à bien le projet, l’agence d’architecture parisienne TRACKS Architectes a répondu avec brio aux différentes exigences de la maîtrise d’ouvrage : valoriser le déjà-là tout en préservant les qualités patrimoniales du site. Grâce aux différentes interventions sur les façades où le verre est omniprésent, la lumière naturelle pénètre jusqu’au cœur des ateliers. De même, le confort thermique et phonique sont assurés en matériaux biosourcés. Tout a été minutieusement étudié pour minimiser les déperditions énergétiques. Dans le but d’engendrer un énorme atrium autour duquel s’organisent les trois niveaux, les architectes ont procédé à un travail complexe dont le résultat est tout simplement remarquable. Par ailleurs, la façade classée ainsi que les toitures ont été soigneusement nettoyées et restaurées. Les fenêtres du rez-de-chaussée, quant à elles, ont été maintenues et prolongées jusqu’au sol. La gestion des déchets a été formidablement maitrisée : certains matériaux récupérés, comme les morceaux des poutres en béton provenant des travaux sur l’atrium, ou encore les pièces de métal récupérées lors des multiples restaurations, ont servi aussi bien à la fabrication de plusieurs mobiliers de jardin qu’à l’aménagement de la cour végétalisée.

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    Hollywood Savoy renaît de ses cendres

    Par Nat Lecuppre, le 25 février 2025
    Guillaume Benard, co-fondateur du Fitz Group, propriétaire du Hollywood Savoy, fait appel à l’architecte d’intérieur Sophie Lacroix pour réinventer ce lieu mythique parisien. Un peu d’histoire. Dans les années 1980, le Hollywood Savoy était le lieu prisé du tout-Paris. L’établissement est situé à proximité du Palais Brongniart, dans le quartier de la Bourse. Sa façade néo-classique est un repère dans la rue. Le Fitz Group, propriétaire du site, a fait appel à l’agence Bureau Lacroix pour réhabiliter les lieux. Le restaurant dispose de 75 places assises à l’intérieur et 40 places en terrasse ainsi que d’un club au sous-sol pouvant accueillir jusqu’à 50 places debout. Le Concept architectural. Sophie Lacroix allie les années 1930 à une touche contemporaine tout en préservant le côté historique des lieux. La salle principale, à l’ambiance intimiste et aux boiseries anciennes, révèle un majestueux bar en bronze, comme dans les années 1930. Une moquette léopard au sol se marie avec le mobilier créé tout spécialement pour les lieux. L’architecte a eu carte blanche et sa mission fut complète (du concept jusqu’à la livraison finale du chantier). Ce projet lui permet de décliner à volonté son savoir-faire et de démontrer son talent. L’identité visuelle a été imaginée par Pierre Hajizadeh, un ami de promotion à Penninghen. Le mobilier est créé sur mesure tout comme les appliques, la moquette et les peintures décoratives signées Ocre Gris. Des objets ont été chinés ainsi que des tableaux. L’ambiance est chaleureuse et élégante. Les matériaux retenus sont le velours, le marbre, le bois, la chaux, le laiton et le verre martelé. Les lieux sont conçus tels un mini-wagon de l’Orient Express. On trouve des détails dorés, des lumières mettant en valeur les espaces, des banquettes très confortables. L’atmosphère du Club Savoy au sous-sol est plus feutrée. Une grande structure suit la voûte existante. Des tentures moirées de chez Pierre Frey rétroéclairées renforcent ce côté lounge intimiste. Un bar caché se dévoile sur un fond de prohibition et aux allures plus électriques. Une attention particulière est portée à la lumière. La lumière naturelle pénètre dans le restaurant par la façade. Les espaces aveugles (seconde partie du restaurant et le club) sont animés par une scénographie de fenêtres factices et des jeux de rétroéclairage de matériaux texturés. Le soir, l’éclairage est gradué et évolue au fur et à mesure de l’heure. Ce dernier est géré par les programmateurs de Stardust et de l’ancienne directrice artistique du Lido, Jane Sansby. Ainsi l’ambiance festive de la nuit est garantie. On reconnaît la griffe du Bureau Lacroix dans ce projet. L’architecte aime créer des ambiances différentes avec la mise en valeur des matériaux et des motifs voire de nouvelles matières. Elle sublime les espaces avec des créations d’illusions de lumière et de reflets. Ses projets procurent toujours beaucoup de chaleur et de personnalité aux lieux. Avec ce projet couronné de succès, Hollywood Savoy réenchante la capitale. Il a retrouvé ses lettres de noblesse. Bravo !
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    Architecture, l'esprit du lieu

    La féerie du Palazzo Cristo – San Marco retrouvée

    Par Sipane Hoh, le 7 mai 2025
    À Venise, situé entre la place Saint-Marc et le pont du Rialto, le Palazzo Cristo – San Marco se considère désormais, grâce à une réhabilitation et une reconversion menées par les architectes d’intérieur Anna Covre et Frédéric Tubau de Cristo, comme la concrétisation d’une réminiscence. Une réalisation où se mêlent des souvenirs d’enfance, des espaces au passé révolu réaménagés avec bon goût, afin d’offrir à une clientèle privilégiée l’expérience unique à laquelle elle aspirait. La Sérénissime regorge de trésors cachés. L’un d’eux vient d’être non seulement complètement réhabilité mais transformé en maison d’hôtes. Il s’agit de l’ancien palais du compositeur Gioachino Rossini datant du XVe siècle métamorphosé et prêt pour écrire de nouvelles histoires, celles d’une multitude de clients de passage en quête d’aventure. Après des années de restauration, Anna Covre et Frédéric Tubau de Cristo, après le succès du Palazzo Cristo – Castello, leur première réalisation inaugurée en 2018, engendrent un nouveau lieu de vie inspirant et recherché. À la fois propriétaires des lieux et architectes d’intérieur, les deux créateurs, soutenus par les Beaux-Arts de Venise et les artisans les plus compétents de la région, viennent de signer un écrin très caractéristique qui croise histoire et nouveauté, savoir-faire et bien-être, élégance et simplicité. L’édifice, longtemps endormi, se réveille et devient un nouveau lieu de vie. Palazzo Cristo – San Marco appartient à ces joyaux vénitiens qui restent gravés dans les mémoires. D’autant plus qu’aujourd’hui le lieu s’ouvre à tous. Transformée avec soin, la chaleureuse demeure, composée de six appartements privés, accueille des familles ainsi que divers groupes de voyageurs. Le but étant de se sentir comme à la maison. Mais cette maison prend la plupart du temps des allures de conte de fées, car il s’agit de Venise, l’unique, l’incomparable, la mirifique. Qui n’aimerait pas vivre un séjour hors du temps dans l’un des prestigieux palais de la Cité des Doges avec le Grand Canal comme toile de fond ? Une fois la porte d’entrée principale franchie, le visiteur se retrouve dans l’un des prestigieux jardins privés de la ville. Une autre porte plus secrète se trouve côté canal et permet aux gondoles d’accéder en toute discrétion au lieu. Réversibilité, modularité et ductilité. Les deux architectes d’intérieur replacent l’artisanat au cœur de leur démarche, ils ont conçu et agencé les espaces pour qu’ils présentent le meilleur du luxe et du raffinement vénitien. Ce lieu hors norme peut s’adapter à diverses exigences. Les différents appartements sont modulables et flexibles ; à la demande de la clientèle, certains espaces peuvent se regrouper pour n’en faire qu’un. Le duo, habitué à travailler pour des marques internationales de grande facture comme Armani, Lancôme, Saint Laurent, Viktor & Rolf entre autres, a imaginé à Venise une architecture intemporelle mise en avant à travers des matériaux nobles comme la pierre, le bois, le marbre et le métal, un ensemble de textures qui créent un effet des plus subtils. Rappelons que les espaces respirent l’authenticité et sont agrémentés d’une multitude de pièces d’art qui subliment les lieux. Les tons principaux sont le noir et le blanc, tandis que le bois offre une note chaleureuse, la présence de quelques rares teintes apportent
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    Architecture un lieu

    Le chemin de l’Atelier Compostelle avec LHH

    Par Nat Lecuppre, le 16 mai 2025
    La société LHH a pour cœur de métier d’accompagner ses clients pour le recrutement de talents performants. Afin de mener à bien toutes ses missions de recherche de postes de direction à pourvoir, il fallait que ses nouveaux bureaux incarnent l’ADN du groupe. Cette filiale du groupe Adecco a fait appel à l’Atelier Compostelle, agence d’architecture d’intérieur fondée en 2014 par Amandine Maroteaux, qui a eu en charge la réhabilitation d’espaces qu’elle avait aménagés pour un précédent locataire cinq ans auparavant. LHH décide de s’installer dans un bâtiment historique au 41, avenue de la Liberté, à Luxembourg. La configuration est atypique en angle, sur deux rues, avec une façade arrière en demi-cercle intégralement vitrée. Ils devaient être pensés pour recevoir des clients, les candidats, les collaborateurs et le conseil d’administration. Cette typologie d’usage implique d’assurer une très forte confidentialité. De plus, ils devaient permettre de regrouper trois entités du groupe sur un seul site. Et bien sûr, les usages et l’esthétique se devaient de correspondre aux standards des agencements des entreprises qui confient leur recrutements et services à LHH. Les 750 m2 se répartissent sur deux plateaux sur un même niveau mais bénéficiant de la configuration d’un immeuble en angle. Cela entraîne par conséquent la création de plusieurs demi-niveaux d’usages sur un même plan. Le plateau est scindé en deux parties connectées par la cafétéria et un espace bibliothèque & accueil. Les bureaux et les espaces de travail sont implantés côté rue. Au fond, à l’arrière du bâtiment, se trouvent les lieux dédiés aux clients. Dans son concept, l’Atelier Compostelle reprend des matières et des couleurs qui s’inspirent de la charte du groupe. On les retrouve tout au long des aménagements intérieurs. Ils mettent en valeur les éléments architecturaux des lieux de cette adresse du XIXe siècle. Les nouveaux bureaux de LHH sont élégants, esthétiques et sobres. Le chêne naturel se conjugue avec le violet « graine de capucine » qui se décline dans la collection créée par Amandine Maroteaux pour l’éditeur de peinture français Perrot & Cie. En plus des coloris, une certaine intimité et une ambiance chaleureuse sont renforcées par la mise en place de velours, de décors graphiques, ou encore de très nombreux « espaces dans l’espace ». L’atelier a collaboré avec le fabricant et agenceur Bureau Moderne pour personnaliser des assises et tables. Ces dernières favorisent les conversations privilégiées confidentielles. Une attention particulière est portée à l’acoustique pour les bureaux cloisonnés. Ainsi la confidentialité est assurée pour le recrutement de dirigeants. On trouve beaucoup de salles de réunion, un lieu dédié aux candidats constitués de petits espaces pour 2 à 6 personnes, une board room et une cafétéria. Les espaces ouverts sont segmentés par des petites bibliothèques ou des claustras, laissant ainsi la lumière naturelle prendre place. Les nouveaux bureaux conçus par l’Atelier Compostelle répondent aux attentes de LHH. Ils viennent compléter la liste des beaux projets de l’architecte, spécialisée dans les réhabilitations résidentielles, tertiaires, retail et hôtelières haut de gamme, où s’expérimentent grâce au design de nouveaux modes de vie et de nouvelles histoires d’intérieur.

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